Sili.
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1703.
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vaiiTcaux, & les portes des ennemis avec
des Lunettes d'approche.
M. de la Malmaifon fut cnvoié aux
trois Rivieres avec une augmentation de
foixante hommes, c'eft-à-dirc , qu'ilfe
trouvaavec iLx vingt hommes au plus,
TOur défendre un porte de près d'une
iciie de longueu r , porte fi important que
de fa perte s'eniuivoit infailliblement
celle de l'Iflc entière, parce que c'étoit
le feul partage, & k feule communica-
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rion que nous avionsaveclaMartinique,
}a Cabeilrerre, & la Grande-Ter re, d'oii
nous tirions la plus grande partie de nos
vivres.
L e Lieutenant Général fe logea-dans
une grande cafe qu'on avoit fait faire
pour mettre des munitions de guerre,
de boucheî elle étoit couverte par
•un petit morne à l'entrée du chemin du
réduit. M.- Auger prit pour fon logement
quelques cafes aux environs, &
-chacun fît des baraques, pour fe loger
dans le pofl:e qu'il devoit occuper.
L e Lundi 16. M. Auger me mena au
Camp des Gallionj, où nos fept Compagnies
ctoient portées tout à découvert,
& fans aucun Retranchement devant
•elles. Ilficappeller les Officiers, Scieur
dit qu'il falioit ii couvrir de quelque
Retranchement. Ils répondirent que
leurs eíclavesr étoient dans le bois, &
que n'étant pas accoutumez à ces fortes
d'ouvrages, eux Scieurs gens païeroient
de leurs perfonnes , fi ks Anglois fe
préfentoient ; mais qu'ils ne vouloient
plus travailler pour loger & couvrir
k s Troupes- de la Marine , & qu'il
leur fuffifoit d'avoir des baraques,pour
fe mettre à couvert des injures dutems.
Ces contertations durèrent fort longtems,
& o n feroit demeuré fans être couvert
dans tout cet eCpace qui étoit de plus
de cinq cens pas de longueur,, fi M. Auger
n'avoit cnvoié l'Aidc-Major avec
A G E S AUX ISLES
quelques Sérgens", pour ramaflèr tous
les Negres qu'ils trouveroient, & les
faire travailler. • Je traçai ce Retrancbement,
& j'y demeurai jufqu'au foir
avec le Gouverneur, .je retournai coucher
à fon quartier.
L e Mardi 17. nous y retournâmes dès
le point du jour , & y demeurâmes toute
la journée> mais avec tous nos foins,
les Habitans qui étoient mécontens de
toutes les mauvaifes manoeuvres duLieatenant
Général, n'y voulurent jamais
travailler, ni prefler les Negres de le
fairç, de forte qu'il n'a jamais été perfeftionné}
il y avoit une petite élévation
au milieujfur laquelle on bâtit une
cafe, ouverte prefque de trois côtez,pour
fervir de chapelle. Les Habitans me firent
une baraque à côté, & me prièrent
de demeurer avec euxj M. Auger
m'en pri^auffi, & je m'y établis. Nous
avions une garde d e vingt-cinq, hommes
a trois cens pa« devant nous j on en mettoit
encore deux autres la nuit detrent«
homnies, chacune à cent cinquante pas
de nos baraques , où nous dormions auffi
tranquilement que fi nous n'euffions
point eu d'ennemis. Il ert vraiqu'ils ne
s'établirent jamais plus proches de nous,
que la maifon du ficur Milct qui en
étoit éloignée de près de mille pas.
