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1700.
184 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
nous eûmes aflez eonfideré leur manège : firent augmenter les grimaces & les ponouscn
tuâmes quatre, entre lefquels il fturesdefonSinge, Sclerire de l'Afiemyavoit
une femelle qui avoit fon petitfur blée. Ala fin quelqu'un avertit lePrédifon
dos, qui ne la quitta point. Il la cateur de regarder au deiTus de fa tête ce
tenoit embraiTée à peu près comme HOS quis'y paffbit. Il n'eût pas plûtôt apperîetitsNegres
tiennent leurs meres. N o u s çûle manege de fon Singe, qu'il ne put
e prîmes, on l'éleva il devint le plus s'empêcher de rire comme les autres; &
joli animal qu'on pût fouhaiter. comme il n'y avoit pas moyen de pren-
Ce fut en cette occafion que je mangeai dre cet animal, il aima mieux abandon-
»700, ^1700.
Xa chair . , _
¿ei Si»- du Singepour la premiere fois. Ileftvrai
que j'eus d'abord quelque repugnance
quand je vis quatre têtes furia foupe qui
reflembloient à des têtes de petits enfans;
H i f l o i r e
d'an
Singe CT*
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cjüteur.
nerle reftedefonDifcours, n'étant plus
lui-même en état de le continuer, ni les
Auditeurs de l'écouter.
Aprèsavoirdemeureunjourchez M,
mais dès que j'en eus goût e , je paflai ai- Lambert, je le priai de nous faire avoir
fément fur cette confideration, & je con- desChevaux pour faire le tour del'lfle que
îinuai d'en manger avec plaifir; carc'efl- j'avoi« envie de voir touteentiere, puifune
chair tendre , délicate, blanche, que j'en avois la commodité, en attenpleine
d'un bon fuc, & qui ell: également dant que nôtre Capitaine Trebuchet eût
bonne à quelque forte de fauce qu'on la achevé le Commerce qu'il vouloit faire,
mette. Nou s eûmes des Chevaux, &; M. Lam-
A propos de ce petit Singe, il arriva bert nous accompagna,
une avanture au P. Cabaflbn, qui me- Nous partîmes d'aiTez bon matin, afin
rited'être mifeici. Il avoit élevé ce pe- depouvoir, fans nous prefl'er, aller dîner
tit animal qui s'affeaionna tellement à à la pointe de Sable, où nous couchâmes
lui, qu'il ne le quittoit jamais; de forte contre nôtre refolution, parce que la faqu'il
falloir l'enfermer avec foin toutes
les fois que lePere alloit à l'Eglife, car
il n'avoit point de chaîne pour Il s'échappa une fois j & s'étant allé cacher
au deiTus de la Chaire du Prédicat
e u r , il ne fe montra que quand fon
Maître commença à prêcher. Pour lors
il s'affit fur le bord, & regardant les
geftcs que faifoit le Prédicateur, il les
imitoit dans le moment avec des grimaces
& des pofturesqui faifoient rire tout
le monde. Le P. Cabaflbn qui ne fçavoit
pas le fujet d'une pareille immodemille
deM.Pinel , à qui nousétionsallez
rendre vifite, ne nous voulut jamais
'attacher.
laiiTer aller plus loin.
M.Pinel, dont j'aiparléaucommen-jiiirfi;
cement de ces Mémoires, avoit été tué
malheureufement depuis quelques mois,
8c toute la Colonie de S. Chriftophle en
étoit encore dans l'affliétion. Son bon
coeur, les fervicesqu'il rendoitàfescompatriotes,
les charitez qu'il faifoit aux
pauvres, le faifoient regarder comme
'Ange tutelaire de cette Me. Il trouva la
mort dans l'exercice de la charité. Une
deftie, les en reprit d'abord avec aflez pauvre famille étant arrivée de la Martine
douceur; mais voïant que les éclats de nique à la BaiTeterre de Sainte Chriftorire
augmcntoient au lieu de diminuer,
il entra dans une faintecolere, & commença
d'inveéliver d'une maniere trèsvive
contre le peu de refpeâ: qu'ils
avoient pour la parole de Dieu. Ses
mouvemensplusviolens qu'à l'ordinaire
q'
phle, le pria de lui donner paflage dans
fon Brigantin, pour aller à a pointe de
Sable où ellealloits'établir, il le lui accorda
avec la joie qu'il avoit toûjours
quand il trouvoit l'occafion de rendre
fervice, & de faire du bien. Il doorndnrea
1700.
