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514 NOUVEAUX VOY
1701. tarder mon départ , pour affilier au Scr»
Service folemnel que nos Peres firent dans
p'imrM. nôtreEglifeduMouillage, pour le repaire
Ju pos deTamedeMonfieur, Frere unique
^O'- du Roi.
Dès qu'on eût appris la mort de ce
Prince, tousles Ordres Religieux s'éforcerent
de marquer la veneration qu'ils
avoient pour la mémoire, en faifant pour
lui dans toutes les Eglifes des Services
folemnels. Surquoijedois rendre cette
juftice aux Religieux de mon Ordre,
qu'ils le diftinguerent de tous les autres,
par la magnificence &l e bon goût , qui
parurent dans laTenture, lesOrnemens
& le Maufolée, qui étoit élevé au milieu
de leur Eglife. Le Pere Giraudet Supérieur
de la Miffion de la Martinique ,
prononça l'Oraifon Funebre , & s'acquit
beaucoup de gloire dans cette action.
Comme on a imprimé à Paris une
Relation de cette ceremonie, & un Extrait
duDifcours, je croi pouvoir me
difpenfer d'en dire davantage.
J e trouvai en arrivant à la Guadeloupe,
que nôtre Su perieur avoit changé de
fentiment en mon abfence, 6c qu'au lieu
d'un Bâtiment de maçonnerie que nous
étions convenus de faire, il avoitrefolu
de ne le faire que de bois. Quoique ce
nouveau projet ne me plût point du tout,
j e ne m'y oppofai qu'autant que la bienleance
le pouvoir permettre j ainfi je me
mis à faire abattre des arbres. J'ai remarqué
dans plufieurs endroits de ces Mémoires,
que ceux des liles étoient les plus
beaux du monde, en voici une preuve
fuffifante pour convaincre les plus incrédules.
Je tirai d'un feul Balatas vingt
deux poutres de trente-fix pieds de long,
fur quatorze 8cfeize pouces en quarré,
avec quantité de cartelage de quatre ôc
cinq pouces fur différentes longueurs.
J e faifois travailler juiqu' a dix fcies à la
A G E S AUX ISLES
fois, avec un bon nombre de Nègres,
pour abattre les arbres, les équarir, ôc
mettre à profit les relies des troncs &
des branches, & je pouiîài tellement ce
travail, qu'au mois de janvier 1702.
j'avois tout le bois neceiîaire pour un
Bâtiment de cent pieds de long fur trente
fix pieds de large, avec deux pavillons
de quarante-quatre pieds en quarré.
J'avois tellement ménagé mon monde &
montems, que j'avois du bois à brûler
pour toute nôtre levée de Sucre, du Manioc
en terre pour deux ans, £c des Cannes
en quantité.
Cependant la proximité de la Guerre
fit que j'empêchai adroitement qu'on ne
commençât ce nouveau bât iment , nonfeulement
à caufe que fi la Guadeloupe
étoit attaquée, il ne manqueroitpasd'étrebrûlé,
mais encore parce quelelieu
où le Supérieur le vouloit placer, ne nous
convenoitpoint du tout , Scj'écois bien
aife que l'on attendît le retour du Supérieur
General pour en decider.
Cependant le Sieur du ClercMajor de
Leogane à S. Domingue, paiTant à la
Guadeloupe, nous offrir fix mille écus
de ce bois, fur lequel il prétendoit en
gagner encore autant en le portant à S.
Domingue: je croi même qu'il en eût
donné davantage, fi nôtre Supérieur eût
eu envie de vendre. Je fis humainement
tout ce que je pus pour l'y engager,en lui
reprefentant qu'en moins de deux mois
j'en aurois fait d'autre en mêmequantit
é : je ne pus en venir à bout , leSuperieur
& les Religieux s'obftinerent à ne
pas vendre, & ils eurent tout fujet de
s'en repentir quelques mois après, puifque
les Anglois aïant attaqué l'Ifle, &
s'étant emparez de nôtre Quartier, ils
en emportèrent ce qu'ilsjugerent à propos,
ècbrûlerent le refte.
LeBalacaseft une des quatre efpeces
de bois rouges que l'on trouve dans nos
Iflej.,.
1701
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ.UE.
J'/OIhdatm,
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m .
Ifles. Il vient fort droit, Sene fe fourchegueres
ÎPharpifi.
