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I NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
fang pur & liquide, j'écois obligé de jet- en aller chercher Te m'endnrmic v <
ter des p-umeaux d'un fang épïis&'re- q^cycusmJ^'
cuitXe^aduraprêsdevingt-quatreheu- fe ¿ufept h e u r e s a v e c l
res. Pendant ce tems-là mon corps fecou- faim, fans k mninXl '
vrit depourpre depuis latêtc/ufqu'aux vre?n>dem7detïe ^J? n ? "
pie^s lestâches quiètoient dela^ran- de^amdadS q L eTmaraSLT, "
deurde amain, & de différentes cou- pre, quimVolên ÎeSTÎ^^P®"'"
leurs, s'élevoientrenfxblementau-deflus qué'cLme ceTuTSC Ti^re
de la peau Je fouffiis de grandes dou- Lehuitiéme j leurs le troifieme, Sc le quatrième jour, mandai à deux ofeu«r fumr l ee S ' i . . .
Lecmquiémejefusfurprisd'unel'tìhar- avec moi d e S t r e H a b i S f
gie, ou fommeil involontaire qu'on ne nir mon chevTpSfpo
pouvo.t vaincre. J'avois reçu les Sacre- trois heures avantTe fo7 &
memlejour precedent, cequi fitque je deux ou trois vola
pnai k Religieux qui etoit avec moi de & du vin pour eux & nour nW ^ ^ r
Je n?n u 3 e au"
cei taine,&comme une aiTurancemorale, tour de moi au commenimÎnV H
^ue cette maladie n'auroit point de fâ- maladie,quoiquedaTce "mTS 1 t T
cheufesfuites, jeledisà mÎn confrere, terre enViit 2ute Save e fe^îelÎS^^^^^^
queje voTOistoutconiternéi il fer'aiTura doit comme un figne mortH n Jf
un^eu, Scme laiiTaen repos. Jcdormis fourmis f u y o i e n t ï s S f s ^ . ^ ^ ^ "
pies de vingt heures fans m'éveiller, 8c les m'avoientfui. m a i s c e s f nS ^
pendant ce tems-là, j'eus une crifè ou reconnu après la c r ï e au'eSS
iueuriîabondante,qu'eIleperçapluiîeurs trompeesf òcoueie ne 3evoÎ n
i^atelaslesunsaprèslesautres. Jemere- rir, elles é t o i L î e v e n u i en
veillai enfin fort furpris de me trouver nombre, ôc avectant de fureur o £ S
dansunautreht, & d'en voir deux dans fembloient me vouloVdevoSr tSr vf
la chambre ou il n'y en avoit qu'un, vant, parce que je leur écCnfc
quand je m'étois endormi. Je demandai guerifon. C e L i ï c o L o Î ^
ô^bord à manger. On voulut me porter fant point c h e r n o t r à t S e f t Se"
dans 1 autre h t , comme onmedit qu'on j'avois refolu d'y retourner &nn r ' '
avoitfaitplufieursfoispendantmonfom- voirpointdeprLe avec èsMÏÏër,nr
meih maisj'aiTuraiquejemefentoisaf- & mon Confrere, e vouIoS^^^^^^^
fezdeforcepoury aller. Eneffet, jeme dire adieu à perfonne ^
levai on me changeade linge, & je me MesNegresne manquèrent nas de m.
couchai dans l'autre lit, me trouvant venir avertir fur les S heSreïlfmT
fansautre incommodité qu'unefaim ca- tin. Je me levai aufl^-tô , ¿ m'aÌder^ni
cp„.„^,„ninequimedevoroit. On m'apporta un àm'habillerj nousfortîme d^ce^^^^^^^^^
u ^ " ^ ? ^'^ût été &jemontaiachevai,
del'Au- mais il fallut pour avoir hardesdans lachambre, à la referve de
lapaix, medonner du pain & de la vian- mon manteau, que je mi fur me épl l ?
