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1701.
Ifle lie
Saba.
Í94 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
lesHollandois, .& fe font pris reciproqLiement
fous la proteftion les uns des.
autres. De forte que s'il vient un CorfaireFrançois,
ou aut r e , qui veiiille trafiquer
, il eft b ien r e ç u , & fait fon commerce
avec toute forte de fûreté; mais
s'il veut infulter les Hollandois, les
François prennent les armes en leur fav
e u r , & les défendent . LesHollandois
f o n t la même chofe pour les François,
quand lesBàtimens de leur N a t i o n , ou
les i^nglois ne veulent pas demeurer dans
les bornes du concordat qui eft entre les
deux Nations. Voilà ce qu'on appelle
des gens fages, & il feroit à fouhaiter
que leur exemple fût fuivi dans toutes
les autres l i les, & qu'ony vécût en paix,
lans p rendr e part aux différends de l'Europe.
Elles deviendroient toutes d'or , 6c
les Princes dont elles d épendent , y trouveroient
des reiTources abondantes dans
leurs befoinsi le Commerce ne feroit
point interrompu,8c on ne verroit point,
comme il arrive dans toutCvS les Guer res,
une qu.antité de famillesauparavant à leur
aife, difperfées, & réduites à la mandic
i t é , fans aucun avantage, ni pour le
P r i n c e en par t icul ier , ni pour la Nat ion
en general, mais feulement pour quelques
particuliers qui ont fourni les fonds
o u la protection neceiTaire pour faire
les ármemeos.
Nous moiiillâmesàSaba le Dimanche
27 Avr i l fur l e sdi x heuresdu matin. Cett
e lile eft encor e plus petite que S. Thomas,
& ne paroît qu'un rocher de quatre
ou cinq lieiies de tour , efcarpé de tous
côtez. On n'y peut mettre à terre que
f u r une petite Ance de fable qui eft au
Sud , fur laquelle les Habitans tirent
leurs canots. Un chemi n en zigzag taillé
dans le roche r , condui t fur le fommet de
l ' i l l e , où le terrain ne lai île pas d'étreuni ,
bon & fertile. J e croi que les premiers
qui y font abordez, av oient des échelles
pour y monter . C'eft une FortereiTe naturelle
tout-à-fait imprenable, pourvû
qu'on ait des vivres. Les Habi tans ont
fait des amas de pierres en beaucoup
d'endroits à côt é de ce chemin, foûtenuës
iur des planches pofées fur des piquets
, ajuftez de manieres qu'en tirant
une corde, on fait pancher un piquet, •^'"«ik
on fait t omb e r toutes ces pierres dans ^
le chemin, pour écrafer fans mifcricorde fe«àil
une armée entiere, iî elle étoit en mar- tWii,
che pourmonter , où même en quelques
endroits de l'Ance,
on dit qu'il y a une
autre montée du côté de laCabefterrc
ou du N o r d - E f t , plus facile que celle ci,
qui eft au Sud-Giieft, fuppofé qu'on y
puiile aborderj mais la mer y cil; ordinairement
lî rude, que la côten'eftpas
praticable, & c'eft ce qui leur à fait ne^
gliger d'eicarper cet endroit comme ils
le pourroicnt faire, parce qu'ils liecrai*
gnent pas d'être furpris par-là. •
L e Commandant , Chef ou Gouverneur
de cette Ifle v int à bord , après que
n ô t r e canot eût été à t e r r e , 6c q u ' o n nous
eût bien connus. Car quoique nous fufïîons
en Paix, ils craignent avec raifon
les vifites des Forbans . Il nous invita à
dîner ; cela mef i tplai f i r , earj'avois envie
de voi r cette Me. Nous montâmes
d o n c , 6c nous fûmes agréablement furp
r i s , de trouver un païâ fort joli audeiTus
de ce qui ne nous avoit paru qu'un
rocher affreux. On nous dif que l'Iilc
étoit partagée en deux Quartiers, qui
renfermoient quarante-cinq à cinquante
familles. Les Habitations font petites,
mais propres, & bien ent retenues. Les
maifons font gaies, commodes, bien
blanchies, & bidn meublées. Le grand
t r a f i c de l'Iile eft 'de foûliers j je n'ai
jamais vû de pais fi Cordonnier . L eGou- rrajidi
verneur s'en mêle comme les a u t r e s , & sân,
j e croi que le Miniftre fe divert i r à ce
noble exercice à fes heures pe rdue s . dCo' emf-t
! ' f -
F R A N C O I S E S - DE L ' AME R i a U E . 49 r
L , dommage que cette lile ne foit pas à des défiance. Déjà nosgens met toient à ter- t^QÙ
' Cordonniers Cathol iques, ils la homme - re, & commençoient a monter quand la
•i roient fans dout e l'Ifle de S. Crefpin, Barque Corfaire qui n avoit ordredeve-
I avec plus de raifon que Saba, que nous nir que quand on lui en fei^.t le fignal
ne lilbns point avoir été un Royaume par un feu fur 1 I f l e , fe çreifa t rop, ÔC
de Cordonnier s . Quoiqu'il en foit, nous
fûmes fort bien reçus. Les Habi tans vivent
dans une grande union. Ils man-
«Mie« gent fouvent les uns chez les autres. Ils
itvivn. pQijiç ¿e Boucherie comme dans
les autres liles plus confiderables ; mais
ils tuent des beftiaux les uns après les
autres ce qu'il en faut pour le Quar t ier,
vint pour moiiiller à côté de la premiere.
