."i !
I i Ml!'
»698.
Regìe
des Ne
gres de
Jufia
four la
fmcefpon
de
leurs
Rois.
44 NOUVEAUX V OY
voyoient avec leur jalouije ordinaire le
profit que nous tirions du Commerce
que nous faifions en cet endroit.
Son Oncle plus honnête homme que
lui, eût horreur d'une fi grande ingratitude}
il jugea que fon neveu étant capable
d'en ufer ainfi avec fes bienfaiteurs,
étoit encore plus difpofé à lui joiier un
inéchanttour, s'il en trouvoitl'occafioni
c'eftpourquoiillefitobferver, Se ayant
découvert qu'il faifoitdes cabales contre
lui, ilétoit prêt de le faire mourir, ou
de le rendre comme Efclave aux Euro^
péens, fi les François par un effet de leur
generofité naturelle, n'avoient obtenu
fa grace. Il eft vrai, qu'il n'eft à prefcnt
en rien diftingué des autres Sujets de fon
Oncle, mais c'eil encore beaucou p pour
lui, de jouir dej a vie Sc de la liberté,
après de fi grands crimes.
Les Agens de la Compagnie devoient
fçavoir qu'en ce païs-là, on n'eft pas Roi
pour être fil? de R o i , parce que ces Peuples
ne fuiventpas la ligne direfte delà
fucceffion de leurs Princes, mais la collatérale.
De forte que pour être fürs que
celui qu'ils font fucceder à un Roi défunt,
eft du Sang Royal, ils ne prennent
pas les enfans du défunt, à cauie que
fa femme pourroit les avoir eu d'un autre
que de lui, mais les enfans de fa foeur.
Par ce moy en i Is font aflurez, que ceux
qu'ils mettent fur le Trône, font du Sang
Royal, au moins du côté de leur mere.
L e prétendu Prince Aniaba n'étoit pas
de cette forte, il étoit fils du Roi défunt,
& n'avoit par confequent aucun droit à
la Couronne.
On pourroit dire, que l'exemple de
cet apoftat ne prouve pas que tous les
Negres foient fi faciles à changer de Religion,&
qu'on voit les Royaumes d'Angollc
éc de Congo perfeverer dans la foi
depuis que leurs Princes ont été baptifez
par les Miûîonaires que les Rois de Pot-
A G E S AtJ ^C I SLES
tugal y ont envoyez , 8c qutU j entretiennent
encore à prefent.
Je réponds, que fi l'exemple d'Aniaba
étoit feul, il lîe prouveroit rien} mais
je défie qu'on me trouve quelqu'un en
toute la Côte deg Negr e s , qui après être
retourné en fon pais, ait confer vé la foi
qu'il avoit reçue, & dont il avoit fait
profeffion, quand il en étoit abfent.
Quant aux Negres de Congo &d'Angolle,
iln'y a qu-'à parler aux Miffionnaires
qu'on envoye chez eux, pour fçavoir
qu'elles peines ils ont pour y conferver
quelque ombre de la Religion
Chrétienne: car ces Negres font fans
fcrupule cequefaifoicntles Philiftins,ils
joignent l'Arche avec Dagon, & ils confervent
enfecret toutes les fupcrftitions
de leur ancieaculte idolâtre, avec les
ceremonies de là Religion Chrétienne.
On peut juger qu'elle e^ece de Chriftianifme
il y a en ce païs-lâ.
La traite des Efclave n'eft pas le feul
Commerce qu'on fait fur les Côtes d'Afrique.
On y negocie encore beaucoup
d'or, des dems d'Eléphant qu'on appelle,
du morphy, de la cire , des cuirs , des
gommes, de la maniguette, qui eftune
efpece de poivre. On en apporte aufli des
perroquets, des finges, des étoffes ou
pagnes d'herbes & autres chofes.
A propos de finges, un Officier d'une
deces Compagnies me contaunjourune
hiftoire qu'il difoit être arrivée à fon
pere dans le tems qu'il étoit Commis
principal d'un de leurs Comptoirs. Elle
eft trop plaifantepour l'oub ier,maisjc
ne réponds pas de a vérité : car je la tiens
d'une perfonne dpnt je ne dois pas repondre.
Ce Commis ayant demande congé
pour faire un voyage en France pour fes
affaires particulières, eut ordre d'un des
Direéteurs généraux d'apporter avec lui
quatrecu cinq finges, il avoit éciit tout
JM.
Etat du
Chriftianifme
À
Congo o*
AngoUt,
Com- '
met ce
de Guinée
zr
de Senfgai.
Hißoire
d'un envoi
de
Singes.
l6iß.
