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i i S NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
ijoi, me, grande, & fifolidement bâtie, que
les Ennemis avoient été obligez de la miner
pour la détruire. Il y avoit encore
quantité de poutres, de folives, & d'autres
bois entremeüez dans les ruines. Il
ne coûteroit pas beaucoup à la rétablir,
& elle knaeritebienj mais les intérêts
de ceux qui font travailler pour leRoijOU
pour le Public dans ces pais éloignez, ne
s'accommodent pas avec l'économie
qu'on pourroit avoir dans ces fortes d'Ouvrages,
Scc'eil ce qui empêche fouvent
lesMiniftresde les entreprendre. On voit
autour de cette maifon beaucoup de ruines
de bâtimens, comme deMagafins,
Offices, & autres dépendances d'une
maifon de confequence : il y en a même
encore quelques-uns qui étoient de bout,
& tous entiers. Le côté du Fort qui regarde
la mer étoit rempli de bâtimens,
qui étoient felon les apparences les logement
de la Garnifon, & des Officiers,
qui pour la plûparc étoient encore en
aiTez bon état, un d'eux fervoit de prifon.
L'efpace entre ces derniers bâtimensôc la
maifon du Gouverneur fervoit de place
d'armes. Les Corps de Gar^edesdeux
cotez de la Porte,- & le Pont levis étoient
tous entiers. La pointe du Fort du côté
de rOuefl; étoit occupée par un jardin,
qui avoit été très-beau. Se qui bien que
négligé depuis tant d'années, étoit encore
le plus beau que j'euffe vû en
Amérique.
Mtaque. Ce Fort fut attaqué par les Efpagnols
ir prife les Anglois unis enfemble pendant la
t r u / ' ' Guerre de J6S 8. Ils avoient, felon-ce que
me dit cet Officier avec lequel j'étois,
ti ois Batteries. Celle qui étoit à la pointe
de l'Eft tiroit dans le Fort qu'elle découvroit
beaucoup}, mais comme elle étoit
fort éloignée,, Scquenosmeilleurespieces
de Canon étoient de ce côté-là pour
défendre la Rade, elle ne fit pas grand
mal, & fut bien-tôt démontée. Les deux
Efiagnolsz^
les Aniliis.
autres étoient fur la côte qui regarde le i7ci
côté du Sud de la FortereiTe. La plus voifine
du Bourg, tiroit fur la maifon du
Gouverneur, qu'on regardoitcommele
Donjon. L'autre qui étoitéloignéed'environ
deux cent pas de celle-là battoit en
breche leBaftion de l'angle duSud-Oueft.
Après qu'ils eurent confommé bien de la
poudre & des boulets,: ils vinrent enfin
à bout de faire une breche confiderable
aupieddeceBaftion, & même de le faire
ébouler; làns que nos gens plus fçavans
dans l'art de prendre les Places que
de les défendre, femiffenten devoir de
faire niépaulement, ni foifé, ni retranchement
derriere cette breche. La confternationfemit
parmi eux dès qu'ils virent
ce Baftionrenverfé, 6c ils prirent la
plus déraifonnable de toutes les refolutions,
qui futd'abandonnerle Fort, &
defefauver du coté de l'Oueft, vers un
endroit qu'on nomme les trois Rivieres.
Cette refolution fut fi peu fecrcte, que
les Ennemis lafçûrent prefque auffi-tôt
qu'elle fut prife.Ils fe mirent en embufcadedans
le chemin que nos gens devoient
tenir pourfe retirer. Mais ils firent une
faute qui nous fauva, qui fut defe mettre
en haye des deux côtez d'un chemin large
qui eil entre de grands arbres qui regnent
jufques à la premiere des trois rivieres
que nos gens devoient pafler.
Nos gens donnèrent comme des étourdis
dans l'embufcade , fans avoir eu la
précaution de hire reconnoitre le Pais
avant de s'y engager. Ils eflu'ierent d'abord
les décharges des Ennemis qui fc
preiTerent trop de les attaquer. Ilsy repondirent
en vrais braves , & avec un
fuccès merveilleux, ce qui aïant mis la
confufion pâmai les Efpagnols Sc les Anglois
qui fetuoient les'uns les autres fans
le connoître, parce que la nuit étoit fort
obfcure, prefque tous nos gens s'échaperent.
11 y en eut pourtant quelques-uns
tuez
îîoï.
