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170 NOUVEAUX VOY
1700. quer de perdre tout fon travail 6c fes
plantes.
Maniere On doit lever les plantes de terre doui/
e met- cement & fans endommager les racines.
couche proprement dans des panen
ttrrt. , & on les porte à ceux qui doivent
les mettre enterre. Ceux-ci font
munis d'un piquet d'un bon pouce de
diamètre, 6c d'environ quinze pouces
de longueur, dont un bout eft pointu,
6c l'autre arrondi comme une pomme de
canne. Ils font avec cette efpece de poinçon
un trou à la place de chaque piquet
qu'ils levent, 6c y mettent une plante
bien droite, les racines bien étendues :
ils l'enfoncent jufqu'à l 'oei l , c'eft-à-dire,
jufqu'à la naiilance de feiiilles les plus
balles, 6c preflent mollement la terre
autour de la racine, afin qu'elle foûtienne
la plante droite fans a comprimer.
Les plantes ainfi mifes en terre, 6c
dans un temps de pluye, ne s'arrêtent
point, leurs feiiilles ne fouiFrent pas la
moindre alteration, elles reprennent en
vingt-quatre heures, 6c profitent à merveille.
Un champ ou jardin de cent pas en
quarré doit contenir dix mille plantes à
la Guadeloupe, où le pas n'eft que de
trois piedsi 6c douze mille cinq cent à
§liiautité
de
fiantes
Contenues
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dans un la Mar t inique, où le pas eft de trois pieds
On compte qu'il faut trois pern^'
ile plantes
leur fro- de T a b a c , 6c qu'elles peuvent rendrqen-
AGES AUX ISLES
nilles 6c autres infeélesj en un mot avoir i
toûjours les yeux 6c les mains defllis jufqu'à
ce qu'elle foit coupée.
Pendant que les plantes croiiîent, on
prepare les Cafes ou Magazins où l'onJ'"*'
doit les mettre après qu'elles font cou-
5ées. ChaqueHabitant en proportionne
a grandeur à la quantité de plantes qu'il ««
a mifes en terre. On les conftruit pour
l'ordinaire de fourches en terre, on les
paliiTade de rofeaux, ou de palmiftes refendus,
ou bien d'un claïonnage couvert
de terre grafie mélangée avec de la bouze
de vache & blanchie avec de la chaux Les
fablieres ne font jamais à plus de fept
pieds de haut. On appuyé fur elles des
traverfes auffi longues que la Cafe eit
large, éloignées de huit pieds les unes
des autres, 6c aflez fortes pour porter
lesgaulectes où les plantes font attachées
pour les faire fecher. Qiioiqu'onfe ferve
d u t e r m e d e f e c h e r , il s'en faut pourtant
beaucoup qu'on les faflè fecher aflez pour
les mettre en poudre. On fe contente de
leur laifler évaporer leur plus grande humidité,
6c les faire amor t i r , oumortifier
fufSfamment pour pouvoir être torfes,
ou comme on dit aux Mes, torquées
6c filées, à peu près comme on file le
chanvre, 6c enfuite miles en rôle ou
rouleau.
Lorfque les plantes font arrivées à la
hauteur de deux pieds 5c demi , ou envi-
6cavant qu'elle fleuriflent —
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQUE.
1700, tige, parce que ce petit nombre bien
« nourri £c bien entretenu rend beaucoup
plus deTabac 8c d'une qualité infiniment
meilleure , que fi on laiilbit croître
celles que la plante pourroit
toutes
produire.
On a encore un foin tout
particulier d'ôter tous les bourjons
ou rejetions que la force de la feve
duit. viron quatre mille livres pefant deTabac,
felon la bonté de la t e r r e , le temps qu'on
a p lanté, 6c le loin qu'on en a pris, car il
ne faut pas s'imaginer qu'il n'y a plus
rien à faire, quand la plante eft une fois
enterre. Il faut travailler fans cefle à fard
e r les mauvaifes herbes qui confommeroient
la plus grande partie de fa nourriture.
