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-179®' qu'cllcs^ne fotit pointd'üfagecnce païslà.
Jé fis prefcnt d'une bouteille d'Êaudc
Vie au maître du Carbet avec lequel
nous dînâmes. Il nous donna des crabes
& de très bon poiiTon, dont-nous nous
accommodâmes très-bien quoiqu'il ne
fût pas aiTaifonné à nôtre maniere. C'eft-
^nguiU là le païs des anguilles. J'en vis four-
%anti- '"'Ile dans les rivières les plus belles, &
ti'àl'â les plus groiTes, quej'eufle encorevûës
l>ami- dans les Ifles. Il ne faut pas s'en éconnerj
les Caraïbes les laiiTent vivre en repos,
^arce qu'ils n'en mangent point. J'engageai
quelques jeunes gens de nous en
prendre. Je les avois mis de bonne humeur
avec un verre d'Eau-de-Vie j ils y
furent auffi-tôt, 8c fans autres inftrumens
que leurs mains ils m'en apportèrent
en moins d'une heure neuf ou dix
des plus belles du monde. Nous en mî-
Zes Ca- mes rôtir Scboiiilliri mais il fallut faler
rdihes nos faulcesavecde l'eau de lamer: car
mfefer- j^qj H ô ^ g s „g fg fervent point de fel, &
-vent - . Il - ' , ,
fointdt nous avions oubhe d en apporter avec
fel, nous.
. Tous les vieux Caraïbes queje visjfça-
Jotent voient encore faire le ligne delaCroix»
tncere les Prieres chrétiennes en leurlangue»
Us Prie- & quelques uns même en François. C'é-
"¡ennlí' ^^
ftruétions que les Peres Raymond Breton,
& Philippe de Beaumont Religieux
de mon Ordre & de ma Province,
leur avoiçnt données pendant le long
féjour qu'ils, avoient fait avec eux. Ils
m e demandoieht des nouvelles de ces
'deux Religieux avec tout! l'emprclTe-
• ment & l'afFcârion dont ils font capables.
Ils lesattendent toujours, Scieursenfans,
&petitsenfansiesattendróiitde même,
fans fonger qu'il y a long-tems qu'ils
doivent être morts. Nous avions pris
avec nous un François qui s'écoit retiré
parmi eux pour quelque Faute qu'il avoit
commife à la JVî artiquc, qui nous fcr-
I S L E S
voit d'interprete, qui fçavott leûr kn- i^w,
gue, & qui s'étoit fait à leurs manieres
comme s'il fût né Caraïbe. Je fis et que
je pus pour le retirer de cette vie libertine
fans en pouvoir venir à bout. OH auroit
bien pu l'enlever, mais les Sauvages
qui l'aimoient, ne l'auroient pas foufl^rt
fans" s'en venger, &'on ne veut point
chercher de guerre avec eux.
Nous vifitâmes pendant fix jours toute
la Cabefterre, depuis la pointe qui regarde
le Macouba de la Martinique,
jufqu'à cellequi regardeMariegalandej
&C nous fûmes bien reçiis dans tous les
Carbets où nous allâmes. Comment n'y
aurions nous pas été bien reçus. Nous
avions de l'Eau-de-vie, & en donnions
à nos comperes fi libéralement que dès
le iècond jour de nôtre arrivée, je vis
bien qu'il en faudrdt envoyer chercher.
J'y envoyai deux denos Nègres avecuti
Caraïbe. Ils firent le voyage en quinze
heures, & m'apporterent trente pots
d'Eau-de-Vie de Cannes que le maître
de la Barque me prêta, & queje lui rendis
à la Guadeloupe. J'achetai un hamac
de mariage, & quantité de bagatelles,
le tout payable en toile, que les Ven--
deurs devoient venir chercher à la Barque.
Cela les obligea à nous venir reconduire,
mais je ne voulus pas revenir
par le même chemin, non que j'efperafle
en trouver un meilleur, mais pour
parcourir davantage le pais & le reconnoitre.
Ce que j'en puis dire en general,
c'eft que la terre y eft très-bonne, & à iaunif^
peu près de même iwtureàla Cabefterre "
& à la BaiTeterre, qu'elle eft aux Cabefterres
& BalTeterresde la Martinique,
& de la Guadeloupe. Le manioc y vient
très-bien. Le manioc d'ofier eft celui
qu'ils cultivent davantage, peut-être,
paree qu'il vient plus vîte,oa parce qu'ils
le trouvent meilleur. Je mangeai fans
peine de leur caflave, & je la preferois
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^^ F R A N Ç O I S E S D E L'A M E R I A U E. JOJà
nôtrebifcuit, lorfqu'elleétqitchaude, vieres, particulièrement la Cabefterre.. lîooi
La viande & le poiflbn boucannez nous Les eaux fontexcellentes,le poiiTon d'eau
parurent de meilleur goût, 6c de plus douce y eft en grand nombre & très-bon.
façile digeftion, queqiiand ils font ac- llya uneSouphriere commeà Is Guacommodez
à,la Françoife. Un Chirur-. deloupe, mais je n'j/' ai point été, parce î
giende nôtre Compagnie qui, étoit i'Ef-, que je ne pus jamais engagej:perfonne,
ni a m'y conduire, ni a m'y accompagner.
