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1 5 4 n o u v e a u x v o y
1700. me ainfi pour la di ftingiier de la premiere
qui a peuplé les llles eti 1617, & 163 2. &
qui les vendit enfuiteaux particuliers qui
en devinrent les Seigneurs propriétaires
jufqu en 1664. qu'ils furent contraints
de vendre leurs Seigneuries à cette derniere
Gon:ipagnie; quoiqu'elle le trouvât
dépouillée de cette Ifle lorfqu'elle prit
poiTeffion des Seigneuries qu'elle avoit
achetées des héritiers de M r . du Parquet,
elle atoûjours nommé des Gouverneurs
changea
S. Alouf i e jufques en l'an 1674. que le •
mensar- K o l la rembourfa, & le mit en poflef-
Tanfcet î ° " d e s l f l e s , & les fit gouverner par
u Colo- Généraux & Intendans, comme elles
lonc encore aujourd'hui. Mais la décadence
des afFaires de la Compagni e attira
avec elle celle de la Coloni e de S. A louf ie,
qu'on avoit encore relevée depuis l'expulfion
desAnglois, parce que n'étant
pas fecourué.Sc ne faifantaucun commerce
peiidant les longues guerres de i6yz.
& 1688. tous lesHabitans fe retirèrent
les uns après les autres à la Martinique,
Ja Guade loupe , & autres liles plus fortes
& plus capables de les mettre à couverts
des pillages des ennemis i deforte
que quand j'y palTaien 1700. il n 'y avoit,
comme Je l'ai dit au commencement de
ce Chapitre, que des Ouvriers en bois qui
venoient de la Martinique y faire des bois
de charpente & des canots, fans aucuns
autres Habitans de quelque Nation ou
couleur que l'on puifl'e s'imaginer. Elle
a été depuis ce temps là le refuge des
Soldats & des Mate ots déferteurs: ils-y
trouvoient abondamment de quoi vivre,
& une fûreté très-grande pour ne pas
tomber entre les mains de ceux qu'on
auroit envoyez pour les prendre, parce
qu il y a des réduits naturels fur des croupes
de mornes e fcarpez, où dix hommes
en aiTommerontdix mille, feulement en
failant rouler fur eux des pierres ou
des t ronçons de bois. On a recommen-
A G E S A U X ISLES
cé depuis quelques mois à repeupler cette
I f le, & il n'y a point de doute qu'elle
ne devienne une floriiTante Colonie, fi
on y envoyé les fecours neceiTaires, & fi
on a foin d'y mettre pour Gouverneurs
dcsperfonnesfages, peu ou point intereilées,
s'ilelipofiilile, &qui ayent de
la p ieté, de la douc eur , Scdelafermete
autant qu'il eft neceflaire pour établir
oc maintenir le bon ordre, fans trop faire
fentir la pefanteur du joug à des
gens qui pour l'ordinaire ne vont dans
ces endroits-là, que pour goûter un peu
leplaifir de la liberté.
R i e n ne me convioit à defcendrcjà terre
: cependant aïant appris par ceux qui
vinrent à bord, qu'on ne pouvoit pas
achever dans la journée de charger le bois
que nous devions prendre, j e pris le parti
d'aller me promener, & de chafler
chemin faifant, autant que l'épaifleur des
hahers dont les bords de la mer font
couverts, me le pouvoit permettre.
Quoique cet endroit, c'eil-à-dire, k
nviere aux Rofeaux , devant laquelle
nous étions moüillez, paroiíTe fort hac
h é , . l'I ne laifiè pas d' y avoir des fonds
d'une etenduë confîderable , dont la plûpart
qui ont déjà été défrichez, fe font
couverts de nouveaux arbres, qui par
leur hauteur & leurgrofl'eur marquent
la bonté du terrain. J'arrivai enfuivant
un petit fenT:ieraux Ajoupas denos Ouvriers:
j'avois tué quelques perdrix &
des penques , & je trouvai d'aiTez bonnes
provifionsde cochon maron boucanné^
& de ramiers, pour ne pas apprehender
de mourir de faimj de forte que j'envoyai
chercher mon hamac avec dubifc
u i t , du vin & de l'eau-de-vie, r(?folu
de paffer la nuit avec nos gens Ils
travai lerent jufques bien avant dans la
nuit atranfporterau bord de la mer des
madriers de bois d'Acajou, & autres
bois que l'on embarquoit aufli-tôt avec
d'aut]
É ÎJ'OO.
