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N O U V E A U X VOY AGE S AUX FSLES
Bauleur
du Tainc.
Piurijuoi
on
L'empêche
de
troitn.
i68
1700. ge, & de couleur de chair qu'elle étoit
auparavant, elle devient feuille morte:
elle fe fanne enfin, fe feche ôc tombe,
quand la graine cft arrivée à une parfaite
maturité.
Si on n'avoit pas foin d'arrêter la
plante, elle croîtroittoûjours,6c dureroit
plufîeurs années. On en a vû de cinq
à fix pieds de haut, Se même davantage,
dans nos Iflçs. Mais on l'arrête en courant
la tige, lorfqu'elle eit arrivée à la
lauteur de deux pieds ou environ, 6c
cela pour trois raifons.
La premiere, parce que iî on la laiffoit
croître, elle feroit à la fin trop expoféeau
vent, qui pourroit larompre.
Se même l'arracher.
La fécondé, parce que le fuc ou la fève
fe portant naturellement à augmenter
la tige, les feiiilJes manqueroient à la
fin de nourriture, elles feroientplus minces,
plus petites, moins charnues.
La troilîéme, pour l'empêcher de
grailler, parce que le fuc & la force de
la plante concourant à la confcrvation de
l'efpece, plûtôt qu'à la nourriture des
ftuilles, qui ne lui font d'aucune utilité
pour cela , ce feroit autant de diminué
fur la nourriture dont les feuilles ont
bcfoin pourarriverau point de perfeélion
où elles doivent êtrepourfairedebonnç
marchandife.
On ne lailTe croître que les plantes
qu'on deitine à fournir k graine pour
l'annéefuivante. D'ailleurs quelle necefÎîté
de laiiTer croître de ces plantes qui
doivent être arrachées & replantées chaque
année. JI cft vrai qu'ellespourroient
durer long-tempsj mais leurs feuilles diminuëroknt
chaque-jour, & deviendroient
'à la fin tout-à-fait inutiles, &
occupcroient le terrainiàns rapporter de
profit.
Terrain Lc Tàbac demande une terregnilTe,
mediocremcnr forte, profonde, unie,
qui ne foit ni trop humide, ni trop ,,,
feche, le moins expofée qu'il eil poflible
aux grands vents,& au trop grand Soleil.
Je ne parle point du froid qui lui feroic
encore plus nuifible. On ne le connoîc
point dans nos Ifles, fi ce n'eft fur le fommet
de quelques hautes montagne, oîi il
n'y a pas apparence que perfonne aille
planter du Tabac,
Cette plante mange furieufement la
terre oil elle croît} & comme elle ne porte
rien avec elle quilapuiiTe améliorer, i'«
il eft rare que la même terre puiflêfervir
long-temps à la produire de la qualité
qu'elle doitavoir, à moins que ce ne foit
une terre très-graiTe & unie, dont la
pluye ne puiiTe pas entraîner la graiiTe,
& bien profonde, afin qu'elle puiflè fournir
la lubftance neceiTaire à entretenir
une plante auffi dévorante. C'eft par cette
raifon que les terres neuves lui font
infiniment plus propres que celles qui
ont déjà fervi, & que les terrains qui
font en côtieres font bien-tôt épuifez, Se
ne peuvent fournir que trois ou quatre
levées ou récoltés de bon Tab.ac, après
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQUE. i6g
ijoo. quefionlafemoitfeule,fapetitcffelafe- herbes ont crû&grainéi car elles font 1700.
roitlevertellementépaiiTe, qu'elle s'é- desfourcesprefqueinepuifables de toutouiFeroit,
& qu'ilferoit impoffible de tes fortes d'herbes qu ilfaut fans celle aria
lever de terre pour la tranfpla'nter, fans
esqi
racher 6c farder, fi on veut que la plante
'expofer à rompre les plantes,ou endom- du Tabac profite comme il faut,
mager tellement les racines, qu'elles ne Le terrain étant nettoyé, il fkut le
pourroient pas reprendre. partager en allées diftantes de trois pieds %
V de
La graine leve ordinairement en qua- es unes des autres, 6c paralelles, fur
partager
quoiilsneproduifent plus que des p
aniâns
tes 6c des feiiilles avortées fans fuc,
fubftance, fans odeur, fans force'; ce
qui décrie les Païs d'où elles viennent,
à caufede la mauvaifequahtédu Tabac
qu'ils produifent.
