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1G6. NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES r6>
r?bo. de celui dell'Amerique j c'eft donc de lui
Pttun '
uniquement dont je vais parler.
C'eft une erreur,où que ques Ecrivains
font tombez de diftinguer le tabac en.
mâle, & femelle, Se petit tabac.
On reconnoît en Amérique quatre
forces de tabac, que l'on dittingue les
uns des autres, par la figure de leurs
Quatre feuilles, & point du tout par leurs gen-
»fpecis j-es prétendus. Ils fleuriflent & portent
^ tous de la graine également bonne, pour,
fe reproduire.Chaque efpece fe multiplie
d'elle-même, fans aucune alteration ou*
diminution, que celle qui lui peut arriver
de la part du terrain où elle eft femée,
où tranfplantée.
La premiere efpece eft le tabac ouPetun
verd, que les Habitans nomment iîmplement
le grand Petun. Il eft'ainfi apjellé
à caufe de la grandeur de fes feiiilles,
& de la beauté de leur coloris. Elles
tu tabac ont pour l'ordinaire vingt-quatre à
TJtri-" vingt-fix pouces de longueur.^ Se depuis i
f„e!it douze jufqu'à quatorze pouces de large. :
grand Elles font épaifles, charnues , cotonées,-
maniables, d'un très-beau verd; mais;
e/picé!''' comme elles font délicates & remplies
de beaucoup de fuc, elles diminuent
confiderablement en fechant, ou comme
onditdans lepaïs, à la pente, c'eft-'
à'dire-, lorfqu'étantattachées àdcs perches
ou gauletres," on lesèxpoie a l'air
pour les faire fecher autant qu'ileftneceflaire
, pour les pouvoir mettre en corde,
êc enfuiteen rouleau, ou rolle comme
parlent les Habitans. Cette dimi- '
nution ou déchet eft caufe qu'on cultive •
moins cette efpece,que celle qii'on nonàme
tabac à langue. : ' • ,
râlât à à fciiilîes à peu près de
lamue", longueur que le precedent ; mais
jecoxdt elles ne paffent pas fept à huit pouces de
.//pce. largeur. Le rapport qu'elles ont avec une
langue de boeuf lui a fait donner le nom •
de tabac i langue. Elles font charnues,';
épaiiTes, fortes, liantes, grafles, & dou- i;«
ces au toucherj avec cela elles font moins
remplies de fuc & d'humidité que celles
du grand Pctun, ce qui fait qu'elles fc
conîervent mieux,& qu'elles né fouflFrcnt
prefque point de déchet ou de diminution
à la pente. C'eft particulièrement
cette efpece qu'on cultive fur tout aux
Mes du Vent.. C'eft-à-dire, à la Marti- c,
nique, la Guadeloupe, Marie Galande, l'Jl
Saint Chriftophle j les Saintes, la Bar- H
bade, la Grenade, la Barboude, An-Jf
tigue, Nieves, Monfârrat, la Dominii ¿ i
que. Sainte,Alouiîe, Saint Vincentî/î"!
Sainte Croix & les Vierges, que l'on^™'!
appelle auffi les Antifles ou lesifles Cara'ibes.
Au lieu que lesIflesdePortric,
Saint Domingue, Couve ou Cuba, la
Jamaïque, la Tortue, l'Iile à Vache,
& autres voifînes font appellées les Mes
de fous le Vent. Les premieres font à
l ' E f t , & par coniequent auvent desautres
, parce que les vents alifez qui fouffîent
prefque toûjours, viennent de la
Bande de l'Eft, & paffent par ces premieres
Mes avant d'aller rafraîchir les autres.
La troifiéme efpece eft le tabac d'A- TîU
mazone,ainiinommé,parcequefagraine
a été" apportée des. environs de la riviere
dece nom,quieftfous laligne, & m
qui fepare le Brelil des terres de Cayen-,«.
ne.' La feiîille de ce tabac eftauffi longue'
que celles des deuxefpecesprécedentes,
mais elle eft beaucoup plus large, &
ronde àfon extrémité} ce qu'elle a encbre
de particulier qui la diftingue des
autres, elt, que les "petites nervures Ou
côtes qui foûtiennent la feuille tombent
perpendiculairement fur la groffe côte
du milieu, au lieu que dans les autres
elpeces elle fuivent le contour de la feuille,
& vont enbiaifant vers la pointe.
