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i i z NOUVEAUX VOY
íioo. fe foûlever contr'eux, pour fe délivrer
du joug infuportable de leur tirannie.
Au ieu que nos Caraïbes ont toujours
été des gens belliqueux, à leur maniere,
des gens fiers & indomptables, qui préfèrent
la mort à la fervitude, que les
Européens depuis ceux qui les ont découverts,
jufqu'à ceux qui y font àprefent,
n'ont pû humanifer aflez pour pouvoir
demeurer enfemble dans un même
endroit -, & qu'ils ont été obligez de
détruire, ou de chaiTer, & de les rencogner
comme ils font à prefentdans les
deux Ifles qu'ils occupent, qui font la
Dominique & Saint Vincent , pour
pouvoir vivre avec quelque forte defiîreté
dans les autres Ifles. Leur naturel,
quoique fort adouci par la douceur du
climat, approche encore trop de celui
des Sauvages de la Floride, & même
du Canada, pour ne pas convenir qu'ils
viennent de la Floride & des Environs,
& qu'étant paflezdans les petites Ifles,
il ne leur fut pas difficile,à eux qui étoient
des guerriers, de fe défaire des anciens
Habitons, qui n'étoient point accoûtumez
à la guerre, & qui les reçûrent fans
fe défier d'eux. Il y a apparence qu'ils
tuerent tous les mâles, & qu'ils referverent
les femmes, pour le befoin de la
confervation de leurefpece. Quoiqu'ils
nefoientpasdans ce befoin aujourd'hui,
ils ne laifTent pas encore de conferver toutes
les femmes qu'ils prennent à la guerr
e , & après qu'ils les ont conduites chez
eux, ils les regardent comme les naturelles
du païs, Scies époufent.
Cequt Le nom qu'ils fe donnent entr'eux,
fignifiéU gc qu'ils donnent aux Européens, doit
nom de ' c -r r' ti r
Sanari. encore fortifier ma penfee. Ils fe nomment
en general, & les Européens qu'ils
veulent honorer. Bañaré, qui veuidire
homme de mer , ou homme qui eil venu
par mer.
C e l i une difficulté fort aifée àrefoué
A G E S AUX ISLES
dre comment ils ont pu venir de la Flo- 1700,
ride, oii du fond du Golphe de Mexique
jufqu'aux Ifles du Vent. Il n'y a
pour cela qu'à fe fouvenir que Chriflophle
Colomb les trouva qui alloient.
d'une Ifle à une autre avec leurs canots,
qui leur fuffifoient pour faire des trajets
aiTez confiderables, comme des Ifles
Lucayes à celle de Saint Domingue,
Port-Vie & Couve. D'où il eft aiféde
conclure qu'en cotoyant la côte depuis
le fond du Golphe du Mexique jufqu'à
la pointe de la Floride, ils ont pû paffer
le Détroit de Bahama, & cottoyant les
grandes Mes de Couve, Saint Domingue
& Port-Ric, arriver aux petites Ifles,
ou ils ont trouvé plus de facilité de s'établir
que dans les grandes qui étoient
trop peuplées pour pouvoir en chaiTer,
ou détruire les flabitans, & s'y établir en
leur place. C'eftainfi qu'on peut raifonnablement
conjefturer qu'ils fe font établis
dans les Antilles, On ne doit donc
pas s'étonner, fî en s'emparant de ces
nouvelles Ter res , & en détruifant tous
lesHabitans mâles, ilsont confervé leur
langue naturelle & leurs coûtumes,qu'ils
ont tranfmifes à leur pofterité qui les
confervent encore aujourd'hui ; &lî les
femmes qu'ils y ont trouvées ont confervé
auffi leur langue, & leurs manières
fîmples & douces, qui font comme le
caraétere des Indiens d'entre les Tropiques.
Au refleleur langue n'eit pas fi diffi-x^«^«,
cile qu'elle paroît être quand on l'entend des c«-
prononcer. Elle n'efl-point chargée de
conjugaifons, ni de declinaifbns: elle a
des ad verbes aiTezfignificat ifs: fonuni-^
qtie défaut eit d'être iterile. Mais n'en
doit-on pas être content puifqu'elle
fufîît pour ceux qui s'en fervent, qui
n'ayant ni Etude ni Commerce, n'ont
pas befoin de tant de termes.
Celle des femmes m'a paru plus douce
Se
p700.
I(î csfins
des
Caraïbes
font habiles
Á fe
feri'ir/le
idre.
F R A N C O I S E S DE
8c plus facile à apprendre, & à prononcer.