de, fansquoxjevoulois me lever, pour parce qu'il faifoitfriid. L a t S t o u î
na
F R A N C O I S E S DE L 'AMERi aUE. j
iSor na un peu quand je commençai à mar- Fonds S. Jacques, parce qu'on n'avoit
^ rher lela m'obligea de faire tenir un des trouvé ny les N egr e s , ny mon cheval, &
deuxNegresàcÔtédemoi,pourmefoû. que le Medecin l'avoit aflure, que je fetenir
danlunbefoin, pendant que l'autre rois un grand coup, fi je pouvois y arrialloitdevant
lecheval, pour l'empêcher ver envie, & qu'en cas que cela fut il
de s'écarter, ou d'aller trop vite. falloit me garder a vue dans une chamb e
Nous arrivâmes au Morne de la calle- bien clofe, jufqu'à ce que les marques du
baffe vers les fept heures. Le travail du pourpre étant diffipees , on n eut plus
chemin, 8c le froid avoient tellement ieu de craindre une rechute, a laquelle
augmenté mon appétit qui n'étoit déjà il n'y avoit point de remede. Je promis
qultropgrand,queje n'eusprefque pas tout ce qu'on voulut, pourvu qu on me
la patience d'attoidre que lesNegres euf- donnât à manger > mais des le lendemain
fent amaffé quelques fougeres pour maf- je montai à cheval, & m'en allai viliter
feoir.Sc manger plus à mon aife. Dedeux les travaux qu'on avoit fait en mon ab;
chapons qu'ils avoient achetés, je leur fence, me trouvant entièrement délivré
en donnai un, & je mangeai l'autre, ou d'une maladie fi dangereufe fans prendre
plûtôt je le dévorai dans un moment. J e aucun remede depuis que je m etois erepris
enfuite la moitié de celui que je chapédelaBafle-terre, & fans autre mal
leur avois donné, &je les avertis de man- que d'avoir changé de peau, ècd avoir ^^^^^
gerpromtement. Ils le firent auffi-tôt, fouffert pendant plus de trois mois une ¿¿^¿^
Scbien leur en prit :• car pour peu qu'ils faim canine fi furieufe, quejen'etoispas r^ueuiTent
tardé, ils n'auroient point déjeû- maître de ma raifon,&que j'aurois mannéj&
cependantaprèsavoir tantmangé, géjourSc nuit fans me railaiier. Le Mej'avois
encore un appétit auffi dévorant decin, les Chirurgiens, Se les Religieux
que s'il y avoit eu trois ou quatre jours de la Charité regardèrent ma guérifon &
que je n'euffe mangé. Je remontai à che- les fuites qu'elle avoit eues, comme la
val,8c continuai mon voyage verslagran- chofe la plus particulière qu'ils euffent
de ance, où j'arrivai fur les dix heures. J e encore vûë dans cette maladie,
furpris infiniment le Cur é , & tous ceux Nous reçûmes cinqReligieux deFranque
je rencontrai fur le chemin, qui vi- ce dans les mois de Juin & de Juillet. Des
rent avec étonnement que j'avois encore deux premiers qui arrivèrent, on en mit
le vifage & les mains toutes couvertes de un au Cul-de-fac de la Trinité à la place
pourpre. J e ne manquai pas de demander du Pere Eftienne Aftrucq, quifouhaitoit
à manger en arrivant. On m'en apporta, de fe retirer en France, après avoir fervi
Scjemàmgeaià peu près comme un hom- lesMiffions pendant plus de dix ans avec
me qui meurt de faim : en attendant le dî- beaucoup de pieté, de charité 6c de zele,
ner,jememisdansunhamacoiijem'en- 6c avoir rempli toutes les charges de la
o dormis fi bien qu'il fallut me reveiller Religion, avec toute la prudence, le defpour
dîner J'arrivai fur le foirauFonds S. intereffement 6c le bon exemple qu'on
Jacques, où le Supérieur penfa tomber pouvoir attendre d'un très-parfait Relidefon
haut quand il mevit. Unmoment gieux. On envoya le fécond auFonds S.
après que je fus arrivé, il reçût une lettre J acques, pour me foûlager du fervice d'udu
Religieux qui étoit au Moiiillage,qui ne des deux Paroifles que je fervois feul
lui marquoit a peine où il étoit de ne depuis fix à fept mois.CeReligieuxnomfçavbir
ceque j'étois devenu, qu'il fup- méJeanMondidier étoit de maProvinpofoit
cependant que j'étois retourné au ce,Sc encorefort jeune. LeSuperieur me
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