St! •
it'
A 'f-î^^ fe : . "I
p
¿i, i|r :j;f
Z©0 NOUVEAUX VOY A G E S AUX ISLES
ï7ot. On ne connoît point de país au monde
plus abondant que cette Ifle, la terre
y eft d'une fécondité admirable, grafie,
profonde, 6c dans une pofition à ne ceiTer
jamais de produire tout ce qu'on peut
delîrer. On trouve dans les Forêts des
Ftrtilité arbres de toutes les efpeces, d'une liaudes.
Do- teur, 8c d'une groiTeurfurprenante. Les
mngue. fruits y font plus gros, mieux nourris,
plus fucculens que dans les autres Ifles.
On y voit des favannes ou prairies naturelles,
d'une étendueprodigieufe, qui
nourriflent des millions de Boeufs, de
Chevaux, 5cde Cochonsfauvages,dont
on eft redevableauxEfpagnols,qui en ont
apporté les efpeces d'Europe. Il y a peu
depaïs au monde où l'on trouve de plus
belles, de plus grandes rivieres, en pareil
nombre, & auifi poiiTonneufes. Il y
a des mines d'or, d'argent. Sede cuivre,
qui ont été autrefois très-abondantes,
6c qui rendroient encore beaucoup fi elles
étoient travaillées ; mais la foibleiTe
des Efpagnols, qui leur fait toujours
craindre, que les autres Européens ne les
chaflent abfolument du païs, les oblige
à cacher avec foin celles qui font dans
leurs Quartiers} de forte qu'ils poiledcnt
des trefors fans ofer fans fervir, & laiffenten
friche des terres immenfes, qui
pourroient entretenir, 6c même enrichir
des millions de perfonnes plus intelligentes
, 6c plus laborieufes qu'ils ne
font.
Il eft vrai que le païs étoitaiTezbien
cultivé dans les commencemens qu'ils le
découvrirent, ce queje dirai ci-après
en parlant du fond de l'Ifle à Vache en
fera une preuve; mais la découverte de
caufesde ^^ ^^^^^ ferme, 8c les richeiTes qu'ils y
laban- trouvèrent y attirèrent bien-tôt es Hadondes:,
bitans de S. Domingue. Ceux qui de-
Domm- naeuroient à l'Oueft furent les premiers
à quitter leurs Habitations pour courir
au Mexique, prendre part à la fortune
iti,
de leurs compatriotes, 8c les aider à
pénétrer dans ces riches païs; de forte
qu'il n'y eût que la partie de l'Eft 8c les
environs de la Ville de S. Domingue
qui demeurerent peuplez, parce qu'étant
fous les yeux du Prefident qui refidoit
en cette Ville avec une autorité
auffi étendue, 6c aufli abfoluëque celle
d'un Vice-Roi , il empêchoit, pour bien
des raifons, dans lefquelles je ne dois pas
entrer, que fes Peuples ne l'abandonnafient,
ôc nefe retiraflent dans des païs
qui ne devoient pas être de fajurifdiction.
On peut donc regarder la découverte
du Mexique 8c du Pérou, comme
la premiere, 6c peut-être la principale
caufe du dépeuplement de l'Ifle de S.
Domingue.
L a fécondé caufe a été la mort des Indiens.
LesEipagnolsfeuls n'étoient pas
capables de cultiver leurs terres, & ils
n'avoient point encore des Efclaves d'A -
frique, dont les Portugais ont été les premiers
à fe fervir, 8c à en établir le commerce
6c la vente. Mais ce qui les a obligez
enfin à abandonner abiblument la
plus grande partie de cette Ifle, 8c fur
tout la partie de l'Oueft, ou pour parler
5lus j ufte, la grande moitié du païs, en
a prenant depuisMonteChriftojufqu'au
Cap Mongon, où jufqu'à celui de la
Beate, font les defcentes 8c les pillages
continuels que lesEuropéens ennemis des
Elpagnols, ou jaloux de leur fortune, faifoient
tous les jours fur leurs côtes, d'où
ils les chaflïrent,8c pénétrèrentjufques
dans le coeur de ce païs, qui devint ainii
la proïe des François 8c des Anglois
pendant un grand nombre d'années, fans
Í)ourtant qu'aucun de ces Peuples s'âviât
d'y établir une demeure fixe.
Il eft vrai queplufieurs de ces Peuples
qui étoient venus dans le nouveau monde,
pour y faire la courfe, 8c partager
avec les Efpagnols ce qu'ils avoient ôté
aux
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. z6i
,701, aux Indiens, aïant perdu leurs Bâtiraens, Boeufs fauvages, 8c iàire des cuirs. 1700.
