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zSó NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES.
»701! de forte que fi je n'avoisété pillé, j'aurois
fait un profit honnête avec ces Meffieurs.
Vafes de On me fît encoreprefent de diverfes
terrij,. curiofitez, & entr'autrcs de pluficursvafes
de terre très-femblable à la terre Ggil-
Jée. Elle eft rouge , legere, &de bonne
odeur. Le deh ors de ces vafes étoit peint
de blanc & de noir, qui ne faifoit pas un
mauvais effet fur le fond rouge. Au commencement
qu'on s'en fert, ils collent
un peu la bouche, mais cela paife bientôt.
Du refte ils communiquent aux liqueurs
qu'on met dedans une odeur aromatique
très-agreable.
lesfem- Les femmes Efpagnoles de l'Ameriwej
Ef- que mangent de ces vafes, comme les
roir " Eipagno es d'Europe mangent de ceux
ientces qui font de veritable terre figillé du
•yafgs. Levant, qui eft peut-être la même chofe,
du moins autant qu'on en peut juger
àlavûë, car pourlegoût, jen'enpuis
rien dire. Les femmes prétendent que
cela les fait devenir blanches. Je croi
plûtât que cela les rend pâles, êc leur
caufe beaucoup d'obftruétions j mais
c'eft leur affaire.
Giuy- On me donna auffi des gourgoulet-
^dtMext de Mexique. Ce font des vafes de terl'^
ê^iie» extrêmement legere, & tranfparante,
qui font doubles , c'eft-à-dire,
qu'ils font en partie l'un dans l'autre. Le
premier ou Supérieur a la forme d'un
entonnoir, qui n'eft pas percé, dont lé
bout eft enchaflc dans le fécond, ou inférieur
, qui a un petit goulot, comme
une thetiere, pour rendre la liqueur
qu'il a reçûë. C'cft dans le fuperieur
qu'on met la liqueur, d'où elle pa'ffeen
filtrant dans celui de defibus. On attache
une corne aux anees delà gourgoulette,
pour la fufpendreen l'air, ficen
quelque país que cefoit, pourvû qu'on
l'expofe à l'air, & à l'ombre, l'eau y
devieiit d'une fraîcheur admirable. On
a voulu imiter ces vafes en Europe, j'en ijoi
ay yû en quelques endroits de l'Italie,
maison n'a paspû y réiiflir jufqu'à prefent.
C'eft la terre qui en fait toute la boni
é , 6c ilsfont d'une commodité merveilleufe.
Onn'y met pour l'ordinaire que de
l'eau, parce que levin eft trop chargé
de corpufculesheterogenes, quinepafferoient
pas au travers des pores, ou qui
les remp iroient bien-tôt} au lieu que
l'eau étant plus homogene pafle plus facilement
fans gâter, ni remplir les conduits
, & fe rafraîchit tellement par le
moyen de l'air qui pénétre ces vaifleaux,
qu'il femble qu'elle foit à demi à la glace.
Je priai le Gouverneur d'envoyer avec
nous un de fes Officiers à nôtre Barque,
où fa Chaloupe devoit nous conduire,
pour commander de fa part à nos gens
de mettre fur le champ à la voile. Je lui
dis pour raifon, que nôtre Equipage
étoit compofé de Flibuftiers, gens peu
fournis, & peu accoutumez à obéïr,.
qui ne voudroient peut-être partir que
la nuit, & que cela nous pourroit expofer
à trouver le Navire de Regiftre,
& à quelques nouvelles difficultez. Il fc
contenta de ces raifons, & ordonna à un
de fcs Officiers de nous conduire à bord,
& de dire de fa part au Maître de la
Barque de mettre fur le champ à la voile.
Le Gouverneur nous conduifitavec
beaucoup de civilité jufqu'à l'échelle, &
juis il s'alla mettre à fa galerie de pou-
3e, d'où il cria à nos gens , de mettre à
a voile, & fur le champ il fit larguer
les deux manoeuvres, qui nous amarroient
à fon arcaiTe. Il fallut obéir, nous
mîmes à la voile. Nous fîmes femblant
M. des Portes & moi, d'être fâchez de
ce qu'on nous obligeoit de partir fi vîte,
& nous dîmes à l'Equipage, que le
étant fans remede, il fe prefenteroit peut- j/^kî
être l'occafion de fe vanger avant la fin
du voïage. Nous faluâmes le Vaiffeau
Ef:
.Ï70I.-
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. iSi
Efpagnol de trois coups -, fçavoir, d'une forte qu'il ne nous refta que trois fufils, 1701^
Boëtte de Pierrier, ÔC de nos deux Ca- & une paire de piftolets. Nous nous fenons.