Suppofé donc qu'on ait un terrain tel
queje viens de ledemander, on peut rai- W"
fonnablement efperer du Tabac d'une
très-bonne quahté, ôcenquantitéfuffi-/«
fame pour faire un profit confiderable,
C'eft ordinairement dans le mois de ^^
Novembre,c'eft-à-dire,environ un mois
avant la fin des pluyes,qu'on feme le Tabac.
Onchoifit autantqu'il eftpoiîible,
un terrain neuf 6c frais. On le trouve tel à
la liziered'un bois plus facilementqu'en
aucun autre lieu. On mêle la graine avec
fixfois autant de cendre ou de fable,parce
quft
tre ou cinq jours. Dès qu'on s'apperçoit efquelles on plante en qumconce des pi-le terrai»
qu'elle fort de terre, on a foin de la cou- quets éloignez les uns des autres de trois
vrir de branchages pour la garantir des pieds. Pour cet eftet on étend une ligne
ardeurs du Sole;ii l, a moins qu'elle n'ait
été femée dans un lieu aiTez couvert pour
ne rien craindre de ce côté-là.
Prépara- Pendant qu'elle croît, on préparé le
terrain ou e le doit être tranfplantée. Si
c'eft une terre neuve, on brûle 8c on arou
cordeau divifé de trois en trois pieds
par des noeud , ou quelques marques
apparentes, comme feroient de petits
morceaux d'étoffe de couleur, 6c l'on
plante un piquet en terre à chaque noeud
ou marque. A près qu'on a achevé de mart'm
in
terrain
^trlnf- rache foigneufement les fouches 6c les qucr les noeuds du cordeau, onleleve,
flamerle j-acines des arbres qu'ona abattus, par- rérpnrl rrnis nied.s nlus loin . ohfer-
Ta ac. c_e q_u_e_ c_e__s fQjj^j^gj ^ racines qui
rempcnt ordinairement fur la terre, rempliroient
un efpace qui doit être occupé
plus utilement par lespl.intes, 6c parce
qu'elle ferviroit de retraite aux rats 6cà
une infinité d'infeétes qui broutent 6c
gâtent le Tabac. On a encore unfoin
tout particulier d'arracher toutes les
herbes qui ne manquent jamais de croître
en abondance dans les terres neuves, fur
tout le pourpier, la mal-nommée, 6c
les balifiers; & pour les empêcher de reprendre
après qu'on les a arrachez, on les
tranfporte dans un endroit éloigné du
champ deftiné au Tabac fous le vent autant
qu'il eftpoffible, 6c peu frequenté,
de crainte que le vent ou les palTans ne
rapportent dans le champ, ou, commeon
dit au^ Illes, dans le jardin, les graines
ou quelques brins de ces mauvaifes herbes,
qui fuffiioient pour en répandre
bien-tôt l'efpece par tout.
On peut juger que fi on prend tant de
précautions pour les terres neuves, il
en faut prendre bien davantage pour celon
l'étend trois pieds plus ,obfervant
quele premier noeud ou marque ne
correfponde pas vis-à-vis d'un des piquets
plantez, mais au milieu de l'efpace qui fe
trouve entre deux piquets, 6c on continue
ainfi de marquer tout le terrain
avec des piquets, afin de mettreles plan- "
tes au lieu des piquets, quide cette maniéré
fe trouveront plus en ordre,plus aifé
a farder, 6c éloignées les unes des autres
fuffifamment pour trouver la nourriture
qui leur eft neceiTaire. L'experience fait
connoître qu'il eft plus à propos de planter
en quinconce qu'en quarré, 6c que
les plantes ont plus d'efpace pour étendre
leurs racines , 6c pouiTer leurs tiges 6c
leurs feiiilles, que fi elles faifoient des
qua'rrez parfaits. Ceux qui en voudront
fçavoir la raifon, pourront confulter M.
de la Quintinie dans fon Traité du Jardinage.
Il faut que la plante ait au moins fix
feiiilles pour pouvoir être tranfplantée. du temps
Ufautencore quele temps foitpluvieux
ou tellement cou vert, quel'on ne doute
point que la pluye ne foit prochaine ; car four élre
les qui ont déjà fervi, où les mauvaifes de tranfplanter en temps fee, c'eft rif- trauf-
Tom. I L quer plantée.
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