' r ;
'il • ^
» i f
I •
M
ÍH
'U iL., .
N O U V E A U X VOYAGES AUX ISLES
>7®3' curiaux au commencement de ces Me- re Bcdarides me mena avec lui au Fort
moires j il lui promit cependant de s'in- Roial. Lcbefoinque M.lcGénéralavoit
former exaftement de cette aiïaire, 6c de nous, pour tirer d'affaire ipndomeftimême
d'aller furies lieux s'il étoit ne- que, fit qu'il nousreçutaflèz bien; mais
ceifairCjSc de lui donner cnfuite toute la quand il vit que nôtre Supérieur ne voufatisfaftion
que faconfcience, fonhon- loitpasoutrepaiferfes pouvoirs, nis'exneur
& fes pouvoirslui pourroientper- poferàuneexcommunication,pourfairc
mettre. ^ m __
Les chofesenctoient là lorfque j'arrivai
de la Guadeloupe. Le SuperieurGéneral
ne manqua pas de me demander
comment cette affaire s'étoit palfée, &
me pria de lui en dire mou fentimcnt>je le
fis avec plaifir, peu de gens en avoient
une connoiiTance plus entiere, j'étois
fur les lieux quand elle s'étoit paflee, Se
on avoit eu la témérité de m'offrir cinquante
Louis, & même davantage, fî
jevoulois m'emploier à applanirles difiicultez
quis'y trouvoient. Jerapportai nôtre Préfet Apoftolique que nous lui
donc ànôtreSupericurGéneraltoute la mîmes entre les mains, quenosfacultez
fuite de cette affaire, & je lui dis pour
conclufion, qu'il n'avoit qu'à examiner
les pouvoirs que le Pape lui avoit donné,
comme Prefet Apoftolique, pour voir
frimv^ s'il pouvoir difpenfer dans le fécond
de£ jrc d'affinité. S'il le pouvoit
faire en feveurdes perlbnnes, qui avoient
contraété& confommé un mariageclandeftin
contre la difpGÎitionduConcile de
Trente qui les prive dans ce cas de pouvoir
jamais efpercr de difpenfc. 'Tertio-,
S'il pouvoit àdminiflrer le Sacrement de
Mariage corn me Sacrement, à des gens,
dont l'un, fçavoir l 'homme, avoit déjà
fait deux fois abjuration del Herefîe de
Calvin, ôc la fille une fois,fans quedepuis
ce tems-là ils euflent donné la moindre
marque de leur Catholicité, & qui par
confequent ne regardoient le mariage
que comme un contraét purement civil.
Ce fut pour expliquer toutes ces chode
donner des difpenfes ne s'étendoient
pas au-delà du troiidéme au quatrième degré,
il vouloir toujours nous perfuader
qu'il ne tenoit qu'à nous de trouver un
expédient, pour r'ajuftcr la mal-façon
de fon Aumônier. Nous le quiitâmesenfin
après lui avoir dit que ces gens-là dévoient
obtenir une difpenfe en Cour de
Rom«, & y expofer le fait comme il étoit,
fans obmetire aucunecirconflance,
parce qu'autrement on ne pourroit pas
s'en fervir en leur faveur, s'il fe trouvoit
qu'elle fut furreptice.
Je demeurai quatre ou cinq jours en
nôtre Couvent du Mouillage, pour voir
cequ'ilyavoit à faire au nouveau bâtiment
j je priai le Supérieur Général de
faire aiTembler les Religieux, afin d'avoir
leurs avis, parce que j'étois refolu
de ne rien faire que ce qui feroit déterminé
dans une aflembiée. On s'^aiTemblai
j e fis Je rapport de l'état du bâtiment, 6C
fes à M.dcMachault, & lui développer je priai l'Aflemblee de dire ce qu'on vourintrigue
de fon Aumônier, ^ue le Pc- droit f4re, afin que le faifant exécuter ,
F
1703,
plaifir à fon Aumônier, il recommença
f£es vieilles plaintes fur l'avarice des Moines,
qui lui fàifoieHt fouhaiter de boni
Prêtres de l'Oratoire, pour gouverner les
Paroiflès, ôc de bonnes Soeurs Grifes,
pouravoirfoindesHôpitaux. Nous lui
offrîmes de nous delîfter entièrement. Se
de confentir que les Miiïïonnairesdesaires
Ordres, c'eft-à-dire ," lesjefûiies 8c
les Capucins la reglaffent éoftine ils le
jugeroient à propos. Cela ne le contenta
pas} ôc quoi qu'il vit par les Patentes de
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 4^7
,1703. je ne fuflc point obligé de répondre du Guinée, qui n'avoient pas laifTé de lui
fuccèsi mais au lieu de me donner quel- coûter neufmille cinq cens livres, quoique
ordre, ou du moins quelque avis qu'il y en eut les deux tiers qui fuiTcnt fi
1-1*2.