Ceux qui étoient dedans la prennant
pour une e n n emi e , firent feu deiTus, 8c
ceux-ci croiant la m ême chofe firent feu
de leur c ô t é , tuerent un h omme , 8ce n
bleiferent trois ou quatre entre lefquels
f u t le Capi taine. Les Habitans prirent
aucicsi-cuu uciiidUL I/ULII I V - , auiTi-tôt les a rme s ,- 8c fe d o u t a njt rd"e la
& fans rien debourfer, ils prennent ce furprife, ou pour une plus grande furequ'ils
ont befoin de viande pour leur fa- té, ils firent pleuvoir fur nos gens qui
m1:i1l1l-e , c h e z c„el.ui1 q,uin a . t ul é', i qlu'cil s lluuii mo n t o l c n t u n c S t c l e de piciTCS, q u i e n
rendent en efpece quand leur tour vient.
L e Commandant commence, 8c les autres
du Quartier le fuivent, jufqu'à ce
que ce foit à lui derecomm^ncer.
montoient une grêl e de pierres, qui en
eftropia quelques -uns , 8c obligea les autres
à fe retirer au plus vite , 8c à fe rembarquer
, n'étant plus poffible de rien entreprendre.
La nuit qui étoi t noire avoit
UCCCIUIL u iUl UUIt'-UUiiaJViii-v.i » J ^ V]^ . ^^ .r. i-r^ot -NC . rv»o•t c io1l1li l Tf n r
Il y avoit parmi eux quelques R e f u - d'abord favonfe nos gens j mais elle fuc
giez François, qui me firent bien des caufeenfuite qu'ils fur ent méconnus par
amitiez. Je couchai à t e r r e , après avoir
leurs compagnons, 8c que l'entreprife
employé tout l'après-midi àmepi:ome-r
échoua. Il eft certain qu'ils auroient fait
ner. Mon: habit es furprenoit un peu,
u n bon pillage.
8c je leur faifois plaifir d'entrer dans
Nous partîmes leLundy matin après
leurs mai fons, afin qu'ils le puf lcnt con- déjeuné. Le Commandant nous donna
fiderer à leur aife. J'achetai fix paires de
foûliers, qui étoient fort bons. On leur
vendit une part i e de peaux ver tes, c'eftà
- d i r e , qui ne font p o i n t préparées, que
nous avions pris àÎ'Ule à Vache. Avec
une grande longe de Veau rôtie, avec
ilus de vingt livres de viande c rue, des
îananes, 8c de très-belles pommes d'acajou.
Huu. uv.uu. u... <i . V NouspaiTâme s àS.Euf tache, qui eft
leur trafic de foûl iers, 8c un peu d'indi-' une Ille Hollandoife, bien plus grande de /fie
go 8c de c o t o n , ils ne lâifi'ent pas d 'êt r e que Saba. Mais nous ne voulions nous y
riches, i lsontdesEfdaves, de l'argent, arrêter, quepourmet t r e aterre unHa-
- • • - • bi t ant de Saba, à qui nous avions donné
paifage,, 8c pour rendre des lettres
dont oh nous aVoit chargez à S. Thomas.
Nous vîmes en approchant de l'Ifle un
VaiiTeau, qui étoi t mouillé à une demie
l i e i i e , fous le vent du For t , en un en-
- . . — . . , —.
8c de bons meubles.
Entre- M. Pinel un de nos Capitaines, Fli-.
frijifur buftiers penia les furpreridre pendant la
Guerre de 168 8. ' Il avoit pris-une Barque
î«ti. qui étoit chargée pour leur compte. Il
vint à l'embarcadere dans cette Barque
ratuu ct-vo^miiimuive.n licUeUmii'Ve.n ttit - de lma n1IWu IiAtW, 5 a"v ec la —- - 7 "
plus grande partie dq fes g ens ; com- droit qu'on appelle l'Interloppe , parce
me les Habitans l'attehdoient , 8c la que c'eft o rdinai rement en ce lie-u-là que
connoiifoient,. ils. n'eritrerent point en mouillent ces fortes deBât imens, c'en
etoïc
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