de l’année 1 6 7 6 » $c détermina avec un
fextant de cinq pieds 8c demi les diftances
refpeéti ves de trois cens cinquante étoiles.
De plufieurs de ces étoiles il forma une
conflellation nouvelle,qu’il nomma Robur
Carolmum ( le chêne de Charles I L ) en
mémoire de celui qui avoit fervi de retraite
au R o i , lorfqu’il fut pourfuivi par
Cromwell, après la déroute de Worcefter.
I l lui confacracette conflellation par une
efpèee de dédicace en flyle lapidaire ,
conçue en ces termes : Robur Carolinum■
in perpetuam fub illius latebris fervati Ca-
roli fecundi, rmgnæ Britannice Regis, me-
moram in coelum meritd tranjlatum. C ’étoit
un témoignage éternel de recon-
noiflance pour- les bontés du Roi à fon
égard.
Notre Philofophe obfèrva encore dans
l’ Ifle de Sainte Hélène le paffage de Mercure
fur le difque du Sole il, qui arriva
le 8 Novembre (N . S. ) 16 7 7 . I l en vit
l’entrée 8c la fortie ; 8c après avoir mis
toutes- (es obfèrvations en écrit, il revint
à Londres vers l’Automne de 16 78 . Son
premier foin en arrivant fut de prendre
des degrés de Maître- ès-Arts ; 8c comme
il n’avoit point l ’âge compétent pour
obtenir des grades dans une Univerfîté,
on lui donna des difpenfes fort honorables.
L a Société Royale de Londres le
reçut aufïi au nombre de fes membres,
Senhble à toutes ces diflinétions , notre
Philofophe fe hâta de s’en montrer digne-
I l mit la dernière main à fes écrits , & les
publia fous le titre de Çatalogus JleUa-
mm aujlralium , Jive fupplementum cata-
logi Tychonici, exibens longitudines & lati-
tudines Jlellarum fixarum quee propè polum
antharblicum fitæ, in horiçonte uraniburgico
Tychoni confpkuce jitéré accurdto calculo ex
difîantiis fupputatas, & ad annum 1 6 7 7
completum comblas ; cum ipjîs obfervatio-
nibus in Infulâ. Sanblce Helence, &c. Cet
ouvrage fut extrêmement accueilli de
tous les Aftronomes. Gn le traduifit en
François à Paris, & on y ajouta un pla-
nifphère célefte de l ’hémifphère auffral,
pour mettre fous les yeux le nouveau
Catalogue. On y vit aufïi avec fatisfac-
tion les réflexions de l’Auteur fur l’utilité
des 'éclipfes du Soleil par les Planètes
inférieures, ou de leur immerfîon,
pour découvrir la parallaxe de cet A ft r e ,
8c fa diflance à la terre,
Toutes ces approbations flattèrent beaucoup
H a l l e y : mais il y en avoit une
qu’il défiroit fort mériter : c’étoit celle
de M. Hevelius , lequel paffoit pour le
premier Aflronome de l ’Europe. I l de-
meuroit à Dantzick , 8c jouifloit de la-
plus haute confidération. Notre Philofophe
réfolut de faire le voyage de
Dantzick pour l ’aller voir. Il partit aur
mois de Mai 1*579. Hevelius le connoif-
fbit déjà de réputation ; 8c parmi les Sa-
vans cette connoiflance vaut une liai fon
très-intime. Aufïi les- deux Aflronomes ,
fans autre compliment, obfervèrent en-
fèmble le même jour qu’ils fe virent ,
avec la même cordialité que s’ils eufïent
vécu long-temps fous le même toit. I l
y eut pourtant entr’eux une divifion de
Jentimens £ir quelques points d’A flro -
nomie pratique ; mais ils n’en furent pâs^
moins bons amis , parce qu’ils fe réunif-
foient tous les deux à ce point de con-
noître la vé r ité , 8c de la dire fans aucun
refpeél humain.
Après quelques mois de féjour à Dantzick
, H a l l e y fit fes adieux à Hevelius,
& prit le chemin de Paris ; c’étoit en-
16 8 0 , temps où. parut cette fameufg'.
comète,fiLremarquable par fa grandeur,
& fur laquelle on a tant écrit (V). Notre
Philofophe étoit alors entre Calais &
Paris. Cette forte de phénomène fixa
toute fon attention : il ne fongea plus à
continuer fa* route. L ’obfervation de
cette comète, 8c les loix de fon mouvement,
l ’occupèrent abfolument. 11 travailla
fans délai 8c fans relâche à rechercher
avec foin toutes les obfervationS’
des plus fameufes comètes qui avoienü
paru depuis l’origine du monde ; 8c pou*
être plus en état de fuivre ce travail, W.
