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iyS- N 0 U V E A U X V O Y
i"oi. loiivcnt donnérallarme,&riivoit penfé
enlever une fois, comme je l'ai dit dans
un autre endroit. On ne manqua pas de
parler des affaires du tems. 11 nous dit
fans façon, que la Guerre ne tvarderoit
pasà fe declarer, 8c qu'il fe veiToit encore.
une f ois Maître de tout S. Chriilophle.
Je lui dis en riant, que cette con--
quête n'étoit pas digne de lui, & que
j e croyois qu'il penferoit plûtôt à laMartinique.
Non, non, me dit-il, ce morceau
eft trop gros pour un commencement.
J e veux prendre la particFrançoife
deS.Chr i f tophIe, après quoi je vous
irai voir à la Guadeloupe. Je lui répondis,
que j'y ferois inceiîamment, & que
je porterois cette nouvelle au Gouverneur,
& que je l'aiderois à fe préparer
à le recevoir du mieux qu'il fe pourroit.
On lui dit, que je me mêlois de faire remuer
la terre, & par une avanturealTez
particulière, il fe trouva que fon Miniftre
qui étoitprefent, luifervoit auffi
d'Jngenieur.
MonfieurdeCodringtoneilOriginai-
1-e ouCreolle deS.ChriftophIe, il a été
élevé à Paris, & a demeuré aflez longtems
dans d'autres Villes de France. Lui
6c tous ces Meiîîeurs qui étoient à table
eurent l'honnêteté de parler prcfque
toûjours François. Je remarquai dans
leurs difcours combien ils font vains, 6c
le peu d'eftime qu'ils font des autresNations,
8c fur tout des Irlandois. Car
quelqu'un aïant dit quela ColonieFrançoifs
é toi t fon foible, M.de Codrington
répondit fur le champ, qu'il netenoit
qu'à M. de Gennes de l'augmenter
du moinsavecdesIrlandois,s'ilnepôuvoitle
faire avec desFrançois.Je le priai
de me dire cefecret, & de me permettre
d'en faire part à M. de Gennes. Trèsvolontiers,
me dit-il, fçavez-vous que
M. de Gennes a fait un Paon qui marche,
qui mange, qui digère. Jelui ré-.
A G E S AUX ISLES
pondis que je lefçavois. Hé bien conti- trÀ
nua-t-il, que ne fait-il cinq ou fix Regimens
d'Irlandois. Il aura bien moins
de peine à faire ces fortes de lourdes bêtes
qu'un Paon. Comme il a de l'efprit '
infiniment, il trouvera bien le moyen de
leur imprimer les mouvemens neceiîinres
pour tirer, & pour fe bat t re, & de
cette maniere il groiîira fa Colonie tant
qu'il voudra.
Pour entendre ceci, il faut fçavbir que lutimi
Î70I.
M. de Gennes avoir fait un Automate,
qui avoit la figure d'un P aon, qui marchoit
par le moyen des rciTorts qu'il avoit
F R A N C O I S E S DE L'A M E R J Q^U E ; 299
m a u x de poitrine. Ils fe couchent après a- laifTe en liberté de marcher à leur fanvoirbcaucoupbû,
Iachaleurqu'ilsreiîen- taifie,ilss'amufent, & on ne les a jamais
tentau dedans,les oblige de fe découvrir, lorfqu'on en aaffàire. J e fis femblant de
& de fe tenir la poitrine à l'air, pour fera- vouloir iaifler le mien chez IVI.Bouriau
fraîchir, mais ceplaifir leur coûte cher, pour le ^ i r e inftruirej mais ifs'enfuic
carlemoinsqui leur puiiTearriver, c'eft de toutes fes forces, dès qu'il m'en end'être
attaquez de coliques épouvanta- tendit faire la propofition. J'avois rebles.
Ceux qui fc couchent avec un peu marqué, queleNègre qui m'avoit amede
bon fens, mettent un oreiller fur leur né le Cheval , avoit toujours couru depoitrine.
C'eft une très-bonnemethode, vant nous, il fit la même chofe quarld
Le General Anglois monta à cheval nous retournâmes, quoique nous aliafdans
le corps, qui prenoit du blé qu'on
j c t t o i t à t e r r e devant lui, & qui par le
moyen d'un diiTolvant le digeroit, & le
rendoit à peu près comme des excremens
Le General Codrington me fit cent
queftions fur mon voïage, fur S. Domingue,
fur les Efpagnols qui m'avoient
pris, & fur quantité d'autres chofes >
mais il étoit fi vif, qu'il avoit toujours
trois ou quatre queftions d'avance j
avant que j'eufle eu le tcms de repondre
à la premiere. Il étoit bien plusfobrc
que ne le font d'ordinaire ceux de fa Nation.
