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Î34 NOUVEAUX VOY
quil'avoient accompagné à la confèrent
ce qu'il eût avec le Sieur Hami l ton, &
de témoigner qu'il ne s'étoit rienpaiTé
de fecretentr'cux, comme on l'en à accufé
dans la fuite.
Il eft certain que dans l'état où étoit la
ColonieFrançoifedeS. Chriftophle, ce
qu'ellepouvoit faire de meilleur, étoit
de capituler. Le Sieur de Valmeinier
avoit propofé auComte deGennes avant
la conference avec le Major Hamilton,
d'abandonner le Bourg, & d'aller avec
toutes les Troupes joindre le Sieur de
Courpon auffi Lieutenant de R o i , qui
commandoit à la pointe de Sable,en paffant
par Cayonne & par la Cabellerre
Angloife, où il auroit été facile de défaire
les ennemis, qui pourroient fe trouver
fur le chemin. C'étoit le parti qu'avoit
pris autrefois le Chevalier de Sales,
comme je l'aidit dans unautr c endroit,
& on pouvoit efperer qu'il auroit un auffi
heureux fuccès pour leComte deGennes
qu'il avoit eu pour ce Chevalier > mais
le Sieur de Gennes ne voulut pas fuivre
ceConfeil, & il aima mieux rendre l'Ifle,
que de penfer à la fau ver en courant quelque
nfque. On va voir la vérité de ce
que je dis, parla copie d'un aûequ'il
donna au Sieur de Valmeinier.
Je certifie que le i j- JmUet au fort ir de
Ja Mejfe du Pere Girard, fur ce que les
Jjnglois nous avaient fait quelques a£îes
d'hoftilité, comme de boucher ks chemins ^
de brûler un de nos Corps de-Garde^ d'arrêter
un Officier de Milice^ M. de Valmeinier
me propofa de les attaquer, £5? depa[fer
par le Quartier de Cayonne, pour nous
joindre à M. de Courpon, ce que je n'ai pas
Doulu faire pour des raifons dont je rendrai
compte au Roi. A S. Ckriftophk le
Juillet \-jo%. Signé,
DE GENNES.
Cette piece & quelques autres que je
A G E S AUX ISLES
me difpenferaide rapporter ici, furent en ,,
partie les fondemens du procès que le '
Comte de Gennes eut à eilùïer après la
prife de la partie Françoife de S. Chri ftophle,
dans lequel le Sieur de Valmeinier
fut aulTi envelopé, pour ne s'être pas op.
poféauiîîvivementqu'ilfembloitlepouvoir
faire à cette reddition. C'eft pourquoi
aïant à parler fouvent de ces deux
Officiers dans le cours de cette affaire
je croi que le Public ne fera pas fâché
que je les lui fafle connoître.
LeComte deGennes étoit d'une ancienne
famille noble de Bretagne, qui
étoit tombée dans une fi grande mifere
que lepere de celui dont il eft ici queftion
n'avoit point trouvé d'autre moyen pour
fubfifter, & entretenir fa famille, que 2
celui d'exercer un art mécanique, quiiicl
fait une partie neceifaii e de la Medccine.
Les Bretons, en cela bien plus fages que
les autres gens, prétendent que cela ne
fait aucun tort à la Noblef le, qui trouve
fouvent par-là le moyen de fe relever
Se de rentrer dans le monde avec un éclat
proportionné à la quantité des biens
qu'ona eu l'induftrie d'acquérir pendant
cette efpece d'écl.pfe ou de fommeil ,
ou la pauvreté l'avoit enfevelicj c'eft ce
qu'ils appellent une Nobleffequi dort, en
attendant qu'une meilleure fortune la
réveiUe. Le Maréchal de Vivoune paffant
en Bretagne, & remarquant dans
lej^une de Gennes, un efpnt propre
a ÉÎxccller en d'autres choies qu'en la
Profeffiondefonpere, le tira de la Boutique,
& le mena avec lui à Meffine ,
& l'aiant pris enafïeélion, il le fit entrer
dans la iMarine, où aiant fcrvi avec
beaucoup de diftindion, & s'étant fait
connoître au Marquis de Seignelay, &
enfuite à Meilleurs de Pontchartrain Secretaires
d'Etat, qui avoientle départemens
de la Mar ine, il fut employé en
diverfes Commiffions dangereufes hors
du
F R A N Ç O I S E DES L'AMERIQ_UE.