Il nous repondit d'vncoupdeCa- parâmes boraamis, euxemportant bien
non, que nous payâmes de cinq vive le de vieilles chemifes, du fil a coudre dedes
m Roi. erceries, & des cliiv-
Nous trouvâmes la Chaloupe de l'autre
Vaiffeau un peu au delà de la pointe
de l'Éft delà Baye d'Ocoa, qu'on nomme
le Cap Nizoa. Ellenous y attendoit
comme nous en étions convenus avec un
Officier de ce Navire, qui devoit prendre
le refte de nos marchandifes. Nous
mîmes en panne, quand nous eûmes
doublé la pointe, Se nous fîmes nôtre
negoce.
Nos gens acheverent de fe dépoiiiller,
& vendirent tout le refte de leur linge à
ceux de cette Chaloupe j & affûrement
ilsnedevoient pas y avoir regret. On
leur vendit encore quelques armes > de
mi pourri,
quailleries, & ce qui étoit de meillew
des platilles, & nous leurs piaftres. II
n'y eût pas jufqu'à mon Negre qui ne
voulût commercer. Je lui avois acheté
un bonnet de velours bleu, avec un petit
galon d'argent, à l'Inventaire de ce
Controlleur Ambulant de l'Ifle àVàehe.
Il prit la liberté de le vendre avec fes
deux calçons, trois des miens, & autant
de mes mouchoirs. Je croi qu'ileut dix
ou douze piaftres de ce commerce. Il me
les apporta, en me difant pour excufe,
qu'il n'avoit pû voir les autres gagner
l'argent des Espagnols fans prendre part
au gain.
C H A P I T R E XI I L
Tempête. Vàë de laCateïme. DePort-Ric. Defcente auCoffire à mort^é-à
î l f k à Crabes. Pommes de Raquettes ^ ¿r leur effet.
eOus quittâmes ces Meflîeurs
fur ies fept heures du foir,
le Samedy z Avril. Nous
portâmes au large pour nous
éloigner de la route du Navire de Regiftre.
Cette malheureufe avanture
m'empêcha de voir la Ville de S. Domingue,
où je me ferois peut-être arrêté.
Car je fçûs quelque tems après,
que le Prefident avoit envoyé à la Caye
S. Loiiis, pour demander un Ingénieur
, afin de conduire les travaux qu'il
vouloit faire faire. Il eft certain,que ii on
m'eneût fait la propofition, je ne me ferois
pas fait tenir à quatre pour demeurer
avec eux, afin d'avoir enfuite l'occafion
de voir la Nouvelle Efpagne. '
îtinfitt] ^^ Dimanche 3 Avril un peu avant
' lejour,nous fûmes pris d^un coup de vent
deNord-Eft, le plus rude que j'aye ja-.
mais effuïéi nous fûmes contraints d'amener
tout plat, &de pouger àmâtsSc
à cordes, & cependant nous nelaiffions
pas de faire un très-grand chemin. Nous
vîtnes les montagnes de S^e. Marthe, fur
les trois heures après midi. Le vent fe
mit àl'Eft fur les neuf heures du foir,
qui nous fit porter au N o rd, il changea
fur le matin, & vint à l'Oûeft avec une
extrême violence. Nous portâmes alors
au Nord-Eft, il continua ainfî tout le
Mardy jufqu'au foir, qu'il tomba tout
d'un coup, laiffant lamer fi agitée, avec
des lames ii épouvantables,, que pas uit
denos gens ne pouvoir fe tenir de bout
für le Pont. La pluïe vint fur le minuit, vâè^
qui appaifala mer, & le jour nous fit (^"p
découvrir le Cap Mongon. Nous en
étions par le travers environ fix lieües au
large. Il ne fallut pas nous prier pour
N n 3 nous