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484 NOUVEAUX VOY
,1701. poffible que les lizieres d'orangers & de
citronniers qu'on trouve par tout , aient
été plantées & cultivées parles Anglois,
dans le peu de tems qu'ils y ont demeuré.
Nous mouillâmes devant une petite
rivière où nos gens emplirent leurs futailles,
pendant que le Maître.8c deux
auti-es al erent à la chaflê. Je pris avec
moi mon Negre & le boye ou mouiTe
de la Barque, pour amaiTer des crabes, &
ils furent bien-tôt chargez. C'eû avec
raifon que nos Flibuftiers ont appflJé
cetteifle, l'Ifle à Crabes, elle en eft toute
pleine, & on y en trouve de toutes
fortes d'efpeces. Selon la bonne coutume
des François, nous ne prîmes que des
femelles,. nous remettant à la providence,
pour la confervation de l'efpece.
Nous trouvâmes une marmitte de fer
oleine d'oeufs de Tor tue , &tout auprès
e canot, la cabane, &tout l'attirail des
Pêcheurs qui s'étoient cachez à nôtre
vûë. Cette découverte me fit retourner
AGES AUX ISLES
promptement à bord, je fis tirer une
boëcte de Pierrier , pour donner avis à
nosj gens qu'il y avoit du monde dans
r i l l e , aiînqu'ils ne fuÛent pas furpris.
En eiFet, .ilsferaiTemblerentau plûtôt.
J e revins à terre dès que je les vis fur
l'Ance, & je leur dis la raifon qui m'avoit
obligé de faire tirer. Ils furent auffi- -
tôt au canot, & aïant reconnu qu'il
étoit Efpagnol,ils voiiloient le mettreeri;
fiiecesjjefis tantqûe jelesen empêchai.
Isprirent une T o r t u e , êc tout le poiffon
fee qui fe trouva, & firent cuire la
Tortue.
Pommes . Un de nos gens fe mit à cueillir des
'^'Jettts P"™*"" raquettes, que les Anglois^
iTplîris appellentpoirespiquantes. Jcn'enavoisf
iijuan- jamais vû de fi belles. 11 faut être adroit
us. pour les cueillir, & pour les peler, fans
fe remplirles doigts de leurs épines, qui
^^rir nrefque imperceptibles. Voici.com-,
' n
M
m.
j
me il s'y prit. Il coupa un petit bâton; tjoj
auquel il fit une pointe. Il en perçoit la
pomme, & la tenant ainfienfilée, il la
feparoit de la tige avec fon coûteau, 5c
la peloit legerement tout au tour. Il nous
en accommoda de cette maniere plus de
deux cent, qui nous furent d'un grand '"f
fecours, pour nous rafraîchir. Car nous
étions échauffez à un point, que M . des
Portes avoit un commencement de flux
de fang} & pour moi, j'avois toutes les
lèvres emportées.
J e croi avoir déjà remarqué, que cc
fruit eft tout-à-fait rafraîchiffant. Il approche
plus de la figure d'une figue, que
de tout autre fruit. Sa premiere peau efl:
verte, aifez épaifli, & toute henifée de
petites épines. Il a fous cette peau une -
autre enveloppe blanche, plus mince, Se
plus molle, qui renferme une fubftance
d'un rouge très-vif, toute parfemée de
petites graines commeles figues. Cc fruit ^'ff*
a un goût agréable, fucré, avec unepe- 2 "
tite pointe d'aigreur, qui réjoiiit, & qui
femble nettoyer l'eftomach. Ilteint l^u^ •
rineen-couleur de fang, fans cependant^
cauferaucun mal. M. des Portes qui ne^
fçavoit pas ce fecrct eût peur dèsiqu'il
s'en apperçût, 6c ne voulut plus en manger.
Nous eûmes la .charité de lui ap-^.
prendre la propriété de ces fruits, après
que nous les eûmes tous mangez, lè MaU
tre & moi. Nos ChaiTeurs revinrent fans'
avoir trouvé les Efpagnols. ' Ilsapporterent
bon nômbre deRamievSjdePerdrix-^
& de Peroquets. Nous fîmes tous enfemble
un repas magnifique de poiifon.,
°ibier, avec un deflert de pommes,
de ^Raquettes' & d'Acajou, debananti
fraîches, d'oranges & de citronsy Se aprèf
avoir fait une bonne !provifianjde.;toui
ces fruits , nous mîmesalalvoilcpourS.
