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2.41 NOUVEAUX VOY
noi. d'arbres de cetteefpeceque Tony cultive
, la beauté du fruit que l'on y recueille,
Se la facilité qu'il y a d'augmenter
les plans de ces arbres dans ces lieux qui
femblent être faits exprèspour cela, &
oil le terrain gras, frais, profond, à couvert
du Soleil trop ardent, & des mauvais
vents, fournit tout ce qui eft neceffaire
pour faire des Cacoyeresauffi belles
, & d'un auiîî bon rapport que celles
des Efpagnols de Terre-Ferme.
Hî'l" trouve dans beaucoup d'endroits
s'aJ." ^^ Pl^i'^e ^^ Leogane des lits de certaines
pierres blanches, aflez dures, &
pefantes, de la figure pour l'ordinaire
des galets qui font au bord de la mer;
dont on fe fert pour faire de la chaux.
Ces lits fe rencontrent à différentes profondeurs
au-deflbus de la fuperficie du
terrain. Plus le terrain eft bon, &plus
il faut fouiller avant pour les découvrir.
J e n'ai point éprouvé la qualité de cette
chaux.Elle m'a paru très-bonne. Ce que
j'en puis dire, eft que l'Aqueduc du
Château de Leogane, que j'ai raifon de
fuppofer avoir été bâti avec cette chaux,
cft d'une tres-bonne maçonnerie.
Rmar- Il eft vrai, que quand le mortier auété
mediocre, le long-tems qu'il y
éncJens. ^ qu'il eft employé,l'auroit bonifié. Car
c'eft une chofe conftante, quelesmurs
anciens n'ont pas été fabriquez, autrement
que ceux que L'on fait aujourd'hui.
Ce qu'ils ont eu de particulier j c'eft L'atr
tention qu'ont eue les Architedes dans
le choix, des matériaux qu'ils ont employez,,
danslefable,lachaux,la proportion
entre l'un & l'autre, le corroy
qu'il leurfiiut-donner avant de les metu
e en oeuvre,, la p f i t ion des pierres, &
leur choix.- Après:quoi.oapeutairûrer,
|ue le long efpacede Eems-qu'elles ont
A G E S A U X I S L E S
dire les unes dans les autres, & de ne
faire plus qu'un corps avec le mortier
qui les avoit unies enfemble. C'eft ce qui
fait que les anciens murs font fidiffici es
a détruire, fans qu'il faille recourir,
comme font quelques gens, à lacompofition
du mortier dont on s'eft fervi
qu'ils prétendent avoir été fait avec du
fang de Boeuf , & autres femblables rêveries.
11 n'y a qu'à lire Vitruve dans fa
fource, ou chez fes Commentateurs,
pour voir ce que je viens de dire, 8c
être perfuadé qu'on fait à prefent, ce
qu'on faifoit il y a trois mille ans, quand
les Ouvriers qu'on employe font honnêtes
gens, & qu'ils fçavent leur métier.
L7ndigp a été la marchandife favorite
de S. Domingue pendant un trèslong
tems. Il eft conftant que le terrain
gras & profond comme il eft, y eft trèspropre;
& que fans faire tort aux Efpagnols,
l'Indigo de Saint Domingue
coupe dans fon tems ^ & travaillé avec
l o i n n e le cede en rien à 1'Anil de Guatimala,
que quelques Ecrivains appellent
limplemeni; du Guatimalo. Je fuis perfuadé
que ces prétendus connoiifeurs ne
diftingueroient pas l'un de l'autre, fi on
les leur prefentoit étant pilez, ou façonnez
de même, ou embalez de même
façon.
J'ai parlé amplement de cette marchandife
dans la premiere Partie de ces
m. ijûi.
F R A N C O Î S E S DE L'AMERIQ_UE. 243
que celles qui n'ont pas ce débouche- ces de toiéts qu'on couvre de brouffaillcs,
ment.
On ne laifle pas pourtant de faire
beaucoup d'Indigo dans toute la Côte,
i7ct»
Inif
l —^ —• » ^M ^üV-O
lemeurélesunesauprésdes autres, leur
a donné lieu de s'approcher en croiiTant,
de s'unir, 6c de s'enchailèr pour ainii
- » aiLIVJ UL. (,Ca
Mémoires; ce qui m'enrefteà dire,eft
que la trop grande quantité qu'on en
faifoit, l'ayant fait tomber à un pris
modique, les meilleurs Habitans de
Samt Domingue ontjugé fort prudemment
qu'il valoir mieux s'attacher à faire
du Sucre, fondez fur cette maxime generale
Se infaillible, que toutes les denrées
qui fe confument par. la bouche,
font toiîjours d'un meilleur débit, 02
d'une vente plus facile, Se plus aflurée,
que.
titlItiS
pour les défendre de l'ardeur du Soleil,
fans leur ôter tout-à-fait l'air.