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 219
tuez 5f pris j mais la perte des Ennemis euiTent fçû leur métier, ils auroient laiiTé
fut très confiderable. Ils eurent cepen- lesEfpagnols & les Anglois fe morfondre
•¡ntU dant kfíloirc d'entrer dans le Fort : ils
imnenh
kiort
funsli
fâmr.
devant le Fort, 6c confommer leurs
Munitions, fans pouvoir s'en emparer.
Nos Habitans font excellens pour aller
à un abordage, ou pour efca ader une
Place, fe battre en rafe Campagne, ou
dans des défilez ; mais fe voyent-ils enfermez
dans des murailles, ce n'eit plus
leur affaire, ce ne font plus les mêmes
hommes, il ne faut plus compter fur
eux.
Un des Habitans du Bourg nous pria
170Î.
-
firent fauter le Donjon} & après avoir
enlevé le Canon, les Munitions, 6c ce
qu'ilstrouverent dç meilleur, ils l'abandonnèrent
fans fkire aucun autre dommage
au reile des Fortifications.Cet endroit
etoittrop éloigné des Quartiers habitez
par lesEfpagnols, qui font en très-petit
nombre dans l'Ifle, pour qu'ils le puffentconferver,
Scils n'avoient garde de
fouffrir que les Anglois s'y établifl'ent,
8c fi fortifiaiTent, parce qu'ils haïflent, à fouper avec quelques autres de fes amis.
& craignent leurvoifinage, autant pour
le moins que cdui des François, 6c peutêtre
plus.
Il eft aifé de voir par ce que je viens
de dire de la fituation de ce Fort, qu'il
étoit impoffible que les Ennemis le priffent,
fi nos gens ne l'euflent pas abandonné.
Car quand on fuppoferoit que la
brèche eût été beaucoup plus grande
qu'elle n'étoit, il étoit impoffible aux
Ennemis d'y donner l'aiTaut: ils n'avoient
aucun boyau dans toute la favanne,
pourles conduire au pied de la hauteur,
fur laquelle le Fort eil fitué, il
auroit fallu qu'ils euiTent fait cinq à fix
cent pas tout à découvert, 6c qu'ils euffent
défilé devant nos gens avant d'arriverau
pied de cette hauteur, qui eft fi
confiderable, fi difficile, Scfiefcarpée,
qu'aïant voulu par plaifirdefcendre par
cette brèche, je penfai vingt fois me
rompre le col} Scj'eûs toutes les peines
du monde à remonter en grimpant, 6c
en m'attachant aux plantes, aux racines
Scaiix pierres que je rencontrois.
Cet exemple fait voir combien il eft
neceiîàire de mettre dans les Places des
Nous fûmes aifez furpris que ce ne fût
pas dans fa maifon qu'il nous trait ât,mais
dans la nôtre, c'eft-à-dire, dans nôtre
Hôtellerie. On nous dit, quec'étoit la
coûtume du Quartier depuis la Guerre.
Nous approuvâmes cette coûtume, parce
qu'elle nous exempta de fortir de chez
nous.
Nous paffâmes tout leMardy à nous
promener aux environs duBourg. Nous
fûmes voir une grande plaine, qui eft
au de-l'á de la Riviere que nos gens paf»
ferent en abandonnant le For t , où il y
auroit de quoi faire les plus beaux établiflement
du monde. C'eft un pais uni,
bien arroufé, & qui nous parut d'une
très-bonne terre, fur tout pour le Sucre,
qui n'apasbefoin d'un terrain extrêmement
gras.
Nous partîmes du Port-Paix leMercredy
matin 12 Janvier. Le Jeudy à
midi nous nous trouvâmes au Cap S. N i - Caps.
colas, par le travers d'une pointe plate,
qu'on appelle le Moule , ou plus correétement
le Mole. On prétend qu'il y
a des mines d'argent en cet endroit.
C'eft un pais fee, aride, ÔCaflêz propre
Officiers de fervice 6c d'experience, avec poui: la produftion de ce métal 6c de l'or,
des Soldats aguerris. Caril eft conftant qui ne naiflent jamais dans de bonnes terque
s'il y avoit eu feulement deux cent res. Il y a à côté une Ance profonde, ôc
bons hommes, avec des Officiers qui bien couverte comme un Port naturel,
Tam.il. G g qu i