i-íi/; • •
; ;
Iinv-ri, î î i-iré ifi ^
I
l'M i
"m
' il
il 'Si. di
plí'f
86 NOUVEAUX VOY
1699. Ancc, en attendant que le Religieux
qui en étoit nommé Curé fut arrivé de
la Guadeloupe, où je déçois aller prendre
le foin 8c l'adminiilrarionde nôtre
temporel. Le Pere Eftret étoit venu
chez moi chercher trois cent écus que
j'avois reçû pour le compte de nôtre
Maifon d'un Marchand de la BaiTeterre.
- Pendant que nous dînions le tems fe
mit à la pluye, qui augmenta de telle
f o r t e , qu'il n'yavoitaucune apparence
qu'il piit s'en retourner au Fonds Saint
Jacques. Je fistout cequeje pus, pour
le retenir à coucher, & n'en pouvant
venir à bout , je le fis accompagner par
u n grand Negre, pour l'aider à paiFer
les rivieres. Il s'en fervit feulement pour
, les deux premieres, c'eft-à-dire, a riviere
du Lorrain & la rivière Macé,
après quoi il me le renvoya. Il trouva
au Bourg du Marigot quelquesHabitans
de Sainte-Marie, que le mauvais tems
empêchoit d'aller plus l o i n , qui le prefferent
très-fort de s'arrêter avec eux,
mais il n'y eut pas moyen; il voulut
continuer fon voyage, & contre fon
ordinaire, il faifoit marcher fon cheval
fi doucement, malgré la groile pluye
qui tomboit, qu'un de ces Habitansdii,
qu'il fembloit qu'il alloit à la m o r t j à
quoi un Officier répondit vousavezraif
o n , alTûrément il fe noyera en palTant
quelque riviere, & fi nous partons demain
de bonne heure, nous trouverons
fon corps au bord de la mer. Ce fut une
veritable prophetic : car cet Officier
nommé Monfieur de Survilliée alors Capitaine
d'une Compagni e de la Mar ine,
qui étoit fon ami particulier, Sc qui
avoit fait tous fes éforts pour l'empêcher
de continuer fon malheureux voyage,
étant parti le lendemain matin du Ma-
A G E S AUX ISLES
rigot pour s'en retourner chez lui à Sainte
Marie, trouva les Nègres de Nôt r e
Habitation, qui enlevoient le corps que
la mer avoit rejetté fur le bord del'Ance,
& il eut la bonté de m'en donner
avis.
Comme le Pere Ef l ret n'avoit perfonne
avec lui , on n'a pû fçavoir au vrai
comment la chofe s'étoit paflee. Son
cheval qu'on trouva tout fellé dans la
favanne tait croire que le Pere en étoit
tombé, en defcendant leMorneparun
endroit fort rapide, où il avoit coûtume
de palîèr pour abreger un peu fon chemin,
& que le coup qu'il avoit à la tête,
l'ayant étourdi , il étoit demeuré dans le
ruiiTeau, duquel on remarqua la gliiFade
du cheval, & qu'il y avoit été fufFoqué,
ce ruiiTeau s'étantdébordé l'avoit
entraîné dans la riviere, qui n'en étoit
qu'à huit ou dix pas, éclariviere dans
la mer. Cet t e mort me toucha beaucoup:
car c'étoit un fort bon Religieux, Se
quoiqu'il n'eût pas tout-à-fait les talens
neceflaires pour, l'emploi dont on l'avoic
chargé, il y avoit lieu d'efperer qu'il les
acquereroit avec le tems. Nos Peres me
prelTerent beaucoup de rompre les engagemens
que j'avois pris à la Guadeloupe
, & de me charger encore une fois
du foin de nôtre temporel à la Martinique.
Je ne crus pas le devoir faire; au
contraire, j'écrivis pour prell'er le départ
du Rel igieux qui me devoit relever , de
crainte que la complaifance pour mes
amis,ne m'engageât de nouveau dans les
embarras du Fond Saint Jacques. On
trouva le fac où étoient les trois cent écus
dans des brouiTailles au bord de la riviere
, ce qui contribua à confoler un peu
nôtre Supérieur de la perte de fon Syndic.
