naifon vers l ’Oueft eft marquée par des
nombres, telle qu’elle étoit en 1700.
Ceci ne regarde que l’Océan Atlantique.
Les déclinaifons de l’aiguille fur
l’Océan Indien font marquées de même
dans cette carte. L ’Auteur a encore tracé
une double ligne courbe , qui commence
à la Chine, 6c qui, après avoir palfé entre
les I fies Philippines, celles de Bornéo,
6c par la nouvelle Hollande, fe termine
du côté du midi. On trouve auflî dans
la Mè‘r du Sud une femblable ligne, qui
commence à la Californie, 6c qui s’étend
du côté de la Mer Pacifique ; & on remarque
autour de cette ligne de légères
ébauches de quelques lignes fimples , qui
font voir la déclinaifôn de l’aiguille dans
cette Mer. On connoît donc par cette
carte toutes les variations de l’aiguille
aimantée par toute la terre.
C e ne furent pas là les feules recherches
que fit Halley fur les variations
de la Bouflole. Comme ces variations
dépendent, félon lu i , de la ftruCbure intérieure
de la terre, ainfi qu’on l’a vu ci-
devant , il voulut lavoir fi la même caufe
n’avoit point de part aux phénomènes
céleftes ; 8c il reconnut une conformité
entre la déclinaifôn de l’aiguille aimantée
Sc celle de l’Aurore boréale (c ) . L ’A u rore
boréale décline le plus fouvent vers
le Nord-Oueft de 14 ou 15* degrés; 6c
c’eft-là auflî à peu près la déclinaifôn de
l’aiguille aimantée dans toùs.les lieux de
l’Europe oii l’on obferve l’Aurore boréale.
J’ai déjà dit que le grand homme,
dont j’écris l’Hiftoire, expliquoitla caufe
des variations de l’aiguille, en imaginant
un gros aimant, ou une petite terre placée
au centre du globe creux de la terre.
Or il crut que l’intervalle compris entre
la furface concave de l’un de ces globes,
6c la fu-rface convexe de l’autre, étoit
remplie d’une vapeur légère 6c lumineu-
fe , qui venant à s’échapper en certains
temps par les pôles terreftres,y produi-
foit .au - defiùs toutes les apparences
de l’Aurore boréale. Cette ôônjeéhire
ayant été fui vie par piufieurs Savans, on
reconnut que l ’aiguille étoit quelquefois
troublée 8c comme inquiète, lorfque la
lumière boréalemontoit jufqu’au zénith ,
ou palfoit au delà vers la partie méridionale
du C ie l; de manière que fa décli-
naifon fembjpit fuivre cette lumière,6c varier
quelquefois de trois ou quatre degrés
en quelques minutes de temps. Tout ceci
étoit pourtant plus ingénieux que foli-
de ; 6c le célèbre Auteur du Traité phy-
Jique & hijlor'que de lyAurore boréale a
fait voir l’infuflifance de ce fyftême pour
éxpüquer tous les phénomènes de l ’Au-,
rore boréale.
Pendant que les Savans donnoient les
plus,grands éloges à la carte de notre
Philofophe , le Minifière Anglois fon-
geoit à l’employer pour l’utilité particulière
de la Nation, I l étoit queftion»
d’aller obferver le cours des marées dans
toute la Manche Britannique ; de prendre
le gifement exaét des .côtes' 6c des principaux
Caps ; en un mot ’, de lever la
carte de la Manche. Halley s’acquitta
de cette coriimiflîon avec tant de diligence,
que l’année fuivante ( 1 7 0 2 ) la
Reine Anne l’envoya vifiter les Ports de
l’Empereur'fur le Golfe de Venife. On
ne fait point quel pouvoit être L’objet de
cette rhiflîon ; mais .il eft toujours certain
que l’Empereur Léopold le reçut avec
toutes fortes de diftinétions. 11 étoit à
peine de retour de Vienne , qu’il eut
ordre à la Cour de Londres d’en reprendre
le chemin. I l pafla par Ofnabrug
6c par Hannovre , ou il eut l’honneur de .
fouper avec le Prince Electoral ( devenu
peu de temps après Roi d’Angleterre
) 6c avec la Reine de Prufle. Il
fut préfenté à l’Empereur le jour même
de fon arrivée. L ’Ingénieur en chef de
ce Souverain le conduifit aux Ports de
Triefte 6c de B o c ca r i, fitués fur le Golfe
, 6c lui demanda ce qu’il penfoit de la
fortification de ces deux Forts. N o t r e .
( c ) On appelle -Aurore boréale, un phénomène
lumineujf, qui paroît du côté du Nord ou de la
partie boréale , & dc;ic la lumière, lorfqu’elle eü
proche de riïorifon , reflèmble à celle du point da
jour, ou à l’aurore.
