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48S NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
1705. bout.J'en ai trouvé qui avoient près de pour la forme & le coloris, & j'en avois
quinze pouces de longueur, & dont l'ou- rempli un cof f iedebonne erandewrque
verture avoir quatre poûces de diametrei l'on m'avoit donné du debris de notre
Je d'ordmaire c Trom- le dehors eft d'ordinaire d'une coouulleeuurr nrife: mais nos
m'iT'^" brune avec des ondes de différentes teintes
de la même couleur, fort vives 6c fort
polies; le dedans eft argenté comme la
nacre de perle; on perce le petit bout,
& on s'en fert comme d'un cor pour fe
faire entendre de loin.
prife : mais nos Flibuttierss'étantavifez
de vouloir partager ce qui leur revenoit
comme pillage, afin d'avoir de quoi fe
divertir à Saint Thomas, j e fus obligé
d'accepter mon lot comme les autres, Se
, . , . . j'eus befoin de mon coffre pour le ferrer;
re entendre de loin de forte que mes beaux Coquillages que
Il y a des Burgaux d'une mfinue de je fis mettre à Pavant de nôtre barque
grolleurs, de couleurs 8c de figures. J'ai - ' - - •• - - ^
déjà parlé de quelques-uns , auffi-bien
que des Porcelaines, dans mon voïage
à Saint DomingueJ'en amaffay aux Mes
d'Aves de très-beaux 8c de très-curieux,
dans la foffe aux cables, louftnrent beaucoup;
8c quand j e quittai le bâtiment,
je crus qu'il étoit plus à propos de me
charger de ce dont nos gens m'avoient
r . , ^ , , fait préfent, que de ces bagatelles.
loitpour la groffeur ou la pet i tef fe, foit
C H A P I T R E XV.
De î'ijîe a Crabes. De Saint thomas a- des Vierges.
Ous arrivâmes à I'lfle à Cra- rie, à dix-fept degrez, 8c dix minutes
bes le Samedi dernier jour de latitudeSeptentrionalejelle peut avoir
de Janvier fur le midij on huit à dix lieues de circonférence du
fit auffi-tôt defcendre tous moins autant que j 'en ai pû juger en la
nos prifonniers à terre; car on n'enlaiffoit
aucun à bord dès que nous étions
moiiillez. On tenoit toujours les canots
à bords, 8c on avoit toûjours une garde à
terre vis-à-vis desbâtimens, afin de prévenir
les mauvais deiTeins des Anglois,
]/!e de
Soritraverfant
T^c'ra- fuffent mis en devoir de faire
du Sud au Nord.El l e eft montagneufe,
mais ces montagnes ne font ni
exceffivement hautes, ni efcarpées, ni
arides j elles laiffent entre elles de trèsbeaux
8c très-grands fonds, où la terre
m'a paru très-bonne, elles font couvertes
de bois de toutes fortes, 8c il en coule
quelque tentative, pour s'emparer de nos des fources d'eau qui forment plufieurs
bâtimens, 8c nous planter-là* petites rivieres d'une eau fort claire 8 c
Nous mouillâmes dans une Ance de fort bonne. On trouve par tout des marfable
devant une jolie riviere au Sud de ques des habitations que les Efpagnols y
r i i l e à peu près dans l'endroit où j'avois ont eu autrefois; on y voit de longues
mouillé en 1 7 0 1 . en revenant de Saint allées d'Orangers, 8 c d e Citroniers, &:
Domingue dans la barque l'Aventuriere. de vaftes fonds, où il n'y a que des bois
Nous étions à la porte'e du piftolct de mois, des Goyaniers, 8c autres arbres
terre fur quatre braflés 8c demie, fond fruitiers: marque certaine que ces ende
fable blanc. droits ont été cultivez, qui font aifez à
Laquantité de Crabes quel'on trouve diftinguer de ceux qui ne l'ont pas été,
dans cette Ifle lui en fait donner le nom où l'on voit des arbres d'une groffeur 8c
par nos Flibuftiers. Son veritable nom d'une hauteur extraordinaire. La chaffe
eft Boriquen; elle eft éloignée de cinq à yeft très-abondante;on y trouve des R a -
fix lieues de la pointe du Sud-Ef t dePort- miers en touttems, desPeroquets, des
G r i -
F R A N C O I S E S DE
170J. Grives, des Ortolans, des oifeaux de
mer 8c d'eau douce, des Cochons A4arons,
des Lézards, 8c des Tatous. ]1 y
a une quantité prodigicufe de Figuiers
Se de Bananiers, & les bords de la mer
font tous couverts de pommes de raquettes.