CHAF
R A N C O I S E S DE L'AMERIQ.UE,
C H A P I T R E XIII.
8 7
toutes
De la Famille de Mejjleurs de la Guarigue. ;
^Onfieur de Survilliée dont j'ai Le mérité perfonnel du fieur de I*
parlé dans le Chapitre pré- Guarigue plutôt que cette recommen-
- cedent eft Creolle de Saint dation, lui acquit bien-tôt l'eftime du
i Chriftophle. Son nom de fa- Bailly de Poincy; il le pritenaffisaion,
mille eft la Guar igue. Il eft & voulut fe charger du foin de fa forfils
du fieur de la Guar igue tune. Peude mois après qu'il fut arrivé,
premier Capitaine Colonel de toutes les il lui donna une Compagnie de Mi l ice,
Milices de Saint Chriftophle. n'y ayant point alors d'autres Troupes
M. de la Gua r igue étoit Par i f ien,d'u- dans les files. Il l'employa dans toutes
ne famille confiderable par fon ancien- les expeditions qu'on fit contre les Ann
e t é , fiiNobleiTe, &fes Alliances. Ses gloispour leschaiferde l'Ifle de laTorparens
lui firent prendre le parti des ar- tue dont ils s'étoient emparez, & contre
mes étant encore fort jeune, comme le les Efpagnols , fur lefquels on reprit
partage ordinaire des cadets. Il fervit en Sainte Croixqu'ils avoient enlevée aux
i^f^rrpminlifprianc Tî joo-impnf <-îf=»c i^drj
^^ -awwo 5 Vjw U4.Í X â lA-i lAJW JUi^U a, la À. rtiJW
ans, & fe trouva aux Batailles de Fri - de 1660. il s'acquit beaucoupdegloire
bourg, deMariandal, de Norlingue, & de réputation dans toutes c p occafous
le Maréchal de T u r e n n e , ôc à quel- fions, dont il feroit t rop long de rapporques
Sieges qui fe firent en Flandres & ter le détail.
en Allemagne, depuisl'année 1641. juf- M. de Poincy voulut enfin le fixer &
qu'en' 1648. que la Paix conclue à l'établir. 11 lui fit époufcr unedes filles
Munfter entre la France, l'Allemagne, du fieur de Roffignol Officier des plus
la Suede, les autres Puiflances du confiderables, & des plus riches de l'Ifle,
Nord, lui donnant peu d'cfpcrance d ' ê - . dont une autre fille époufa enfuite le fieur
tre avancé, parce qu'on fit alors une de Poincy neveu du Bailly de ce nom.
grande reforme, il revint chez lui pour Et pour donner au fieur de la Guarigue
fe remettre de fix Campagnes confecuti- un rangau-deffiis de tous les autres Üfves
qu'il avoit faites, dans lefquelles il ficiers, & le mettre à la tête de toutes
avoiteulemalhcurd'êtrebleiré trois fois les Troupes, & b i e n donner le Comtrèsdangereufement.
Son Oncl e le Com- mandement, il donna le titre de Commandeur
de Raucour t qui l 'aimoi t , crut pagnie Colonelle à celle quele fieur de
que l'Amérique lui feroit plus favorablej la Guarigue commandoit depuis quelil
l'équipa., & l'envoya à fon ami int ime ques années, qui éroit une des quatre:
le Bailly de Poincy Lieutenant General du Quartier de la Baf leter re, Scfinomdes
liles Fran çoi fes, & Seigneur parti- breufe, qu'elle feule pouvoir paiTer pour
cuher de celles de Saint Chriftophle, un Regiment , puifqu'on y a fouvent
Sainte Croix, Saint Martin , & Saint compté plus de neuf cent hommes, com-
Barthelemy, à qui il le recommanda me il eftaifédelejuftifier par íes Rolles
comme unjeune homme de grande efpe- de ce tems-là. Ce fut ainfi quel e Bailly
ranee, Ôc fon neveu. • de Poincy donna le Commandement de
Il : 'j;"!.
.j.'f
"M
^ü ii !. ; i f •
Il
•'t.
ir I.
1
à; l
Sí:
r;
h, / . É
( •: :
fi!' •Jit•.ijy' i
i
II
t
•• .Vv
Wi