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& l'interdifant à tous autres,les Habitans
de la Côte, 6c fur tout ceux du petit
Goave & de Leogane, qui vouloient s'ériger
en Rep^ublique, fans dépendre de
qui que ce f û t , nepûrentfouiFrir que la
nouvelle Compagnie leur empêchât le
Commerce libre qu'ilsavoient toujours
fixic avec tous les VaiiTeaux François, A nglois
& Flamans, qui venoient trafiquer
à la Côcej & comme par le défaut de
ces Commerçans ils vinrent à manquer
deplufieurs chofes, & à ne pas trouver
le debit de leurs Cuirs, & de leurs autres
marchandifes, il y eut bien-tôt des
murmures, qui éclatèrent enfin, & qui
alloient produire unefedition quiauroit
infailliblementruïné la nouvelle Compagnie,
& peut-être la Colonie, fi le fieur
Dogeron n'eût employé fort à propos fa
fagelle, fa fermeté & fa prudence pour
la reprimer, & fur tout la confideration
infinie que ces Peuples avoient pour lui à
caufe de fes rares qualitcz, & des biens
qu'ils leur faifoit tous les jours.
Mais en même-temps qu'il calma ces
efprits irritez, il eut foin d'avertir la
Compagnie, que puifqu'ellen'étoitpas
en étatdefoûtenir le Commerce qu'elle
avoit entrepris & de fournir à fes Habitans
ce qui leur étoi t neceflaire, il étoit à
propos qu'elle leur laiiTât la liberté du
Commerce, & qu'elle trouveroit fon
avantage en fe contentant de cinq pour
cent pour fes droits d'entrée & defortie
de toutes les marchandifes qu'on apporteroit
dans le PaVs, ou qu'on en feroit fortir.
La Compagnie agréa ce projet j & dès le.
mois de juillet de l'année fuivante 1666.
cllecafia tous fes Commis, fon Commis
:'nncipal, & au très femblables gens : cle
fit vendrecequiétoitdansfes Magasins,
& laiffii le Commerce libre aux
Habitans aux conditions que je viens de
dire.
Ce bon office acheva de gagner les
A G E S AUX ISLES
coeurs de tous les Habitans à M. Dogeron.
Le calme Scia tranquillité qu'il vit
dans fa Colonie lui donnèrent lieu d'executerles
projets qu'il avoit fiiits pour
l'augmenter, &pourl'enrichir. Ilfembla
le dépouiller entièrement de la quaiité
de-Gouverncur, pour ne fe revêtir que
de celle depere de tous fes Habitans. 11
les aidoit de fa proteélion, de fes avis
de fabourfe: il étoit toûjours prêt de répandre
fon bien fur ceux qu'il voyoit
dans le befoin : il les prévenoit, & les
mettoiten état d'avoir ce qui leur étoit
neceiïïure pour commencer , ou pour
foûtenir leurs établiiTemens. On luieft
redevable de la plus grande partie de ceux
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F R A N C O I S E S DE L'A MERI Q^UE. z i i
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qui fe firent le long de la Côte de Leo
gane, &juiqu'au Cul-de-Sac, & depuis
le Port Margot jufqu'aii delà du
Cnp François, dont il obligea peu à
peu les Efpagnols de nous ceder e terrain
, & de fe retirer vers la partie de
TEft, & autour de la Ville de Saint
Domingue.
Qtioiqu'ileût un foin très-particulier
ue les Peuples s'appliquailènt à faire
les Habitations, & à cultiver le Tabac,
rindigo, leRocou, & autres femblables
marchandifes, il n'eut garde de négliger
d'entretenir les Flibuliiers. Outre
le profit que la Colonie y trou voit, c'étoit
un moyen fûrd'y attirer du mondej
& lajeuneiTe qui s'exerçoit à la Guerre,
fourniiToit à un Gouverneur des gens
braves, intrépides, endurcis à la fatigue,
& toûjours prêts à bien faire,
quand il falloit repouflèr ou attaquer
les Efpagnols&les autres ennemis delà
Nation. On n'a jamais vu de Gouverneur
plus defintereile que lui. A peine
vouloit-il recevoir une legere portion de
ce qui lui revenoit pour fon droit des
Commiffions qu'il donnoit quand nous
étions en Guerre. Et lorfque nous étions
en Paix avec les Efpagno s , & que nos
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Flibuftiers n'ayant rien à faire auroient
pû fe retirer chez lesAnglois de la Jamaïque,
Se y conduire leurs pri fes, ilavoit
foin de leur faire venir des Commiffions
de Portugal qui étoit pour lors en
Guerre avec l'Efpagne, en vertu defquelles
nos Flibuliiers continuoient de
fe rendre redoutables aux Efpagnols, répandoient
les richefles èc l'abondance
dans la Colonie, & s'y aiFeftionnoient
tellement, que quand ils étoient las du
métier, ou qu'ils étoient allez riches pour
fe paiTer de la courfe, ils prenoient des
Habitations à la Côte , ôc ont enfin
formé cette Colonie fi riche, fi étendue
& fi floriflante, que l'on voit aujourdd'hui,
qui doit reconnoître par tous ces
endroits M. Dogeron pour ion pere £c
fon Fondateur. 11 mourut en 1679.