L e Dimanche zz,. Avril trois Habitans
de nôtre quartier me prièrent de
demander leur congé aU Gouverneur,
pour deux ou trois jours, afin d'aller
vifiter leurs maifonsj je l'obtins aifément,
& je voulus faire cette promenade
avec euxî je pris fept de nos Negres
armez, & un de nos Domeftiques
blancsj ces trois Habitans a-voientchacun
un Negre armé, de fortequenous
nous trouvâmes q,uinze hommes bien
armez. Nous avions d'abord réfoiu de
prendre le chemin des hauteurs, mais
aiant trouvé un de nos .Negres qui venoir
F R A N C O I S E S DE L'A M E R I QJJ E , • 43J
n o i t m e v o i r , & ni'apportoit quelques me voioient, ils s'enfuioient alors, &
ramters, &des diablotins, lequel étoit leurs parens avoient toutes les peines du
venu par le chemin des deux mille pas monde à les raiTurer, & à me les amedu
bord de la mer, nous fuivîmes la ner; je leur dirtribuai quelque argent
meme route, & nous arrivâmes fur les que j'àvois fur moi , & nous pafi-fmes
trois heures au bas de notre Habitation toute la journée à chaiTer} le foir un
du Mangot . Ce Negre m'avoit dit que de nos gens qui avoit été dans les Hanous
avions 2j- ou z6 de nos gens bitations du bord de la me r , pourcherqui
faifoient de la fa^i'ine, je voulus les cher des pois, nous vint dire que les
aller voi r , & cependant je l'envoiai au Anglois arrachoient les pierres de taille
premier ajoupa, pour nous y faire ap- des fenêtres de nôtreEgliib qu'ils avoient
çreter a fouperj je trouvai que nos gens brûlée, pour en retirer les gonds. Il
etoient bien fur leurs gardes, ils avoient étoit trop tard pour y allei : mais le
deux Sentinelles avancées perchées fur lendemain avant jour nos gens f u S s'y
desarbres, pour découvrir de plus loin 5 embufquerj les Anglois .ÎvinrenteiFecquoiqu
Ils m'eujent reconnu long-tems tivement, c'étoient des MatelotraSi
" "' "Oi ent point armez, un feul avoi t ï n
f u f i l , on tira dertlis, 6c on le tua ; on cria
aux autres^ bon quartieri, & comme ils
ne voulurent point fe rendre,, il y en eut
encore de tuez & de bleilez. il y avoit
crierent dès que j e fus à portée, qui
vive, demeure-là, & il fallut obeïr, car
avant de melaiiTer approcher,, ils voulurent
connoitre ceux qui étoient avec
moi , . j " —^ uui.¿, UL uc üiciiez. il V avoit
de crainte que ce ne fuiTent des un vaifl^eau moüillédevant nôtreEalife
us QUI me menoienr nm- Tori-^Anglois qui menoient par force , n,,; „,.„1 , ^-giuï.
pour les faire enlever. Cette précaution
me fit plaifir} j e me promenai jufqu'au
foir aux environs, en attendant nos voifins
qui étoient allez chez euxi ils revinrent
fort contens : foitque les Anglois
euiTent été dans leurs maifons, ou
qu'ils n'y euflent point é té, ils les trouvaren,
r a . yeut fàic.ucJSë- S^ à ^ ^ S Â
g£âatt,. SScciieeuurrss ccaacchheess eenn bboonn éértaart.. MNno.uics n-,-»,- i, P^ö-'^uciiNc
nous en allâmes aux ajoupas, nos gens
nous avoient apprêté une bonne loupe
avec des volailles communes, des ramiers,
& des diablotins; nous mîmes
qui tira quelques coups de canon fur nos
gens, & qui ne les empêcha pas dedépouiller
les morts. Cette petite conrection
fi-atcrnellc les rendit fages, & ils
ne revinrent plus arracher nos pierres de
taille.
Nous partîmes après dîné de nôtre
habitation, pour retourner au Campnnil
« Hpr'ronri.irv-.O, r"' 1 » '•
gres qui venoit d'une courfe vers le
Jorddelamerjcommeilsnenousavoienc
pas v û , nous tirâmes deux coups de fufil,
pour nous faire connoîtrcj ils répondirent
de trois, Se nous d'un, & eux
d e s g . d e s a v . n c é e s , S c ^ u s ^ u ^ ^ SrÎ^uH^^r c  Π^ S f S ï
I . I^ndi Z3. je ^ s voir quelques. SSu^^'Ï^^^ÏÏ i s ^ ^
uns desCampemens de nos Negres que attendre. Il y avoit enti-e'^ious ia Ra
j e irouvai bien accommodez, 6c bien viere desVei 4 qui cou e au L d'une
Fere'nRns ' falaife, comme nous mon!
les enfans qu etoient devenus fauvages tions, & que nous étions prêts à lescommedeshevres,
au lieu qu'avant la joindre, nous entendîmes tîds coup^
g u e i r e , ils couroient à moi dès qu'ils d'armes aufil-tôt, ne fçachant ce q T
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