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N a U V E A U : X
V ' O y A G E S A U r .1 s L E s
1701. qui eïl la retraite desCorfaires cn tems
de Gue r r e , & des Forbans en tems de
Paix.
Ci alte appelle Forbans ceux qui courent
/eft/^tte les mers fans Commiffion. Ce font à
forbans, proprement parler des Voleur s publics,
qui pillent indifféremment toutes lesNations,
Se qui pour n'être pas découverts
coulent à fond les Bâtimens après les
avoir pillez, & avoir égorgé oujettéà
la mer ceux des Equipages, qui n'ont
pas voulu prendre parti avec eux.
L e nom de Forbans vient de Forbannis,
qui eft un vieux terme François,
qui fìgnifìe bannis ou chafTez hors de
l'Etat. Les Italiens les appellentBandis,
àn mot Bando ^ qui fìgnifìe un Edit
ou Sentence qui les exi le, & chafTe d'un
Etat fous telle peine.
Les Forbans font pour l'ordinaire des
Flibuftiers ou Corfaii-es, qui s'écantaccoûtumez
à cette vie libertine pendant
une Guerre, juf t e , où ils avoient Commiilîon
de leur Souverain, pour courir
fur les Ennemis de l 'Etat, ne peuvent
iê refoudre à retourner au travail quand
k Paix efl fai te, & continuent de faire
la courfe aux dépens de qui il appartient.
Leur rencontre eft à craindre, fur tout fi
ce font des Efpagnols, parce par la plûpart
n'étant que desMu atres gens cruels
& fans raifon, il efl rare qu'ils faflent
quartier à perfonne. Il y a bien moins de
rifques à tomber entre les mains desFrançois
ou des Anglois : ils font plus humains,
& plus traitables j 6c pourvû
qu'on puiffe échaper leur premier fureur,
on compofe aveceux, 6c onf e tii'ed'affaire.
. Ces fortes de gens portent leur fentenceavec
eux. Quiconque les prend efl en
droit de les faire pendre fur le champ au
bout des vergues, ou de lesjetter à la mer.
G û en refeive feulement deux ou trois
pour fervir de témtjitis, pdurl'âdjudiGâ- ^
tion du Bâtiment, dabs leï|Uel on leSajris,
après quoi ils font traitez corhme
eurs camarades l'ont été. Noui n'étions
pas fans crainte de rencontì'er q^éliques-i
uns de ces Mefîieurs: câï? nótìb'f^viòtià
qu'il y en avoit qui rodôieiit fdf la Cote,
où ils avoient déjà pris quelqubs Bâtimens.
Mais comme nous fçavions que
c'étoient des François, nous efperions en
connoître une partie:, & en être quittes
pour quelques pieces' d'eaU-de-vie, dont
nôtre Vaifleau avoit une partie confiderablc.
: , - ' : :
C e f i à cette pointe ou mole que commence
cette grande Baye de plus de
quarante lieiies d'ouverture , jufqu'au
Cap de D-ona Ma r i a , Sede près de cent
lieues de circuit, dont le plus profond
enfoncement s'appelle le Cul -de-Sac de
Leogane. Il y a dans cette Baye plufieurs
Iflcs défertes, dont la plus grande fe nomme
la Gonave . Nous enpafTâmes à une #
afTez bonne diftance, pour éviter les
bancs dangereux qui l'environnent en
beaucoup d'endroits. Ellemeparût àia
vûë de fept à huit lieues de longueur.
Elle manque abfoiument d'eau douce j
du refte elle efl très-habitable, la terre y
efl: bonne, 8c l'air plus pur qu'à la grande
Terre.
Nous arrivâmes le Sàmedy un peu
avant minuit à la Rade du Bour g de la
petite Riviere, qui eft dans le grand
Quartier, qu'on appelle la Principauté
de Leogane. Comme c'étoit une heure
indûë, nous paffâmes lerefte de la nuit
dans le Vaifleau. On compte foixante 8c
dix-fept lieues, du Cap François jufqu'à.
la petite Riviere, fuppofé qu'on aille de
la pointe ou Cap S.Nicolas à la petite
Riviere en droite ligne, & commecela.
n'eft pas poiTible, il faut en compter
près de cent.
