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«40 NOUVEAUX VOY
iror. ou qui la contrefaifoit: voilà Madame,
un échantillon de ce que je ferai pour
vous, 6c comme je traiterai ceux qui
vous perdront le refpeft. Je n'ai pas
voulu pouffer les chofes à bout, afin
que ce malheureux fût témoin de ma
moderation, 8c en même terns un exemp
l e , pour retenir dans le devoir d'autres
temeraires comme lui.
N ô t r e Gafcon eut foin de donner avis
à M . du Gaffe de ce qui fe pafloit, & il
tourna fi bien le coeur de la viei l le, que
leDimanehefuivanton publia un Ban,
& ils fe marierent le L u n d y , s'étant fait
l'un à l'autre une donation entre-vifs,
de tous leurs biens prefens 6c avenir. Ce
AGES AUX ISLES
qu'il y eut de fâcheux dans toute cette
avanture, fut que M . Gourdin ne put
furvivre à la perce qu'il avoit faite de fa
maîtreffe. Il s'alitta dès le lendemain du
mariage, 8c mourut en moins de cinq
ou fix jours.
Cemariagcfitgrandebruit dans l'Iile,
& la diligence avec laquelle il avoit été
conclu furprit tout le monde. Les voifinesde
la vieille lui en ayant témoigné
leur étonnement, elle leur d i t , avec la
naïveté naturelle des Diepoifes: H é que
diable voulez vous,ilfalloit bien fe marier,
pour obliger ce Gafcon à fortir de
la cafe : car il avoit juré de n'en pas fortir
fans cela.
170!.
C H A P I T R E VIIL
De la Plaine de Leogane. Des fruits y & des arbres qui y viennent. Des
Chevaux, ¿^ des Chiensfauvages. Des Cajmans ou Crocodiles. Hijioire
d'nn Chirurgien.
j N prétend que tout le païs,
qui eft depuis la Riviere de
l'Artibonite, jufqu'à la plaine
de J aquin, quieit du côté
du Sud, a été érigé en Principauté
fous le nom de L eogane , en faveur
d'une fille naturelle de Philippe
I I I . Roi d'Efpagne: on dit même que
cette Princeffe y a fini fcs jour s , 8c on
^umes voit encore les reftes d'unChâteau,qu'on
duchâ- fuppofe lui avoir fervi de demeure, qui
tem de Jq^j. ayojj. ¿té confiderable, fi on en juge
Leogane. ^^^ ruinés qui en reftent. Il étoic
fitué dans un lieu qu'on appelle à prefent
le grand Boucan, à deux lieijes ou environ
de l'Efterre. J'ai été voir ce qui en
reile. J'y ay trouvé encore quelques voûtes
affez ent ieres toutes de briques, grandes,
& bien travaillées. Il y en auroit
bien davantage , fi les Habitans n'avpienc
démoli ces bâtimens pour avoir
les briques, 8c s'en fervir à faire les Cuves
de leurs Indigoteries. Ce qu'il y a
de plus entier ; eft un Aqueduc qui conduifoit
l'eau de la Riviere au Château, ¿uib
Il a plus de cinq cent pas de long, du
moins autantquej'enpusjugeràla vûë.
Sa largeur par le bas eft d'un peu plus
de huit pieds, venant à quatre pieds 8c
demi par le haut. La rigole à deux pieds
8c demi de large, fur dix-huit à vingt
pouces de profondeur: il y a apparence
que l'extrémité qui le joint à la Riviere,
ou la Chauf fée, ontreçû quelque dommage,
puifque l'eau n'y vient plus. Ce
Château étoitbâti fur un terrain un peu
élevé au milieu d'une vafte favanne.L'air
y eft très-pur, la Riviere qu'on peut
détourner aifément, 8c faire paffer par
cet endroit apporteroit mille commoditez
à une Vi l l e qui y feroitbâtie. On
nous ditaulfi, quec'étoit ce lieu-là qui
avoit été choifi l'année precedente par
M . R e y n a u , pour placer la Vi l l e qu'on
projettoit de àire. On l'auroit pû fortifier
à plaifir, 8c elle feroit devenue
très-
(1701
F R A N C O I S E S DE L ' AME R I dUE . 241
très-confiderable. J'ai appris qu'on l'a fourniffoit aux Canne s , les rendoitgraffes,
8c difficiles a purger. Je vis ce défaut
dans les Cannes de nôtre Habitation
que nous avions affermée au fieur de
L a y e ,qui rendoientunjusgras,quine
placée dans un autre endroit, où il s'en
faut beaucoup qu'on ait trouvé les mêmes
commoditez qu'on auroit eues dans
celui-ci. ., . . ^ ^ . ,
L e Confeil Supérieur 8c la J u f t i ce or- • produifoit qu'un Sucre molaffe , & trèsdinaire
de Saint Domingue avoient eu difficile à blanchir. Cela ne m'empêcha
la generofité de gratifier le R o i du titre pas de les aflïïrer que ce défaut fe corriliR
« de Prince de Leogane, qu'ils ne man- geroit bien-tôt, 8c de lui même, 8c
quoient jamais de lui donner dans leurs qu'en une ou deux coupes, ils auroienc
Arrêts8c Sentencesaprèsles qualitez de
Roi de France 8c de Navar re , comme
on lui donne celui de Comt e de Proven-
1701.