Il-faut l'arrêter, la rejettonner,
ôter les feiiilles piquées devers, de cher
o n , & avant fleuriflent, on les
arrête, c'eft-à-dire, qu'on coupe le fommet
de chaque tige, pour l'empêcher de
croitre 6c de fleurir, j'en ai dit les raifons
ci-devant} 6c en même temps on
arrache les feuilles les plus bafl'es, comme
plus difpofées à toucher la ter re, 6c à fe
remplir d'ordures.On ôte aufll toutes celles
qui font viciées,piquées de vers,ou qui
ont quelque difpofition à la pourriture,
6c on fe contente de laifler h u i t , dix ou
douze feiiilles tout au plus fur chaque
tige,
O n attend pour cela que larofée foit iloo.
tombée 6c que le Soleil ait defl'éché tou- Temps
te l'humidité qu'elle avoit répandue fur t'"'P>-f,&
, ^ i 1 1 ^ mâmere
les feuilles: alors on coupe les plantes
par le pied. Quelques-uns les coupent en- Us flan''
tre deux terres, c'eft-à-dire, un pouce
ou environ au deflibus del à fuperficic de
la terre > les autres à un pouce ou deux
au deiTus : cette derniere maniéré eft la
plus ufitée .On laifle les plantes ainfi coupées
auprès de leurs fouches le refte du
j o u r , 6c on a foin de les retourner trois
ou quatre fois, afin que le Soleil les échauflFe
également de tous les côtez,qu'il
confommeune partie de leur humidité,
6c qu'il commence à exciter une fermentation
qui eft neceflaire pour mettre leurs
parties 6c leurs fuc en mouvement.
Avant que le Soleil fe couche , on les
tranfporte dans la Cafe qu'on a préparée
pour les recevoir, fans jamais laifler paffer
la nuit à découvert aux plantes coupées,
parce que la rofée qui eft tres-abondante
dans des climats chauds, rempliroit
leurs pores ouverts par la chaleur du
jour precedent, 8c en arrêtant le mouvement
de la fermentation déjà commencée
, elle difpoferoit la plante à la cor-
tait pouflïr entre les feiiilles ôc la
t i g e ; car outre que ces rejettons ou
feuilles avortées , ne viendroient jamais
bien , elles attiieroient une partie
de la nourriture des véritables
feiiilles qui n'en peuvent jamais trop
avoir.
Depuis que les plantes font arrêtées
jufqu'à leur parfaite maturité, il fimt
Ce que
cefi que
té'jetm- ^¿jjq à {¡X femaines, felon que la laifon
eft chaude, qui le terrain eft expofé,
qu'il eft fee ou humide. On vifite pendant
ce temps-là, au moins deux iois la
femaine les plantes pour les rejettonner.
C'eft ainfi qu'on appelle l'aftion qu'on
fait en arrachant tous les rejettons, fauffes
tiges ou feiiilles qui naiflent tant fur
la t ige, qu'à fon ext r émi t é , ou auprès
des feiiilles.
Le Tabac eft ordinairement quatre
Signes tie
lumatu- mois ou environ en terre, avantd être
. , , , liiwic ruption 6c à la pourriture.
'¡knte.'^ en état d'être coupé. On connoît qu'il C' e f t pour augmenter cette fermenta- On fait
approche de fa maturité, quand fes feùil- tion que les plantes coupées 8c apportées
i ; les commencent à changer de couleur, 8e dans la Cafe font étendues les unes fur les Zentêr
que leur verdeur vive 6c agreable devient
peu à peu plus obfcure : elles panchent
alors vers la terre, comme fi la queue qui
les attache à la- t i g e , avoit peine à foiitenir
le poids du fuc Scdelafubftance dont
elles font remplies : l'odeur douce qu'elles
avoient, lé fortifie, s 'augmente, 6c
fe répand plus au loin. Enfin quand on
s'apperçoit que les feiiilles caflent plus facilement
lorfqu'on les ployé, c'eft unfi.-
gne certain que la plante a toute la maturité
dont elle a befoin, 6c qu'il eiltems
de la couper.
autres 6c couvertes de feuilles de balifier les plan^
amorties, ou de quelques méchantes toiles,
couvertures, ou nattes avec des planches
par defllis, 8c des pierres pour les
tenir en fujet t ion; c'eft ainfi qu'on les
laifl'e trois ou quatre jours, pendant lefquels
elles fermentent, ou pour parler
comme aux Ifles, elles refluent, après
quoi on les fait fecher.
J'ai dit ci-devant qu'on avoit difpofé
des traverfes au-deflus des fablieres
pour recevoir les extrêmitez desgaulettes
ou rofeaux où l'on attache les plan-
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