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1700.
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CreolUs
font fujets
à
l'Epia»^
Kemtd'e
des Sauvages
di
Mïffifiter
le flux de bouche, comme le Mercure
, fait le même e f fet , & fans tant de
rifqucs ni de peines. Je ne fçai pas la
compofition de cet onguent, peut-être
l'aurois-je appris , fi j'avois demeuré
plus long-tems avec eux 5 caril n'y a rien
dont on ne vienne à bout chez eux avec
la patience, l'argent&l'eau-de-vie.
Il me femble avoir d i t , que les enfans
Negres qui naifient dans l'Ameriquf ,
font fifujetsal'Epian, qu'on peut dire
que ce mal leur vient auffi communément
que la petite verole en France.
Lorfqu'ilsenfont atteints dans leur enfance,
on les guérit auffi facilement que
fi c'écoit la galle j mais quand ils font
dans un âge plus avancé, c'eft-à-dire,
à quinze ou feizeans,. le danger eft plus
grand, fur tout lorfqu'ils n'ont pas été
fiiges du côté des NegreiTes, & alors on
eil: obligé de les faire paiîer par lesremedes
dont on fe fert en Europe.
Je ne fçai fi cela vient de la neceflîté
qu'on croit avoir de ces remedes,oude
Pavarice de nos Chirurgiens, qui feroient
fort fâchez qu'on nefe fervît d'eux, ni
de leurs drogues , mais il me femble
qu'on les pourroit traiter de la même
maniéré que nos Caraïbes fe traitent,
qui coûte peu, & guérit auffi infailliblement
qu'on peut en guérir. D'^lleurs
quand ces malades feroient obligez de
pailcr quel<]ue tems avec les Caraïbes,
ou d'aller à la pêche de la tortue, ces
remedcs qui font plus d o u x , moins chers
& plus^ afiurez , ne devroient-ils pas
être pi cfcrez à ceux de nos Chirurgiens
d'Europe.
U n Officier de Miffiffipi, nommé le
iîeur de Manteiiille, Créollede Canada,
m'a aflïïré que les Sauvages des environs
de cette granderiviere, font fort fu jets à
l'Epian, parce qu'outre qu'ils.habitent
des endroits alîêz mal fains, [ils font
très-libertinsi& fort addoMiez.ausfemimes.
L e remede dont ils fé ièrvent pour-fe poa
guérir, eft tout-à-fait extraordinaire, '
feroit crever à coup fûr tout autre que
des Sauvages. Après qu'ils fe font purgez
très-violemment deux'ou trois fois,
ils fe couchent tous nuds fur le {able,,
dans un lieu où rien ne leur puifle donner
de Nombre, & demeurent ainfi e x - •
pofez au Soleil, depuis qu'il fe leve jusqu'à
ce qu'il fc couche , afin que iâ chaleur
attire toutle venin, 6c confume toutes
les mauvaifes humeurs qu' ikont dans
le corps. Ils prétendent après cela être
guéris. Je le veux croire. Je fouhaiterois
pourtant que quelque curieux fît
l'experiencedece remede ,,afin d'aiTûrer
le public de fa bonté ou de fon inutilité.
L e voilà comme on mel'a enfeigné.Il eft;
vrai qu'il faut être patient pour fupporter
une telle operation, fur tout dans un
Pais comme celui-là, où les Mouftiques
Se les Maringoins feuls font capables de
faire mourir un homme : maisilfautdire
à Icurloiiange, qu'ils font d'une bra- tùZ
voure & d'une fermeté à toute épreuve: s»
ils fouffrent les .tourmens les plus cruels, '^"l"/'!
& bravent la mort la plus affreufe, avec '
une intrépidité qui n'a point fa pareille}.
& ils font fi entêtez , qu'ils polTedent ces
qualitez bien plus excellemment que toutes
les autres Nat ions , qu'ils les regardent
toutes comme infinimentaudeffbus , ••
d'eux } deforte que la plus grande loiian- g»?
ge qujils donnent à un Européen, qu'ils dmiii
ont vû dans les occafions faire des aélions
d'un valeur finguliere, eft de lui dire,
Va y tu es un homme comme may.
Avant que les Européens fe fulTent éca- ¿
blis dans les Mes , on n'y connoillbit 3
point la petite veroleñls l'y ont apportée inmen
échange de l'Epian qu'ils y ont trouvé.
Cette maladie fait quelquefois de
grands ravageschez nos Caraïbes. Comi- cmà
me ils ne la connoifTent pas, ils n'ont heu
|)a3 de reaacdeâpDm-l'a guérir. UnChi-
Eiitrgiera
. 1700.