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQUE. iSjordre
au Maître de fon Brigantin, de la BaiTeterre eft admirablement fécond}
faire charger les meubles de ces pauvres l'air y eft très-pur , ôc iî elle étoit un
gens, & pendant que fes gens étoient peu mieux fournie d'eau pourboire, 8c
occupez à ce travail, il prit la barre du qu'il y eût un Port , ce feroit une Ifle
gouvernail, le Brigantin étant déjafous enchantée. Elle peut avoir quinze à feize
voile. Le fentinelle qui étoit àia Batte- lieues de tour , fans compter une pointé
rie de la rade ayant été relevé pendant fort longue, &aiTezétroite, qu'onapqu'on
étoit occupé à tranfporter ces gens pelle la pointe des Salines.
& ces meubles à bord, fans avoir été C'eftla premiere Ifle que les François
averti que le maître du Brigantin avoit & les Anglois ont habitée, après que le
parlé
à l'Officier de garde felon la coû- hazard les y eût aiTemblez. Elle eft partagée
entre les deux Nations, de maniere
que les François ont les deux bouts,c'eft-
- —, - à-dire^le côté de l 'Ef t&c e lui dePOuef t panafe
àunCanon, pourl'obliger de mouiller. 6c les Angloîs le Nord & le Sud. La de s.
L e boulet rompit le bordage du Bâti- partieFrançoife del'Eft commence à la
riviere de Cayenne, £C finit à celle de
la Pentecôte. La partie de l'Oueft com- François
mence à la riviere de la pointe de Sable,
& finit à une grande ravine, qui s'appèlle,
il je ne me trompe, la ravine à Cabfittes.
s. Ce que les - Quartiers -
Anglois
tume, & voïant ce Bâtiment qui s'en
alloit, crut qu'il partoit fans congé, &
fans autre examen ni ordre, il mit le feu
ment, & emporta le bas ventre & la
cujile de M." Pinel, qui mourut quelques
momens après, avec une entiere
l'efignation à la'volonté de Dieu, & en
bon Chrét ien, comme il avoit toûjours
vécu. Sa mort confterna toute l'Iile, on
la reiTentit vivement dans les autres Colonies,
ont de plus avantageux, eft qu'ils fe
communiquent par un chemin qu'ils ont
Lr^ « fr- ^ ^ «« I-, I •• • à— _ . _ ' 1 _ •
&l 'on peut dire, que l'affliàion ^u us uui.
fut generale, parce que la perte étoit fait dans la montagne, au lieu que les
commune. L'Officier le Sergent de deux Quartiers François ne peuvent fe
earde fureur nrrerp7 T.p S^lrfor communiquer fans pailer par ceux des
Anglois. Les paflages font toûjours libres
en tems de Paix, mais dès que la
Guerre eftdeclarée en Europe entre lés
deux Nations, il faut que l'une des deux
garde furent arrêtez. Le Soldât penfa
être mis en pieces par le peuple. On fit
le procès :' l'Officier & le Sergent furent
déchargez, & le Soldat condamné aux
V1V.U/» i 1 Il lauL vjul-1 UliCUCSUCUX
Lefecond jour de nôtre voïage nous ¡.chaiTe l'autre del'lfle. Onavoitfait aummes
dîner à rAn c e Louve t che zM.de trefois des Concordats pour une neu-
Courpori Lieutenant du R o i , Comman- tralité perpétuelle: comme les Anglois
dant du Quartier de la pomte de Sable, ne s'en font fervis que pour tacher de
qui nous retint à coucher. E t le troifiéme
jour nous arrivâmes chez M. Lambert,
après avoir dîné chez un Anglois de
nôtre connoiiTance appellé le Major
Cripts.
furprendre les François, on ne fe fie
plus que dans la force des armes.
Dans la Guerre qui commença en
1688. nous chaflames les Anglois de leurs
Quartiers, & ils étoient accoûtumez à
_ Je fus très-content de mon voïage, Sc ce manegedepuis i G t j . que les deux Naje
fatisfis entièrement la curiofité que tionss'étoient établies dans l'Ifle, où les
j'avois depuis long-tems devoir, & de François, quoi qu'en plus petit nombre,
connoître cetteIfle.Elle eft petite à la ve- avoient toûjours été les maîtres des Ani;
ité, maiselleeft très-belle, &bien cul- glois, & avoient toûjours eu de fibons
tivee. Le terrain de la Cabefterre ôc de Gouverneurs, qu'on pouvoit dire que le
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