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 thodus, &c.  que  j’ai  tranfcrit  ci - devant.  
 Comme  il  en  avoit omis  les dénionflra-  
 tions,  on ne  les  faifit  pas d’abord. T rois  
 ans après, c’efl-à-dire en  1 6 8 7 , Newton  
 publia  Ton  grand  ouvrage  des  Principes  
 Mathématiques  ,  où  il  donna  les  principes  
 d’un  calcul  femblable au  calcul différentiel  
 ,  qu’il  nomma  la  Méthode  des  
 fluxions.  Ce  n’étoit  point de  fa  part une  
 découverte  nouvelle.  I l paroît  par deux  
 Lettres  écrites à L e ir n it z  ,  qu’il avoit  
 fait cette découverte  en  16 76. Celui-ci,  
 en répondant à Newton en  16 7 7 , lui avoit  
 fait part de fou calcul,comme le reconnoît  
 Newton  lui - même  dans  fes  Principes,  
 » Dans  le commerce  de Lettres,  d it- il,  
 » que j’ai  eu il y  a dix ans avec M. L eiB-  
 » n it z  , très-habile Géomètre, lorfque je  
 »  lui  fis  favoir que  j’avois  une  méthode  
 » de  déterminer  les  quantités  les  plus  
 »  grandes  ou  les  plus  petites  ,  &c.  ce  
 célèbre  perfonnage  me  répondit  qu’il  
 30  étoit  tombé  fur  une méthode  qui  fai-  
 3o  foit  auffi  cet  effet,  &   me communiqua  30- ladite méthode,  qui ne différoit guères  
 J» de  la  mienne  que  dans  les  termes  &   
 3»  dans  les  cara&ères ( g ) .  Cependant on  
 ne  parloit  dans  le  monde favant  que  du  
 calcul  de  L e i b n i t z .  MM, Bernoulli,  
 frères ,   ayant  vu  l’ufage  qu’il  en fai foi t  
 pour la réfolution des problèmes les plus  
 difficiles ,  s’attachèrent à en  pénétrer  le  
 fecret  6c à le   répandre ; tellement  que le  
 nouveau  calcul  commença  à être connu  
 en  16 9 7   dans  toute  l’Europe  fous  le  
 nom de L e ib n it z ,  &  avec les caractères  
 qu’il  avoit inventés. On ne vit point fans  
 peine  en  Angleterre  des  déférences  fi  
 marquées pour notre Philofophe. Auffi le  
 DoCteur  Wallis  ,  qui  avoit  publié  dans  
 le  fécond Tome de fes OEuvres Mathématiques  
 des  extraits  des  deux  Lettres  de  
 Newton  ,  crut  devoir  le  piquer  d’honneur  
 fur  cet  article.  I l   lui  écrivit  qu’il 
 avoit appris de Hollande, que fa méthode  
 des  fluxions y   étoit  reçue  avec  applau-  
 vdiffement fous le nom de calcul différentiel  
 de M . Leibnitç, &  l’exhorta à faire imprimer  
 les  deux Lettres  qui confiatoient fou  
 invention,  &   dont  il  n’avoit  paru  que  
 des  extraits.  I l   lui repréfenta que c’étoit  
 trop négliger  fa gloire  6c celle de la Nation  
 Angloife, que d’attendre qu’on s’emparât  
 d’un  bien qui  lui  étoit  fi  légitimement  
 dû.  En attendant  la publication de  
 ces  Lettres,  il  fit  une  addition  dans  le  
 fécond volume de fès OE uvres, pour avertir  
 le public,  que Newton avoit  communiqué  
 fa méthode à L eibnitz en  1 6 7 6 t  
 dix ans avant qu’il eût lui-même imaginé  
 fon calcul. 