Il eut pour SucceiTeurle fieur de Cuffy.
C'étoit un Officier fort expérimenté,
fort fage & fort brave. Comme il
vit que malgré tous fes foins & ceux de
fon Prédeceifeur l'Ifle de la Tortue fe
dépeuploit tous les jours, parce que le
terrainen étoitufé, &d'autantplusfec,
qu'il étoit plus découvert, il crut qu'il
ne lalloitpas balancer davantage à faire
uneFortereflefur l'Iile de Saint Domingue
, afin d'avoir une retraite, en cas de
quelque difgrace, &que la Colonie qui
s'étendoit tous-les jours le long de la Côte,
eût un lieu de refuge. Il en écrivit
en Cour. Le Roi agréa le projet qu'il
'ropofa, &: on fit bâtir le Fort du Porti'aix,
vis-à-visl'ille delaToi tuë. Je ne
dirai rien à prefent de cette Forterefle,
parce que j'en dois parler aflez amplement
dans la fuite de ces Mémoires.
La Guerrede 168/^. étant furvenuë,
les Flibuliiers François firent des ravages
infinis fur lesCôtes des Efpagnols, des
AngloisëcdesHollandois, £c ils ruïne-
'•ent tellement leur Commerce, qu'ils
obligèrent ces trois Nations de s'unir
enfemble pour tâcher de détruire la Coloniede
Saint Domingue, efperant que
fa ruine feroit en même-temps celle des
FlibuiliersLes Efpagnols feuls n'ofoient
y penfer.Ils avoient experimenté une infinité
de fois qu'il ne leur convenoic
point de femefurer avec les Fran çois,8c
ils avoient appris à leurs dépens que dans
toutes les occafionsoù ils avoient voulu
faire quelques tentatives lur nos établifiêmens,
ils avoient toûjours été repouffez
avec perte, & que bien loin de diminuer
l'ardeur & le courage de nos gens,
ils n'avoient fait que reveiller en eux le
fouvenir des cruautez qu'ils avoient exercées
fur ceux qui étoient tombez entre
leurs mains, & s'étoient tout de nouveau
attiré de nouvelles troupes de Flibuftiersfur
les bras, qui par eurs defcentes
continuelles fur leurs Côtes , l'enlevement
deleurs Vaiiîêaux,& les pillages de
leurs Villes, les avoient prefque réduits
à la neceffité d'abandonner leurs Quartiers
& leurVille Capitale.Ils avoient repris
coeur fe voyant puiflamment fecourus
par leurs Alliez Anglois & Hollandois.
Ils firent un Corps de plus de quatre
mille hommes, avec lequel ils s'avancerent
le long de la Côte du Nord, pour
ruiner les établiflèmens que nous avions
de ce côté,& en particulier celui du Cap.
Cet endroit n'étoit point fortifié du côté
de la terre. L e Bourg, qui eft à prefent
une Ville reguliere & confiderable, n'avoit
pas la moindre enceinte. 11 n'y avoir
que deux Batteries qui défcndoient l'entrée
du Port, & qui n'étoient d'aucun
fecours pour le Bourg.
Le fieur de Cufly ayant fçû que les ennemis
s'aifembloient à Baïaba ,fe hâta de
les allerjoindre, efperant rencontrer les
uns ou les autres avant qu'il fe fuiTent
tousréiinis. Iln'avoit avec lui qu'environ
cinq cent hommes qui lui parurent
fuiiîfansj & qui l'étaient en eflfet pour
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