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V
1 Î 4 NOUVEAUX VOY
défendit l'entrée ScTufagc du tabac duns
tousfes Etats} premicremenc, fous peine
1700.
Plu-
Jieuri
Princes
cnt defends*
I'ufagi
in ubai
=• Lì - jrei
publiez.
íontre
l'ítfage
du tabac
du foiict, qui eft un châtiment trèscruel
en ce païs-lài enfuite fous peine
d'avoir le nez coupé. Se enfin de perdre
la vie.
Amurath IV.EmpereurdesTurcsfuivit
cet exemple, & défendit le tabac dans
tout fon Empire, fous peine de la vie.
Ce zélé Muiulman étoit perfuadé que,
cette plante devoit être abhorrée des ve- ;
ritables Mahometans autant que le vin,,
puifqu'elle produifoit le même eftet,-qui
eft de troubler la raifon.
L e Roi de Perfe ScacSophi, fils de
Mirfa, fit les mêmes défcnfes, & fous
les mêmes peines. Ces Princes aimoient
mieux fe priver des gros droits qu'ils pouvoient
mettre fur le tabac, qued'enlaiffer
établir l'ufage dans leurs Etats. Leurs
fuccefleurs plus intereflez n'ont pasfuivi
leur exemple,ce qui paroît parl'incroïable
confommation qui fe fait de cett£
plante dans tous ces -pa'iVlà.
Nous ne voyons point que lesMonar^
ques d'Occident ayent porté fi loin la
feveritécontre leurs Sujets, qui ufoienc
du tabac. Les unsfe font contentez de le
charger de droits exorbitans, leur politique
a eu de bonnes raifons, pour en
permettre l'entrée à ce prix-là, & en
laifler établir l'ufage, qui s'eft à la fin
changé en neceffité.
f Les autres ont cru être obligezde défabufer
leurs peuples des vertus qu'on
fuppofoit dans cette plante, parce qu'ils
n'en étoient point dutout perfuadez.
Jacques Stuart Roi de la Grande Bretagne,
fucccfleur de la Reine Elifabeth,
piTblia un Traité excellent qu'il avoit
compoTé fur le tabac, dans lequel il fit
voir 'inutilitéde cette plante, & lesaccid^
ns qui en arrivoient par le mauvais
uHige qu'on en faifoit. ; _
ChriitianiV. Roi de Dannemarc en-
A G E S AUX /ISLES
gagea Simon Paulus fon Medecin, de
compofer unOuvrage, contre l'uiage immodéré
du tabac. Il le fit, ôc prouva
très-lblidement, que ceux qui prennent
du tabac en poudrcen quantité , font fujets
à perdre l'odorat, 6c à tomber dans
des accidens encore plus fâcheux; & que
celui qu'on prend en fumée péuétroit le
Iç cerveau, legâtoit, & faifoit une croûte
noire fous le crane, comme on l'avoit
remarquédans plufieurstê^'esde fumeurs,
qu'on avo^it ouvertes. .
. Et nous avons vii de nos jours des
Thefes deMedecine impriméesà Paris,
dont laTraduition Françoife a été àé-'inl,'
diée à M. Fagon prernier Medecin du'<k
Roi, dans lefqu'ellesonavôitrapporté,^
Scloiié, ce qu'il y a de bon, & d'aiTûrédans
letabac j on combat par des raifons
très-folides le trop frequent ufage qu'on
en fait, & on montre les inconveniens
qui en arrivent, &les dangersaufquels
on s'expofe, quand on ep ufc, comme
U piûpart font, fans regie, & fans difçretion.
;
Cette Thefc fut foûtenuë le i 6 Mars
lôpp. danslesEcoles deMedecine,par
M. Claude Berger Parifien, Bachel ier en
Medecine, qui devoit avoir pourPrefidentM.
Fagon. La queftion étoit fi le
frequent ufage du tabac abregeoit la vie.
jln ex Tabaci ufu freq^uenti -vitie fumma
brevior ? Et on concluoit fort demonftrativement,
que l'ufage frequent de cette
plante l'abregeoit. Ergo ex frequenti Tabaci
ufu vita fumma brevior. Que dire
après cela, les Fermiers du Tabac n'avoientils
pasàcraindre une ruine entiere?