'tiin des
fP.Car-
Mi,
qu'à quarante pieds de tige,8c
fouvent davantage. Il vient mieux dans
les terres maigres ôcpierreufes,, comme
font les bords des côtieres, que dans
ks terres fortes & gralTes. Son écorce eft
brune, peu épaîflé, toute hachée, & affez
peu adherente; le coeur & l'aubier ne
fe diftinguent prefque pas l'un de l'autre:
ils font également durs, bons meilleurs
à couvert que dans terre i d*un rouge
fombre qui décharge beaucoup en léchant.
Il aies fibres longues, fines, peu
mêlées , mais extrêmement ferrées.
Quoique ce bois paroilTe fee, il ne laifle
pas d'avoir une feve onétueufe 6c amere
qui nourrit fes parties, 8c les conferve
contre les vers. Sa feuille eft ovale avec
une petite pointe: elle eft médiocrement
grande, aflez forte ; elle fe féche aifément
: ellevientcouplée &c en aiTez grande
quantité, Cet arbre porte des panaches
de petites fleurs rougeâtres, aufquelles
fuccedent des fruits de la groffeur,
figure 8c couleur des merifes, dont
lesPerroquets 8c les Grives, les Ramiers
& autres oifeaux font fort friands. Ce
boisfedebite bien, il eft pourtant meilleur
en Charpente qu'en Menuiferie, On
en fait des tables, des rouleaux, des arbres
8c des dents pour les Moulins. Il eft
roide, fans noeuds , il ne s'éclate point,
8c il eft capable de foûtenir un trèsgrands
poids.
Les Peres Carmes avoient fait verdir
de France deux Charpentiers engagez,
pour leur faire un Moul in, une Sucrerie
& unePurgerie,dont ils avoientun extrême
befoin.Tous leurs bâtimens fe refîentoient
de la vieillelfe de leur Ordre, 8c
tomboientenpieces; 8c comme ils n'étoient
pas mieux fournis d'arbres pour bâtir,
que de titres pour juftifier leur Origine
ScleurSuccelîîon Prophétique, ils
eurent recours à nous, & nous demandèrent
quelques arbres, que nous leurac- iioi.
cordâmes avec plnifir : je me chargeai
même de veiller fur leurs Ouvr ier s , que
j e fis pour cela travailler auprès des miens
afin de voir plus aifément le travail des
uns 8c des autres. Je trouvai ces deux
Ouvriers fort impertinens. Ils travailloient
peu, juroient beaucoup, n'ét oient
jamais contens, 8cpourfurcroît de mal,
j e découvris qu'ils commençoient à s'approcher
un peu trop près de nos Negref -
fes. J'en parlai à leursMaîtres, 8c de concert
nous en parlâmes au Gouverneur; Comi-
Si fur la permifiion qu'il me donna , je les f'""
envoyai porter quelques planches à la
Fortereflc, où on les retint, Sc on les mit i Auteur
dans un cachot les fers aux pieds 8c aux hurfit.
mains, oùlils firent pénitence au pain 8c à
l'eau pendant quelques jours. Ils firent
les mauvais au commencement, peu à
peu ils s'appaiferent,8c enfin ils firent de-
• mander pardon à leursMaîtres, 8cme
promirent de faire des merveilles. O n les
fit fortir j mais pour achever de les dompter,
je défendis à nosNegres de leur
tirer les chiques, de force qu'en moins de
trois femaines ils en furent garnis à ne
pouvoir fe foûtenir. Ce dernier accident
acheva dé les humilier. Ilsfe mirent toutà
fait à leur devoir, 8c auffi-tôt je leur
fis donner tous les fecours neceffaires, ô£
j e les traitai ¿proportion des bonnes maniérés
que je leur voyois prendre.
J e fçûs qu'ils avoient travaillé enFranee
à refendre du Sapin > 8c comme la
difference de cet arbre au Gommier ne
me parut pas fort grande, je leur en fis
fcier premièrement des pieces d'un pied
delarge, Se enfuite de plus grandes. Ils
trou'/erent ce bois plus difficile que leSapin,
parce que le Sapin (Qu'ils avoient
travaillé, étoit fee, la fcie y pafibit facilement
i au lieu que le Gommier étant
verd, fa gomme engageoit les dents de "¡"¿"¡^
la fcie. Je leur fis remédier à cetincon- „¡¡¡r^
venient ^
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