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1701.
'BerattOy
(tam
Z78 NOUVEAUX V O Y
qui fc met t roi t en défenfe, & que n'étant
point cn Guerre avec eux, nous
n'avions aucun droit de les piller. Je
leur reprefentai beaucoup de çonfequences
fâcheufes de leur aélion, fuppofé
qu'elle leur réiiffît, mais comme j e les
vis entêtez de leur deiTein, j e fis figne à
M. des Portes de finir la coaverfation.
Cependant, afin que le fecret fût mieux
gardé, il fut refolu, queperfonnen'entreroit
plus dans le Navire Efpagnol,.
que M . des Por tes & moi, & qu'on ne
traiteroit plus avec ceux quiriendroient
pour acheter quelque chofe, de peur
qu'ils ne s'apperçûflens des préparatifs
qu'on faifoit.
Nous continuâmes d'aller nunger à
bord de l 'Admirai , & nous remarquâmes
qu'on nous y recevoir encore mieux
qu'au commencement depuis les preicns,
L'Aumônier & les autres Officiers-
& PaiTagers joiioient beaucoup à u n certain
jeu qu'ils appelloient, fi. je ne me
t r o m p e , para. & pinto , c'eft-à-dire ,,
pair & non. Il fe jolie avec deux dez
feulement. La premiere fois quejeles
vis joi ier , je m'approchai de la table
pour paiîer quelques momens à les regarder.
Je fus furpris qu'un desjoiieurs
me prefenta trois, piaftres, J e le remerciai,
Se j e ne voulois pas les prendre.
Mais- l 'Aumônier & les autres me dirent
de les recevoi r , qu'autrement je ferois
affront au Joiieur qui me les donnoit,
& qu'en pareille occafion le R o i d'Efpagne
même ne les refuferoit pas. J e les
pris d o n c , ÔCje le remerciai j un moment
après, il m'en prefenta deux aur
t r è s , 8c un peu après, il m'en donna
encore t roi s : de for t e qu'il fembloi t ou
qu'il TOuloic me renvoyer, ou partager
fon gain avec moi. Cela me fit de la peine.
Je me levai pour me retirer , il m^'arl
ê t a ci v i l eme n t , ÔC rae fit d i re, que j e
A G E S-tA U X ISLES
lui portois bonheut , & qu'il ttle prioit i^m
d e reiter. Je le fis, effeétivement il
gagna beaucoup,6c me docinoit toûjours
quelque chofe de tems cn tems, 6c à la
fin du jeu,. il me donna unè grande
poignée de realles. J'avois honte de les
p r e n d r e , jelui fis di re, q'ue le j eu étant
fini, iln'avoit plus befoin de.mon pré»-
tendu fecours j mais il me pria avec tant
d ' h o n n ê t e té de les recevoir, que j e fus
obligédeles mectreaveclcrefle. Quand
jecomptai ce que j'avois e u , je troavài
près de dix-huit écusdeBaratto. C'cft
ainfi qu'ils appellent le prefcnt qu'ils font
à ceux qui es regardent joi ier, quand
ils s'imaginent qu'oa l eur portehonheur.
J ' a i fçû depuis que ccla fe pratique paf
toute l'Efpagney 6c que les fpeétatèur î
n'ont pas hont e de demander le Baratto.
à ceux qui gagnent j quand ils fc trou»
vent auprès d'eux.
Comme ces manières n e font pasufitées
chez nous, j e me retirois dès que j e voïoi»
qu'ils vouloient joi ier} mais ils m'appel-
- loient,6c me prioient de demeurer auprès
d ' e u x , s'imaginant, ou feignant de croire
, que ma prefence aidoi t , 6c portoit
bonheur à celui que j e voulois favorifer.
J e ne laiflài pas de ramafler près de quatre
vingt piaftres de ces Baratto car ils
joiioient for t gros j e u . Ils necomptoienc
point les realles en les mettant au jeu ,,
mais chaque Joi i eur en mettoit une poignée
à peu près comme celle de celai
contre equel il joiioit. Je croi qu'il y
avoit un peu de vanité dans leur fai t , 6c
qu'ils étoient bien aifes que je portafle
des nouvelles de leur generofîté dans no»
Ifles. J e l'écris donc ici ,, pour fatiiFaire
auxdefirs des dona t eur s , 6caux obligations
de ma conf c i enc e j 6c j e confeille à
tous les E f p a g n o l s qui joiieront,de payer
leBaratto auffi-bien qu'ils me l 'ont payé,
fur tout à ceux qui font auffi exaits que
m o i â e n infiarraerla poilerité.
