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'4«4 NOUVEAUX VOY
»704' Avant de donner la Ptifanne au malade,
il faut le préparer par une Saignée,
& le lendemain le purger à l'ordinaire j
on le laille repofer le troifiémejour, on
le faigne encore le quatrième i on le purge
le cinquième, ¿k le lîxicme on lui
donne la Pcifanne fans difconcinuation,
pendant quinze ou vingt jours. Si tout
au plus trente. Il faut que le mal foit
bien opiniâtre,pour n'être pas gucri dans
ce terme-là.
La doze que le malade doit prendre,
cft d'environ crois quarts de pinte par
j o u r , & cela en trois foisî on lui donne
le premier verre à fix heures du
matin, à dix heures on lui donne à
manger : il prend le fécond verre à
deux heures après midi, Se il foupe
a fix heures, & à dix heures du foir
on lui fait prendre le troifiéme verre.
Sa nourriture pendant tout ce tems-là
ne doit être que de viandes rôties à la
A G E S AUX ISLES'
broche , ou fur le gri l , fans fcl, fans
potage, fans ragoût, falade , f rui t , poiffon,
fromage, ou autre chofej faboiffon
doit être uniquement de la petite
Pcifanne, tant à fes repas, que pendant
la journée, lorfqu'il a foif. Il doit
s'abltenir de tabac, de quelque maniere
que fe puifl"e être} il faut encore fetenirchaudement.
Quoique ce regime paroiiTe
un peu difficile, il eft bien plus
agreable de fe fervir de ce remede qui
n'eil fujec à aucun inconvenient, que
de beaucoup d'autres, qui ont fouvent
des fuites fâcheufes, & qui font d'une
dépenfe bien plusconfiderable. Son operation
eft douce, & prefque infenfible,
on ne la remarque que parles fueurs
abondantes qu'elle excite, quipouflcnt
au dehors tout ce qu'il yavoit de mauvais,
& renouvellent, pour ainfi dire,
le corps tout entier.
c h a p i t r e XI I .
V Auteur fait achever leur Couvent âuMoMUge, on le fait Supérieur de U
Martinique, é Vue-Prefet Applique. Botte Anglaife.
res que
affaires i
'eus mis ordre aux
îe nôtre habitation,
& fait avec un très-grand
iravail le Sucre que l'on pût
tirer de nos canne ruinées, je
fretaiunebarque, pour porterau Mouillage
les bois que j'avois fait faire pour
la charpente du bâtiment que j'avois fait
commencer en 1698, & je me rendis
fur le lieu le i8. de Juillet. 11 falkic lever
toucleplompdont on avoit couvert
la terralfe qui regnoit fur tout le bâtiment.
JLefoleii aveu fendu & crevé toutes
ces longues planches de plomb, ce
qui nous caufa une perte très-confiderable,
que nous aurions évité, li on
avoit voulu fui vre mon confeil, & faire
une couverture à l'ordinaire, ou une
manfarde. Il fallut changer la plupart
des poutres & des fommiers, ôc pour
contenter nos Religieux, laiflèr autour
du comble une plate-forme d'environ
huit pieds de large, pour leur fervic
de promenade, & jouir de la vûëde la
rade, & de la plus grande partie du
Bourg.
^ Cette petite terraiTe étoit compofée
d'un maffif de pierres de ponce avec un
bon mortier de pouflblane, & bien carrelée
j par ce moienje rendis nos chambres
plus fraîches,, & parfaitement habitables.
Ceux qui le ferviront de la pouflbianc.
Jyo4.'
Avis
furia
PoujfoknS'
F R A N C O I S E S D
k n e , foit de celle que l'on trouve à la
Guadeloupe, 8c à la Martinique, foit
de celle d'Italie, doivent fe fouvenir que
les ouvrages qui en feront faits, ne feront
bons qu'à proportion de l'eau dont
on aura eu foin de les arrofer pendant
plufieurs jour s , après qu'ils auront été
faits. Il faut emploïer ce mortier tiercé,
c'eft-à-dire, un tiers de chaux -, 6c deux
tiers de poulîblane fort claire flcpromptement.
ll fe féche fort vite, & fait corpsj
mais fi on manque de le baigner, & pour
ainfi dire, dele noïer , il s'échauffe, Se
devient en poudre i au lieu que fi on y
ette quantité d'eau, on amortit la vio-
" ente aétion de la chaux, & on fait u ne
maiîe, qui au bout de quelques jours
devient dure comme la pierre même
qu'elle renferme, que l'on caiTe plûtôt
que le mortier dont elle eft environnée.
