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485 NOUVEAUX V O. Y
i7oj. me fi entièrement, 6c qu'il les change en
fa fubilance d'une maniere qu^il n'en refte
rien du tout} & quand cela feroit vrai
des herbes 6c de la mouiTe, il faut au
moins qu'il rende le fable qu'il a avalé
& qu'on trouvedans cet inteftin.La chair
de cet animal & de tous dont je parlerai
dans la fuite, qui ne font difFerens que par
les coquilles dont ils font revêtus , efl:
blanche & ferme, & plus l'animal eft gros
plus elle eft dure, difficile à cuire, ôc
de difficile digeftion.Elle nelaiffe pas d'être
grafie, & d'avoir de la faveur. On
; ette pour l'ordinairela premiere eau dans
aquelle on les a fait bouillir, parce qu-elle
fe trouvée chargée de bave qui vient au
deiTus comme une écume épaiiTei on
acheve de les faire cuire dans une autre
eau que l'on peut emploïer à quelque
ufage, ôc lorfqu'ilsfonttirezde l'eau &
égoutez, on les fend dans toute leur longueur
pour en tirer cet inteftin, Se on
coupe le refte en rouelles que l'on met
dans une cafferolle fur le feu, avec du
heure ou de lamantegne, un bouquet
d'herbes fines, des petits oignons, un peu
d'ail écrafé, des écorcesd'oranges, du
fel & des épiceries ; 6c lorfqu'on eft prêt
à lesfervir, onjettedciTus une fauceliée
avecles jaunes d'oeufs, le vinaigre, ou
le jus d'orange. Ainfi accommodez ils
font moins mal-faifans,& d'une digeftion
plus aifée ; mais comme on manque ordinairement
de tout l'attirail de cuifine,qui
eft neceiTaire pour les accommoder comme
je viens de di re, on fe contente de les
faire bien bouillir dans deux eaux, ou de
les faire rôtir fur les charbons, & de les
manger avec la Pimentade. J'ai connu
un Habitant du petit Cul de Sac des Gallions
à la Martinique, nommé Maurecourt,
qui paiToit pour le plus grand mangeur
de l'Amerique, qui fou vent, faute
d'autres chofes, avoit recours aux Lambis,
ôc aux Burgnus qu'il prcnoit comme
AGES AUX ISLES
la viande la plus fucculente & la meilleure
nourrittn-e du monde. Il lui étoit aifé
de fe cont ent e r, car il étoit en lieu oÙ ces
Coquillages ne font pas rares, & il pouvoir
fan-e de la chaux de leurs cocques
qui y font très-propres, & la vendre pour
avoir fes autres neeeffiteZi caria chaux
fai te avec ces fortes de coquillages eft excellente,
& fait un mortier qui durcit
comme le marbre^ le feul défaut qu'elle
a eft d'être beaucoup plus dure à cuire
que celle dontonfefert ordinairement
aux Ifles.
Ce n'eft pas aflèz d'avoir des Lambis,
& autresfemblablesCoquillages, il faut
fçayoir la maniéré des les tirer de leur
matfon fans la rompre ou la gâter, fur
tout quand on la|veut conferver pour
quelque ufage où la vivacité des couleurs
dont elle eft peinte, doit être tout entière
, & pointdu tout ternie j car lorfqu'on
ne s'enibucie pas, il n'y a qu'à mettre
e Lambis dans l'eau boiiillante, ou fur
les charbons, l'animal eft bientôt mort,
& le volume de fa chair diminuant en cui-
Tant, il eft facile dele tirerj maislorfqu'on
veut conferver la cocque avec toute
la beauté Scia vivacité defon coloris,
que le feu ou l'eau boiiillantegâtentabfolument,
il faut enfoncer dans l'ouverture
un hameçon un peu long ou un crochet
de fer le plus avant qu'il eft poffible.
L'animal, quifefent ii rudement chatouillé,
quitte l'extremité.de fa cocque j
Se foit qu'il meure dans ce moment , foie
qu'il veuilles'échapper, on le tire aifément
dehors. On trouve dans toutes les
cocques environ un demi verre d'eau,
plus ou moins felon leur grandeur, qui
eft très-claire Se très-douce: on prétend
qu'elle eft admirable pour les inflammations
des yeux.