J'ai trouvé en differens endroits de
belles Cannes de fucre, 8c des ignames
fauvages tant que l'on en veut.C'elt dommage
qu'un païs fi agréable 8c fi fécond
l o u abandonné, 8c que la politique des
Efpagnols ne permette pas aux aut resEuropéens
de s'y établir. Après tout ils ont
raifon, car il pourroit à la fin y venir des
gens fi puiffans que leur voifinage deviendroit
incommode 8c même dangereux
pour leur colonie de Port-ric. A u refte ce
heu m'a paru fort fain, les eaux en font
bonnes, les arbres beaux Se point charo-ez
de mouffe, les fruits gros 8c biennourns
8c le Gibier gras, 6c d'un très-bon goût.
L e Capitaine Daniel fit defcendre à
terre tous les balots de marchandifes qui
avoient été mouillez d'eau de mer , on
les porta à un baffm de la riviere, éloigné
d'environ cent cinquantepas du bord
de la mer, 8c tous ceux qui n'étoient
point de garde fe mirent à travailler, à
Javer 8c étendre les marchandifes pour
les faire fécher.
L e Dimanche premier jour de Février
api ès que nous eûmes fait lapriere, 8 c
déjeûné, je m'en allai à la c laffe avec
mon Negre 8c un jeune Creolle de la
Guadeloupe qui étoit paflager dans nôtre
barque; le jeune homme 8c moi
avions des fufils ôc des bayonnettes. Je
fis prendre à mon negre une machette
c ' e f t ainfi qu'on appelle une efpece de
coutelas de deux pieds de long, dont la
p g n é e e f t d e b o i s . Ceux qui vont dans
les bois en portent ordinairement avec
eux, pour couper les liannesScles crocs
de chien qui embaraffent leur chemin
i e ne fcai par quel inftinftje le chargeai
L ' A M E R I Q ^ U E .
d'une bouteille d'eau de vie, 6c de trois ryoj;
ou quatre galetes, comme fi j'avois dû
coucher dehors, quoique ce ne fut pas
mondeiîein. Le Capitaine Daniel médit
en riant qu'on s'attcndroit à ma chafle
pour fouper, 6c me la fouhaita bonne.
^ousmarchâmesenvironuneJieùeSc
demie le long de la riviere, où nos gens
layoïent les Marchandifes, 8c nous trouvâmes
aflez de Ramiers, Se de Peroquets.
A/ant qu'il fut une ou deux heures
après midi, nous avions près de cinquante
pieces de gibier, 6c nous étions
Im Je point de nous en retourner, lorfque
nous trouvâmes des fouillures 6cdes
Traces de Cochons Marons qui nous parurent
toutes fraîches. Je fis auffi-tôt des
Î T r q^eno u s mîmesdanslariviere
bien couverts 8c bien ^ .
eurne Jesgata, ou que les mouches ncA.er/a
s y milJ• enr t ; f:i on Jes avoit vlaaiilflfeé aà ll''aaiirr..
C eft ainfi qu on confervela viande dans
n h T / - T , ' trouv e
obligedelaifferlegibierdanslebois; des
Sangliers y ont demeuré les trois 8c quatre
jours fans fe corrompre, parce que
la fraîcheurdel 'eau empfchèq^u'iîne^
excite de la fermentation qui eftlacaufe
de Ja pourriture.
Nousfuivîmes ces traces jufques fur
les cinq heures du foir que nous trouvâmes
une L e e avecfeptMarcaffins d'environ
deux mois. Je tirai fur trois Mar -
• hJe, 8c j e les couchai par terre. Le
jeune Creolle tira fur l a L é e , 6c labltf! "
f a , &auffi-tôt elle vint fur lui ; par bonheur
elle rencontra devant elie?es tZs
petits étendus qu'elle s'amufa à retourner
avec fon grouin. Je criai au jeune
homme de recharger^ mais il avoit été
ellementeftra,eparcettebête,qu'ilJaira
tomber fon fuf i l , 6c s'enfuit delouteÎ f S
forces^ M o n Negre mit fa boutei'le à
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