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J04 NOUVEAUX VOY
1705. petits canots euffentpû amener ce monftrejiifqu'àlalame.
Ils l'avoientharponn
é , SconeutaiTezdepeine à le tirer à
terre. On fe fervitdu foyepour fairede
l'huile à brûler. Pour la chair qui étoit
extrêmement longue, filafleufe, dure,
Coriace Se de mauvais g o û t , on l'abandonna
aux Negres qui lalerent les meilleurs
morceaux, 6c les endroits qui leur
parurent les moins durs. Perfonnedans
Je quartier né fe fouvenoit d'avoir vû
une fi grande Raye.Cel les que l'on prend
oi-dinaircrtient à la Senne font fort petites.
Je n'en ai point vû qui eut plus d'un
pied de largeur. Cela ne vient que de ce
qu'on ne pêche pas aiTez avant dans la
mer, parce que les filets dont on fe fert
ne sont bons que pour prendre le poiflbn
qui vient à la coilej au lieu que ii nous
iivions des Barques, & des Tartanes de
pêche pourailer en haute mer comme en
Europe, nous aurions du poiiTon bien
plus beau & plus gros.
Nous n'avons aux Ifles que cinq ou
fix maniérés de pêcher. La Senne, la
ligne, laTraifne, le harpon òclanaiTe.
J'ai parlé des deux derniers dans k premiere
partie de ces mémoires, en parlant
des Tortues à la p ê che , defquelles
on employe le harpon auffi bien que pour
le Lament in, lesgroflès Rayes j 6c lorfqu'on
eli ervhaute mer, pour les Dorades,
le Germon, les Souffleurs, 8c autres
îoiflbns femblables ; il faut à prefent parer
des trois autres inftrumens, dont nous
nous fervons pour la- pèche.
Sinrif La Senne eft un grand filet de cent ou
Met four fix-vingt brafles de longueur, ÔCquel-
P^'^er. quefois même davantage. On lui donne
deux à trois braiïes de largeur dans
fon milieu. Tout le monde fçait qu'une
brafle vaut cinq-piedsde Roy. Les mailles
font aiîêz larges aux deux extrémités,
mais elles fe retréciilènt à mefure qu'elles
approchent du milieu de la longueur
Diver-
Jes ma-
»ieres
ficher.
A G E S AUX ISLES
où elles font fort prelTées, 6c font une 170^;
maniere de poche aflez profonde, d'où
il eft difficile que le poiflbn puilTe fortir.
Il y a du plomb tout le long d'un des eôtezpourle
faire aller à fond , 6c du lieg
e ou autre bois Icger à l'autre pour le
foutenir à fleur d'eau, 6c le tenir étendu
6c à plomb. On met à chaque bout de la
Senne un bâton d'une bonne grofleur
auffi long que la Senne eft large , aux
deux bouts duquel on attache une corde
afl'ez lâche pour faire un angle vi s-a-vis
le milieu dubâton. Onjoint àcet angle
une bonne corde de trente à quarante
bralTes de long, dont on laifleleboutà
terre pendant qu'on s'avance en mer portant
la Senne dans un canot, Ôclajettant
à l'eau à mefure qu'on s'éloigne du
rivage, en faifant un grand demi cercle.
O n apporte enfuite à terre la corde qui
eft attachée à l'autre bout de la Senne ,
6c les gens qui font à terre tirent à eux
ces cordes, 6c enfuite la Senne le plus
également qu'ils peuvent, en s'approchant
doucement} 6c fe joignant à la fin
enfemble, pendant que le canot fe tient
vers le milieu du filet, pourempêcl^r*«'
les poiffons qui s'y trouvent pris de filter
par deflus, ce qui n'arrive encore
que trop fouvent. Ce filet balaye, pour
ainfi dire, tout lefonddelamer, 6cramaiTe
tout le poiflbn qui s'y trouve. Il
arrive quelquefois, quoique rarement,
qu'on y prend de trés-gros poiflbns ,
comme des Requins,desPantoufliers, des
Efpadons ou autres poiflbns femblables,
qui pourfuivant d'autres poiflbns, 6c en
trouvant un grand nombre à la cofte, fe
trouvent renfermez avec eux- dans le filet}
ce quin'eftpourtantpa&unavantagepourles
pêcheurs} parce qu'il arrive
prefque toujours- que ces gròs animaux,
dont on n'a que faire, coupent ou déchirent
la Senne , 6c s'enfuyent avec ce
qu'Us ont dévorez y 6c les auues. qui
étoicnt
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F R A N C O I E S DE
17CJ. étoient renfermez avec eux. Quand on
s'apperçoit qu'il y a quelque poiflbn de
.cette efpece dans une Senne, onluijette
au plus vite un hameçon pour l'arrêter,
cubienontâchedelehal-ponner, ou de
l'aflbmer} 6c on tire la Senne le plus
proprement qu'il eft poffible, afin de les
faire échouer} p r on eft feur de les met-;
tre facilement à la raifon quand ils ont
une fois le ventre à terre. '
Eff^don II ne faut pas mettre l'Efpadon au rang
tpldl" poiffons qui ne font pas bons à manger}
il eft excellent, on en prend beaucoup
dans la Mediterannée au Fare de
Meffine. On l'appelle PefceSpada, ou
poiflbn à épée. J'en ferai le defcription
auffi bien que de la maniéré dont on le
pêche dans un autre ouvrage.