On trouve des Lambis d'une grofleur
confiderable, & d'un fi grand poids,qu'il
femble impoffible qu'un animal auffi foible
noîi
de Coquillage
Maniere
de tirer
les
Lambis
de leur s
çocquts.
I70Î.
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQUE. 4?;
ble que celui-là,lapuiire traîner ou porter cocque, s'éleve tout droit Se fait voir la
une maifon fi lourde Se fî incommode.
L e Limaçon dont j'ai parlé dans un autre
endroit fous le nom de Soldat, change
tous les ans de coquille^mais comme ceux
qui ont fréquenté beaucoup les bords de
tête Se la langue de l'animal quand il
juge à propos de fe montrer} car il fe
retire fouvent fous les replis de fa maifon
comme dans des appartemens fecrets.
Rien n'eft plus beau, plus poli, plus lui-
170Î.'
la mer n'ont point remarqué ces chan- fant, Se plus luftré que l'émail dont cet-
^emens.dans les L amb i s , & autres poif- te maifon eft tapiiTce, à commencer par
bns à coquilles , il faut dire que leur cegrand morceau du bord qui en découcocque
croît avec leur corps. Se que
comme elle eft d'une matiere extrêmement
dure, il lui faut bien des années
pour arriver à dix ôc quinze poûces de
longueur fur environ autant d'ouverture,
Se à dix Se douze livres de pefanteur.
Cepefant équipage empêche l'animal de
courir bien vîte, mais il ne l'empêche
pas de changer de place Se de venir du
fond de la mer fur le bords du rivage,
& le long des rochers. Se. des hauts
fonds, oii on le t rouve, Se oii on le prend
vre l'entrée. C'eft une couleur de chair
la plus vive qu'on puifles'imaginer, qui
eft toujours la même dans tout le dedans
de la cocque. Si le dehors étoit auffi beau,
on pourroit dire que le Lambis feroit le
plus proprement logé de tous les animaux.
J e croi pourtant que fî on s'en vouloit
donner lapeine, ondécouvriroitu- ¡idÎTi'-
ne très belle couleur fous le gravier Se les ¿ement '
rocaillesqui couvrent la fuperficie exte- derieure.
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j r -„ „ Le Limaçon, qu'on appelle C a f q u e , JXr ;
plus alternent que quand il faut l'aller à caufe de la figure de fa cocque , n'eft jachercher
en plongeant dixou douze braf- mais fi gros que le Lambis. Il eft un peu
fes fous l'eau. Je m'étonne que de tant ovale. Un côté qu'on peut regarder
Ul
mtr.
d'Aftronomes qui font venus en Amérique
, il ne s'en foit pas trouvé quelqu'un
qui ait obfervé les mouvemens du Lambis,
Se compté exaftement combien il
fait de chemin par fécondés Se par minutes
; il auroit peut-être trouvé du rapport
entre ce mouvement, Se ceux de quelque
étoile fixe, ou de quelque pianette,
ou de quelque fatellite. Découverte qui
auroit é té, ou pourroit être très-utile à la
perfeftiondesartsScdesfciences, ou du
moins qui auroit fourni de matiere aux
entretiens des gens oififs.
La fuperficie de la cocque du Lambis
eft parfemée de quantité de pointes
émouiféesdehuitadouze lignes de hauteur
fur prefque autant de diametre à
commele doseftrondjavec deux petites
pointes émouiTées Se creufées en façon
de canali l'autre côté eft plat Se ouvert
dans toute falongueur. Les bords de cette
ouverture font repliez en dedans Se
dentelez i c'eft par là que l'animal fefait
voir, Se qu'il avance (a tête Se fa langue
pour chercher fa nourriture. La cocque
eft bien plus mince Se plus delicate qqe
celle du Lambis. Comme elle eft unie ,
le gravier, la moufl'e Se les autres ordures
ne s'y attachent pas, elle eft luftrcc
Se peinte de blanc, de gris Se de brun ,
avec des points tirantfur le j a u n e , diverfifiez
en une infinité de maniérés. Le dedans
eft de couleur de chair fort claire j
iln^y a point de Coquillage oii la nature
leurs bafes. Ce qui fe trouve entre ces fafte voir une plus grande diverfité de
boíles eft brut, pierreux, Se fouvent coloris Se de deiTeins.
tout couvert de mouffe, un des bords qui La trompette eft faite comme un corfembledeftinéà
fermer l'ouverture de la net long Se tors, fur tout vers le petit
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