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i m NOUVEAUX V O Y A G E S A U X ISLES
s'ils étoient ennemis de la Nation.
Vaif- Ces Vaill'baux pour cette raifon font
féaux toujours biens armez. On les appelle Inafi>
tllex. tcr.loppc5. Quand ils ont fait eut traite
h t Z ' en Guinée, ils viennent vendre leurs Negres
aux Ifles, avec toute la précaution
que doivent prendre des gens qui craignent
d'être pris 8c confifquez, foit
qu'on les prenne à la mer, foit qu'on
les iurprenne en débarquant leurs Negres.
Quelques gens m'ont aflïïré, que
les Nègres ne peuvent plus êtrefailîs, ni
eonfifquez, quand ils ont une fois paflé
les cinquante pas que les Princes fe refervent
tout autour des Mes, & même
qu'on ne peut inquiéter ceux qui les ont
achetez. Je ne donne pas ceci comme
fort certain, quoique j e l'aye appris de
quelques Anglois. Ce feroit une chofe
fort commode, mais les François n'en
joiiiiTent point. Quoiqu'il en foit, les Interloppes
font toujours fort fur leurs gardesj
comme ils ont tout àcraindre, ils
ne fe laiflent approcher d'aucun Bâtiment,
à moins qu'il ne fafle le iîgnal de
reconnoiflance, dont leurs Agens font
convenus, & dont ils ont foin de les
inllruire : carils le changent à tous les
v o ï a g e s , de peur de furprife. Les Interioppes
donnent leurs Negres à meilleur
marché que les Compagnies. Cela fait
qu'on achete d'eux plus volontiers, quoiqu'on
fe mette aux rifques de perdre ce
qu'on a a che t é , & d'eiTuyer des procès.
Cependant comme il y a remede à tout
cxcepté à la mort , & qu'on trouve le
moïen d'apprivorifcr les animaux les plus
farouches , les Anglois qui font tr€s habiles
gens , ont humanifé les Commi s de
leurs Compagnies ; 6c les Françoi s qui
fe piquent d'imiter tout ce qu'ils voyent
faire aux autres, ont rendu la plûpart des.
Commis de leurs Compagnies es gens
les plus trairables 6c les plus honnêtes
quifoient au monde. On s'accommode
avec e u x , tout le monde cil content.
Chrétien, de tenir dans l'efclavagefon pl..,
frereeiiChrift,c'el1: ainfiqu'ils s'expliquent.
Mais ne peut-on pas dire qu'il
eft encore plus indigne d'un Chrétien,
dene pas procurer à desames rachetées
<3u Sang deJefus-Chrift, lacônnoiiTance
d'un Dieu à qui ils font redevables de
tout ce qu'ils font ? Je laifle cela au jugement
des L e f t eur s . Cependant ces rai-
Ions n'ont point de lieu chez eux, quand
ils peuvent prendre de nos Negres. I]s
fçavent fort bien qu'ils font Chrétiens:
ils les voyent fai reàleuryeux les exercices
de leur Religion, 6c en porter les
mar-
F R A N C O I S E S DE L'AMERia^Eexcepté
les Intereflez des Compagnies; 1703, 1700.
mais c'eft leur faute. Il eft vrai que les
Commis pour fe conferver dans leurs
Emplois avec un air de fidélité à toute
épreuve, font de temps en temps quelque
capture .j ôc c'eft en cela qu'on remarque
leur prudence, carilsnefurprennent jamais
que les plus mauvais Negres, 6c
les rebuts dont on ne foucie pas fort d'être
p r ivé, fans que les Bâtimens, ou ceux
qui les conduifent.ou ceux qui ont acheté
lesNegres.foient jamais faifis ni reconnus
C ' e f t cette facilité que les Angloi s ont
d'avoir des Negres ,qui fait qu'ils lesmé- dmi k
nagent fort peu,8c qu'ils les traitent prefque
auffi durement que les Portugais. La [J*
plupart leur donnent le Samedi ,c'ef t -à-- ^¿rs,
dire , que le travail qu'ils font ce jourlà
, eft pour eux, & doit les entretenir de
vivres & devétemens, fans que le Maître
fe mette en peine d'autre chofe que de
les bien faire travailler.
Les. Angloi s ne baptifent point leurs
efclaves, foit par negligence, ou par
quelque autre motif; ils ne fe mettent
point en peine de leur faireconnoître le
vrai Dieu, & les laiffent vivre dans la
même Rel igion où ils les t rouvent , ibit
Mahometifme, foit Idolâtrie.