Car tout le monde veut vivre, &
comment efperer une longue vie, après
un arreft fi iolemnel. Une circonftance
finguliere, qui accompagna cet a£te, remit
le calme chez les preneurs, & chez
les vendeurs de tabac. M. Fagon n'aïant
pû fe trouver à cette Thefe, chargea ua
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F R A N C O I S E S DE L'AMERtQ.UE. iô y
autre Medecin d'y prefider ipour lui. voient avoir naturellement: de forte que iV^c
Celui-ci fitdefonmieux, bunepouvoit Urbain VIII. fut oblige pourremedier
rien aioûter à ce qu'il difoit contre le à cet abus, qui alloit jufqu a la profatabac,
ilencheriiToitfurlesréponfesdu nation, de publier une Bulle, parla-
Soûtenant : jamais on n'avoit entendu quelle il excommunioit, ipfo faSlo, tous
des preuves fi convainquantes de la mau- ceux qui prcndroient du tabac dans les
vaife qualité du tabac. Mais fon nez Eglifes. Si fes fuccefleurs avoient eu le
n'étoit pas d'accord avec fa langue : car même zele, & la même vigilance, on urbain
remarqua, que pendant tout le tems auroit peut être entierement extirpe cet yj^^-^ ^^
= l'aaedura, il eût toujours fa taba- afte d'irréligion: mais foit par negligenccj
foitqu'ilfefuiTentapperçusque ^
le mal étoit devenu plus puiflantquelcs
rcmedes qu'ils y pouvoient apporter,
nous ne voyons point qu'aucun Pape
depuis Urbain VIII. aitfait aucune dé-
Mais que ne peut point la prévention, marche pour s'oppofer à ce torrent d'irquand
elle s'eft une fois emparée de l'ef- reverence. Il n'y a eu que Clement X L
prit des hommes? Elle l'emporta en effet qui défendit ces années paflees par. une
cnfaveurdutabac,ma]grétoutcequ'on Bulle, de prendre du tabac dans l'E-
" " " glife de Saint Pierre, fous peine d'excommunication,
mais comme il n'eftc/s^<«i
point parlé dans la Bulle, ni du Vefti- xi.
bule de cette Eglife, ni des autres Eglifes,
on a pris ce filence, & cette exception,
pour une permilïïon tacite, d'en
prendre dans ce lieu-là, 6c dans les auon
que
tiere à la main, Sc ne ceiTapas un moment
de prendre du tabac. Etoit-ilbien
convaincu de ce qu'il vouloit perfuader
aux autres? Je le laifle à penfer à mes
Leéteurs.
putdire, & faire contre lui. Onfeporta
à en prendre avec une efpece de fureur,
qui ne permit plus de diftinguer
ni les lieux, nilestems, ni les âges, ni
les fexes, ni les temperamens, ni les perfonnes.
Tel n'en avoit jamais pris qui
dans deux ou trois jours, s'en fit une habitude
fi forte, s'y ailervit tellement, tres Eglifes,&mêmecomme une efpece
qu'il fe reveilloit la nuit exprès pour en derevocation delaBuUed'Urbain VIII.
prendre, qu'il en prenoiten mangeant, dont il femble qu'on reftrait l'excomenconverfant,
en marchant, en travail- munication à lafeule Eglife de S. Pierre,
lant, en priant. On le regarda comme Voilà une Hiftoire abregée de la déle
liende afocieté, lachofe laplusne- couverte, & des progrès du tabac, aufficeirairequ'ilyeûtaumondejquedis
je? bienquedefesproprietez, & des oppoÎ^^
V^ Oïrrvit-rMT Tfitri-/» iit-îi-^rïc inïi'il #»11 o frtnfí^On Vétonna comment on avoit pu vivre nil* liPllV nit¡
tant de fiecles fans tabac, & on s'imagina
qu'on ceiTeroit de vivre dès qu'on
cefleroit d'en ufer. On poufla la chofe
fi loin, qu'on ne pouvoit plus être,
un moment fans en prendre. On en
prenoit jufques dans les Eglifes, fans que
la prefence de Dieu qu'on y adore, ôcle
Sacrifice redoutable qu'on lui offre, puffent
infpirerlerefpeft, le recueillement,
& l'attention que des Chrétiens confitions
qu'il a eu à foûtenir. Ceux qui
en voudront fçavoir davantage nç manqueront
pas d'Auteurs, qui leur apprendront,
tout ce dont ils pourront fouhaiter
d'être inftruits, pour & contre cette
plante.
Quoique je fois aiTez informé de la
maniere dont on cultive letabac hors de
rAmérique, j'ai cru me devoir reniermer
dans la defcription de, celui-là,
auiTi bien tous les autres tabacs ne font
vaincus de la vérité de leur Religionjde- que des plantes avortéeseii comparaifon
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