On ne fçauroit croire combien le mal immfi
de Siam joint à leur maniéré de vivre,
leur a enlevé degens. L'oifiveté 6c l'opulence
les portant à la débauche, ÔCils^""'
font prefque toûjours en feftin. Le premier
remede qu'ils donnent à leurs malades
eftunecopieufeponche aux oeufs,
avec force mufcade, gerofle, & canelle,
La quantité que ces malades intemperans
prennent de ce remede, rendroit aftûrement
malade l'homme le plus fain. On
peut juger quel effet il doit produire fur
des gens qui ont déjà plus de mal qu'ils
n'en peuvent porter, & combien il en
envoyé en l'autre monde.
La quantité de boifîbns différente«
dont ils fechargerit , les rend fujetsàdes
maux
un quart d'heure après qu'on fût forti
de table,, oil felon lacoûtume on.avoit
demeuré près de trois heures. Il avoit
deuxTrompettes qui marchoient devant
lui, il étoit accompagné de huit perfonnes,
qui étoient apparemment la plûpart
fes Domeftiques : car il n'y eut
fions très-vite. L'habitudeeftunefecon»
de nature, il eft vrai que celle-ci coûte
.un peu à acquérir.
Les bruits d'une Guerre prochaine
obligèrent la plûpart des Habitans François
à mettre en lieu defûrctéce qu'ils
avoieht de meilleur. Il falloit pourtant
'GifB-
:»; on
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initier
Se Couriur
aux
petit galop, ou un entre-pas
J'eus,compafTion d'un petit Negre de
douze à quinze ans, à qui on enfeignoit
le métier de coureur. Il n'avoit fur lui
qu'une candale, qui eft uncalçon fans
fond, qu'on lui fit ôter, & ainfi tout
nud il couroit le premier, fuivi d'un
Negre plus âgé qui lui appliquoit des
coups de foiiet fur les feiTes toutes les
fois qu'il le pouvoit avoir à portée. Ces
Meilleurs me dirent, que c'étoit ainfi
qu'ils les accoûtutnoient à courir. 11 y en
a à la vérité beaucoup qui crevent dans
leurapprentiflage, mais c'eft de quoi ils
remettent peu en peine. Au refte quand extrême pour leurs enfans; le plus grand
les Negres font une fois faits à cet exer- plaifir qu'ils ayent eft de les voir carefFez
•dice, c'eft une commodité pour les Mai- & bien traitez : & ils reflentent de mètres
qui font fürs de les avoir toûjours me très-vivement le mal qu'ils leurs
^uprèsd'eux, pour les fervir dans le be- voyent fouffi ir. De forte que fçachant
foin, & tenir leurs Chevaux quand ils leurs enfans en fûreté, il y avoit lieu
defcendent: au lieu que quand on les d'efperer, qu'en cas d'un malheur, ils
feroienc
1701.
que fon Mimf t re, & M. Hamilton fon le faire fans que le Gouverneur s'en ap-
Major General, qui fe mirent à table perçût j parce qu'il n'auroit pas manqué
avec nous. Devant les T rompe t t e s , il y de s'y oppofer, dans la crainte que les
avoit neuf ou dix Negres à pied, qui Habitans aïant fauvé leurs meilleurs efcouroient
à la tête des Chevaux, quoi- fets, ne fe miiTent^plus en peine de déque
ces Chevaux allaffent toûjours le fendre l'Ifle, lorfqu'elle feroit attaquée.-
fort vite. J'aidai à M.Lamber t , & à d'auttes de
mes amis à embarquer beaucoup d'effets,
que je faifois pafîer comme s'ils euffent
été à moi. Je fis embarquer fix de fes
jeunes Negres, non-feulement pour les
fauver en cas d'une Guerre avec les Anglois,
dont nous prévoyions bien que les
fuitesferoient funeftes à la Colonie, vû '
le peu de forces qu'elle avoit, & qu'elle
ne devoit attendre aucun fecours de la
Martinique; mais encore pour retenir
par cet endroit les peres 5c meres de ces
enfans dans la fidélité qu'ils doivent a
leurs Maîtres, Car ils ont une afîeélion