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Danfc
efpellk
(«linda
lamhuurs
dont les
Negres
fifirlient
¡our
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le ialen
JtUniere
de Us
tstnhtr.
N o u V E A U X V O Y
foitjilus attaché qu'eux. Quand les Maîtres
ne leur permettent pas de danfer dans
l'Hibitation, ils feront trois ou quatre
iieuës après qu'ils ont quitté le travail de
la Sucrerie le Samedy à minui t , pourfe
trouver dans quelque lieuoîi ils içavent
qu'ilyaunedanfe.
Celle qui leur plaît davantage, Sc'qui'
leur eil plus ordinaire eft le calenda, elle
vient de la .Côte de Guiné e , 6c luivant
tôutés les apparences du Royaume d'Ar-.
da. Les Efpagnols l'ont apprifedes Ne -
gres , & la danfent dans toute l'Amérique
de la même maniéréqueles Negres.
Comme 1 es poftures & les mouvemens
de cette danfc font des plus dèshonnêtes,
les Maîtres qui vivent d'une manière réglée,
la leur défendent, & tiennent la
- main afin qu'.ils ne la danfent pointjce qui.
n'eft pas une petite affaire : car elle eft
tellement de leur goût , que les cnfans
qui n'ont prefque pas la force de fe foûteiiir
tâchent d'imiter leurs peresSc meres
àqui ilslavoyentdanfer, & paiTeroient'
lès jours entiers à cet exercice.
• Pour donner la cadence à cette danfc,
ilsfe fervent de deux tambours faits de
deux troncs d'arbres creufez d'inégale
gtofleur.Un des bouts eft ouvert, l'autre
eft couvert d'une peau de brebis ou de
chèvre fans poil, gratée comme du parchemin.
Le plus grand de ces deux tambours
qu'ils appellent fimplement le
grand tambour, peut avoir trois à quatre
jMeds de long fur quinze à feize pouces de
diametre. Le petit qu'on nomme le babôula
a à peu près la même longueur , fur
huit à neuf pouces de diametre.Ceux qui
kitten t les tambours pour régler la danfe,
les mettent entre leurs j amb e s , ou s'aiToycnt
deffus, 6c les touchent avec k plat
des quatredoigts-dechaque main. Celui
qui touche le grand tambour, bat avep
méfure & pofément ; mais celui qui touche
le baboula bat le plus vite qu'il peur.
A G E S AUX ISLES
& fans prefque garder de mefurc,&comme
le fon qu'il rend eft beaucoup moindre
que celui du grand tambour, & fort
aigu, ilnefert qu'à faire du brui t , fans
marquer la cadence de la danfe, ni les
mouvemens des danfeurs. •
Les danfeurs font difpofez fur deux li- Difiof
gnes, les uns devant les autres, les hom- ^
mes d'un côté, & le femmes de l'autre.
Ceux qui font las de danfer & les fpeéta- 'des dar>
teurs font un cerclé autour des danfeurs/"-
& des tambours. Le plus habile chante'
une chanfon qu'il compofe fur le champ,i
fur tel fu jet qu'il juge à p ropos , dont le
refrain qui eft chanté par tous les fpeâra-^
teurs, eft accompagné de grands batte-'
mens de main. A l'égard des danfeurs, ils>;
tiennent les bras à peu près comme ceux)
qui danfent en joiiaht descaftâgnettes,'
Ils fautent, foTit des virevoltes, s'appro-.
éhent àdeux ou trois pieds les uns des au-;
tresjfe reculent en cadence jufqu'à ce que
le fon du tambour les avertiiTe -de fe join-:
dreen fefrapantlescuiiTes les uns contre
les autres, c'eft-à-dire,.ieshommescon-'
tre les femmes. A les voi r , il femble que
ce foient des coups de ventre qu'ils fe'
donnent, quoiqu'il n'y aitcependant que*
les cuiffes qui fuportent ces coups. Ils ic'
retirent dans le moment en piroiiettant
pour recommencer k même mouvement,
avec desgeftestout-à fait lafcifs,autant
de fois que le tambour en donne le iignal^ ^
ce qu'il fait fouvent plufieurs fois de fuite.
De tems en tems ils s'entrekiTerit les bras,
& font deux ou- trois tours en fefrapant
toûjouFS les cuifles, Scfebaifans. O n voit
aiTez par cette defcription abregéecom- .
bien cette danfe eft oppoféeàlapudeur..
Avec tout cela,elle ne aiiTeJpas d'être tellement
du goût desEfpagnobCreolles de
r Amérique,& fi fore en ufege parmi eux,,
qu'elle fait la meilleijre partie de leurs divertiflemenSjSc
qu'elle entre même dans,
k a r s devotions. Ils ladanfent dans leurs
Egli^
Devotion
dei
Efpa.
gnots en
danfent
le calenda.