C'eft ce que j'ai vû pratiquer en Italie,
& ce que j'ai pratiqué moi-mêmedans
les voûtes & autres ouvrages que j'y
ai fait faire, & dont je parlerai autre
part.
. Le Supérieur Général de nos MiiTions
aiant été obligé de faire un voiage à la
Guadeloupe, me pria avant de partir de
prendre le foin de a Miffion jufqu'à fon
retour. Le Pere Paris qui en étoit Supérieur,
aiantjugé à propos de fe démettre
de cet emploi, le defiein du Supérieur
Général étoit de me nommer Supérieur
de laGuadeloupe, dès que celui
qui y étoit auroit achevé fon tems -, mais
à peine y fut-il arrivé, que nos Religieux
de laMartinique lui écrivirent,6c le prefferent
de me nommer leur Supérieur, lui
}'Auteur faifant voir que j'étois plus neceflaireà la
tjifont Martinique qu'à la Guadeloupe. 11 y
w W t^onfentit, 6c envoia la patente de cette
u'"MÎf. charge, ScdecelledeVice-PrefetApoffionde
tolique au plus ancien de nos Miflion-
U Mar- „aires, pourmela fignifîer, Scpour me
contraindre de l'accepter.
J'eus toutes les peines du monde à m'y
E L'AMERICLUE.
refoudre ,je ne me plaifois pas à la Marti- 1704?
nique, & j'aurois été plus aifé d'être à
laGuadeloupe, où M. de la Malmaifon,
qui avoit beaucoup d'amitié pour moi,
venoit d'être nommé Gouverneur. Nos
Peres vivoient tranquillement dans cette
lile, au lieu que depuis quelques mois
les libertins fedonnoient la liberté d'infulter
les Curez de la Martinique, de
forte qu'ilfalloit être fans ceileaux plaintes,
¿s'attendre à ne recevoir prefque
jamais de fatisfadion. A la fin il fallut
obéir, & accepter cette charge le 11 de
Septembre. Je fis travailler aufïï-tôt aux
offices qui dévoient accompagner le bâtiment.
Je les en éloignai de huit toifes
tant pour éviter les accidens du feu qui
font plus frequensdans les lieux où il y
a une cuifine 6c un four, que pour ne
pas entendre le bruit que les Negresfont
ordinairement. Je fis auiîî clore la cour
qui étoit devant le grand corps de logis,
&je prefTai tellement tous ces ouvrages ^
que nous allâmes loger dans nôtre nouvelle
maifon-à la finxlu mois d'Oétobre.
Mais ilnefuffifoit pas de l'avoir bâti,
il falloir la meubler, & ce que nous avions
de meubles dans l'ancienne étoit fi peu de
chofe, & fi délabré, que cela faifoit pitié.
Je mis en oeuvre nos Menuifiers ,
pour taire des tables, des buffets, & autres
chofes femblablesi &je trouvai au
Cul-de-fac Robert un habile Tourneur,
qui me fit neuf douzaines de chaifes de
boisdeCipres, garnies très-proprement
de latanier i ce bois s'appelle bois de rofes
à la Guadeloupe, & ce nom lui convient
ailurément mieux que le premier,
car il a une agréable odeur de rôles qu'il
conferve toûjours, 6c qu'il communique
à tout ce qu'on renferme dans les
coffres 6c armoires qui en font faites. C e t
arbre vient ordinairement de lagrandeur^^^.^ ^
6c de la grolTeur de nos noiers, il al'é- ciprese»
corce aflèz mince, fort brune. Si fon derc/h,
tailladée i l'aubier, ne îe diitingue pref-
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