m Bar
Mide
¡Juteur
tftrtlh-
F R A H C Q i a E S . ' »79
LefeçonàCeijiVii q s ' o i i a v ^ i CW^ faire de l'eau, 8ç dy bois. lUousdi t , 1701;
a a V i l k d e S . D o m i n g u e a i r i v a l e Ven- qu'il ne pouyoi t pas nous perniet t r e de
dredy après midi, LeGouverACur nous mettre pied a terre î maisquele lendefitappelkr^
prèsqu'ileûtlûfesLettre^,, ma i n a u p omt . d u j o u r , il envoirmt une
Scconferé avec fes Officiers. I l nous d i t . Chaloupe p rendr e nos futatHea,. 8c nous
quela c irconf twce de l'av^Rçtoent de ks faire remplir. , _
topes V.àla Couronne d'Efpagne. .A notre retour a; n a t r e Barque
^ u s Î i o i t f m r a b t e , q u e : e ' ' é t ^ i t f u r c Q l a . dîmes a nos gens, ce ^ui fe paffoit, &
S ' i U v o i t beaucoup iiafiâé auprès du que no»-, p r é p a r a t i f s etoient déformais
Prefident, pour etapêcker la coofifca- inutiks} mais ils. e toi ent fi cntetez de
tion de s l t r ^ B«que , qui l'étoit, de leu^- deflein.,, que nous eûmes toute, es
j J^rJ. Deines d u monde à dfois,. été-trouvez peines du mande àk;skisc.meppiepcêhcehr« d e l aller
de x ^ c h m é i M traita, ^ d'autre« cakneruapeu, qu ilin eto tpas tems de.
choieseacor,«^, dans, le détaildfef<iiiielk& rien faire, puifquensusn'avions pouit
l'affeéfeio» qu' i l ayoi t .p^ur k^Mrnnm^ ^^ prétexté^ pour nous approcher du
V m empâché d'entrer qj^'aiiafi Va.ffeaua,l'heure qu'il e to. t , que nous
DQU^étioiîs l i bmd e pWq u a n d i l n p a s ^yionslc refte deUi nuic,.6c tout lejoi^
p S f Q i t ; Çiivaoli à bien prendre nos mefures, 6c;
lÎnouft aveiitit^ de oft pois» mchrn^ à qwe dans une afiàire d e cette: confequenlaViIle
d:ÊS. Î3<?î iMnguPi .§ç4«ferpun çe.,• on ne pouyoit trop y^penfcr
te au large de peur d'êtj;e rencontm^ Nous nous Eetirames, enfui te M. des,
m le:N|vi}:!ïdjeRegiilre»qui,étQitpiîê5 Fortes, 6c m o i , 8c nous convînmes des
d e p ^ q i i dela Ville,, qui étant un-Miai^- mefures que nous prendrions pour parchand,
cpiî»me:no«P, auroit plusd:'enyie tir^le-lendemain en plein jour , 6cfairç
de pjoucfuivxe. nôtiie. cpnfifcation s^i] e^houer le deiTein de nos,gens.
m i t T Q W o i M ^ r m t ^ i C|ue fqn fcn^ La Chaloupe de M dmi r ^ ne mantiffiiOfi4toi,
ti,,q!ie,HPlJPipaF.ti0îPJi?,au,plg- qqa^pasde-venir prendrej ios futaillesau
tô:t;vdeQraintq quriUgfw.r,vint; que que poincdujour. Elle nous les r appor t a fur
nouvel embanras, ili nous, die, e.UGore-, le,s dix, heures,^ avec plus de bois que
aufil 3FQic formé les yeufi fur, b ,C0 r a r nou? n'av^ons deviande a cuire. Nous
mvffC que, UW^ ay,iQn^ ftjt depuis, que fû^nes dîner a bord, 6c prepdre congé
nous é^ons ari'êtezj que Ifl. Pr^fidenf duGouv.6rneur&:defesOfficiers, il,nous
l'asfoit fçH, §C luijcn avoit faitdPS.re- envoïa environ deux cent hvres devianpr.
QchcsrSc quÎainfi,fi nou,s.avitîn?>quelr de. l ime fifprefcnt d'unbardlde bifcuic Pnfin
que traite à faire, 'que nou? la. fiffipns blanc,,,de deux,jarres de vin.d Efpagnc,
quand nous ferions à la voile 6c hors de de fix coqs d'Inde, djenviron v ingt - c inq .
y ^ , li,vres de chocolat ,,6cd autant de fucre,,£„r.
Qnip9Uî<roire que qous, ne^aqquAr avep'unq cuëillier, une fourchet te,
mes pas d<>"lq bjpi) rnmcrGmr^m^er un-gobelet d'argent,, 6c v ingt piai^^s,
mesit il lem^r^îoJii., NAusiui-pro.mîin.e^ pour lui dire; autant de Mefles. L Aud'informer
l^Cpur, de fefoboiîte.z.,/afiti n^Quier me donqa quatre paquets de ,
qu'elle lui,Qn;n)arquâ;t.ia.grwit,iiiie:dao? niUe, Se douze, piaiires,. pour autant
lesQQcafions. de MpiTes. JJcu? eneorA v.iqgt piaftr«?
Nflus lui pci-miiîiQni.dp d'aufros.pRrftiPWs»,. p pHr a p l i ^ e n i e l u j i t; -
N n a ûe