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(•i 518 NOUVEAUX V O Y A G E S AUX ISLES
170;. bien-tôt ralenti leur fureur , quand en
les approchant on fait jouer le canon à
cartouche, foutenu par une bonne moufqueterie,
6c accompagné de grenades ,
8c de quelques pots à feu. C'eft alors
qu'on voit la Mauraille fe précipiter dans
leurs écoutilles , Sc s'abandonner à la
difcretionde ceux qui les chauffent fi rudement.
Il faut pourtant en agir prudemment
avec eux , 6c ne pas s'en approcher
aflez prés , pour s'expofer à être
b r û l é , s'il eur prenoit fantaifie de mettre
le feu à leurs poudres , comme les
Renegats font accoutumez de faire. 11
vaut mieux les defemparer à coups de
canon , & rifquer plutôt de les couler
bas ; car quand ils fentent que l'eau les
g a g n e , ils fe rendent, & on les fait venir
à bord. Nous perdîmes pendant la
nuit nôtre prétendu Saltin.
L e 8. nous nous trouvâmes devant le
détroit; mais le vent étoit fi fort , & fi
contraire, 6c la Me r fi grof ie, qu'ilnous
fut impoifible d'y entrer. Tout le monde
fçait ou doit fçavoir que le détroit de
Gibraltar eft fitué entre l 'Europe & l'Afrique
Eft & Oueft, & qu'il n'y a que
ces deux vents-là qui y regnent. Quand
ils font foibles Sc aflurez, on y peut entrer
à bordées, dans toute autre difpofi-
Ví^eílu ^^ P^® fonger. Tanger eft
Dé/mí. ruiné , & entre les mains des Maures,
& Gibraltar étoit aux Angloisj de forte
qu'après avoir foutenu toute la journée,
& une partie de la nuit, pour attendre
quelque changement de vent, nous réfolûmes
d'entrer à Cadix. Nous perdîmes
pendant la nuit du 8. au p. nos deux
conlerves. La brune épaiiîe qu'il faifoit
nous empêcha de voir leurs feux.
L e y. furie foirnous moiiillâmes devant
Rota, c'eft un Bourg ou petite
V i l l e , avecquelques batteries fermées,
à l'entrée de la baye de Cadix.
Nous levâmes l'ancre le 10. au point
du jour , nous entrâmes dans la Baye de "1705,
C a d i x , & mouillâmes devant la Ville'
environ à trois cent pas de terre fur les
neuf heures du matin le (54. jour depuis
<jue j ' é t o i s emba rqué .Le Comte deTouloufe,
8c la Paixavoient été plus hardis
que nous, & étoient entrez pendant la
nuit. Nous nous trouvâmes mouillez à
côté d'eux, 6c du bâtiment que nous
avions chafle, le prenant pour un Saltin. R^Kcen^
Il étoit commandé par le fieur de l 'Ai- (re du
gle qui s'eft rendu depuis ce tems-là fi f'f"'',
fameux par fes prifes, 6c par les belles
aftions qu'il a fait dans la Mediterannée
pendant a derniere guerre. Son vaifleau
étoit très-fin de voiles, mais il n'avoic
que 14. canons, 8c environ foixante
hommes d'équipage. Il trafiquoit aux
Canaries, 8c faifoit la courfe en même
tems quand il t rouvoi t l 'occaf ion favorable.
Il vint à nôtre bord, 6c nous dit
qu'il nous avoit pris pour des Anglois,
6c que fon deflein étoit d'aborder celui
de nous trois qui fe feroit feparé des
deux autres en lui donnant la chafle. Je
croi cependant qu'il y auroit penféplus
d'une fois, à moins qu'il n'eût trouvé le
vaifleau de Cafineri fort éloigné de nous.
Car pour le Comt e de Touloufe 6c le
S . Paul , ce n'étoit pas du gibier pour lui.
Il y avoit encore aflez près de nous un
gros vaifleau de Marfeille de f o . canons
qui appartenoit en partie à Monf ieur de
la Touchede la Martinique. L e fieur de
la Magdelaine, Lieutenant de vaifleau
du Roi l'avoit commandé, 6c étoit mort
en Amérique. Ce vaifleau venoit de
Cartagene des Indes, & étoit chargé de
quantité de Cacao de Caraque, de Cochenille,
de Vanille, 6c autres marchandifcs
du païs, fans compter beaucoup
d'or 6c d'argent en faumons, 6c en
efpeces. On ne peut croire jufqu'oii alloient
les plaintes 6c les murmures des
Elpagnols à caufe de ce commerce. Dés
qu'ils
T ÎjMifjifiJ. I
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE.
170Î. quils fçurent que nos trois vaiiTeaux mens qui arrivent, ne manquèrent dps TIC.
avoient du C a p o , ils conclurent qu'ils de m Î s apporter de leurdenr lcT. Sr
venoient de« côtes de la nouvelle Efp. - les E fpa g i o l s fuppofent que ^ ^
g n e , 8c les plus moderez difoient qu'il qui viennent d'yî^voyage de
Moitnousconfifquer,parcequenousles ?onc dépourvûs de toutes chef« ^
rumions par le trafic que nous faifions étoient dans la derniere furprife ^
furleurscotes, 8c nous chafler une bonne voyoient noscages pleinïï de L u SforÎ
Z ï^f S^enousoccupions.Quoi- tes'de volailles avec des rnoutons d"
?inn dans une fitua, cochons 8c des cabrittes S i ïe Sont en
t on fort delicate, parce que les Alliez aflez grand nombre pour fai reencor fuS
«oient presde s'emparer de Barcelonne, fois l?voyage de l 'AmeriquI Îl eft Î^rai
& du refte de la Catalogne, 6c de poufler que tous les^aifl-eaux ne f Z ms fi bi.n
leurs conquêtes bien loin, nous ï e laif- pourvûs que le ône l'é o t-^car^^^^^^^^
fions pas de nous mocquer de leurs mena, fieur Maurellet fa niére i
ce^fçachantbienque\outeslesforce.de emLrqSant de ^rovTloS ^^^^
laMonarchieEfpagnolen'étoientpasca- contraint de renvoyer des voTaiHes à
pables de nous chaffer de la Martinique. , terre, parce qu'on nVvoit plus de ni ce
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hommes dans de petits bateaux oour oup fnn 1 i ^^ tout ce
ger; lis murmurèrent de nôtre oend'hon nn ru 0 nombiede deux avec
Sêteté, 6cnousmenaceren T a t n ui V i l l ^ r S f e n r ^ d " ^^
bientôt trouvé moyen de les rendre trai- tre ^ tn , ^ "' è "
table, chacun y Îrouva fon con me ée^ 1 ' ^é-zsàk BSïteS . V V Z
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