(•«) Voyez THifcoire de l'sylc dans le premier volume de^cet Ouvrage.
retourna dans fa Patrie. I l y trouva
pourtant un fujet de diftraétion qu’il
n’avoit pas prévu : cè fut une Demoi-
felle aimable, qui avoit de l’efprit, &.
qui lui fit fèntir que toutes les beautés
n’étoient point dans le ciel. Elle fe nom-
moit MarieTooke. H a l l e y , pour éviter
les. longueurs, 8c fe mettre en repos ,
prit le parti de l’époufer ; ce qu’il fit
en 1682 . A yant ainfi recouvré fa tranquillité
, il fe livra avec la même ardeur
à l’étude.
En attendant qu’il eut pu colliger
toutes les obfèrvations fur les comètes ,
pour jetter les fôndemens d’une théorie
de ces fortes de Planètes, il s’occupa
des variations de l’aiguille aimantée. Il
ne voyoit point fans furprife les écarts
ou déclinaifons de cette aiguille à 1 0 ,
i y ou 20 degrés , tantôt vers l’orient ,
•tannât vers l’occident. I l voulut enfin
fa voir la caufe de ces irrégularités. A
cet effet , il raffembla un grand nombre
d’obfervations fur les déclinaifons de
cette aiguille ; il les compara enfemble,
par cette comparaifon il trouva qu’il
y a fur le globe de la terre plufieurs
points.dont les fuites décrivent des lignes
courbes où l’aiguille aimantée ne décline
point ; que ces courbes ont un mouvement
latéral, réglé 8c périodique autour
d’un a x e , & fur des pôles différens de
ceux de la terre; âc que ce mouvement ,
cet axe 8c ces pôles étant connus, un navigateur,
à quelque point de la terre qu’il
pût ê tr e , connoîtroit le lieu où il eft
par- la quantité de la déclinaifon : 8c voilà
le fecret des longitudes découvert. N o tre
Philofophe étoit trop prudent pour
affurer que cela fut. I l répondoit bien
-des peines & des foins qu’il avoit pris
pour comparer les obfèrvations des navigateurs;
mais il ne garantifloit pas la
vérité ou l’exaélitude de ces-obfervations.
I l chercha pourtant à expliquer la caufe
phyfique de la déclinaifon de l’aiguille
aimantée, 8c des variations de cette déclinaifon.
Après avoir examiné fans doute
plufieurs idées à ce fujet, il ne trouva
rien de mieux que de fuppofer qu’il y a
dans le globe de La terre un gros aimant
détaché tout autour de fa furface extérieure
» lequel tourne autour de fon a x e ,
8c fait des vibrations. Cet aimant attire
à lui tout ce qui eü doué de quelque
vertu magnétique , 8c par fon mouvement
non interrompu, il entretient la déclinaifon
de l’aiguille aimantée, ou de
l ’aiguille de bouïTolê dans une variation
continuelle, I l forma ainfi une théorie de la
variation de la boujjole, qu’il publia en
1683 dans les Tranfaétions philo fophi-
ques, n°. 14.8.
Les Mathématiciens Anglois firent un
accueil particulier à cette théorie. Notre
Philofophe avoit déjà gagné leur eftime,
8c ce fentiment produifit bientôt l’amitié.
Newton le chérifïoit beaucoup , 8c H a l l
e y faifoit ufage de fon affeétion pour
vaincre fa modeftie ou fa pareïfe fur la
publication de fes ouvrages. I l le folli-
citoit fans celle de rédiger fes découvertes
; & ce ne fut que par fes inflances*
que NewtorLlz détermina à communiquer
à la Société Royale de Londres fa théorie
des orbites des Planètes, 8c à la ranger
dans l ’ordre qu’elle a dans le livre des
Principes Mathématiques. C e fuccès encouragea
notre Philofophe à ofer davantage.
I l le fit confentir à mettre au jour fes
Principes. I l s’offrit de veiller à l’édition
de cet ouvrage , 8c le publia enfin en
16 8 7 . Newton fut également fenfible&
à ce zèle pour le progrès des fciences,
8c à cet intérêt v if qu’il prenait à fa
gloire. Il fe fouvint de ce trait toute fa
v ie , 8c conferva pour lui un attachement
que rien ne fut capable d’altérer.HALLEY
imprima à la tête des Principes un mémoire
fur le mouvement des corps pro-
jettés, où il examina la caufe 8c les propriétés
de la pefanteur félon ces mêmes
principes.
I l travailla enftiite à une Hifloire des.
vents alifés, des Moujfons qui régnent dans
les mers placées entre les tropiques, avec un
ejjai fur la caufe phyfique de ces vents. Ces
vents foufflent à un certain temps de l’année
; durent un certain nombre de mois
& de jours, 8c ne fortent pas des tropiques.
Les Mouflons foufflent fix mois de
fuite du même côté, 8c les autres fix
G ij