 Les  Journalifles  de  Leipfîck  donnèrent  
 un extrait des OEuvres de Wallis dans  
 le  Journal de Juin  1 <5p 6 , &  obfervèrenfc  
 que  leur Auteur  auroit dû  s’étendre  davantage  
 fur le  calcul  différentiel, &   remarquer  
 que L eibnitz avoit inventé  ceï  
 calcul  depuis  plus  de  vingt  ans>c’efl-à-  
 dire  dès  l’année  1 6 7 6 ,   lorfque  Newton  
 6c  lui  étoient  en  commerce  de  Lettres,   
 par l’entremife de M. Oldembourg.lis^^ajoutèrent  
 que M. Wallis auroit rendu plus de  
 j-uflice aux Mathématiciens d’A llemagne,  
 s’il les avoit mieux connus. Senfible à  ces-  
 fortes  de reproches ,  ce Savant  crut  devoir  
 fe juflifîer fur tous ces points. A  cette  
 fin  il  écrivit à Leibnitz ,  pour l’afTurer  
 que s’il  n’avoit pas parlé  plus  au  long de  
 fon calcul différentiel, c’eff qu’il lui  avoit  
 été  inconnu  jufqu’alors.  Notre  Phiio-  
 fbphe lui fit une  réponfe  très-obligeante»  
 Wallis  fe  fît  un  devoir  de  l’en  remercier  
 fur  le  champ  ,  6c  lui  marqua  que  
 30  quoique  la  Méthode  des  fluxions  &   
 ao  celle  des  différences  lui  paroiffoient  
 3» être  la  même  chofe,  cela  ne  doit  di-  
 » minuer  en  rien  de  la  gloire qui  efl due  
 » à ceux qui  en  font les inventeurs (&) <*.> 
 (g )   T"  Litte  is  qu*  mihi  cum  Geomerra  peritijjima-  G.  G. LEIBNIlio  annis adhinc  decem intercedebant, oum  
 fignifearemme  comparent  ejfe  methodïdsrerminandi  maxr-  
 mas  minimas,  &c.  refcripfir vir elarijjîmus fe quoque  in  
 tjufmodi methodum  incidifji  r methodum  fuam  eommuni-  
 tavit  à me à  v ix abiudentent ,   praterquam  in  verborum &   
 »worum formuUi.  Fhilofepma; nacuialis  Piüucipia Mathematïca  
 ,  I f   NewtonoLondon  t 6t j . 
 ( h }   JE,  ni  fktlor  (fie   falfem  mihi  nuntiatum  ejf )  
 New tout  DodVrina  fluxiomm  res  eadem  (  vel  quart»  
 fimillima )Y  qu*  tiobis  dicitur  calculas- drfferentialis  
 quod  tamtn  nturri  préjudicia  ejf»  débet. Wallis  Of Cia  ,  
 Tom. III.  pag.  $73,, 
 L e î BNi T Z   écrivît à Wallis,   que  la  méthode  
 de  Newton  6c  la  fienne  étoient  
 très-reffemblantes ; &  lui fit part en même  
 temps de celle qu’il avoit  fuivie pour découvrir  
 fon calcul.  Ces  deux  Sa Vans s’écrivirent  
 encore  plufîeurs  Lettres.  Wallis  
 étoit  fi  perfuadé  que  L e i b n i t z  avoit  
 inventé  le  calcul  différentiel  , que  quoiqu’il  
 eût  fait  connoître que Newton avoit  
 inventé  fa méthode  en  1 66y ,  il ne Voulut  
 pas déterminer l’époque de l’invention  
 de celle de notre Philofophe,ni rechercher  
 lequel des deux étoit le premier inventeur. 
 Tous les Mathématiciens d’Angleterre  
 n’approuvèrent point cette fage conduite.  
 En  1 M. Fatio deDuillers, de G enève,  
 qui avoit  adopté  à Londres les fèntimens  
 de ces Mathématiciens, dans la vue de leur  
 faire fa cour,plus hardi que Wallis,oCa. décider  
 que Newton étoit le ptemier inventeur ,  
 L eibnitz le fécond inventeur, 6c infinua que  
 ce  dernier  pouvoit  bien  avoir  emprunté  
 quelque  chofe  de Newton.  L eibnitz  
 fut moins choqué de cette diflinélion, que  
 du  foupçon de  l’emprunt. Il s’en  plaignit  
 à M. Fatio lui-même par une Lettre qu’il  
 lui  é c r iv it,  &   en  appela  à l’intégrité  de  
 Newton.  L e  Géomètre Genevois fe rendit  
 à  fes  raifons,  ôi  les  chofes  en  relièrent  
 là. 
