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63 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
Mil
Miiisiiliil"'
I
1^98. La fleur de cette plante eft un bouquet
de quantité de petits filets blancs, fins,
& déliez, long d'un demi pouce, donc
les extreraitez font arrondies en forme de
bouton jaune, en la place defquelles on
voit enfin forcir de petites filiques brunes,
qui renferment des femences ovalles,
plattes, dures, brunes, environnées d'un
petit filet d'une couleur plus brune.
Chaque iîlique eft environnée fur fcs
bords d'une efpece de cordon compofé
de petites épines courtes, feches, grifes,
qui femblent être difpofées de maniere
à empêcher qu'on ne puifle prendre les
femences de la plante.
Quelques gens prétendent que les feiiilles
de cette efpece infufées dans de l'eau,
& prifes comme Phipecacuhana, produifentlemême
effet. S'il ne s'agit que de
faire vomir ils ont railbn j ear rien au
monde n'y eft plus propre, mais il faut
être habile pour compofer un remede,
d'un poifon auffi-vif & auiTi-fort qu'eft
le fuc des feiiilles de cette plante- Le public
me difpenfera de lui apprendre ce
que j'ai entendu dire fur cela, il fuffit
qu'il fçache que le remede unique Se fpecifique
contre ce poifon eft la racine de
la même plante préparée & prife comme
je le dirai avant de finir cet article.
Les deux autres efpeces de fenfitives
quele Pere du Tertre regarde comme les
véritables, & qu'il dit qu'il n'a trouvées
qu'a S. Chriftophie, ne font point épineufes.
EllescroiiTent enarbriiTeau. J'en
ai vû par-tout à laMartini.que de quatre
stnjitive Se cinq pieds de haut, leur tige eft décommu
licate, fragile, moiielleufe , couverte
d'une écorce verte, mince, aiTez adhérente.
Elle pouiTe beaucoup de branches
qui fe fubdivifent en rameaux & en petits
fcions ou les feiiilles font attachées
deux à deux, de maniere qu'en fe retreciffant
ou fe courbant, elles fe renferment
prefque l'une dans l'autre ; elles
Tistac^es tiki
Jsks .
m.
font d'un verd brun avec de petits points ïii^i,
rouges. La fle;ar de cette efpece eft un
bouquet de très-petites rofes à cinq feiiilles
de couleur bleiie avec un peu de rouge
au quelles fuecedentdes filiqueslongues
de deux pouces ou environ , minces,
délicates, & remplies de petites graines
plattes, ayant prefque la figure d'un
coeur, dures, ôc d'une couleur de noir
luftré.
On diftingue cette efpece en mâle &
femelle, & cette diftinéfcion fe prend
uniquement par la grandeur des feiiilles
qui font plus grandes dans le mâle que
dans la femelle. Maisavant de convenir
de cela, il faudroit fçavoir bien exaétement,
s'ils font de même âge, dans un
terrain également bon, dans une égale
expoficion, ôc bien d'autres circonftances
que je n'ai pas examinées, ôc qui me
paroiiTent aflez peu importantes.
Voici ce que j'ai promis de dire de la
racine de la fenfitive épineufe.
Je fus appellé au mois de Décembre
1696. pourconfeiTer un Negre quiappartenoit
au Sieur de Laquant Capitaine
de Milice du Quartier de S. Marie à la Exft-
Cabefterre de la Martinique. Je trouvai rienct à^..
ce pauvre malade dans des douleurs & 'j''
dans des convulfionsépouventables.J'en'J^{'Î
tirai ce que je pus, vû l'état ou il étoit, neufl'
pendant qu'on préparoit la racine de fenfitive
épineufe qu'en alloit lui faire prendre
, Ô£ qui devoit decider de fon fort,
c'eft-à-dire, le guérir en lui faifant rejetter
le poifon, s'il avait afiez de force pour
cela, ou l'achever en peu demomens,fi
la nature trop affoiblie ne pouvoit pas refifter
à la violence de l'opération du remede.
Après que la racine tout recemment
tirée de terre eût été gratée, dépouillée
de fa peau brune, lavée ÔC eiTuyée, on la
pila dans un mortier, Se on la reduifit en
pâte, dont on prit le poids d'une piece
de
Tom-XZ