ôc de louef ce qu’ils approuvent. y ° . Si
vous recevez quelque injure, tournez la
chofe en raillerie , plutôt que d’en tirer
raifon. 6°. Obfervez les moeurs, les ri-
cheffes, ôc l’état politique des nations,
les impôts établis fur les perfonnes de
tout ordre , fur les denrées 6c les mar-
chandifes, les Loix 6c les Coutumes différentes,
les Arts 6c le Commerce, les fortifications
, l ’autorité & le pouvoir des
Magiftrats, ôcc.
Les premières leçons qu’il donna dans
fa ClalTe de Mathématiques, eurent l’Optique
pour objet. Il indiqua dans ces Leçons
le germe de fes découvertes fur la
lumière 6c les couleurs ; mais ce ne fut
qu’une lueur paffagère que diflîpa une
idée nouvelle touchant la caufe de la
pefanteur. Etant feul dans un jardin, il fe
mit à méditer fur la force de cette propriété
des corps, Ôc il lui parut que puif-
qu’on trouve que cette force ne diminue
point d’une manière fenfible à la plus
grande diftance de la terre où nous puif-
fïons parvenir , ni aux plus hautes montagnes
, elle devoit s’étendre jufqu’à la
Lune. Et fi cela e ft, difoit-il en lui-même,
cette force doit influer fur fon mouvement
Ôc la retenir dans fon orbite. D e - là , il
alla jufqu’aux Planètes. Revenant enfuite
à la Lune, il trouva parle calcul que cette
aétion étoit capable de produire cet effet.
Mais comme il n’avoit point de Livres
fous fa main, il adopta pour fon calcul
que foixante milles d’Angleterre font un
dégré de latitude. C ’étoit une fuppofi-
tion faufle , chaque dégré contenant foi-
xante-neuf miües ôc demi. Auflî le calcul
ne répondit pas àThn attente. D ’où il
conclut qu’il falloit qu’il y eût quelque
autre caufe outre l’aétion de la pefanteur
pour retenir les Planètes dans leur orbite.
I l ne crut donc pas devoir pouffer
plus loin fes recherches.
Quelques années s’écoulèrent fans
qu’il lui vînt en penfée de vérifier fon
calcul. I l ne penfoit même plus à cela
îorfque M. Hook.e l’engagea à examiner
félon quelle ligne defcend un corps qui
tombe , d’un lieu élevé , en faifant attention
au mouvement de la Terre autour
de fon axe. Comme un tel corps
a le même mouvement que le lieu
d’où il tombe a par une révolution de
la Terre , il eft confidéré comme étant
projetté en avant , ôc en même-
temps attiré vers le centre de la Terre.
Cette recherche avoit beaucoup de rapport
avec le mouvement d e là Lune. Il
en fit aifément la remarque, ôc infenfi-
blement il fut entraîné à reprendre Ion
travail fur le mouvement de ce fatel-
lite.
Pour procéder en fureté , il ne voulut
établir aucun principe , ni faire aucune
fuppofition. I l confulta la Nature
elle-même , fuivit avec foin fes opérations
, ôc n’afpira à découvrir fes fecrets
que par des expériences choifies & répétées.
Bien affermi dans ce projet, il ré-
folut de n’admettre aucunes objections
contre une expérience évidente , qui fuf-
fent déduites de réflexions métaphyfiques.
Toujours en garde contre la préemption
, il comprit que dans l’étude de la
Nature, la patience n’étoitpas moins né-?
ceffaire que le génie. 11 apprit dans cette
vue à fe fervir des méthodes d’analyfe
& de fynthèfe dans un ordre convenab
le ; en forte qu’ayant commencé, par les
phénomènes ou les effets , il pût remon-?
ter aux caufes ; que des caufes particulières
il parvînt à d’autres plus générales,
ôc de celles-ci enfin jufqu’aux plus générales
de toutes. Ayant découvert ces
caufes par cette voie , il fe propofa de
defcendre dans un ordre contraire, ôc de
les confidérer comme autant de principes
établis, au moyen defquels il expliquerait
tous les phénomènes, qui n’en font
que les conféquences.
