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7 i N O U V E A U X ' V Q Y À ^ É S- « X ' S L E S
C H A P I; X R E ix.
Ce que c'ejl qîûun Boucan de Cochon.
>íí)5, i<5í>8.
'Al fait \ \a. defcription d'un autres conviez s'occuperent à former le
boucan de tortue dans lafe-' boucan. C'eft uneefpecedegrildebois
conde Partie de ces Memoi - fur lequel le cochon tout entier fe doit
res; voici celle d 'un boucan cuire. On coupe pour cet effet quatre
3 • r • cochon.Celui de tortue fe fourches de lagroffeurdu bras, & d'en- ny !
doit faire au bord de la me r ,& celui de cq- viron quatre pied de longueur, on les »mf,
7e c T ie bois à l'imitation des Bo^•: plante en terre de maniere qu'elles font^"««
i^w. ou Chaireurs,qui accommodent un quarré long d'environ cinq pieds,
Je leur a peu près comme j e vais dire, fur trois pieds de large. On pofe les tralorfqu'ilsveulentfedélaiferdeleurexer
verfes furies fourches, & on arÜnge
cice ordinaire & fe divertir. La diffe-' fur les traverfes les gaulettes qui font le
rence de celui des Boucanniers au nôtre, grillage. Tout cela eil bien amarré avec
etoit qu'ils font le leur avec un langlier des liannes. C'eil fur ce lit ouiurcc
ou cochon maron, au lieu que le nôtre gril qu'on couche le cochon fur le dos,
n'étoit que d'un cochon domeftique, le ventre ouvert écarté autant qu'il eft
q u e j ' a v o i s eu foin de faire tuer, flam- poiTible, 6c retenu en cette fituationparber,^
5c vuider la veille. J'avoisauffi en-' des bâtons, de peur qu'il ne ie referme
voyé nettoyer une place dans le bois, lorfqu'il vienta fentir la chaleur du feu
au bord de nôtre riviere, environ à qu'on met defibus.
quinze cent pasdelaMaifon, où j'avois Pendant qu'on accommodoit toutes
faitfaire un grand ajoupa, c'eft-à-dire, ces chofes, les Nègres qui avoient coupé
une grande cafe bâtie à la legere & cou- une bonne quantité de bois le j o u r preverte
de feiiilles de balifier& de cachi- cedent, y mirent le feu pour le réduire rr^
bou, pours'y retirer en cas depluye. en ¿harbon, & quand ilfutenétat, on d Z
. f-ejour étant arrivé, j'envoyai dès le l'apporta fous le cochon avec des écorces
pomt du jour à l'ajoupa, le cochon & d'arbres qui fervent de pelles, parcequ'il
les autres chofes que j'avois fait préparer eft expreíTement défendu de fe fervir
pour lerepas, Scfurtoutle vin,afinde d'aucun inftrument de métal comme pelle
faire rafraîchir, dans la ri viere. Lorf- les, pincettes, plats, affiettes, cuiliers,
que tous les conviez furent aflemblez, fourchettes, falheres, & même denapnous
partîmes pour nous rendre au lieu pes, ferviettes, ou femblables uftenciles
ou fe devoit faire le boucan. Nous yar- qui défiguereroient trop la maniere de
rivâmes fur les neuf heures. Ilfallutd'a- vie boucaniere, qu'il femble qu'on veut
bord que tout le monde fe mît à tra- imiter dans ces repas. J'oubliois dedire, ^/rvailler..
Les plus pareifeux furent char- que le ventre du cochon avoit été rempli/i,«-
gez du foin de faire deux brochettes de jus de citronavec forcefel, pimcm
pour chaque Boucannier.On prend pour écrafé & poi vi e ; parce que la c lair du
cela du bois de la groiîeur du doigt, cochon quoique très bonne & très-délique
l'on dépouille de fi peau, & que cate,& plus en Amérique qu'en aucun aul'on
blanchit bien proprement, Une des re lieu du monde,eft toûjoursdoûce,& a
brochettes doit avoir deux fourchons
pointus, l'autre n'a qu'une pointe,Les
befoin de ce iecours
Pendant que le coc
Ipour étie relevée,
ion cuit, ceux qui
veulent
Maniere
dtcuire
la viande.