1693.
F R A N Ç O I S E S DE L'A M E R TQV E. 53
V aUfpi & à leurs Proceffions, & les R e l i - auffi elle eft très-peu divertiiTante. Le»
S e ù S ' n e manquent guère de la danfer Negres Mines danfent en tournant en
f a n u i t d e N o ë l f u r u n theatre élevé dans rond, le Na-fageho« du cerclequ ,1s de-
L r C h oe u r , vis-à-vis de leur g r i l k , qui cnvent. Ceuxdu Cap-Verd ScdeGameft
ouver te, afin que le Peuple ait fa part bie ont encore des danfes particulières»
de la iove que ces bonnes ames fémoi- mais il n'y en apointdont tous en general
gnent pour a nailTance du Sauveur. Il eft s'accommodent mieux que du calenda,
Irai qu'elles n'admettent point d'hom- Les gouts font differens,mes avec elles pour danfer une danfe fi permis d'en juger. ^£ c i l n eft pas-.:
devotte. Te veux même croire qu'elles la Pour leur faire perdre l'idée de cette fJ'^J^'^^^^
danfent avec une intention toute pure, danfe infâme, on leur en a appris plumais
combien fe trouvent-ils de fpeda-. fieurs à la Françoifecomme le, m e n u e t , wteurs
qui n'en jugent pas fi .charitable- Lcourante, lepaflepiedScautres, auffi-./^^^^
bien que les branles & danfes rondes, afin
u'ilspuiflênt danfer plufieurs à la fois,
fauterautant qu'ils en ont envie. J'en
ment que moi
les offi- : On a fait des Ordonnances dans les
tiers du Jfles, pour empêcher les calendas nou-.
Koi ent ~ ' ' " ' " • '
défendu
le calenda.
feukmentàcaufedes poftures, indecen-, ai vû quantité qui s'acquittoient très-,
tes ôc touc-à-fait lafcives,. dont cette bien de ces exercices, &qui a .voi€nt l 'o -
danfe eft compofée, mais encore pour ne
pas donner lieu aux trop nombreuiès afièmblées
des Negres, qui fe trouvant
ainfiramaflez danslajoye. Scie plus
fouvent avec de l'Eau -de-vie dans la tête,
peuvent faire dés revokes, des foûlevemens,
ou des parties pour aller voler.
Cependant malgré ces O r d o n n a n c é s , 6c.
toutes les précautions que les Maîtres
peuvent prendre, il eft prefque impolîî-.
bledeles en empêcher , parce que c'eft
de tous leurs divertiifemens celui qui leur
plaît "davantage,, 6c auquel ils font pliis
fenfibles.
Danfe
des Neg!
es de
Ctngo.
reille aufli fine,. & les pas auffi mefurez,.
que bien des gens qui fe piquent de bie».
danfer. - • -
Il y en a.parmieux qui joiient aiTez bierr
du, violon, 8c qui gagnent de l'argent a
joiier dans les aifemblées, & aux feftins
de leurs mariages. Ils joiient prefque touS'^fP^" '¡sd'une
efpece de guitarre', qui eft faite
d'une moitié de callebaiTe couverte d'un-Negres fi
cuir raclé en forme de parchemin,, avec firvent^-
un manche aflez long. Ils n'y mettent
que quatre cordes de foye ou de pitte^
ou de boyaux d'oifeaux fechez, 8c enfuitepréparez
avec de l'huile de Palma Chrif-Ì
Les Negres de Congo ont une d-aniê ti. Ces cordes font élevées d'un bon poutout
à-fait oppofée à celle-là. Les danfeurs
hommes & femmes fe mettent en
rond , 8c fans bouger d'une place,, ils ne
font autre chofc que lever es pieds en
l'air, 8c en fraper la terre avec une efpece
de cadence, en tenant le corps è demi
courbé les uns devant les autres, marmotant
quelque hiftoire qu'un de la comce
au-deflus de la peau qui couvre laa
eallebaiîe, par le moyen d'un chevalet.-
Ils en joiient en pinçant, 8c en battante
Leur mufiqueeft peu agreable, 8c leurs
accords peu- fuivis. Il y a cependant des
gensqui eftimentcette harmonie autant
que celledes païfansEfpagnols Scltaliensqui
ont tous des guitarres, 8c en joi i ent .
pagnie raconte,à laquelle les danfeurs ré- très-mal. Je nefçai s'ils ont raifon.
pondent par un refrain, pendant queles. Il eft très-à-propos d'avoir toûjours»i
fpeftateurs battent des mains. Cette dan- tous fes Efclaves chez foi les Fêtes 8c lesΣ
n'a rien qui dioque la pudeur , mais., Dimanehes,nonfeulementpourremedier.-.
G 3. ' 'a u x