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1701.
318 NOUVEAIU1X VOY
rent bien s'en rapporter à ce que j e ferois,
pour terminer cette affaire, & faire le
partage tant avec les Religieux de la
Charité qu'entre nous autres. Le Pere
Holley Supérieur de la Maifon desjefuites
étoit bien plus propre que moi,
pour cette commiiîîon, & avoit plus
le tems de la remplir i cependant ce fut
lui principaletBent qui engagea les autres
à me choiiir, ce que je remarque
A G E S AUX ISLES
exprèsici, quoique peu important au
Public, pour faire connoître à tout le
monde , l'union & la bonne intelligence,
qui fe trouvent entre les Mifiionnaires
del'Amérique. Plût à Dieu,
que cela fût de même dans les autres
parties du monde, & que la diverfité
desfentimens, & peut-être les intérêts
oppofez n'y ruinaiient pas l'oeuvre de
Dieu.
îlot
C H A P I T R E X X.
'Jfjus qui fe commettoient dam les travaux Publics. Meffe de Requiem;,
chantée d'une mamere extraoràmain. Partage de la fnccejjïon de
M. Binfelin.
Ous avions commencé 'a travaillprj
à la reparation des
retranchemens qu'on avoit
faits pendant la Guerre precedente
, auffi-tôt que je fus revenu de
la Martinique. Mais M. le Gouverneur
aïant eu quelques avis, que les Anglois
attaqueroient fans faute la Guadeloupe,
penfa ferieufement à faire travailler à
ceux que nous avions projettezdans la
tournée que je fis avec lui en 1696. &
Tannée derniere avec M. le Comte Defnots
Gouverneur general. Car pour les
projets du Chevalier Reynau , il n'en
écoit plus queftionj le tems manquoit,
& il n'y avoit pas un fol de fond pour les
entreprendre.
Tous les travaux Publics, foit pour
l'ouverture & entretien des grands chemins,
foit pour les Fortifications, fe
font par corvées. Perfonnen'endevroit
être exempt, puifqu'ils fe font pour le
bien commun, & pour laconfervation,
& la défenfe du pais. Cependant les Religieux
s'en prétendent exempts, & le
font en effet, par une claufe expreiTe des
Lettres de leurs établiiTemens, par laquelle
le R o i ou les Seigneurs des Mes, a «
qui les y ont appeliez , les declarent snk
exempts eux, leurs Domeftiques , &«<¥'!
leurs Efclaves de toutes Corvées, Guet
êcGarde, & Charges publiques. MeffieursHoiiel
& deBoifferet,dont les Ancêtres
avoient été Seigneurs & Propriétaires
derifle,prétendoientlamême chofe,
& leurs prétentions donnoient occafion
à quelques autres perfonnes de refufer de
fefoûmettre à ces Charges publiques.
M. le Gouverneur parla aux uns 5c
aux autres, 8c il eut lieu d'être content
des Religieux, qui fans fe mêler avec
les autres Habitans entreprirent des travaux
confiderables, & s'en acquittèrent
debonnegrace, Scpromptement. Il n'y
eût que ces deux Meffieurs qui tinrent
bon, & qui ne voulurent point du tout
contribuer à la défenfe commune , quoiqu'ils
y fuiTent bien plus obligez qu'une
infinité d'autres, par les grands biens, &
les vaiîes terres qu'ils poiTedoient dans
le païs.
J'avois remarqué un abus trcs-confidemit.
F R A N C O I S E S D
j^ji. derable dans ces Corvées dès le tems que
je fis travailler en 16 96. & je le remarquai
encore dans Icî premier travaux que
travaux nous entreprîmes. C'ctoit que les Offi-
¿f cir- ciersdesQuartierss'exemptoientd'y envoyer
leursNegres, favorifoient leurs parens
& amis, Se rejettoient toute la charge
fur les pauvres qui étoient les plus
obéïiîans, parce qu'ils ne pouvoientimiter
ceux qui avoient de l'autorité.
U n autre défordre que je remarquai dans
ces travaux étoit, que les Maîtres ne donnoient
point de vivres à leurs Efclaves
en les y envoyant j ce qui leur étoit un
prétexte pour les quitter, afin d'enaler
chercher, & pour ne revenir que fort
tard, & fouvent point du tout.
Le troifiéme défordre étoit que les travaux
fe trouvoient fouvent mal faits, parce
que je ne pouvois pas être toûjours par
tout, & en même-tems, 6c puis on ne;
fçavoit à qui s'en prendre de ces malfaçons.
Et quand j'étois obligé défaire
abattre ce qui étoit mal fait, c'étoient
des murmures ôc des plaintes, qui ne
.£niffoient point.
Je fis faire ces remarques à M. Auger,
il en convint} mais il me d i t , qu'il
étoit plus facile de voir ces chofes, que
d'y remedier. Je lui répondis que le remede
étoit plus facile qu'il ne penfoit,
jptmidis qu' il n'y avoit qu'à confiderer les travaux
qui étoient à faire, les tracer, lestoifer,
& en faire la repartition, premièrement
)ar Compagnie, Se enfuite par le nom-
)re des Negr e s , qui fe trouvoient dans
'étendue de chaque Compagnie. Par
ce moyen les travaux feroient diftribuez
avec égalité, chacun fçauroit ce qu'il
auroit à faire, &Texecuteroitavec tout
le foin 8c la diligence poffible, afin d'en
être plûtôt quitte, 8c de n'être pas obligé
à recommencer. Il goûta mon avis,
& refolut de le fuivre, pourvû que je
me chargeaflc de faire cette repartition,
ittcis •ghi.
E L'AMERIQUE.
8c de fouffrir une partie des murmures
qu'elle exciteroit. lime fit délivrer par
le Receveur du Domaine un état des
Compagnies (car tous les Habitans des
Mes fervent ibus les Capitaines de Mi -
lices de leurs (^lar t iers, ) 8c dans chaque
Compagnie on a un état des Negres
qui payent le droit de Capitation,
8c qui par confequent peuvent travailler.
Nous examinâmes en gros les travaux
qu'on avoit refolu de faire, afin de voir
à quelles Compagnies il feroit plus à propos
de les diftribuer, 8c ce que pourroient
faire pour le bien commun celles
qui étoient trop éloignées, comme celle
du grand 8c du petit Cul- de-Sac, 8c de la
pointe Noire. On obligea celles là à
fournir des palliffades,& autres bois qu'elles
ont fur leur terrain, 8c dont nous avions
befoin. Après cela je traçai les travaux
, 8c je les fis toifer, ôc aïant divifé le
nombre des toifes par le nombre des N e -
gres des Compagnies qui devoient travailler,
jevoyois combien il revenoit de
toifes ou de pieds par tête de Negres -, 8c
comme le travail pouvoit être plus ou
moins facile felon es endroits où il iê
trouvoit, je proportionnois toutes ces
choies le plus équitablement qu'il m'étoit
poffible. Je faifois ma lifle, que j e
donnois au Gouve rneur , qui me la rendoit
après l'avoir fignéej 8c quand lesMaîtres
ou leurs Commandeurs étoient arrivez
avec leurs N egr e s , on leur montroit
les bornes de leur travail, la maniéré dont
il devoit être fai t , ôc on les avertiffoit,
que s'il y avoit des malfaçons, on le
leur feroit recommencer. Cette methode
nous exemptoit depenfer au nombre
des Negres que les Habitans devoient
employer, pour faire leurs tâches, n'y à
leurs vivres, 8c les Maîtres étoient intereiTez
à faire promptement, ôc bien,
ce qui leur étoit ordonné,
S f i " Ceux
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