 Cinq années  s’écoulèrent fans qu’il fût  
 queftion  de  cette  difpute.  Mais  les  A u teurs  
 des  Aéles de  Leipfîck ayant  rendu  
 compte  en  i7 o y   du Traité  des  quadratures  
 des  courbes de Newton,la  rallumèrent. 
  Newton difoit  dans fon L iv r e ,  qu’il  
 avoit  inventé  la  méthode  des  fluxions  
 en  1 66 f   ou  1 666  ;  6c  les  Journalifles  
 remarquèrent là-deffos , que  les  élémens  
 de  cette méthode  avoient été  donnés  par  
 M . Leibniiq,  qui  en  efl Vinventeur. ( Cujus  
 calculi  elententa ab inventore D. Godefrido,  
 GulietmoLeibnitio in his Aftis funt tradita.  
 Atta  erud.  menfe  Januar.  ann.  1705*)-.  
 Ils  ajoutèrent  encore  qu’à  la  place  des  
 différences de  L e ibnitz,  Newton avoit  
 toujours employé les  fluxions,  de même  
 que le P. Fabri a fubffitué dans fon Abrégé  
 de  Géométrie  les  progrès  des mou-  
 vemens à la méthode  de  Cavallieri. C ette  
 comparaifon  choqua  ,  avec  raifon  ,  
 Newton 6c  fes  parti fans. Ceux- ci  en  conclurent  
 que ,  comme  le P.  Fabri n’efl pas  
 l’inventeur  de  fa  Méthode,  mais  qu’il  
 l’a  prife  de  Cavallieri,  les  Journalifles  
 avoient  voulu  faire  entendre  auffi  que  
 Newton  n’étoit  pas  non  plus  l’inventeur  
 du  calcul des fluxions,  mais qu’il  l’avoit  
 pris de L e i b n i t z . Notre  Philofophe,  
 après avoir effayé  de juflifîer ce paffage,  
 convint qu’il n’étoit pas l’Auteur de cette  
 comparaifon,  6c  qu’il n’adoptoit point le  
 fens  qu’on  lui  donnoit  en  Angleterre.  
 Cet  aveu  devoit  fuffire.  Cependant  un  
 Mathématicien  Anglois  ( M .Jean Keil  )  
 dans  la  vue  de  faire  fa cour à Newton,  
 qui jouiffoit  alors  d’un  grand  crédit  à  la  
 Cour de Londres, crut devoir tirer raifon  
 de cette forte d’injure.  Il publia à cet effet  
 une brochure  latine  fur les  loix  des  forces  
 centripètes ( i ), dans laquelle il décida  
 de fa propre autorité, que Newton n’étoifi  
 pas  feulement  le  premier  inventeur  de  
 la Méthode des fluxions, mais que L e i b n 
 i t z   avoit  pris  de  lui  cette Méthode,  
 en  changeant  le nom  &   les  notes. Notre  
 Philofophe ne  vit  point  fans indignation  
 un  écrit où on l’accufoit  de  plagiat. Plusf  
 fenfible  aux  atteintes  qu’on  donnoit  ài  
 fon  coeur &  à fa  qualité d’honnête homme  
 ,  qu’à  celles  qu’on  portoit  à fa réputation  
 ,  il  prit  à témoin de  fa  candeur 6C  
 de  fa  probité  le  Public  6c  Newton ;  6C  
 comme  il  étoit  membre  de  la  Société1  
 Royale  de  Londres,  &   que M.  Keil  en  
 étoit  auffi, il  porta  fes  plaintes  de  cette  
 infulte à cette  Compagnie,  par une Lettre  
 qu’il  adrefla  à M.  Hans  Sloane,  qui  
 en  étoit  Secrétaire  perpétuel.  C e lu i- c i  
 communiqua  cette  Lettre  à  M.  Keil.  
 Ce  Mathématicien fovrtint  ce qu’il avoit  
 avancé, &  s’engagea même à l’appuyer de  
 nouvelles raifons. L eibnitz repouflavi-  
 goureufement  les  attaques  qu’il  lui  porta  
 en  conféquence  de  cet  engagement,  
 6c  s’adrefla  à  Newton  même  ,  pour  lui 
 (» )  Cet  Ecrit  intitulé  :  Du  legibus virium  cenfripeiarum r fut  aulfi  inféré  dans  tes  Tianfoétions  Philofb-  
 jniijiics  de  l'annee  170SV  ■*