8c s'étantfauvez à terre, fe mirent à tuer Tout le monde fçaitqueles François pendes
Boeufs, & des Cochons fauvages d'à- ont été les premiers qui ont fait des dé- res7e-'
bord pour s'entretenir, en attendant couvertes en Amérique prefqueauffi-tôt""'^"''"
qu'il paiTâtquelque Vaiifeau, fur lequel quelesEfpagnolseneurentouvertlècheils
puiTentfe rembarquer, 8c enfuite pour min aux autres Nations. Sans parler du
amafler les peaux desBoeufs qu'ils tuoient CapitaineThomas Aubert, que leRqi
dont ils commencèrent à faire un trafic LoiisXII. envoya pour découvrir l'A^
avantageux avec les VailTeaux qui ve- merique Septentrionale en 1^04. 8c qui
noient exprès à la côte, pour fe charger en effet, découvrit la côte de la Caroline
de ces cuirs, 8c qui leur donnoient en 8cde Canada, depuis cette année-là iufechange
toutes les provifions dont ils quesen i f o 8 . i l eft conftantqueJeanVeavwent
befom. raflano Florentin fut envoyé enif24.par
Cette vie libertine qui ne laiflbit pas François I. pour continuer les découverd
avoir des charmes malgré les incom- tes qui avoient été commencées fous fon
moditez dont elle étoitaccompagnée at- Prédecefleur. Il découvrit en effet, 8c
tira en peu d'années bien des François prit poiTeffion au nom du R o i , de toutes
& des Anglois à la côte, foit qu'ilsfuf- ces vaftes Provinces q o - 3 1 - vtiii,«,;. I. luviu»,»-» uuuin founuti aauu Ni-Noorrda dauu
lent en Guerre ou en Paix en Europe, ils Golphedu Mexique, que nous connoifetoientamis
des qu'ils mettoient le pied fons aujourd'huifouslenomdelaLoùidans
cette Ifle, 8c ne connoiiToient plus fiane, 8c de la Floride, 8c de celles qu'on
^ , tA A 1 J A iij'jui-, w-uctciics qu on
d autres ennemis que les Efoaenols. oui nnrnmpa nrpr^^m-lo r-o-^r.-^^ •
d autres ennemis que les Efpagnols, qui nomme à prefent la Caroline,laVirJinie
de leur cote n'epargnoient rien pour es la nouvelle Angleterre, le Canada, en
détruire, 6c qui ne leur faifoieni point un mot tout cequife rencontre depuis le
de quartier quand ils fe trouvoient les if.dégréde latitude Septentrionale iufplus
qu au f 4
jufqu'au jjo.
Mais les longues Guerres que laFrancc
iorts} mais aufli q^ui n'en avoient qu'au f4. 6c en longitude depuis le i z r
pointàefperer,lorfqq u'ils tomboienten- ^ '
tre les mains de ces Chafleurs, qu'on
nomma dans la fuiteBoucaniers du nom
, .. „ eut à foûtenir, tantôt avec lesEtrangei-s,
des Ajoupas ou Boucans, ou ils fe re- 8c tantôt avec les Hérétiques, quif'életiroient
pour paflér la nuit, 8c les mau- verent dans fon fein, empêcherent qu'elvais
tems qui ne leur permettoient pas le ne pût profiter de ces grandes découd
aller ala chaffe, oudontilsfefervoient vertes, 8cs'établirdans ces beaux pais, ou
pour fecher & fumer les chairs qu'ils du moins foûtenirles etabliflemens qu'-
vouloientconferver, qu'on appelle vian- elle y avoit commencez, ainfi que je l'ai
des boucannees. fait voir dans la Préface de ma preriiierc
Tels ont ete les premiers Européens partie; mais elle n'empêcha pas íes Sujets
qui fe font établis a S Domingue après d-armerencourfe,8cd'allerfaireledé¿ár,
les Efpagnols j mais il n'eft pas poffible 8c piller les ennemis de leur patrie, Ê à l
de fixer precifement l'année que les leuiRoi. Outre la gloire de venger leur
^ rançois 8c les Anglois ont commen- Nation,ils y trouvoient encore d?s avance
a s y retirer, ou en fe fauvant des tages confiderables, 8c la France y en
naufrages, en y allant exprès, 8c s'y trouvoit aufli de très-grands par l'ardegradant
, pour me fervir de leurs gent, 6c les marchandifes précieufes
termes , dans le deflèm de chaffer les qu'ilsyrépandoient à leurs retours.
C e 5 Enfin
- 't.
s
Sî
•"••i-îl
,1•f%
-t;f
iL •1-
l