Thomas, 011 nousavions befoin de toucher
pour quelques affaires.
CHAF
R A N C O I S E S DE L'AMERiaUE.
C H A P I T R E XIV.
Vefcription de l'Ifle de Saint Thomas, fon Commerce. Indiennes k bon marché.
Chiantité depoijfon dam les Vierges. Serpent marin.
E L u n d y i S . Avril à la poin- geoisn'y fontque commelfouslaprotec- noi.
te du jour j nous apperçûmes non des Danois, Scpour parler plus juf-
- ~ J. . „ . te,cefontlesHollandois quiyfonttout
lecommerce, fouslenomdes Danois.
Il y a une efpece de Fort prefque au
milieu du fond du Por t , quin'eft qu'un
y
la Caravelle de Saint Thomas.
C'eft un Rocher aifez
élevé avec deux pointes, qui font toutes
blanches des ordures que les oiieaux font
deiTus. Ce qui le fait paroître de loin , petit quarré, avec de très-petits Baftions
comme une Corvette ou un Brigantin,
C'eft ce qui lui a fait donner le nom de
Caravelle, qui eftunpetit Bâtiment Espagnol.
Ce Rocher eli environ à trois
lieûes auSud-Oueft de Saint Thomas.
fans fôiTé ni ouvrages exterieurs. Toute
fa défenfeconfifteen un plan deraquet-fir/i/«
tes, qui regnent tout au tour, & qui -S- y V
occupent le terrain que devroit occuper
le foiTé 2c le chemin couvert. Ce terrain
IjU. Il ne faut pas confondre Saint Tho- peut avoir fix à fepttoifes de large. Les
msfr
Hfireit'
tt ialite
S.
mas avec Saint Thomé. Cette derniere
Ifle eft fur la côté d'Afrique,direftement
fous la ligne} ôc Saint Thomas del'Amerique
eft par les 18. degrez de latitude
Nord,
Cette petite Me eft la derniere du côté
del'Oueft, de toutes celles qui compofent
cét amas d'Iiles oud'Iilets, qu'on
raquettes y font très-bien entretenues,
fi prelTées, fi ferrées à leur fommet, ôc
fi unies, qu'il femble qu'on les raille tous
les jours. Elles, ont pour le moins fept
pieds de haut. LesBâtimens qui font dans
le Fort font adoifez contre le mur , pour
Jaiflér une cour quarrée au milieu.
Le Bourg commence à cinquante ou dDurgàê
appelle les Vierges. Le Port quieftna- foixante pas àl'Oueftdu Fort. Il faida s.Th^
turel eft fort joli. Se fort commode, même figure que l'Ance, & n'eftcomicii
rvnfpp nue d'une.c'eft un enfoncement ovale, formé par loiipuevûë. auifeterles
cuiffes de deux mornes aflez hauts
du côté de la terre, ou du centre de
riile, quis'abaiifentinfenfiblement,.£c
qui forment en finiiTant deux mottes
rondes Se plates, qui femblent faites
exprès pour placer deux Batteries, pour
défendre l'entrée du Port. Le mouillage"
efl: excellent pour toutes fortes de Bâtimens
qui y font enfûreté autant qu'on le
peut fouhaiter.
Qiioique cette Ifle fort fort petite,
n'ayant qu'environ fix lieiies de tour,elle
ne laifFe pas d'avoir deux Maîtres. Sça-
®i<iï voir, le Roi de Dannemarc, Se l'E-
'hisà
¡.Tho.
« Ü S ,
que d'une longue vûë,qui fe termine
au Comptoir delà Compagnie de
Dannemarc.
Ce Comptoir eft grand 8c vafte, bien
bâti. Il ya beaucoup de Logemens,ôc
des Magafins commodes pour les marchandifes,
Se pour mettre les Negres
qu'elle reçoit, ôc qu'elle trafique avec
les Efpagnols.
A la droite du Comptoir, il y a deux
petites vûës, qui font remplies de François
réfugiez d'Europe Se des liles. On
les appelle le Quartier de Brandebourg. Çi^ar-
Ce qu'il y a de fingulier dans cette Ifle,
c'eft d'y voir trois ou quatre Religions ll^rg*'
ledeur de Brandebourg,aujourd'huiRoi fans que pas une ait de Temple, à peu
dePruife.Ileftvrai,quelesBrandeboiu'- près commeàlaBarbade, où malgréles
Tom IL Ôa granpofée