F R A N C O I S E S
d'autant plus de diligence , qu
étions encore dans la faifon de
gans, où tout efl: à craindre.
D E L ' A M E R I Q ^ U E . if ^
des vents de Sud-[ue nous Ef t qui nous portèrent
íes oura-
II eft vrai
que nôtre Barque eût pû fe retirer dans le
cul-de-fac -, mais ce retardement ne
convenoit ni aux affaires des Marchands,
ni aux miennes, qui avois des raifons
preiTantes de m'en retourner à la Guadeloupe.
prefque vent arriéré jufqu'aux Ances
d'Arlet de la Mar t inique, que nous dépaffâmes
pendant la nuit. L e calme nous
prit par le travers du Fort R o y a l , & fut
caufe que nous n'arrivâmes que le Mercredi
28. fur les dix'heUres du foir, le
vingt-feptiéme jour de mon départ.
N ô t r e Supérieur General fe levaauf-
A lafin nous foupâmcs tous enfemble.
Après la Priere chacun fe mit fî-tôt qu'il m'entendit : nos Peres en
1709.
de même , & tous me témoignèrent
beaucoup de joyc de mon retour
, & de la maniéré dont je m'éfus
dans fon hamac, & on s'endormit les
uns après les autres en eaufant. Dès le
point du jour on recommença à porter
du bois: je dis mon Office, 8c puis j e tois acquitté de macommiffion, dont j e
dî- leur rendis compte en foupant. Le Sufirent
me promener en chaflant : nous
nâmesaubord de la mer avec le Maître perieur General
6c fur le foir on acheva
e lendemain
du Barque ,
de charger tous le bois qui étoit prêt.
Nous foupâmes à terre, après quoi je
- rg
fo
m'embarquai} & après quelques heures
de repos nous mîmes à la voile environ
fur les trois heures du matin le Mardi 27
Septembre.Nous côtoïâmesl'Iflejufqu'à
la pointe des Salines, où nous trouvâmes
C H A P I T
L''Auteur retourne k la Guadeloupe. Procès intenté k leur Miffion par
VAbbéduLîon.
me dit
qu'il falloit travaillera mettre nôtre terrain
de la Grenade en valeur : nous en
fîmes le projet, 6c j e penfe que fans le
voyage qu'i fur obligé de faire en Europe,
& la guerre de 1702. qui furv
i n t , que cela auroit été executé, 8c
que j^aurois encore été chargé de cette
corvée.
R E X X I L
| E partis de la Martinique le
Lundi 5 .0aobr e fur les neuf
heures du foir. Nous eûmes
un vent à fouhait jufques par
le travers de la grande Savanne
de la Dominique qu'il fe mit auNord-
Oueft tellement forcé, que nous crûmes
quec'étoitlepréluded'unouragaiijnous
n'en eûmes pourtant que la peur : il baiffa
en moins de trois heures, & nous laifla
achever aflez tranquillement ce qui nous
reftoit de chemin à faire. Nous mouillâmes
le Mercredi fur les onze heures du
matin. J'allai auffi-tôt faluerM. Auger
nôtre Gouverneur, qui me retint à dîner,
& puis nie donna un cheval & un
Negre pour aller chez nous.
Je trouvai lePereImbert, Supérieur
de nôtre Mi f l l on, fort embarafle d'un
procès qui lui avoit été fufcité par un
Prêtre nommé l'Abbé du Lion.
C e t A b b é , nôtre proche Scincommo- p .
de voi f in, étoit fils de Mr . du Lion ci- d7lAl,.
devant Gouverneur de la Guadeloupe. l>é du
O n ne peur pas nier queducôt é de fon
pere il ne fut homme de qualité} car
j'ai entendu dire à plufieurs perfonncs
défintereiTées, que la Maifon du Lion
étoit une famille confiderable du Païs
de Caux en Normandie. On difoit
que fa mere étoit fille d'un Marchand de
Langres, que M. du Lion avoit époufée
par amourette : il eft certain qu'elle
avoit été très-belle. L'Abbé dont il eft
^ ^ queftion,
m m : .