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47^ NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
.i,7oj. tacher} on ouvrit enfui te le Mouton,
& alTûriment c'ctoit un manger delicieux.
J e n'ai,jamais vû une plus.grande quantité
d'oileaux de mer, ou d'eau douce
qu'on en trouve fur cet Iflet. Je m'étois
imaginé qu'il falloir de l'eau douce pour
toutes ces elpeces d'oifeauxj ce que j'ai
vû aux liles d'Aves m'a détrompé, à
moins qu'on ne veuille dire que les oifeaux
celTent d'être délicats^ quand ils
ne xrouvent pas à fatisfaire leur delicateiTe,
8c qu'ils fe fervent d'eau falée, ou
faumatre quand ils manquent d'eau douce.
En effet j'y ai tué des Pluviers, des
Vingeons, des Chevaliers., des Poules
d'eau de toutes les fortes qui font bonnes
à manger, £c que l'on trouve ordinalrementdans
nos Ifles, dans les lieux -marécageux.
Outrecesefpeces-, ilyenavoit quantité
d'autres, quejcn'avois pas v-û de ii
près.
On y trouve dcsFlamands, des grands
Go.fiers, des Mauves, des Fuftu-en-cul)
c'eil le lieu où les Frégates & Jes Fous
viennentpondre, 8c élever leurs petits.
Les Flamands que le Pere du Tertre
appelleFlambans, font des oifeaux fort
hauts montez j quoiqu'ils ne le foient pas
à beaucoup prés tant que le dit mon Confrerej
il eft certain qu'ils le font beaucoup
pour leur grofleur, qui n'excedc
oifeaux P^® d'une Poule d'Inde ordinaire.
appeliez. Il eft vTai que je ne les ai pas mefliré ,
f i l mais je ûiis fûr que des pieds à la tête,
mands. jjg n'onc pas .plus de quatre pieds de
hauteur} ils ont les pieds ¿c les cuiiTes
toutes rouges., prcfque toutes leurs plumes
des ailes, du dos & du ventre, font
delà même couleur, 8c très-vive} leur
col eit grêle, Scia tête eft petite.; mais
.elle elt armée d'un bec long 5 aflezgros,
arcqué êc fort d u r , qui leur fert à chercher
.dans le fable éi dans les marécages
les vers, les petites crabes, lespoiflbns, 170j\
8c les infe«5tes qui s'y trouvent^ ils boivent
à merveilles de l'eau falée} ils font
extrêmement dcffians, 8c lorfqu'ilsfont
à chercher leur nourriture, il y en a
toûjoursunquifaitleguct, 8cqui avertit
par un cri fes Camarades dès qu'il
apperçoit la moindre chofe qui lui donne
de l'ombrage., Scauifi-tôt il s'envole
Se tous les autres le fui vent} ils font toû-
Joursen troupe, 8c lorfqu'ils font à terre,
ils fe rangent de file, les jeunes 8c les
vieux entremêlez. Les jeunes ont le plumagagris
clair j ce n'eft qu'en croilTant,
8c avançant en âge qu'ils deviennent
rouges. On me montra quantité de leurs
nids, ils reifemblent à des cones tronquez,
compofez de terre graife, d'environ
dix-huit à vingt pouces de haut
e u r , fur autant de diametre par le bas, ,
ils les font toujours dans l'eau, c'eft-à- r/adire
dans des mares, ou des marécages. f»a;>iii.
Ces cones font folidesjuiqu'à la hauteur
de l'eau., 8c enfuite vuides comme un
pot avec un trou en haut. Ceft-ià dedans
qu'ils pondent deux oeufs qu'ils couvent,
ens'appuïant contre, 8c couvrant
le trou avec leur queiie. J'en ai rompu
quelques -uns ians y trouver ni plumes,
ni herbes, ni aucune chofe pourrepofer
les oeufs; le fond eft un peu concave,
8c les parois fort unis} mais j'ai eu le
malheur de n'y trouver ni oeufs, ni petits.
Ces oifeaux ne fe laiflent approcher
ue très-difficilement} il faut fe cacher
ans des brouifail les, pour les tirer quand
s viennent à terre. Nos gens en tuèrent
quelques-uns, 8c trouvoient leur
chair bonne. J'en ai mangé, elle fent
un peu le marécage } les jeunes font
meilleurs que les vieux, parce qu'ils font
plus tendres. Je foûhaitoisfortd'en avoir
de jemies pour les apprivoifer} car on
en vient à bout, 8c j'en avois vû de
fore
F R A N C O I S E S DE L'A MERIQ^UE. 477
»70Î- fort familiers chez le Gouverneur de la fans cela il étoit perdu pour moi} on étoit
Martmique. Je fis des lacets que j'atta- obligé de leur donner de l'eau falée à
chai à des piquets que j'avois fait enfon- boire. Il m'en reftoit deux quand j'arricerdansdes
marécages, où ilyavoitde vai à la Guadeloupe, dont jefisprefentà
leurs anciens nids, 8c où ils venoient un de mes amis qui s'en alloit en France
chercher leur nourriture. Je fis jetter C'eft aiTurément un des plus beaux oiaux
environs tous les petits poiflbns que féaux que l'on puilTe voir} outre les erofnouspremons
à lafenne, 8cmarufe me fes 6c les moyennes plumes dont il eft
reuffit, j'en pris piufieurs. Quand ils couvert, il en a de très-petites en maniéré
avoient une fois paife leurs larges pâtes de duvet très-fin 8c aflez long, aufli
dans le noeud coulant, il n'y avoit plus doux, Scauifi chaud que les peaux de
moien de s;en dedire} ils vouloient s'en- Cigne} on s'en fert aux mêmes ufages.
voler, mais il fallou demeurer. Cen'e- La couleur rouge 8c vive des Flamand
toit pourtant pas toutachevé, 1« vieux doit, ce me femble, les faire préferer
le deftendoient a grands coups de bec} aux Cignes
& lorVon leur avoit faifi la tête, 8c Le Grand Gofier,ouPeIican de l'Ame- oi/i.«
amarrelebec, ils egratignoient à mer- rique, eft un oifeau fort approchant de S Î "
veilleavecleursgniFes,d^ontleurspieds, nos Oyes d'Europe pour la tLleJaerof-
Il n y eut jamais moien de les faire m porter un bec de deux à trois ponces
boire, ni manger m les ernpêcher de de large, fur un pied 8c demi ouenviron
donner des coups de bec, ou d'egrat.gner de longueur j lapartie fuperieure eft o S
desquilsfetrouvo.ent en etatde lefaire. feufe, 8c touted'Î.ne piece} l ' i n f e S e
A la fin nous les tuâmes, 8c nous les eftcompoféede deux piecesqu s'uuTf!
mangeames.LeurIanguevautmieuxque fent par une de leurs extÎémitez au bout
tout lerefte du corps, non par fa gran- du bec, dans un fort cartilage, & dont
deur, niais par fa tendreté, 8c par fa les deux autres, comme des mâchoires
dehcatefle. Si jamais je me rencontre en s'emboitent dans la partie fuperTeure où
heu ouilyaitdcsFlamands, je neman- eft le centre de leur L u v e X t S a "
querai pas d'éprouver, iiles languesdes tic inférieure 8c la fupe r i eurTfont s a iSe .
femelles font meilleures que celles des de petites dents en forme d f i d f ^
T l t ' ' a T ^ ' ^ '' ^ tranchantes} le vu dTque ] s
dent. A égard des jeunes que nous pri- deux parties de la mâchoire i n f e S ï
>u il eft encore attaché, 8c le lor
:ol, par de petits ligamens, afin
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