On plante peu de Manioc en tout ce
Pars. Les Patates ôc les Bananes tiennent
lieu de Caflave 8c de Farine. Les ChaffeursSc
les Boucaniers n'uiênt même de
ces fruits, que quand leurs Boucans fe
trouvent dans des endroits oii ils croiflènt
naturellement, car ils ne font pas d'hude
faire des Sucreries, qui eft le point meur d'en aller chercher fort loin. Ils
oii ilsafpirent tous,non-feulement pour mangent leurs viandes comme ils les
prennent : le gras Scie maigre font pour
eux la chair 8c le pain, comme font nos
preneurs de Tortues; 8c il ne faut pas
s'imaginer qu'il foit bien difficile de s'y
accoûtumer, ni qu'on s'en porte moins
bien ; au contraire le Boeuf 6c le Cochon
mangez de cette maniéré rôtis ou boiiilarce
que c'eft par cette Manufaéture,
par le Tabac qu'on commence les Habitations,
à caufe qu'il n'y faut pas un
grand attirail, ni beaucoup de Negres,
& que rendant un profit prompt Se confiderable,
elle met les Habitans en état
le profit qu'on trouve dans la fabrique
du Sucre , mais encore parce qu'une
Sucrerie les met au rang desgrps Habitans,
au lieu que l'Indigo les retient
dins la claiTe des petits. Telle eft la vanité
de nos Infulaires.
Les Patates, les Ignames, les Banali
i«- nés 8c les Figues viennent mieux à Leo- lis, font plus fubftantiels8e fe digcrent
i'"'' gane, que dans nos Ifles du Vent ; elles plus facilement,
m'ont paru de meilleur goût, 8c pour
l'ordinaire elles font plusgrofles, plus
pefantes, 8c mieux nourries. Cela vient
de ce que la terre eft plus profonde Se
On ne donne aux Negres que desPatates.
Le Commandeur les conduit tous ¿y^./^.'
lesjours un peu avant l'heure du premier w.
repas, à la piece de Patates, oii chacun.
meilleure, 8c de ce que la chaleur qui s'y en fouille autant qu'il en a befoin pour
concentre davantage, lesmeurit, Se cuit fa journée. J'ai expliqué dans un autre
auffi davantage leur fuc. endroit la maniéré dont on les accomo-
Ce que je dis de la chaleur paroîtra de. La plupart des Maîtres ne leur donun
peu^extraordinaire, vû que la Marti- nent autre chofe, c'eft à eux à fe pourvoir
nique Se la Guadeloupe font au quatorze
du refte. On leur permet d'élever des
8e quinzième degré, Se que la Plaine
Cochons, Se ils le peuvent faire trèsfacilement
de Leogane eft au dix-huitiéme. Mais il
avec les branches ou le bois 8c
faut fefouvenir que nos petites Ifles font
les feiiilles des Patates, les tétesdes Can
toûjours rafraîchies d'un vent Alifé de
- - j " — u i , inievso,, tSAe lne^ss ggriouiTnecsa écctuuumiecs,, qquuaaniida illiss eenn
Nord-eft, qui eft frais; au lieu que la peuvent avoir.Cependant ce n'eft pas une.
Plaine de Leogane étant au bout occi- grofle dépenfe àSaint Domingue de leur
dental d'une Ifle tres-grande, où il y a, donner de la viande, car les Efpagnols ;
de très-hautes montagnes, elle eft pref- amènent des Boeufs Se des Vaches dans
que entièrement privée de ce fecours.
La chaleurs'y renferme 8cs'y concentre
fnm. un tel: point, qu'elle briàleroit entièrement
les Jardins potagers, fil'onn'avoit
5as foi n d'élever fur les planches nouvelementfeméesou
tranfplantées,des efpetm
ipun
^ini.
les Quartiers François autant qu'on en .pnxjes
3eut avoir befoin, a quatreoucinqécus Boeufs
a piece, du moinsc'étoit le prix qu'on
endonnoiten 1701. Or quand dans une
Habitation oi^i il y a fix-vingt ou cent
trente Negres,ondouner.oit deux Boeufs
ou
'il
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