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i S 8 N O U V E A U X VOYAGES AUX ISLES
»700. qu'il n'y en avoit dans celui de la Guadeloupe,
qui avoit eu bien plus de tems à
fe rétablir.
Paroijje Le fpirituel de la Baileterre de Saint
(le S. Chriftophle étoit adminiilré avec beaucoup
de pieté êcd'exaai tude par les Peres
J e fui t e s j & celui de la Cabefterre
par lés Capucins. Il n'y avoit qu'une
EglifeParoiffialepour tout e la BaiTeterr
e , elle étoit dans le B o u r g , & appartenoit
auxHabitans. Elle pouvoir avoir
cent vingt-cinq à cent trente pieds de
long fur trente fix pieds de large, avec
deux Chapel les, qui faifoient la croifée,
5c une Sacriftieen forme d'appentis der-
Eglifede riere le maîne Autel. Les murs étoient
%bhii' pieds, mais leur hau-
^^ teur n'étoit point du tout proportionnée
à une épaiiîèur fi confiderable, puifqu'ils
n'avoient tout au plus que douze
pieds de haut. Les fenêtres étoient cèintréeSjSc
garnies de contrevents for t épais.
L a couverture d'eiTents étoit foûtenuë
par une charpente très-forte, maffive, 8c
bien liée. En general cette Eglife étoit
pefante & matérielle. Ce qu'elle avoit
de mei l leur , c'eft que les dedans étoient
très-proprès, qu'elle pouvoit contenir
beaucoup de m o n d e , &refillerà la violence
des ouragans, qui font frequens
dans cette Ifle.
Les Anglois l'avoient confervée, 8c
s'en fervoient comme d'un corps de Gard
e , oîi d'un Fort pour fe ret irer, & fe
mettre à couvert des defcentes que nos
Corfaires faifoient pendant la Guerre.
Pour ce effet, ils avoient percé des meurîrieres
dans les contrevents des fenêtres,
• & avoient fait de petits fabords aux portes
del 'Egl ife, & de la Sacriftie, pour
faire jouer le Canon qu'ils avoient en
dedans, & pour donner l'alarme auxautresQuartiers.
Ces précautions n'avoient
Pourtant pas empêché M. Lambert de
es furprcndre,& de fe rendre maître de ce
poile, après avoir égorgé la fentinelle
a v p c é e ; Scil auroit pris le General Co- 1700,
drington; qui logeoit dans lamaifonde ^
M. de laGuar igue, à un demi quart de glLft
lieile du Bourg, fans un contre-tems qui pu
arriva à fes gens , qui s'étant feparez en
deux bandes, pour envelopper plus facilement
la mai fon, tirèrent les uns fur les
autres, fans fe reconnoitre, fe prenant
réciproquement pour ennemis. Cela
donna l'alarme, & fit que ce General eut
le tems de fefauver. Sa maifon ne laiiTa
.pas d'être pillée, & beaucoup d'autres du
B o u r g j on enlevaplufieurs Negres, fans
quelesAngloispuiTentinquiéternosgcng
dans leur retraite qu'ils firentenbon ordre,.
& chargez de butin.
L'Habitation des PeresJefuites étoit
un peu au-deiTus du Bourg. Elle étoit
belle, il y avoit deux Sucreries. Leur
ancienne maifon etoit de maçonnerie,
grande, &peureguliereautant que j 'en
pus j u g e r par le peu qui en reftoit debout.
T o u t e fa folidité ne l'avoit pû garantir
des effets d'un tremblement de terre, qui
l'avoit prefque entièrement renverfée
avant la Guer r e de 1688. Ils étoient lo- lamk
gez dans unemai fon de bois fort propre, •f^"''"'
dont il nous cederent la falle, & une
chambre, malgré tout ce que nous pû- 3
mes faire pour les empê che r de fe déloger /«««•
à caufe de nous. Ils avoient encore une
Habitation à deux lieiies delà dans la
montagne, dans un lieu appellé laTuillerie
où la briqueterie, qui étoit pour
lors entièrement abandonnée.
L'Habitation des Carmes étoit à une mlrn-
Heiie ou environ du Bourg. Elle neme
parut pas grand chofe par fon étendue.
On m'aiTûra que c'étoit une des meilleures
terres de tout le quartier, où l'on
peut d i re, qu'ellesfont excellentes. Leur
Eglife qui n'étoit pas Paroilliale nelaiffoit
pas d'être fort freq uentée par les Habitans
qui étoient éloignez du Bourg.