F R A N C O I S E S DE L» A M E R i a . U E . 45.
aa long & non en chiffre, quatre ou cftpoffible,enymélant de la limaille de iiî^g,
c i n q c e n t finies. Ce pauvre Commis ae cuivre, 8cde cesgroifes epinglesjaunes
ptoiivoic que^nfer d'une pareille com- qu'on leur apporte d'Europe. Plufieurs
miiîion, ni quel païs on vouloir peupler Marchands y ayant ete attrapez, en ont Trof?>p*-
àc cesfortes d'animaux. Il fe donna de fait des plaintes aux Rois du pais qui r^d"
grands mouvemens pour raifembler ce n'étant pas en état de leur fairejuitiGe,^^^
nombre & pour faire préparer dans le ou par impuiffance, ou par mau vaife vo- ^ed,
V a i i T e a u les cages 8c les cabanes pour les lonté, la plûpart n'ayant guéres plus y
enfermer. Malgré tous fes foins, il ne pût d'honneur quejeur Sujets, c lucun fe fait "^JP""-
trouvér le nombre qu'on lui avoit mar- juftice à foi-même. Ainfi quand un Nequé;
il fallut qu'il fe contentât d'environ gae apporte de l'or, on iepefe éti fa prctrois
cent trente qu'il fit embarquer, fence, & on le met auffi-tôt dans l'eau
qui, à la referve deceuxqui tombèrent ^ """
à la mer arrivèrent-à bon port à la Rochelle.
Ce Commis ne manqua pas d'aller
auiïï-tôt faluer le Direâreur qui lui
avoit écrit, 6c celui- ci lui ayant deman^
dé, s'il avoit apporté les finges qu'il lui
avoit demandez , ce pauvre Commis lui
répondit en tremblant qu'il n'avoit pû
cxecuter entièrement fes ordres, & que
dans la traverfée, quelques-uns étoient
tombé à la mer,de forte qu'il n'en reftoit
qu'environ trois cent dix. On peut juger
de l'étormemcnt duDire£teur,il fe fâcha
très-fort contre le Commis, lui dit, qu'il
ne kl! avoit demandé que quatre ou cinq
finges, 6c que s'il en avoit apporté davantage
ce feroit pour fon compte, &
forte. Si l'or cftfatfifié', celafe connok
fur le champ par la couleur verte que
prendi l'eau ffooiittee,, qiti provient de la
difiblution du cuivre qui étoit mélangé
avec l'or. On pefe eniuite l'or quirefte
dans l'eau forte, 6c comme on ne trouve
plus le même poids, on met le Marchand
aux fers , il eft fait Efclave en pu>'
nition de fa fraude, fauf à lui àfc racheter,
s'il le peut faire, avant qiie les Vaii^
féaux partent, ce qui n'eft pas fort facile
pour l'ordinaire.
L^e esRoisdelaCêtede Giiinéc, Scde
toute cette partie d'Afrique, quieft depuis
le Cap-Verd, jufqu'à celui de Bonne
Efperance , n'^ontpas des Royaumes
fort étendus. Cette multiplicité d'Etats
qu'il lui feroit payer le préjudice qu'une differens produit une grande diverfité
pareille Cargaifon avoit caufé àia Com- de langages} de maniere que dans quapagnie.
Le Commis qui vit ou cette affiiire
pouvoir aller, mit la Lettre du Directeur
au Greffe, pour la mieux conferver,
6c lui en fit fignifier une copie
collationnée.Celui-ci fe voyant convaincu
par fa propre écriture d'avoir demanrante
ou cinquante lieues de Côte, ou de
Pais, on trouve fouvent quatre ou cinq
Langues diflèrentes.
La plus étendue de toutes ces Lan- -D/j^
gues, du moins autant que je l'ai pû apprendre
par beaucoup de gens qui ont
dé quatre ou cinq cent finges, fut oblige fréquenté ces pâi's-là, 6c par ma propre Cûjtes •
de le charger de cette belle marchandife,
qui lui fervit pour faire de magnifiques
prefens à fes confreres 6c à fes amis.
Cr de L'or que l'on tire de Guiñeé eft en poutuinii.
dre, ou en grains. Les Negres qui l'apportent
experience, eft celle qui fe parle au R o 'i'-^fr*-
yaume d'Arda 6f de Juda. Nous appeU
Ions Aradas les Negres qui viennent dé
cette Côte, 6cj'ay vûque tous ceux des
environs de ce païs à foixante ou quatre-
à bord des Vaifleaux ou aux vingt lieues à
EftScà l'Oueftycnteii-
Comptoirs, le f^lfifient autant qu'il leur doient ou parloient la Langue qu'on p»r^
• F 3 le
It;