4P5 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
C H A P I T R E X V I .
Des Ips de St. Martin, & de St. BarthekmL Prife d'un Navire Anghis'.
il"
?'Ille de Saint Martin eft lîtuée
par le i8. dégrez, Se
un quart de latitude nord. On
prétend qu'elle a quinze à
feizè lieuës de tour. ' Elle n'a ni ports
ni rivieres î on y trouve feûlement quelques
petites fontaines qui donnent^ de
l'eau dans les temps de pluye,8c qui tariifent
auffi-tôt que la faifon feche eft venue
, parce qu'elles ne font que des écou-
Temens des eaux de pluye ; de forte qu'on
y eft réduit à l'eau de citerne, & de
quelques mauvaifes mares. L e terrain ne
m'a pas paru fort bon, du moins dans
les endroits où j'ai été j mais il s'en faut
bien que j'aye courru cette Ifle autant
que l'Ille à Crabes, Scl'Ifte d'Aves. On
ri'y fait que du tabac, de l'indigo, des
pois, des farines de Manioc, un peu de
Rocou&du fel tant qu'on en veut, car
il n'y a qu'à le prendre dans les falines,
où il fe fait naturellement fans travail 6c
fans dépenie.
La rade où nous mouillâmes effi â
rOueft-Sud-Oueft,très bonne pour l'ancrage,
maisexpoféeà tous les vents qui
viennent de dehors ; l'on y feroit fort
mal dansungros temps, Scencoreplus
dans un Ouragan.
Les Efpagnbls avoient une Colonie
fur cette I f le, & uneForterelfedonton
voit encore quelques reftes. Je ne fçai de
quelle utilité leur pouvoit être ce fort
ni la garnifon qu'ils y entrctenoient qui
leurcaufoit une dépenfe tfès-confiderableiàns
leur apporter d'autre profit que
celui d'empêcher que les autres Européens
nes'établiiTent dans les Vierges,ou
en profitûâent de leurs falines. Ce dernier
article ne valoit aifurcment pas là
centième partie des dépenfes qu'ils faifoient
pour fè les conferver, puifqu'on
trouve des falines naturelles dans toutes
les Ifles, tant celles qui font au v ent , que
celles qui font fous le vent. Il eft vrai
qu'ils ont empêché pendant long-temps
^ue l'on nefe foit établiàSaintBarthelemi'
à l'Anguille, à Panefton, Saint Thomas,
Sainte Croix, l'Ifle à Crabes, & autres
petites Iflesdes environs}mais comme ils'
n'avoient pû empêcher lesColoniesFrançoifes
& Angloifes de s'établir puiifammentà
Saint Chriftophe,. Antigües, la
Guadeloupe, la Martinique, & autres
Ifles, ils prirent enfin le parti d'abandonner
Saint Martin au commenceménc
de i(î48.' Ils ramaflerent pour cet effet
autant de gens de travail qu'ils crurent
en avoirbefoin. Ils creverent Scgâterent
toutes les citernes,brûIerent les maifons,
firent fauter la Fortereife j & après avoir
fait tout le dégaft dont ils fe purent avifer,
ilss'embarquerent, & fe retirèrent
â Port-ric.
J e ne fçai par qu'elle avanture il fe
trouva parmi eux quatre François ,• cinq
Hollandois, & un Mulâtre. Ces dix
hommess'étant cachez dans les bois,lori?
que les Efpagnols s'embarquèrent, fe
rencontrerentfortuitementaubord delà
Hier, & réfolurent d'habiter î'Iile, &
de la partager entre les deux nations,
comme celle de Saint Chriftophe l'étoit
entre les François 5c les Anglois. Ils concertèrent
les moyens d'execiner'leur deffein}
& les cinq Hollandois ayant fait
une Piperies^en allèrent à Saint Euftache
donner avis au Gouverneur de leur nation
de ce qui étoitarrivéà Saint Martin,
& de ce qu'ils avoient concertez
• avec les François. Ils devoient auiTi avertir
leBaillydePoincy, Gouverneur de
la
F R A N C O I S E S DE L 'AMER] a U E . 4^7
i^Pfrji^FranÇoifedeSaintCh^ perfidie des Hollandoisj mais comme 170«
de 1 état des chofes,& de ce qu'ils etoient ils n'étoient pas en état d'entirer raifo^
convenus avec lesFrançois qu'ils avoitot Hs diffimulerent fagemenr leur chagdn !
