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4ro NOUVEAUX VOY
1703. fait abbatre il y avoit 14. ans avec la permiiTion
de M. Hoiiel, à qui ce terrain
appartenoit : c'écoit un Acajou d'une
jicajou
groiTeur très-confiderable par le pied}
eu Cedre on cH avoit déjà mis en oeuvre les groiles
Î7eur ' qui a voient porté près de quaeJiaor
F^dsd'equariiTagejiIn'étoitreilé que
dmére. ^^ t^onc de vjngt-quatre à vingt-cinq
pieds de longueur, & prefque quarré,
puifqu'aiant été équari felon tout ce qu'il
pouvoit porter, il fe trouva de huit pieds
quatre pouces d'un fens, furneufpieds
dix pouces de l'autre.
L'arbre que nous appelions Acajou
aux Jfles du Vent, eft e même que celui
que les Efpagnols appellent Cedre
drdieaiosnc «sM lÎ/eaî s^T«. eJreTr ^en -ef ef rçrma ieq•, u i&a• pdlaun«s s dlee»sr ^gi0rf ao_nn ,
car j e n'ai jamais vû les Cedres du Liban,
qui felon les relations que j'en ai m
ne reiTemblent point du tout au Cedre
Efpagnol. Le mot Acajou eft Caraïbe;
les feuilles de cet arbre font petites, longues
& étroites, à peu près comme celles
du Pefcherd'Europejl'arbreeneft beaucoup
chargé, ellesy viennent par bouquets;
elles font d'un verd pâle, minces,
fo3j)les, frifées vers la pointe, &
quand elle^ibnt froiflees dans la main,
elles rendentlme liqueur onftueufe d'une
odeur de verd aromatique; l'écorce de
cet arbre eft épaiiTe, rude, tailladée
g r i f e , & a i r e z adhérente. L'aubier ne fè
diftingue prefque pas du coeur , il eft feulement
un peu moins coloré. On veut
que cette arbre foit mâle ôcfemelle, &
que le mâle foit le plus rouge. Pour la
bonté j e croi que cela eft aiTez égal , quoiqu'on
prétende que le mâle eft un peu
pluscompacTre, & que par confequent
il fe travaille plus uniment, & plus
facilement que la femelle, quieftquelquefois
un peu cotoneufe.
Cet arbre devient très-grand, Se ce
que je viens d'en dire en cil une preu-
A G E S AUX ISLES
ve; je dois ajouter qu'il croît fort vîtc, 1703)
quoiqu'il femble rechercher les terres
ponceufes & arides plutôt que lesbonnes
II eft vrai que comme il étend fes
cuiiTes, & fes racines fort loin de fou
tronc, on peut dire qu'il attire toutela
fuMance de la terre où il les répand.
On emploie cet arbre à toutes fortes , , , ,
dufages, il réuffit également bien e n Z t â
t o u t ; on en fait des poutres, des che" '
vrons, des planches, des cloifons, des
meubles, rien n'eft plus beau & ¿eil-
Jeur; il eft le meilleur de tous lesarbres
pour faire des canots & des pirogues de
tellegrandeurque l'on veut , capables de
porter biendu monde, & de faire de très-
Jongs trajets; outre qu'étant léger &
flottant fur l'eau, il met par làhorsde
danger de naufrage ceux qui l'emploient
a cet ufage. Il eft vrai qu'il fefendailement;
mais on remedieà cet inconvenient,
en garniflant le dedans des canots
avec des courbes, & ferrant fes deux ex-
^emitez avec quelques bandes de fer.
On y remarque encore deux qualitez
tres-eftimables: il a une odeur des plus
agréables, & on prétend qu'il eft incorrupnble.
Je ne voudroispasaiTurer tout
a fait qu'il acettederniere qualité,bien
quej'aides raifons convainquantes de fa
tres-longue durée. (Quoiqu'il en foi t , ce
qui lui peut procurer cette efpeced'incorruptibihté,
eft qu'il eft rempli d'une
humeurgomeufe, très-acre,& trés-amere,
qui empêche les vers & les poux de
bois de l'attaquer, &qui produitle même
eftet fur les viandes qu'on faitcuirc
au feu, compoféde ce bois, que le bois
amer, dont j'ai parlé au commencement
de ces mémoires.