1701.
1 ; S
1 ii'iti I m
F R A N C O I S E S DE L»AMERia.UE. 231
C H A P I T R E VI .
Defcripm du g}uartier de la petite Riviere.
,E Dimanche 16 Janvier nous que toutes delà corruption de l'air, 6c noj.
' payâmes le Capitaine Nan- des eaux croup.ffantes , qui s amafftn
tois qui nous aî^oit conduit, dans ces bois. On peut dne, que s ils
dont nous avions été fort enretirent quelque avantage, c eft que g/,,.
ces marécages couverts entretiennent un
nombre infini de mouftiques , maringoins,
vareurs Se autres bigailles, qui
devorent ceux qui font à leur portée le
jour Se la nuit, ce qui peut épargner
aux Chirurgiens la peine de les faignen
Ils dévroient plutôt faire ce qu'on fait
dans les autres Ifles, où les bords de la
mer étant bien défrichez, les eaux ne
Contens. Se nous defcendîmes à terre.
Nos Rel igieux qui avoient appris, j e ne
fçai par quelle voïe, nôtre arrivee au
Cap , ne doutèrent point que nous iie
fuilîons dans le VaifTeau que l'on vit le
matin moai l léàkRade. En effet, nous
trouvâmes Je PereBedarides, qui nous
attendoit au bord de la mer.
à la f e -
me Riviere
imi cou
m t de
pletu-
Wrs.
T'flvnis entendu dire tant de belles cho- -
Tes de ce ^ a r t k ^ que je fus furpris, trouvent rienqui lesarrête Sequicon-
S e l'idée d u e ? m'Snétm^ fe tribuë à leur corruption j Sclesventsde
? r o u v â f f Î é l S L de ce que je trouvai terre Se demer,trouvat 11 eioignec u VI j lierement les uns qauuxi faeufutrcecse, debnatl aryeegnut-,
L c Z Î ^ ^ l ^ ^ ' ^ i y i ^ r c devant pour ainfi parler. Se emportent toutes les
l e a u S f v a i f f e L étoit moiiillé, ne exhalaifons qui proviennent des terres
l e q u e l notre v aui e auc . •• ' nouvellement découvertes. Se mifesen
quinepeuventmanquerd'étrc
heud urieruetrès large ^^ ^ mauvaifes.Ceferoitaffûrementunmoien
Pourrendrelepaïsplusfkin, Sc
Il etolt couvert par ^^^^ ^^^ ^^^^
• T J S S V à ^ & S ' o n n'avoitfait noiflânce dans k Médecine tomberont
^ ^ y t l ^ Z S ^ ^ o i r a g i c n irn^VtroÎ pas difficile d'égaler par
c e i ' ^ S S S Î & - S n i i t é d'autres moyeiÎ la défenfe & la fureté
de fort prè qu'on prétend trouver en laiffant les
¿ n o t fe S e m , pour rendre leur païs bords de la mercouverts de palétuviers,
k p u Scceffke qu'ils^ péùvent aux -Il n'y auroit qu'a planter plufieurs rangs
F l S sTdo^ y m eft d'aller -de raquettes, elles feroient un meilleur
cont S m e m la tranquillité effet fans produire le meme inconvepar
cet teoendui teàl a valeur Françoi fe, plante d^ns un autie endroit. Ou fi le
S e fcavenïïk pas par leur experience terrain n'y étoit pas propre , onpourroit, ^
c o m ê i e n deSsilontpilIélesEi>agnols mettre plufieurs rangs decitronmers les^. ™
11m? femble encore qu'ils ne devroient fonnable ^es endroits utqu^^^^
pas les imiter aux dépens de leur fanté, mer peut venir dans fon plus grand flux. faUtu-
S ef^ tï^s fÔtwTnt aaaquéepnr des ma- On pourroit même les p anter en forme . . r .
fa"i?s r g ï ë u f e s , qui\.e?nent pref- d^^^-edans, Seles tenir a tellehau^ur.