J Lesfeiiilles de cette efpece font fort
cpaiffes, fort charnues, bien nourries,
quoiqu'elles paroiffent remplies de
beauiiïpa.
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQUE.
beaucoup de fuc, elles ne diminuent prefr :porEéé.Ce Tabac eft le plus petit de tous,
que point du tout à la pente.CeTabaè eft Ses feiiilles arrivent rarement à la lon-
171ÌO,
Mait-
•vaifi
qualité
de ce Tabac
quand il
ejlnon-
1/(1(11,
I
donc d'un très-grand rapport} & affûrément
il pourroit pafler pour le meilleur
des trois efpeces, fi on pouvoit s'en
fervir auffi-tôt qu'il eft fait, comme on
fe fert des autres} mais ila une odeur fi
forte & fi dqlagréable, qu'il faut y être
accoûtumé de longue main , pour n'être
pas étourdi Sc provoqué au vomiffement,
quand on s'en fert, foit en fumée, foit
en poudre, foit en machicatoire, lorfqu'il
eft nouveau. Ce défaut fe corrige
pourtant à mefure qu'il vieillit ; ÔC ceux
qui en ont gardé, 'ont trouvé excellent
au bout de douze ou quinze mois. Mais
comme on cherche par tout, & fur tout
aux Mes, un debit prompt & un profit
prefent , & que pour l'ordinaire les affaires
des Habitans font dans une fituation
à ne pouvoir pas attendre fi longtemps
le revenu de leur travail, ils aiment
mieux fe paiîèr du profit confiderable
qu'ils auroient en cultivant ce Tabac
, que de le laiflèr dans leurs Magafins
le temps neceiTaire pour lui faire perdre
cette mauvaife qualité.
Je fçâi pourtant par experience que
guèur de dix pouces : elles font étroites,
rudes, ridées, fort pointues} elles ne
laifient pas cependant d'être affez bien
'iioiirriès & charnues} mais comme elles
ont beaucoup, de fUc, ellts décheoien't
;ô'ù diminuent beaiicoup a la petite
font par co'nfequent d'un très-mediocre
Tapport.
Ce que ce Tabac a de particulier, (^u) Excelle
fait regarder comme le plus excellent:
qui foit au mondé , eft une odeur dpùce,
aromatique, approchante de celle ne.
du mufc qu'il a naturellement, qu'il conferve,
foit qu'on le prenne en poudre^
foit qu'on le fume, 6c qu'il communique
fi facilement aux autres efpeces qu'on
mêle avec lui, que le tiers ou le quart
de celui-ci fuffit pour faire pafler tout
le refte pour Tabac de Verine. Malgré
cet avantage on en cultive très-peu aux
Mes du vent} & ce n'eft pas la feule faute
qu'on peut reprocher à nos Infulaires
en matiere de negligence & d'indolence
furlesManufaétures de leur Païs.
Les fleurs de ces quatre efpeces de Fhurs
Tabac font les mêmes quant à a forme
Tahuc
de Verine
quatrième
quand on le met refllier pendant fept ou 8c à la couleur. Elles ne different que par
huit jours après qu'il a été à la penre le la grandeur qui eft toûjours proportionnée
à la grandeur de la tige qui les a
produites. Elles font portées fur une
queiie affez forte, 6c font compofées de
cinq feiiilles, qui après avoir faitun tuyau
d'environ demi pouce de longueur,
s'épanoiiiffent fans s'eloigner l'une de
„ l'autre, & font un calice pentagone qui
fammentcompenfée par l'augmentation renferme cinq étamines 6c un piftille qui
du profit qu'ils trouveront en le cultir en s'allongeant fe change en une petite
v^nt. filiquequicontient les graines ou femen-
La quatrième efpece eft celle qu'on.ap- cés de la plante.
pelleTabac de Verine. C'eft le nom d'un Cesgraines font noires, affez fermes, Gw/««
petit Village fitué auprès de la Ville de de la groffeur à peu près, de la figure 6c
Comanadansla Terre ferme, fur le Lac de la confiftence de celles du Pavot. A
de Venezuela, d'où la. graine a été ap- mefure qu'elles meuriffent la fleur change
î
temps ordinaire pour être prêt à mettre
encorde, 8c qu'on l'expofe une feconde
fois à l'air pendant un couple de jours
feulement, il devient auffi doux 6c d'une
odeur auffi agreableque celui des autres
efpeces. C'eft aux Habitans à voir fi
cette augmentation de travail fera fuffir:
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