Elle n'eftpas fi haute à beaucoup
près que celle de la Guadeloupe. La ter- .
point de répliqué, c'eft-à-dire, en man- re de prefque toute l'Ifle eft haute, ôç
fort hachée.-Je ne croi p^s qu'en toute.
la Cabefterre il y ait trois lieues de plat
païs,en mettant bout; à bout tout cequ'on
y en trouve. Mais les fonds font beaux,
& les pentes ou revers propres à tout
ce qu'on y voudroit, p anter. . .
viande : car pour lors ils les cueillent un; J'avois epten,^^ parler d'une mine d'or,
peu ayant leur maturité- Ilsont despa- qu'on prétend être .aupres,_de lai Sou^ d'or de
phriere. Je m'en ipformai ^veç tout-je /".-R"-
foin poifible, tant des Caraïbes, qued&f""'"
ce François réfugié, & des autres qui
travailloient à faire des bois de charpei)-.
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cul ape & prçfq up le Gou verneur de l'I île
de Sajnt Martin nous le prouva par une
demonftràtion, à laquelle il n'y avoit
géant beaucoup & très-fouvent, fans être
incomniodé, & fans fe ralfafier. Je vis
dans quelques cantons des bananes & des
figues plus belles que dans nos ifles, ils
les laiilênt meurir fur le pied, à moins
que ce ne foit .pour manger avec de la
tares & des ignarnès en abondance, bèaur
«/«;;/« coup de mil, & de cottoh. Ils laiffent
des Ca- leurs volailles en libei té autour de leurs
rmiesen Carbets j elles pondent Sccouvent quand
il-leur plaît, amènent leurs pouffins te 8c des canots, fans en pouvoir rien apà
la maifoîi pour chercher à vivre: il eft prendre: foit que les Caraïbe^s ne me
certain que kur chair eft excellente, cela
viendroit-il delà libertédontellesjouiffent''
Ils nouriiTent quelques cochons,
& on en trouve beaucoup de marons de
deux efpeces, c'eft-à-dire, de ceux^ui
Viennent de race Efpagnolle, 8c de ceux
qui fe foHt échapez des p^rcs, ¿c dont
les, premiers avoient été apportez de
France, fl eftaifé de diftinguer les uns
des autres, comme je l'ai déjà dit, ce me
femble dans un autre endroit.
Nous retournâmes au Carbet'de Madame
Ouvemard le huitième jour après
nôtre départ, bien fatiguez, à la vérité,
I maisbiencontens de nôtre voyage. JE
^ kDmi. P^s fait entièrement le tour de la
»¡que. Dominique, mais autant que j'en puis
juger par l'étendue de la Bafleterre &: de
la Cabefterre que j'ai parcourues, elle
peut avoir trente à.'trente-cinq lieues de
circuit. Elle eft arrofée de quantité de rijugeaiTent
pas aiTez de leurs aniifppur
me confier untelfecret} foit qu'qnepa?
reille recherche m'eût rendu fufpeâ; à
ces Sauvages, qui fçavent très-bien,qu'il
n'eft pas de leur intérêt d'çnfeigner ce
trefor aux Européens tels qu'ils puiflent;
être, parce qu'ils voudroient auffi^tôp •
s'en rendre maîtres, 8c les çhaiTer ,dç.
leur païs., La clipfe n'eft pas fiart difficile:
car ù ^la rf:ferve de deux oiî uohwmire
Carbets qui font vers }a pointe fous la cn'
Souphriere, j'ai yû tout ce qu'il y a de
jens dans cette lile, 8cje,ne croi pas que
e nombre excede beaucoup celui de
deux mille ames, dont les deux tiers font,
femmes 8c enfans. Quoiqu'il en foit, j'ai,
vû un morceau de cet or entre lesmainst
du Pere Cabaflbn Supérieur de nôtre
Miffion de la Martinique, qu'il difoit ve^,
nir d'un certainM-Plubois qu'on prétejiy,
^oit être Gentilhomme, quoique fa ma^
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