',701. du Royaume, defquelles il s'acquitta II prit chemin faifantl'Ifle 6cle Fort de lyoz
' avec tant de bonh1 eur & dj-ez r fidélité, qu'il r..„ ft^ n.
fut fait Capitaine de Vailî'eau, & Chevalier
de S. Loiiis : il eut des Penfions
confiderables, pour lui & pour fa famille,
& aïant été gratifié d'une grandeétendûëde
païs dans la Terre Ferme
deCayenne, le Roi eut la bonté de l'ériger
en C omt é , fous le nom de Comté
d'Oyac, 6c c'eft pour cela qu'on l'appella
toûjours depuis leComte de Gennes.
C'étoit un homme d'unefprit merveil-
Ga'mbie fur la côte d'Afrique, & fe
recompenfa par cette prife de tous les
frais de l'armement. Le Sieur Froger en
a donné une petite Relation. J'ai entre
les mains les Lettres Patentes de cet établilTement
échoiié, 6c les inftruétions
quiavoient été dreiTées pour cette entreprife,
qui peuventfervir demodelepour
d'autres femblables, tant elles font belles,
pleines de fageflè, dejugement,
6c de précautions. Avec tout cela le
leux, pour les Mathématiques, 6c fur Comte de Gennes ne réùflît point, la
tout pour cette partie qui regarde la Me- mauvaife étoile l'accompagna toûjours,
canique. Il avoit inventé plufieursma- fesVaiiTeaux fefeparerent, quelques-uns
chines très-belles, très-curieufes, 6c très- s'en retournèrent en France fous de méutiles,
comme des Canons 6c desMor- chans prétextes} lui 6c ceux qui entretiers
brifez, des fléchés pour brûler les rentdans le Détroit deMagellany foufvoiles
des VaiiTeaux, des Horloges fans frirent beaucoup, 6c ne purent faire aureiTorts,
6c fans contrepoids, toutes cunétabliifement, parce que les chofes
d'ivoire, un Poan dont j'ai déjà parlé, les plusneceifaires lui manquèrent par la
qui marchoit, 6c qui digeroit, une bou- retraite defesautres Vaifleaux: defortc
le applatie fur fes deux pôles, qui montoit
d'elle-même fur un plan prefque
perpendiculaire, 6c qui defcendoit doucement
6c fans tomber, lorfque fes rcfquefans
la prife de Gambie, 8c celles de
quelques Anglois qu'il enleva vers lesr
Ifles du V e n t , fes Armateurs n'auroienc
pas eu lieu de fe loiier de ce voïage. Ce
forts,qu'elle renfermoit, étoient arrivez à qu'il en apporta de plus curieux furent
leurterme, 6c une infinité d'autres ou- des écailles de moulles d'une grandeur
vrages que leRoiavoi t vûs avec plaifir. extraordinaires, dont il avoit trouvé le
11 s'étoit trouvé en différentes occafions moyen de découvrir la beauté, en les
oîiilfeferoit acquis plus de reputation, faifant pafFer fur la meule, 6c dont on
fi fa valeur avoit été accompagné de fait des tabatières d'un grand prix. Le
plus de bonheur} mais il n'étoit pas heureux,
6c c'eft fouvent ce qui fait que le
monde condamne les entreprifes les
mieux concertées, 6c executées avec le
plus de vigueur 6c de conduite,parce que
Comte de Gennes avoit été marié deux
fois. Je ne fuis pasafTez bien informé de
fon premier mariage pour en parler, il
n'en avoit eu que deux ou trois filles. II
époufa en fécondés noces la fille d'un
le fuccès n'a pas répondu à ce que l'on richecommerçantdelaRochelle,nomattendoit
Il avoit eu en lôpf . le Com- mé Savouret, dontila eu un fils, qui
mandement d'une Efcadre de Vaifleaux eft à prefent dans la Marine. La Comdu
Roi , armez pour lecompte de quel- tefle deGennes aufli-bien que fon époux,
ques particuliers, qui avoient obtenu 6c toute leur famille avoient été de la
uncpermiflion de faire un établiflèmcnt
au Détroit de Magellan, ou aux environs
dans la mer du Nord ou du Sud.
Religion Prétendûë Reformée , elle
s'étoit convertie de bonne foi, 6c joignoità
unefprit fuperieur, vaile, poli,
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