Après avoir formé ainfi un plan d’étude
, notre Philofophe pofa ces trois
principes, quifervirent de bafeà fon travail.
i° . De ne recevoir pour caufes des
phénomènes que celles qu’il fauroit être
véritables,& à l’aide defquelles il pût rendre
raifon deces phénomènes. 2°. D ’admettre
pour vérité confiante que les effets
de la même nature font produits par les
N E W T O N .
mêmes caufes. 3 De mettre au rang des
propriétés communes de tous les corps,
les qualités des corps fur lefquelles
on peut, faire des expériences, qui font
toujours les mêmes , fans être ni plus
fortes., ni plus foibles , en quelque temps
que ce foit. De cette derniere rè g le , il
çonclud que les corps céleftes ont les
mêmes propriétés que les corps terreftres
.N
ewton nefongea plus après cela
qu’à fuivre fes méditations fur la/force
de la pefanteur. I l reprit fon calcul du
mouvement de la L u n e , Ôc raifonna ainfi.
Si la Lune perdoit le mouvement qu’elle
a d’Occident en O rient, il ne lui relierait
que la gra vité, qui la feroit defcendre
ou tomber fur la terre en ligne droite.
Son mouvement de révolution étant connu
, il trouva par ce mouvement que
dans la première minute de -fa defcente
la Lune parcourroit i y pieds. Mais fa
diftance à la terre eft de foixante demi-
diamétres terreftres ; donc lorfqu’elle feroit
parvenue à la furface de la terre, fa
force ou vîtefife feroit augmentée félon
le quarré de foixante, c’eft-à-dire qu’elle
feroit 3 600 fois plus grande ; 6c alors
elle parcourroit dans une minute 3600
fois i y pieds.
Maintenant fi la force qui agit fur la L u ne
pour la faire defcendre vers le centre
de la terre , eft la même que la caufe de
la pefanteur des corps terreftres , la Lune
qui à la furface de la terre doit parcourir
nécelfairement 3606 fois i y pieds en
une minute, parcourra auflî 1 y pieds
dans la première fécondé. Or les corps
pefans tombent de 1 y pieds dans la première
fécondé de leur chute : ils font
donc dans le même cas que fi ayant fait
la même révolution de la Lune 6c à la
même diftance, ils fe trouvoient enfuite
tout près de la furfàce de la terre ; 6c
s’ils font dans le même cas où feroit la
Lune , la Lune, eft dans le cas où ils
font, 6c n’eft attirée à chaque inftant vers
la terre que par la même pefanteur.
De ce raifonnement, notre Philofophe
conclud que la Lune péfe fur la terre
comme les corps céleftes , 6c que la me-.
$
me caufe de la pefantèur àgït fur toutes
les Planètes ; que les Satellites péfent
fur Jupiter comme la Lune fur la T e r re ,
les Satellites de Saturne fur Saturne, ôc
toutes les Planètes enfemble fur le Soleil.
En fuivant cette théorie, Newton
trouva que , par une force centripète
( c’eft la force de la pefanteur ) en raifon
du quarré de la diftance , une Planète
doit fe mouvoir dans une ellipfe autour
du centre de force , placé dans le foyer
inférieur de l’ellipfe , 6c décrire par une
ligne tirée à ce centre des- aires proportionnelles
aux temps. Enfin ayant remis
fous fes yeux le rapport trouvé par Ké-,
pler entre les révolutions des corps céleftes
6c leurs diftances à un centre , il
découvrit la démonftration de cette règle
par la théorie de la gravité ; car la
force centripète a fur un même corps une
aétion variable fuivant les différentes diftances
à ce centre, dans la raifon ren-
verfée du quarré de ces diftances. C e
furent ici les matériaux qu’il mit en oeuvre
pour foumettre la Philofophie aux loix
de la Géométrie.
Afin de mettre avec fuccès ce beau
projet à exécution, notre Philofophe di-
vilà fon Ouvrage en deux parties principales.
Dans la première, il établit la théo-.
rie des forces centrales ou des forces centripète
ôc centrifuge. Dans la fécondé ,
il détermina la réfiftance des milieux au
mouvement des corps. I l mit d’abord la
derniere main aux deux premiers Livres
de cet Ouvrage,pour pouvoir les communiquer
aux Savans, ôc les confulter ainfi
fur fon entreprife. L a Société Royale de
Londres eut quelque temps fon manuf-
crit entre les mains, 6c il ne fe trouva
qu’un feul Membre de cette Compagnie
qui lui refufa des éloges : ce fut M. Hookç,
Ce favant prétendit qu’il avoit démontré
la règle de Kepler avant N ew t o n .
C ’étoit une prétention fimple à laquelle
la Société Royale n’eut aucun égard.
Cependant notre Philofophe , qui n’ai-
moit pas les difputes , vouloit fupprimer
fon troifième Livre ; mais fes amis lui
firent changer de réfolution. Rien ne fut
donc diftrait de fon travail. I l en fit une