M M lì I
k i t !
M
f JÑ i"'
I.j'iii«: . fjjfi
f l i i f N Í '
•rjlín'.j; i
í í í f í f
I ' O O .
120 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
C H A P I T R E XVII.
Del'Epany maladie ordinaire dis Sauvages. Rmedes qu'ils y apportent.
De leur Religion, & de quelques autres de leurs Coutumes. .
;Es Caraïbe font fore fiijets à ks autres Nations n'en font pas plus
, lEpian. On doit avouer que exemptes qu'eux
' cette maladie eit particu- Je laiiTe à prefcnt au jugement des
here a 1 Amérique , elle y perfonnes fages à détermine^- fi les Itaeft
naturelle} tous ceux qui y naiilent iens ont raiion de l'appeller mal Fran-
Negres ou Caraïbes, de quelque fexe çoisj ce feroïc à peu près comme fi on
qu ils foient, en font attaquez prefqu en vouloit infererquelesltaliens d'à prefcnt
venant au monde, quoique leurs peres, font les premiers hommes du monde,
leurs mères & leurs nourrices foient parce qu'ils habitent un païs, dont les
très fains, ou du moins qu ils paroiflent anciens Habitans mericoient ce titre.
^^J®- . , ,, , T. ^^ pî'étend que cette maladie vient
L Epian eft réellement ce quelesFran- de la corruption de l'air & desalimens,
Ct que
c
ïtiTn appellent le mai de Nap es, & que auffi-bien que du commerce immodéré
^ • les Itahens nomment le mal François, avec les femmes. C'eft une efpece de pef-
Tout le monde le connoît fous le nom te qui fe communiqueaifément, qui fait
de mal Venerien, & on devroitavec juf- d'étranges ravages, & dont il ell bien
itce l'appeller le mal Amenquam, puif- rare que c^ux qui en font atteints, guérifqu'elle
eft nee dans ce Pais-là , & que fentjamaisparfaitement.QuandlesAmec'eft
de là que les Efpagnols premiers riquains n'auroient fait autre chofe que
conqueransde ce nouveau Monde, l'ont de communiquer ce mal & l'ufage du
apportée en Europe. tabac à leurs impicoïables conquerans.
Il eft conftantqu'onnelaconnoiflbit i] me femble qu'ils fe font plamemenç
point en France avant le voïage que vengez de l'injuftefervitudedanslaquel-
Loiiis X I I .fit en Italie pour la conqué- le on les a réduits.
Origine
du ma l
Venetrii^
ent* efntf - — — -- - j - — - j —
imMi. te du Milanois , £c du Royaume de Naples.
Ce fut à la fin ce qui refta aux
François de toutes leurs conquêtes. Ils
l'apporterent en France , & elle s'y eft fi
bien conlêrvée 6c étendue, qu'on ne voist
point de maladie qui donne plus d'exer- ne ou l'autre de ces deux chofes y conr
cice aux Medecins Seaux Chirurgiens, tribuent, & .quequand elles font ^qie3
-que celle-là.
Elle eft encore bien plus cornrayne
chez les Efpagnols que chez qous C:,ela
eft juf te, puifquec'eftà eux qu'on en
cft redevable. Ils ne s'en cachent point;
les perfonnes delà plus haute diftindion
en font ordinairement mieux pourvûs
que les gens du commun, & comme ils
ne voyent perfonne parmi eux qui n'en
foit attaqué, ils s'imaginent que toutes
1700,
Ce n'eft pas mon métier dp décider
qu'elle eft la caufe la plus naturelle de
cette maladie, fi c'eil le commercp dç?
femmes, ou la corruption de l'air: jç
laillecelA aux Medecins. Je croiquei'ur
dans le même fujet, le mal eft plujS
grand, plusda,ngereux, &plqsdifficilc
à guérir, ou plûtôt à pallier.
J1 y a des endroits dans la Terre ferme
de l'Amcrique, comme Surinam & Barbiche,
où on la prenoit autrefois prefqu'en
mettant pied à terre, &c fansfçavoir,
pour ainil dire, qu'il y eût des
femmes dans le Païs. C'étoitailûrcment
dans ce cas-là, la corruption de l'air qui
k
iiers de
k ierre
firme
firtfu-
^ts à
ÏEfmn.