O n voit par cette maniéré de pécher,
que laSennenepeutfervirque pour prendre
le poiflbn qui vient aflez près de la
cofte, pour être renfermé dans l'efpace
que la Senne peut embraflbr, 6c que celui
qui fe tient au large, 6c qui ne mord
jasàl'hameçondemeureenrepos.Cesfiets
ou Sennes doivent être faites de bonne
ficelle de chanvre ou de pitte bien
torfe} on ne doit pas manquer de les
teindre avec du Roucou, ou des reftes
d'Indigo pour leur donner une couleur
un peu. fombre,^ parce que s'ils étoient
blancs, ils paroîtroient trop dans l'eau,
6c épouventeroient le poiflbn. On ufe de
la même précaution pour les Folles } les
Eperviers, 6c les lignes dont onièfert
pour pêcher fur les bancs.
Ligne de La feconde maniéré de pêcher eft à
find hlignedefond. On choifit les endroits
^ch^fur^ lamer , dont on a reconnu la profonlubancs
deur, qu'on regarde com me des bancs ou
des terres plares 6c unies à 5p. 4 0 . 6 c jufqu'à
120.. brafles au deflbus de lafuperficie
de l'eau. Les poiflbns qui fe trouvent
en ces endroits mordent à l'hameçon}
mais comme ils s'élevent rarement vers
L ' A M E R I Q ^ U E . ^ojla
moyenne region de l 'eau, 6c qu'il ar- 170 -,
rive encore moins qu'ils quittent leurs
domiciles, il faut les y aller chercher
avee la ligne. Elleeft pour l'ordinaire de
bonne ficelle de chanvre ou de pite ,
bien filée 6c bien torfe, depuis la grofleur
d'une plume d ' o y e j u f q u ' à celle du
petit doigt. L e s hameçons ou hains dont
on fc fert doivent être proportionnez à
• k grolTeur. de k ligne, 6c les uns 6c les
autres à k force des poiflbns que l'on
fçait par experience fe trouver fur le
banc où l'on va pêcher.
O n attache l'hameçon aune queue de
fil d'archal, compofée de fept ou huit
brins tors enfemb e du meilleur, 6cdu
mieux cuit qu'on puifletrouver.L'expe^
rience a fait connoître qu'il eft moins fujet
à être coupé par les dents des poiflbn»,
ou rompu étant de cette façon, que s'il
étoitfimple, quoiquedela mêmegroifeur
que fept ou huit brins enfemble.
On donne à cette queue deux pieds ôs
demi à trois pieds de longueur. On attacheauboutdelalignequijoint
la queue
de fil d'archal un plomb proportionné
par fa pefanteur àcelle de toute la ligne }
a f i n q u ' i l k p u i f l è tirer en bas. On ente
encore fur la même ligne à différentes
diftances cinq ou fix hameçons mediocres
pour prendre les poiflbns qui nagent à
quelque diftance au deflbus du banc.
^ On fe ferc de poiflbn pour garnir les
hameçons j celui qu'on y employe le plus
iouventeft.le b a l a o u s u lafardine.
Nous avions un Negre pêcheur à nô- n^,,,
tre habitation de K Guadeloupe, qui/.»/AV:
etoit un des plus adroits 8c des plus
heureux qui ait jamais exercé ce métier.
Lorfqu'il fortoit pour aller à k pêche,
il demandoit aux. Rel igieux quels poif.
il les apportoit
infeiliiblement. Gela- le faifoit pafler
pourforcierparmifes camarades} d'autres
croyoient qu'il mettoit unecompofition
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