Philofophe,
Philofophe, devenu fans le favoir Ingénieur,
trouva le Fort de Boccari en fort
bon état ; mais il crut qu’il falloit
ajouter quelques fortifications à celui de
iTriefte , 6c on le chargea de conduire les
travaux de ces réparations.
Rendu chez lu i, Halley ne fongea
plus qu’à, s’y affermir pour reprendre la
fuite de Tes études philofbphiques ; avantage
qu’il eftimoit bien plusconfidéra-
ble que tous les honneurs que procure
la fonétion de Négociateur entre
•des Puiffances. L e Dodeur Wallis, Pro-
fefieur de Géométrie à O x fo rd , étant
décédé, il demanda cette chaire 6c l’obtint.
Il jouît par là d’une tranquillité permanente.
L e premier ufage qu’il fit de
•ce bien précieux, fut de revoir tout ce
qu’il avoit écrit en 1680 fur les Comètes.
I l méditoit depuis ce temps une théorie
de ces fortes dê Planètes ; 6c il confom-
ma ce beau projet en 1705* , dans un
ouvrage qui parut fous le titre de Co-
metographia, feu AJlronomiæ Cometicæ Sy-
rwpjis ; c’efl -à-dire, Abrégé d’Aflronomie
Cométique. Conformément à la théorie
de Newton, il y réduit les trajectoires ou
orbites des Comètes à des paraboles ,
qui o'nt le Soleil pour foyer. I l calcule
-ainfi, d’après les obfervations les plus
exactes, l’orbite de vingt-quatre C om ètes
, 6c il en forme une table , par la quelle
on voit que les Comètes qui ont
paru en , en 1 6 0 7 , 6c en 1682 ,
ne font que la même Comète dont la
période eft de 75* ans : d’où il conclud
que cette Comète reparoîtroit à la fin
de 1 7 y 8 ; prédiélion que l’événement
a pleinement juftifié. Il trouve
de même que la fameufe Comète de
1680 a paru diverfes fois à la diftance
de 5*75* ans. En effet, il fait voir qu’en
1 1 0 6 il a paru une Comète, q u i, par la
conformité des apparences, ne peut être
que celle de 1680. En rétrogradant
ainfi de y y y en 5*75* ans, il reconnoît
que la même Comète a dû paroître dans
le temps du déluge ; 6c toujours hardi
dans Tes conjectures, il avance que c’eft
le moyen dont Dieu s’eft fervi pour
produire cette inondation générale. D ’après
cette idée de Newton, que la queue
des Comètes n’eft qu’une traînée de
vapeurs , il confidère que lai queue de
la Comète de 1680 étoit immenfe , Sc
qae cette efpèce de Planète s’étoit fort
approchée alors de la Terre ~; d’où il
croit pouvoir afiùrer que ces vapeurs ont
dû retomber fur elle par l’effet de la gravitation
univerfelle.
Cependant notre Philofophe ne né-
gligeoit point fes fonctions de Profeffeur
de Géométrie ; 6c cette fcience avoit
d’ailleurs tant d’attraits pour lu i , qu’il
voulut contribuer à fes progrès. Dans
cette vue, il traduifit les deux ouvrages
favans d’Appollonius Pergæus, l’un de l’A rabe
, l’autre du Grec , qu’il publia fous
ces titres : 1°. Appollonei Pergæi de feStione
rationis libri duo, ex Arabico manufcrito
latinè verji, 6cc. 2°. Apollonii Pergæi
con’tcorum libri 0 8 0 , 6* Jereni antijfenjüs
de fettione cilindri coni libri duo. Ceci
fuppofe que Halley favoit l’Arabe 6c le
Grec ; mais la connoiffance des Langues
étoit chez lui un mérite fi mince, que
ce n’eft pas de ce côté-là qu’il faudroit
le lo u e r , fi on vouloit faire fon éloge.
I l ne faifoit cas que des connoiflances
proprement dites. Auflî ne fe contenta -
t - il pas d’une traduction pure 6c fimple
de ces ouvrages : il rétablit encore les
textes ; fuppléa à ce qui pouvoit manquer
au fond , 8c -enrichit extrêmement
•ces deux éditions.
Toujours plus avide d’étendre la
fphère des cormoiftànces humaines, aux
dépens même de fa propre g lo ire , en
ne paroilfant que comme Editeur , il
mit au jour peu de temps après VHif*
toria Coelejlis de Flamjléed , qu il orna
d’une b d le Préface. Cette occupation
le ramena à fa fcience favorite, PAC*
tronomie. On fait que la Planète Venus
paroît quelquefois en plein jour 6c en
préfence du Soleil ; mais Halle y en
examinant le degré de clarté de cette
Planète , 6c ayant égard à fa diftance
de la T e r re , 6c à la grandeur de fa partie
vifible , trouva qu’elle ne doit jamais
paroître fi brillante , que lorfque fon
croiffant lumineux n’occupe que le quart