F R A N C O I S E S DE L'A M E R I Q_U E.
la produifoit. On dit que depuis que les afin de les mettre entre les mains des In- 17°®'
Hollandois<]ui font maîtres de ces Païs, diens pour les faire traiter,
ont deiTeché les Marécages, & donné Ils y furent en effet, & le Préiîdent à
cours aux eaux croupiifantes qui gâ- qui ils étoient puiffamment recomman- feTLtoient
l'air, on n'eft plus fi fujetàcetie dez, les mit chez une vieille Indienne diem
maladie.Les Caraïbes s'en mettent moins pour les guérir. Cet Auteur rapporte , ^f'i''.
en peine que nous ne fàifons en France qu'elle ne leur donna jamais autre chofe '
de la petite verole:ilsfegueriilent fort fa- que de la tifanne compofée du bois de
cilement, du moins autant qu'il eft poffi- gayac 6c defguine. El e ne prenoit pas
miprir i 'écorce du gayac, comme on faitàprefent,
mais le coeur des jeunes arbres
wiiwixiwAik^ u u AU L a i j L v^u i l uxt ^wi i i
ble d'en guérir j mais ils font un miftere
de leurs remedes , qu'il n'eft pas facile de
penetrer. .
Ambroife Paré dans fon Traité de
Chirurgie, rapporte que de fon tems
deux jeunes hommes de Paris ayant fait
un voyage en Italie, entre plufieurs cuqu'elle
aiflotre
raportée
far Ambroife
Paré.
mettoit en petites pieces, &c
qu'elle faifoit bouillir aiTez long-tems
dans de l'eau avec la iguine. C'étoic
cette décoétion qu'elle leur faifoit boire
dès qu'ils étoient levez, après quoi elle
Origine des Per-
THipis.
j a 1 r—"—^lujunu icvcz,,eue
noiitez qu lis rapportèrent chez eux, fe les menoit au bois, ou à fon champ de
chargèrent d'une bonne provifion de cet- mahis, où elle les fiiifoit travailler iuftemaladie,
qu'on nommoitalors lape- qu'à leur exciteiia fueurlapluscopïeulade,
parce qu'elle faifoit tomber les che- fequel'on pût attendre. Lorfqu'elle les
veux deceuxquien étoient attaquez. voyoit dans cet état, elle les faifoit re-
C'eft à elle à qui l'on doit l'invention pofer au Soleil, & leur donnoit à mandes
Perruques, qui étoient d'abord fi ger des viandes féches, c'eft-à-dire rofimples,
qu'elles ne confiftoient qu'en ties & boucannées, & point d'autre
quelques cheveux que l'on coufoit grof- boiiTon que de la tifanne de gayac Ils
fierementautourd'unecalottedecuirou pafiToient ainfi les journées à travailler i
de laine, dont ceux qui avoient eu lape- fuer, & à boire de la tifanne i elle leur en
lade fe couvroient la téte, en attendant faifoit encore boire amplement avant de
que leurs chevcux la puiTent couvrir. Si fe coucher,&les tenoit très-chaudement
les gens de ce tems-là revenoient à pre- pendant la nuit. Elle les guérit de cette
icnt, n auroient-ils pas heu de croire que maniéré en aiTez peu de tems & les rentout
le monde a eu la pelade, puisqu'ils voya auffi contens d'elle, qu'elle le fut
ne yerroient prefque plus perfonne qui d'eux,à caufe des babiolles qu'ils lui donn
eut la tete enveloppee d'un Perruque. nerent, après cependant qu'elle fe fut
i^uoiquil en foit, cette maladie beaucoupoffenféedecequ'iislui avoient
e o t pour lors fi nouvelle en France, offert de l'or & de l'argent pour fon payebien
loin d'en venu-, qu'il ne s'y trouva ment ^^
aucun Mededn ni Chirurgien quivou- Nos Caraïbes obfervent encore aujourûe
ces deux jeunes gensj deiorte que pour traiter ceux qui ont cette malad,>
Î T J ' Î T Î T ' I & bo re quant é^
cours a 1 Ambaifadeur de France à Ma- cette tifanne. On dit qu'ils y m ttent
S deuTn 1 P^^ découvrir, & les frottentavec
T t I I " " Saint Dommgue, uneefpece d'onguent, qui fans leur e x c ï
Q. tel
i S
likJ