A l'égard de fa bonne odeur, il faut
attendre qu'il foit bien fee, pour en
j o u i r ; car quand on le coupe , & jufqu'à
ce que toute fon humidité foit diiîipée
il a la plus mauvaife, 8c laplusdégoûl
tante
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 4FS
1703. tante odcur|qui foit au monde. On dit dont j'ai parlé dans un autre endroit i 170S
que le bois de Sainte L u c i e , dont on fait quoiqu'ilyeut quatorze ansqu'ilfut abdes
ouvrages il eftimez, à caufe de leur batu , il étoit dans un lieu iî frais
bonne odeur, fent extrêmement mau- & fi humide, que je le trouvai encore
vais quand on le coupe, & jufqu'à ce tout verd, & d'aufli mauvaife odeur que
qu'il foit entièrement fec. Je n'ai jamais s'il n'avoit été abbatu que depuis Z4.heuv
û cet arbre furpied , mais j'en ai trou- res. Je fus obligé de faire fouderdeux
v é à la Martinique, qui pour le grain harpons l'un au bout de l'autre, & après
& la couleur étoienttout-à-fait fembla- avoir fait une entaille de chaque côté avec
bles au bois de Sainte Luc i e : on les ap- la hache, pour foulager le harpon, je
Bw de pclloit Bois de Merde ; ils viennent pour le fis couper de la longueur qui m'étoit
Mirdt. l'ordinaire dans des lieux pierreux 6c necelîaire; je iïs gliiTer les billes pour
fteriles, comme font les Ifles & les Fa- les refendre fiir des queiies proportionlaifes
fur les bords de la mer. Quandon nées au poids qu'elles devoientfoûtenir
coupe cet arbre, ou qu'on le travaille & je fis creuièr une foiTe par defTous'
étant frais coupé, il rend une odeur de pour placer les Scieurs, après avoir fait
matiere fecale infupportabJe ; niais à foudcrdeuxfciesbout àbout. Jefusauiïï
rnefure qu'il féche ou de lui même, obligé d'y emploier quatre hommes
étant coupé Semis à couvert, ouparar- deuxdelTus&deux delTousi&afinde hâ-
-tifice, étant mis dans une étuve, i lperd ter l'ouvrage, je les faifoisrelaïer d'heure
cette mawaife odeur, & en prend une en heure. Cefutainfi que je vins à bouc
qui ne différé point de celle du bois de
Sainte Lucie. Cet arbre ne devient jamais
bien gros, je n'en ai point vûqui
arrivât à un pied de diametre ; fon écorce
cft noirâtre & rude, parce qu'elle eft
de ce beau morceau de bois, duquel j e
tirai des ceintres, pour faire plufieurs
roues, & plufieurs autre chofes, dont
nous avions alors befoin.
Mais quoique cet arbre fut très-beau,
, i .7 - n — l U L i r c s - D c a u ,
n'érnir fnmrf „„ -r
remplie d'une infinite de petites hachu- ce n'etoit encore rien en comparaifon
res ; q uoiqu'elle paroiiTe ail'ez féche, elle d'un autre de la même efpece qui etoit fur
ne laiiTe pas de rendre une liqueur olea- nôtre Habitation du Marigot dans les
gineufe quand on la coupe, qui eft amere commencemens que nos Per-s s'y établi
& de fort mauvaife odeur. Lafeiiillede rent; j'en ai vû les racines, & quelques
cet arbreeft ronde, puépaiiTe, ferme, veftiges du tronc qui m'ont fait juger de
ieche&caiîante; 1 arbre en eft beaucoup fa prodigieufe groiTeur; cette arbre fut
couvert, elle eft d'un verd brun, tache- caufe d'un procès qui a eu de grandes fuitee
de petits points rouges & blancs; tes,entreM.Hoüel&nosP?res Te croi
ce bois étant mis au feu quand il eft verd, en avoir parlé dans un autre endroit
exhale unegrande puanteur, Se la com- Le tronc & les groiTes branches de
mumque aux viandes que l'on fait cuire l'Acajoujettentdetemsentemsdesjîrua
fa chaleur, ^uand on en peut gliiler meaux d'une gomme claire, nette &
quelque éclat dans la poche de quelque tranfparente, qui durciiTent à l'air- on
nouveau venu , on eft für de fe bien di- l'emploie aux mêmes ufages que lagomvertir
à fes dépens.
Pour revenir au bois d^Acajou ou
Cedre que je fis travailler, ce qu'il ne
iaut pas confondre avec l'Acajou à fruit
me Arabique, & fi on vouloit fë donner
la peine d'incifer ces aibres, on en
tireroit une quantité coniîderable.
L a gomme d'Acajou me fait fouvenir
d'une
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