F R A N C O I S E S D
veulent déjeûner le peuvent faire, & boi -
re un coup, pourvû que ce foit dans un
coiii, Sequela liqueur ne foit point mélangée,
c'eil-à-dire, qu'il faut boire le vin
toutpur, Scl'eau toute pure, parce que
ces fortes de mélanges, & ces temperamens
d'eau & de vin font tout-à-faitoppofez
à la fimplicité d'une pareille vie.
On permit iàns confequence qu'on pût
manger à ce premier repas quelques viandes
qu'on avoit apportées de la maifon j
mais dès qu'on a touché au cochon,il n'eft
plus permis de toucher à autre chofe.Cependant
comme il n'y a point de regie fi
generale.qui ne puiflefouffrir quelque exception,
on permitàquelques perfonnes de
laCompagnie de mettre de l'eau dans leur
vin, parce qu'étant encore Novices dans
l'Ordre Boucanier, il y auroit eu de l'indifcretion
à les obliger d'abord à toute la
rigueur de la regie. Sur quoi on remarquera
en paifant combien il y a plus de
juftice & de bon fens dans cet Ordre ,
que dans les autres oii l'on veut que les
Novices foient tout en entrant plus parfaits
& plus réguliers que les anciens.
Après le déjeûné chacun prit fon parti.
Les uns allèrent à la challe, les autres
amaiferentdes feûillesde balifier,de
cachibou, & desfougeres, pour taire des
nappes, &desferviettesjlesautreseureiit
foin que le cochon fe cuifît lentement, 5c
que fa chair Fût bien penetrée de la faulce
dont le corps étoit rempli, ce qu'on fait
en la piquant avec la pointe de la fourchette,
mais fans percer la peau, de peur
que la faulce qu'on à intérêt de conferver
nepaffàtau travers, & ne tombât dans
le feu.
Quand on ]ugea que le boucan étoit
cuit, onappella les Chaffeurs avec deux
coups d'armes, qu'on tira coup fur coup.
C'eft la regie : car les cloches ne font
point d'ufage dans les comraunautez
Boucanieres : à mefure qu'ils arrivoient
Tem.IL
E L'AMERIQUE. 73
on plumoit le gibier qu'ils avoient apporté,
& felon fon efpece on le jettoit dans le
qui fervoit de marpaiToit
ventre du cochon
mitte, ou bien on
dans une
brochette qu'on plantoit devant le feu,
oil il fe cuifoit fans avoir befoin d'être
tourné plus de quatre ou cinq tours.
Les Chafleurs qui n'apportoient rien
n'en étoient pas quittes pour dire qu'ils
n'avoient rien trouvé -, on leur répondoit
qu'il falloir chercher, trouver, Rapporter
fur peine de la vie. Si c'étoit de
vieux Boucaniers on les mettoit fur le
champ en penitence, en leur faifant boire
autant de coups que le meilleur ChaiTeur
avoit apporté de pieces de gibier, & cela Punuicn.
toutdeÎAiite. La feule grace qu'on peut desmanfaire,
quand on eft bien perfuadé, qu'il
n'y a quedu malheur, 6c point du tout
de neg igence dans le fait, eft de laiftcr au
coupable le choix de la liqueur qu'il veut
boire. A l'égard de ceux qui font encore
Novices, c'eft ainii qu'on appelle ceux
qui affiftent pour la premiere fois à ce
feftin, leurs penitences dépendent de la
volonté du maître du boucan j qui les
leur impofe avec toute la difcretion 6c
la fagefle, que demande la foibleffedes
Sujets qui ont péché.
Après le Beneclicite, nous nous mîmes situatiott
à une table fi ferme 6c fi folide, qu'elle
nepouvoir branler à moins que la terre
ne tremblât 5 puifque c'étoit la terre même
couverte de fougeres, de feuilles de
balifier 6c de cachibou. Chacun mit à
côté de foi, fes deux fourchettes, fon
coûteau, fon coiii pour boire, avec une
feuille de cachibou , dont les quatre
coins attachez avec de petites liannes lui
donnent la figure d'une tourtiere. C'eft
la-dedans que chacun met fa fauce, s'il
la veut faire en particulier plus douce,
ou plus piquante. Je fis mettre des ferviettes
6c du pain fur la table j quoique
ce fût un abus ; car les yeritables Bouca-
K nia's
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