laiife a Saint Martin ; mais ils ne le fi- & trouvèrent enfin le moyen de flire
iandois P^s. Au- Contraire le Gouverneur fcavoir ail Raillir rio _ •
s'empii- Hollandois deSaint Euftache envoya un
''^"mr Martin Thomas en quafii)^"'^'
Gouverneur, avec tout ce qu'il
fçavoir auBailly de Poincy tout ce qui
s'etoit paiTé, & l'état où ctoient les
affaires.
Diferend
tr.'
tre les
Pût a ^ a t o d e ge „ , d . , . fon Ifle pour ,e LeBaitlalrydXdeÎ PoincyS y en^voyadr'àborSd ^zy^lT'
prétend»« parcet a£te fa,rc revivre le l e , ™ T e ^ T P','-
|prét=„tionsVi,savole„tf„r cette Me. te"^^^
une Colonie, &un
GouverneuràSaint n.C
Martin. Les Hollandois s'y étant intro- S^ols Le
duits par furprife, & s'étant enfuite trou- S e ; d? Z Z t m ^^
vez les p l u s L t s , bâtirentun Fort, & Sroiîsde^^fç^is^r^^^^^^^^^^ ^
le maintinrent dans leur ufurpation pen- Chriftnnhe fo- - , ^
g n t .„ i s , j u f - f ce le St'i.'ïir'„^„^ ^¡^¿.^¿^
GouverneurEfpagnoldePoit-nc ayant liersàlarr^r^rl^; ^o u ^ h -
faitun armement oenfiderable, vinÎat^ & l'envoyTpr^^^^^^^^^
taquer le Fort des Hollandois, Se l'emporta
après un fiege de fix femaincs. Les Tcur' ^ u n^-dnnn
François & les Hollandois turent faits- J o ^ ^ es ^o^sd^ft^-r
prifonniers, & conduits à Port-ne. & SlandoiJrvonl^i^"^ «s queles
en d'autres endroits, & les Efpagnols de- S b o m l n ? j mÎ '
une meurercnt colonie maîtres & une garnifon,de l'Ifle, y.augmentèrent
mirent les S c f s ¿oie^r '^"^' ^ ^
une colonie & une earnifon L^men- In
la Fortereife, ëc s'y maintinrent
» '"'"IILS , iUJ lUU
en furent chaifez par les Efpagnoi
Le ficurdeLanvilliersmitfan monde
jufqu'enl'année 1548. que la troperan- à terre fm^ '" i t i^u liionue
pour l'entretien de cette garmlbn, & fon tre obftaclTsr n pas eitetatd'y metinutilité,
lesobligerentd" l'abandonner, - m a n d a n ^ ^ ^
On voit par ce^xcit le peu de droit quart ers S i nn' ^
que les Hollandois avoient fur cette Ifle, ou de s 'at tend^lT. ^ ^ avo,t occupé,
& que la poflcinon que Martin Thomas ?oixe d ? s « & ^
en prit au nom de fes,maîtres en itf. g. fe foy. qu'ÎTvnir A
nerendoitpasleur prétendu droit meli- ocïïLï I C i n Tl
Jcurj au contraire elle étoit unenouvelle d'emoyeV de dé J r ^ r
preuve de leur mauvaife foy. Auffi les vilSourt
^•anço,s qui étoient demeurez à Saint drcJirnrm ^Tf rpa' t ' ï e
Marcn, n'entendant point de nouvelles J'accord fuThien r S f f t
du Bailly d ePoinc , , ie doutèrent de la depïïe'fS^^rLg^^^^^^^^
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