Leurs Miniftres, avec qui j'ai fou vent Rii/m
eu occaiion de m'enttetenir fur c e point,
difent pour excufe, qu'il eft indigne d'un
marques autant qu'ils peuvent. Ils ne
fçauroient douter qu'ils ne foient leurs
freres en Chrift,6c cela ne les empêchent
nullement de les tenir dans l'efclavage,
& de les traiter tout comme ceux qu'ils
ne regardent pas comme leurs freres. De
répondre,comme ils font , qu'ils peuvent
bien les tenir efclaves, puifque les Franç
o i s , les Efpagnolséc les Portugais s'en
fontfervis en la même qualité après les
avoir-baptifez, c'eft une mauvaife confequencej
car lî les Françoi s font mal de
s'en iêrvir comme efclaves après les avoir
fait Chrét iens , ils font encore plus mal
que Its F rançoi s , en les retenant comme
tels , leur confcience ne leur permettant
)as de le faire, lorfque par le Baptême ils
es reconnoiiTent comme leurs heies'en
Chrift. Si au contraire les Françoi s font
bien de les bapt i fer, pourquoi ne les imitent
ils pas ? Il faut qu'ils conviennent
qu'ils n'ont que de mauvaifes excufes
pour colorer leur peu de Rel igion, Scia
negligence de leurs Miniftres.
C e font ces manieres fi éloignées des
maximes que Saint Paul inculquoit avec
tant de foin & deforce-aBx Chrétiens,
qui ont obligé un grand nombre de N e -
gres François de fe cantonner dans les
bois 6c les montagnes de Saint Chriftophle
p après que leurs Maîtres en furent
ehaflèz j 6c de s'y maintenir jufqu' à ce
^ue nos Fiibuftiersayent été en état de
les aller chercher. O n en a trouvé encore
C H A .P I
L'Auteur part de Saint Chrijîophk.
|Ous partîmes de Saint Chriftophle
dans le VaiiTeau du
Capitaine Trcbuchet le 15.
Décembre fur le foir. Nous
vîmes un peu l'Ifle de Saint Euftache, la
nuit nous la cacha bien-tôt, auifi-bien
que celle de Saba qui n'en cil: pas éloignée.
Nousdécouvrimes Sainte Croi x le
17. au matin, 6c en même temps nous
I9f
après la Paix de R i fwi c k , 8c le réta- noa,
bliifement des François dans cette Iflc,
qui s'étoient maintenus dans les bois 6c
fur le fommet des montagnes, & qui
font revenus trouver leurs Maîtres quand
ils les ont vus en poiTeiKonde leurs biens.
Ces exemples de fidélité ne peuvent s'attribuer
qu'à l ' inftruftion dans la Foi que
ces pauvres gens avoient reçûë de leurs
Maîtres, 6c à la crainte qu'ils avoient
de la perdre, en vivant fous des Maîtres
qui fe mettent fi peu en peine du faluc
de leurs Domeftiques.
Je dois rendre cette juf t ice auxHoIlandois,
que s'i Is ne font pas baptifer leurs
efclaves,i sontdu moins foin de les entretenir
dans la Rel igion Chrétienne quand
ils fçavent qu'ils l'ont embraifée. J'ai été
prié par des perfonnesde confideratioh
de cette Nation , en paiîànt dans les
lieux où ilsétoient établis, de confefler
leurs Negres Chrétiens, de les inftruire,
6c de les fortifier dans la Foi qu'ils
avoientreçûë au Baptême. J'ai fçûpar
ces mêmes efclaves que leurs Maîtres
avoient un foin très-particulier qu'ils fiffentleurs
prieres foir6c matin, 6c qu'ilss'approchaflentdes
Sacremens quand ils
pouvoient leur en trouver l'occafion ,
fans avoir jamais fait la moindre démarche
, ou pour leur faire changer de R e -
l i g i o n , ou pour leur en donner le moindre
éloignement.
T R E II.
Defcription de tlfle de Sainte Croix.
fûmes furpris d'un calme fi p rofond, que
nous demeurâmes deux jours fans prefque
changer de place. Nouspaffamesce picht
tems ennuyeux à prendredesRequiens. deKe-
Jecroi qu'ils tenoient quelque aflemblée
en ce lieu-là, car il eft impoffible d'en
voir un plus grand nombre. Le fond de
la mer depuis Saba jufqu'à Sainte Croix
eft d'un fable tout blanc j 6c quoiqu'il
foit
t ; î :