Ses murs, & ceux des autres Bâtimens
qui étoient encore debout ne me donnèrent
VÈermité
âe
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^liE. 189
rent pas une auffi haute idée de leur coup. Ils étoient au milieu d'une favan- 170s.'
magnificence, que celle que j 'en avois ne, tous deux à peu près de même gran- t,»/,/«
conçûë fur le rapport de ces bons Reli- deur, c'eft-à-dire, d'environ quarante ¿cj^»-
— pieds de long fur dix-huit à vingt pieds
de large. Au bout oppofé à la por te, il
gieux
Il y avoit un Hermite à Cayonne ,
dont on n'a jamais bien connu l'efpece..
C'étoit un hommed'efpri t , riche, qui
traitoit magnifiquemement ceux qui venoient
chez lui. Son Habitation était
y avoit une longue table, avec une ar^
moire à côt é , & un fauteiiil. Tout le
refte étoit rempl i de bancs à doiîîer, avec
une allée au mi l ieu, le tout fans aucuns
fur la Front iere, & même en partie fur ornemens de quelque nature que ce pûc
les terres des Anglois. Il avoit une Cha - être.
pelle qu'il faifoit deiTervir, tantôt par des
L e Peres Jefuites avoient une Chapelle
J?rêtrcs féculiers, tantôt par les J e f u i t e s ,
£c tantôt par les Capucins. Les flatant
à Cayonne, & une à la pointe des
Salines. T o u t e s deux avoient été ruinées
pendant la Guerre.
Les Rel igieux de la Char i t é s'étoient
établis à côt é d u Bourg de la Baifeterre,
ils avoient une fale pour leurs malades,
qui leurfervoit en même- tems de Chapelle,
avec quelques petits logemens détachez
pour les deux Religieux qui y
uns après les autres del'cfperance de
fa fuccefïïon, qui étoit confiderable. A
la fin il la donna aux Capucins, Se mourut
prefque aufîî-tôt. Mais ces Pères
n'eurent pas le tems d'en joiiir} car la
Guerre de 1688. étant furvenuë, l'Hermitage
& la Chapelle avec toutes fes dépter
pendances furent prifes & ruinées,6cne étoient. Ils ont une chofe aux l i les, qui
fembloient plus qu'un amas confus de m'a toujour s ext rêmement choqué,c'eft
ruines, quand j'allai me p romener en cet d'avoir l'Autel où repofe le très-faint chariendroit,
qui eft tres-bien f l tue, dans un Sacrement dans le même lieu où font les
bon ai r , & avec une vûë des plus belles malades. Il mefembl e que c'eft une in-
& des pi usétenduës. dé c enc e , à caufe des irreverences qui fe
Egï,fu Outre cette Chapel le, les Peres Ca- commettent à tous momens parles mamk"'
avoient deux Eglifes à laCabef- lades, par ceux qui les fervent , & par
kcl'* L'une à l'Ance L o u v e t , & l'autre ceux qui les viennent vifiter. Sans comles
l'incommodité que les malades reçoivent
de ceux qui viennent entendre
laMefTe, & fouvent les MefTcs hautes,
ôc les Vêpres que ces bons Religieux
chantent de leur mieux aux dépens de
la tête de leurs malades qui en font
étourdis.
s, à la pointe de Sable. Elles fervoient
d'Eglifcs Paroifîiallés, quoiqu'elles leurs
appartinifent. Elles n'avoient point été
ruinées par les Anglois. J'entrai dans
celle de l'Artce Louvet Elle étoit de maçonnerie
, bâtie à la C a p u c i n e , avec des
bancs de pierre tout au tour , elle étoit
fort propre. Us avoient un petit corps de La Juflice étoit adminiflrée par un „ „.
logis à c ô t é del 'Egl i fe, partagé en trois Juge Royal, qui refidoit au Bourg de Xf ' / l
ou quatre chambres ou fales, avec un la Baffeterre, avec un Procureur du '
R o i , un Gref f ier , des Notaires , 6c autres
Suppôts de Juftice. Il y avoit aufll
un Arpenteur Royal. Il mefemble que
le J u g e avoit un Lieutenant , un Subflitut
du Procureurdu R o i , & un Commis
Greffier à la pointe de Ssble, pour le
B b Qçiar-
- «.iiaiiji^i vo uu laiv-ci, civt»- Ull
fort beau jardin. Je n'entrai point dans
celle de la pointe de Sable.
J e vis aufîî en paflant les deux Temples
que les Anglois ont à la Cabefl:erre.
^ leur Religion eft auflì fi m pie que leurs
.iTemples, on peut dire qu'elle l'eli beau-
Tm. IL
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