i - 1
lí '.i',
I li' ' •
k •• •
I gi
• '(
t •
.bv
u'- i. ..-l,-.. . i-r ;
V V .
r - i -
-ï r
r . J
;
I703-
418 NOUVEAUX VO Y
Le fieur le Févre étant forti avee fes
deux Troupes, pour apprendre des nouvelles
des ênnemis, trouva un corps de
quatre à cinq-cens hommes, qui étoit
dans le chemin des hauteurs. La partie
étant trop inégale, le fleurie Févre prit
Ctmhit le parti de fe battre en retraite jufqu'à
tntre Us un licu appcllé rcfpcrance , qui aiant
la Riviere des Gallions à gauche , une
An"loi,. Ravine aiTez difficile à droite, & une
muraille de pierres ieches par devant,
étoit un poile avantageux pour n'être pas
enveloppé, & pour attendre lefecours
qu'il envoia demander.
Le fieur de Bois-Fermé , qui commandoit
alors le pofte du paiTagede Madame,
fortit auffi-tôt avec toutes fes
Troupes, quipouvoient faire trois-cens
hommes,pourlefoûtenir, Lesiîeursdu
Parquet & de Valmeinier, qui fc trouvèrent
dece côté-là, y allèrent auffi, 6c
non feulement on repouiTa vivement les
ennemis, mais on les mena toujours
battant jufques bien au deifous de l'Efperance,
& jufqu'à la vûë du Bourg j
ils reçurent dans ce moment un fecours
de fept à huit cent hommes; & à voir
les mouvemens qu'il y avoitparmieux,
.. fembloit v—juu 1j- -y al"l oi' t avoir une
affiire générale j ils repoulTerent nos
gens à leur tour, jufqu'à la même Savanne,
où ils firent ferme, & fe battirent
très-bien, quoique les ennemis
fuirent deux fois plus forts qu'eux. Le
iîeur Lambert y étant accouru avec fa
Compagnie , & les fieurs du Bue &
Colart avec les leurs , ils prirent les
ennemis en flanc, & les firent ployer;
& s'étant tous unis , ils mirent l'épée
a la mam, & donnèrent fur les Anglois
avec une extrême vigueur : comme
ceux-ci venoient de recevoir un nouveau
renfort , ils tinrent plus ferme
qu'a l'ordinaire , & difputerent le terrain
fore long-tçms j ils furent enfin
A G E S AUX ISLES
obligez de ceder , de fe retirer aiTez «n
defordre & de nous laifler le champ
£ îf/ï »"oi-tsSc de
cleouûrtsa bclhefelrê z p; uimfqauise cneotu sa vya npteargdeî mneos ules
brave le Févre. On s'aperçût que le.
Anglojs s'etoient ralliez derriere une
piece ae cannes qui n'avoit point été brÛec;
on y mit le feu , & on les fit dé-
^ger de cet endroit : cependant lafoif
& lalaffitude obligèrent les deux partis
a ie repoftr à cinq-cens pas les uns des
autres. On fe fervit de ce ce tems pour
tranfporter le corps du fleur le Févre,
& de deux autres qui avoient été tuez,
& huit a dix bleflêz, que nous avions
eu dans ces trois chocs.
J'étois au fort quand l'aétion commença;
M. de la Ma maifon me pria d'aller
^ouver le LieutenantGénéral de fa part,
&de lu, dire que l'occaflon étoit la
plus belle du monde d'enlever la batterie
des ennemis, & de ruiner leurs travaux,
puifqu'il pareiflbit qu'il n'yavoit
que tres-peu de monde ; & que par le
nombre des Compagnies qui avoient
marche en haut, il fembloit qu'ils euffent
oublie qu'ils avoient des ennemis
en bas j il me pria aufli d'avertir les
Officiers que je trouverois fur ma route
du fujetde mon voyage, afln qu'il,
tinflent leurs gens en état d'agir au premier
commandement ; je n'y manquai
pas, & le bruit s'en étant répandu dans
espoftes du bord de la Mer , on prit
les armes avec tant de bonne volonté,
qu avant que je fuflê au haut du morne
Il y avoit plus de quatre-cens hommes
de 1 autre coté de la Riyiere quiattendoient
avec impatience l'ordre de donner
fur les ennemis.