Pour celle des vieillards, c'efl-à-dire,
ce jargon dont ils fe fervent dans leurs
confeils, je n'en puis rien dire, je croi
que très-peu de gens en ont connoiffance.
Mon Confrere le Pere Raymond Breton,
a fait une Grammaire & un Dictiojinaire
Caraïbe. Il a aufîî traduit en
cette langue le Catechifme & les Prieres
ordinaires du raatni &dufoir. Ceux qui
voudront avoir quelque connoiiTancede
cette Langue pourront confulter ces
livres, & ils verront la vérité de ce que
je dis.
Les cnfans des Caraïbes s'exercent à
tiref de l'arc dès leur plus tendre jeunelle,
&ilss'yrendentplusadroits qu'on
ne peq^ fe l'imagiper. Cet exercice £c
celui de la pefche font les feules chofes
u'ils apprennent de leurs parens. Je les
L ' A M E R i C t U E . 113
force. Ils font tellement accoûtumez a 1700.
cet exercice, qu'ils ne manquent jamais
leur coup, quoiqu'ils tirent très-vîte, &
pour ainfi dire, fans mirer. Je les ay
vû abbattre de petits oifeaux, qui étoient
fur des branches d'arbre, fi éloignez, qu'à
peine j e les pouvois diftinguer. Je voulois
quelquefois tirer au but avec eux,
& commeje ne réiiffiflbis pas, ils rioient,
& difoient que je n'étois pas bon Caraïbe.
Le nom de Caraïbe & de Bañaré eft I¿s ne
chez eux un titre honorable} mais ils fe -^lui^nt
fâchent fort quand on les traite de Sau- '
vages. Je ne içai qui a eu l'indifcretion peUel
de leurenenfeignerlafignificationjmais fama^es
je fçai très-bien qu'ils ne regardent pas
comme amis ceux qui leur donnent ce
nom. Il faut toûjours les appeller comperes,
fi on veut conferver de la liaifon
I '
avec eux.
. . . Ils affcélent de prendre le nom
ifois quelquefois tirer à des fols mar- gens de confideration qu'ils ont vûs, & neJt h '
quez, queje mettois au bout d'un rofeau fur tout de ceux qui les ont regalez , & ""msiies
j j — — — — — -
planté en terre, fyr lequel je les faifois
qu'on leur a fait connoître comme Gouverneursdupaïs,
tenir avec de la cire noire. Cela faifoit,
plaifir à ces enfans: car ils coniioifTent
ces .efpeces, & fçaventbien qu'avec cette
monnoyeils ont de l'Eau-de-Vie, des
coiiteaux, ^ tout ce dont ils ont befoin
quand ilsvifwem aux IflesFranço.ifes. regardent comme les'ferviccurs & les
J'etois fyrpris que des ç.nf^ps .çi.e huit a Efpl
ou Capitaines de Vaif- mô^
féaux de Guerre. Car pour les Marchands
ou autres perfonnes ordinaires ,
quoique riches, ils ne fe foucient pas
de prendre leur nom, p.arce qu'ils les
fiftrz'ir
de l are.
di,:íf ans •ksabtbattpient-deciiiiquaqt.epas,
& plus, fans prefque mirer, §£ fuis nianqi,
ier jatii£}is. On peiit jpger par là'de
l'adreilè dç jei^rs peres, quand il s'agi,t
d'^battrie.qi^elqye .çhpfe, qu dp dominer
^^ns un but. ' ' ' ' ' ' '
ils mettent la fleche fur l'arc ep l'é-
Jfiv^pt.efl l'air, & i]^4'i"'gen.tIeur.H^ii;ç
W l'fj'.on vifuel le ,long d,e la fleche igfl
qu'au but , ^en,^hbfii4ai;^t i'arc ils de-
Efplayes des Gouverneurs & des autres
qui ont du Commandement, de forte
qu'ils fecroiroient déshonorez s'ils portoient
de femblables noms. Tous les
vieux Caraïbes de la Dominique portehr
les noms des anciens Gouverneurs, oii
Sejgneurs des Ifles. On y trouyeencore
^Pji-eiftnt Mqnfieur du Parquet^ Monfrènr
Hoiiel, Mqnfieur ' de Qodôré ,
ly^pnfieur de Baas, &ç. & cëux 'd»'un
le nom ¿es Go'ucochent
la fleche quand ils jugent qu'ils verneurs plus recens. C^iand ils font
ont a la hauteur convenable pour que ainfi revêtus de quelque grand nom ils
r ® '^i^^eftcment Se avec ne manquent jamais de le dire à ceux
' P qui
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f•î ii•i'•-f^eí! ;W Î-li