comme je le fouhaitois, ils convinrent
tous de s'en rapporter entièrement à ce
que je jugerois à propos de faire, ôc me
donnèrent là-deffus un pouvoir général
& abfolu. L'aéteenfutdreffé ôcfigné
par le Supérieur Général, ôc toutel'Affcmblée.
J e partis enfùite pour nôtreHabitation
du F©nd de S. Jaques,que j e trouvai dans
vieux qu'ils avoient déjà les cheveux
gris, marque affurée ches les Negres
d'une grande vieilleffe :6c pour furcroîc
de ma heur, ils n'étoient pas paiez. Je
trouvai encore que la maifon étoit chargée
de beaucoup de dettes,qu'il n'y avoit
pas de manioc en terre pour deux mois,
ôc que depuis mon départ pour la Guadeloupe,
on n'avoit pas fait la moindre
un très-granddefordrej ilyavoit ^nvi^ réparation:defortequ'il fallutcommen-
-ron deux mois que le Syndic qui m'avoit cer par faire un Moulin neuf, recouvrir
précédé, s'étoit chargé d'une vingtaine tous les bâtimens, ôc travailler les bois
de Negres nouveaux qui étoient le rebut neceffaires pour la charpente du bâtid'une
cargaifon de la Compagnie de ment neuf du Moiiillage.
C H A P I T R E X.
Kemedes dont les Miftcnnaires fe fervent r. pour guérir les Paiens obfedez.
Guelques pratiques des Negres. Etat des Muions des Jacobins.
,E commençai à faire faire du
Sucre dans les premiers jours
de l'année 1704 mais nos cannes
avoient été fi négligées,
fait c
jeune de tous prit la peine de fe pendre
au balancier du Mou in , un jour qu'on
ne faifoitpas de Sucre. Lefujet de fon Neir,-
defefpoir, à ce que les autres me dirent, ?«'/»
& les rats y avoient de étoifti qu'il ne^ pouvoit f.ouu affmriir l,aa adoouilceur
prodigieux degats, qu'au lieu que dans qu'on lui faifoit en lui tirant Icschiques:
l'année 1698.1! ne me falloitque douze il prétendoit s'en exempter en retourou
quinze perfonnes pour les couper, & nant en fon païs après s'être pendu Ce
entretenir e Moulin, cinquante perfon- qu'il y eut de furprenant, c'eft qu'il s'énes
ne le pouvoient pas fournir daps eel- trangla avec une ianne, erofle comme
k - c ; parce que l'on étoit obligé de dé- le poûce, fans y avoir faif aucun noeud
couvm- autant de terrain dans un jour coulant; ôc qu'un de nos anciens Neeres
qu on en decouvroit dans une femaine, quivitquand ilfejetta en bas de la table
fix ans auparavant:dc forte que je travail- du Moulin, fur laquelle il étoit monté
lai pendant presdefept mois, pour faire étant accouru auffi-tôr, pour l'cmnêcher
autant de Sucre que j^cn avois fait autre- de s'étrangler, le trouva mort qÎand il
.fois en deux mois. Ce chagrinetoit au- , arriva, quoiqu'il n'eut pas deux cens pas
gmente par 1 embaras que me donnoient a faire. Je fus fâché de ¿et accident pour
le.s vingtNegres nouveaux que l'on avoit plufieurs raifons , ôc fur t o u t , parce au'éachepte
tout recemment. Comme ils tant nouveau venu, ÔC ne fçachan^as.
«oient vieux, ,1s etoientfort mdociles, encoreaffez la langue, on n'avoit pû l'Fn-
& pre^uepointdu tout propres au tra- flruire, ni lebaptifer, ce quiaur<Î^^t em-
, vail, & les anciens Negres de la maifon péché fans doute ce malheur car il eft
; ne vouloient pomt s'en charger. Leplus rare quele, Negresfepoltcntà¿esc00ps
M m m j ^
f, fe^ ê
i l