Je trouvai le Lieutenant Général avec
M^Auger qui regardoient le combat,
la Riviere entre deux ; je fis ma commillion,
M. Auger l'appuiade toutes
fes
1703Ì
F R A ' N C O I S E S DE
1703. iês forces j il vouloit aller fe mettre à
la tête des Troupes, pour enlever la
batterie des ennemis , & les chafler du
Bourg, pendant que la plusgrande partie
étoit occupée à une bonne lieue plus
haut. M. de Gabaret répondit d'abord
qu'il étoit trop tard ( quoiqu'il ne fut
encore que midi ) & qu'il feroit nuit
avant que les Troupes fuflent en état.
Je lui répondis qu'elles l'étoient, & que
fur ce que j'avpis dit aux Officiers de
la part de M. de la Malmaifon , de
faire tenir leurs gens prêts à exécuter
fes ordres, s'il jugeoit à propos de profiter
de l'occaflon ,,ils n'attendaient que
fon commandement pour agir. Il fe fâcha
nuttiu beaucoup , & répéta plus de dix fois
Ututt- que perfonne n'avoit droit de faire prenmntGé
dre les armes que lui, qu'il fçavoitfon
métier, & qu'il n'avoit pas befoin de
confeil, ni d'avis. M. Auger lui dit
qu'il s'agiifoit du fervice du Roi, &
de la confervation de l'Ifle ; il le pria
de remettre fes réfiéxions à un autre
fois, & de trouver bon qu'il s'alla mettre
à la tête des Troupes du bord de
la Mer , ou de l'y accompagner, s'il
Touloit commander en perfonne; mais
il n'y eut pas moyen de kn faire entendre
raifon là defllis; il y eut entre eux
de grofles paroles , & ils fe feparerent
fort mécontens l'un de l'autre.
. Je m'en retournai au Fort rendre
compte à Mr. de la Malmaifon de ce
qui étoit arrivé pendant que Mr. de
Gabaret envoia ordre à nos Troupes,
qui aroient recommencé le combat, de'
ic retirer dans les Retranchemens du
pafl'age de Madame.
Les Anglois voiant cette retraite hors
de faifon, crurent 9ue c'étoit une feinte
pour les attirer dans quelque embufcade,
& cette prévention donna à nos gens
le loifir de fe retirer fans être pourfuiïis.
A la fi.n les Anglois s'avancèrent eu
L ' A M E R I Q ^ U E . 419
gensquifedéfioient de quelque furprife, 1703Í
& fe pollereut enfin fur la hauteur, à la
gauche de la Riviere des Gallions,visà
vis de nôtre Retranchement qui étoic
à la droite.
Ils faifoient porter dans leur premier Mh,»-
rang un miroir concave, qui paroiflbit "»"-y»
de quinze à feize pouces de diamettre,
attaché au bout d'un baton de iz. à i f }
pieds de longueur. Je croi qu'ils fefervoient
de cet ¡nfl:rument pour découvrir
les embufcades qu'on auroit pû leur
dreflèr dans les cannes brûlées , & les
ravinages qui étoient aux environs du
lieu où l'on fe battoit. Nous crûmes tous
que c'étoit une invention du Général
Codrington,ou defon miniflire, quifc
piquoient tous deux d'être de grand»
Machinifles.
Lafituationde nôtre Retranchement
fur le penchant de. la Coftiere avoic
obhgé de le faire à deux étages, ce qui
n'empêchoit pas qu'ils ne fuflent commandez
par la hauteur oppofée. J'avois
tracé, & fait commencer un troifiéme:
étage, qui commandoitabfolu ment cette
hauteur, comme je l'ai dit ci-devant j
on y devoit même placer deux petites
pieces de canon; mais on avoit depuis
changé kdeftination de ces deux pieces
& on avoit négligé de faire le parapet!
Tout ce que purent faire nos.gens,qui
etoient dans les deux Retranchemens
pour ÍC couvrir du feu des Anglois, fut
de s'afleoir fur la banquette de leurs parapets,
parce que dans cette fituation les
ennemis ne les pouvoient découvrir :
ceux qui étoient au plus bas étage tiroient
dès que les Anglois vouloient s'approcher
du bord de la Falaife, & firent
culbuter quelques-uns de ces curieux
de ce qui. fe paÛbit chez nous. M Auger
m'avoit chargé de revenir le trouver
après que j'au rois rendu réponfe à M de
la Malmailon ; je retournai donc en diligeti.