Mdice
¿'un
Chirur-
F R A N C O I S E S DE L'AMERICLUE. ii j
rurgien Européen fut affezfcelcrat pour quç ces cérémonies ne regardent que le 1700.
en faire mourir un très-grand nombre, premier né, s'il eft mâle. On pourra les
par un mauvais confeil qu'il leur donna, lire fort) au long dans l'Hiftoire du Pe-
Ces Sauvages étant venus lui demander re du Tertre.
comment il falloit traiter cette maladie, On prétend qu'ils fçavent faire venir
il leur dit, que dès qu'elle paroiiToit de- le Diable par la force de leurs invocahors,
il falloit faire baigner le malade tions, & qu'ils l'obligent de répondre à
dans une riviere bien froide, & qu'ils leurs demandes. Tant de gens l'ont dit,
verroient que la verolle difparoîtroit &lediient encoreàprefent, quejecroi
" " ~ . ^ o_ qu'on ne doit pas en douter, pour moi
j e ne l'ai pas vû. Ce que je fçai trèsbien
, c'eft qu'ils n'ont aucune Religion,
ni aucun culte fixe > Ils femblent ne connoître
d'autres êtres que les matériels,
ils n'ont pas même dans leur langue aucun
terme pour exprimer Dieu ou unefprit.
Ils reconnoiiîént du moins confufement
deux principes, l'un bon, & Tau- i^e^'«»
tre mauvais.Ils appellent lefecond,Maniton,
6c croyent qu'il eft la caufe de
tout le mal qui leur arrive. C'eft pour
cela qu'ils le prient, mais fans r egi e , fans
détermination de tems ni de lieu, fans
chercher à le connoître, fans en avoir
aucune idée un peu diftinéte, fans l'aimer
en aucune maniéré, feulement pour
l'empêcher de leur faire du mal , pendant
que par unraifonnementdesplusfauvag
e s , ilsdifentque le premier de ces deux
principes étant bon & bien-faifant de
tírímonií
des Cardibes
four
leur premier
infant.
auffi-tôt. Ces pauvres gens le firent. Se
il en mourut un grand nombre. Ce fut
un vrai bonheur qu'ils nes'apperçûrent
pas de la malice de ce confeil} car il eft
certain qu'il n'en falloit pas davantage
pour leur faire reprendre les armes, &C
recommencer une Guerre dont les Colonies
n'ont point du tout befoin.
J'ay expliqué dans un autre lieu comment
on enterre les morts. J'appris pendant
mon féjour à la Dominique, que
quand le Maître d'un Carbet vient à
mourir, on ne l'enterre pas dans un coin
du Carbet comme les autres, mais tout
au milieu, après quoi tout le monde
abandonne le Carbet , 6c on en va faire
un autre dans un autre l ieu, fans que perfonne
pcnfejamais à revenir loger ou s'établir
dans cet endroit. J'ai recherché
avec foin la raifon d'une cérémonie fi
extraordinaire, iiins avoir pûdécouvrir
autre chofe, finon quec'étoit une coutume
immémoriale chez eux.
J'aurois bien fouhaité voir les cérémonies
qu'ils font à la nai fiance de leurs
enfans, dont la principale eft une retraifoi
même, il eft inutile ^e le prier, ou de
le remercier, puli fqu'il donne fans c e f i e ,
6c fans qu'on lui demande, tout ce qu'on
a befoin.
Il eft conftant qu'ils font fouvent malte
6c un jeûne très-auftere de trente ou traitez parle Diable. Cela n'eft point ar- i^ttus
quarante jours qu'on fait obferver au rivé pendant que j'êtois dans leurs Car- f"!"
pere de l'enfant. Mais n'en déplaife à bets, 6c c'eft une chofe averée, que la
ceux qui ont écrit cette particularité, prefence d'un Chrétien les délivre des"
cette cérémonie ne fe pratique que pour perfecutions de l'efprit malin. Ils ont enle
premier né} autrement les pauvres ma- core un remede afluré contre fes violenris
qui ont cinq ou fix femmes pourroient ces. Quand un Chrétien ne peut pasdes'attendre
à jeûner plus de Carêmes que meurer avec eux dans leur Carbet , c'eft
les Capucins. Les Caraïbes 6c les Fran- de le prier de faire une Croix de bois, -
çois-qui font parmi.eux , m'ont affûré 6c de a placer en quelqueendroitde la
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