ïrince
it Leo- les plus belles, 8c les meilleures Cannes
qu'on pût fouhaiter, parce qu'il nefaudroit
pas davantage de tems à leur terre
ce. La Cour les a remercié de leur pre- pour 'fe dégrai f fer, 8c fe purger de fon
f e n t , & leur a défendu d'ajoûter quoi- fel , 8c de fon nitre. Ce que j e prédis
que ce foit aux qualitez de nôtre Monarque
fans fes ordres exprès.
Time Le terrain qu'on appelle proprement
Jtus- la plaine de Leogane peut avoir douze
à treize lieiies de longueur de l 'Eft à
r O u e f t fur deux, trois 8c quatre lieiies
de large du Nord au Sud. Cette belle
plaine commence aux montagnes du
grand Goave, 8c finit à celles du Culde
Sae. C'eft un païs uni , arrofé deplufieurs
rivieres Scruiffeaux, d'une terre
profonde, 8c tellement bonne, qu'elle eft
également propre à tout ce qu'on lui
veut faire porter, foit Cannes , Cacao,
Indigo, Rocou,Tabac , 8c autres marchandifes,
foit pour le M ani o c , le Mil,
les Patates, les Ignames , 8c.toutes fortes
de fruits, de pois 8c d'herbes potagères.
s'eft véri f ié, 8c fe vérifie encore tous les J-fg^rH'
jours, 8c on voit fortir de la plaine de
Leogane des Sucres blancs 8c bruts d'une
beauté où il n'yarienà defirer. Les
Raffineurs de France prétendent trouver
plus de profit à travailler les Sucres
bruts de Saint Domingue que ceux des
Ifles, 8c les font valoir trois 8c quatre
livres par cent plus que les autres Sucres.
J e ne croi pas qu'en matiere de Ca- Cicfcoyers,
on en puiffevoir de plus beau, .
q u e c e q u e j ' a i v û à Leogane chez M , de
l a B r e t e f c h e , dont l'Habitation étoic
tout auprès de la Paroiffe de l'Efterre.
Je ne pouvois me lafîer de confiderer ces
arbres, qui parleur grof feur, leur haut
e u r , leur f raîcheur , 8c les beaux fruits
dont ils étoient chargez, furpaffoient infiniment
tous ceux que j 'avoi s vûs juf*
Le s Cannes y viennent en perfe£tion. qu''ar t l1o rs. fO^ n fait une quan«t.iî t« .é^ prod! i•
Leur douceur répond à leur groffeur, gieufe de Cacao au fond des Negres.
8c à leur hauteur ; 8c comme la terre eft C'eft un endroit à huit lieiies au Sud du
profonde, les rejettons que les fouches petit Goave, en allant à la plaine de
produiront au bout de trente ans, fe- Jaqinn. Tous les environs delà Riviere
ront auffi-bons que ceux de la premiere
coupe, 8c doonerontun Sucre auffibon,
8c auffi beau qu'on en fàffe aux Ifles du v uic ue jueogane, auiii- Dien que toutes
Vent. Il eft v r a i , qu'on a eu delà peine ksgorges des montagnes qui font de ce
a réiiffir dans les commencemens, 8c côté-la, font des forêts cultivées de Caque
le trop de nourriture que la terre coyers. On ne peut croire la quantité
H h 3 d'ai -
'l'-; : •
des Citronniers, 8c de ceille des Cormiers
à deux lieiies' ou envirôn au Sud de la
Ville deLéogahe, auffi-bien que toutes
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