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yoS NOUVEAUX VOYAGES AUX-ISLES
i7oj. quand ils en peuvent approcher aflez riére. O n y inet unBalaou pour apas,'ou
près. Cela fuppofé le Requin ne manqué feulement deux plumes blanchcs, comjasd'engloutirrhameçonauffi
tôtqu'il me on fait dans les vaiiTesuxpour pren-
; evitàla mer;mais fefenrant pris,& après cire les Dorades , & on laiffe courir leCa-
- avoir traîné le canot aiTez long-temps, not. Le poiiFon qui s'y prend le plusorils'en
approcha enfin comme s'il eut dinairementeftleTazard.-C'eftunpoifvoulu
fauter dedans , ou le renverfer. fon long, 8c qui réflem'ble aiTez auBro-
Un des pécheurs prit ce moment pour chet, excepté qu'il a la gueule plus courlui
décha,rger un grand coup de mafle te. Il eft vorace& hardi, il court avec
fur la tête, ce qui fit faire un faut pro- avidité à la proye -, & quand on a foin de
digieux à l'animal,qui dans ce mouve- faire fautil er l'apas, foit Bakou , fok
ment donna un figrand coup dequeue plumes, en remuant la ligne, on le voit
fur l'arriéré du canot qui étoit de bois quifejette defllis,Scqui l'englouti aux
d'Acajou, qu'illefendit en deux pieces dépensdefa vie. Il eft vrai qu'il donne
d'un bout à l'autre -, & s'il n'avoit pas fouvent de l'éxercice aux pecheurs j car
été étourdi du coup qu'il avoit_reçû, il eft fort & vigoureux; & quand il -fe
170J,
Manure
dt pécherai
»
Traini.
nos pécheurs auroient mal pafle leur
temps. Heureufement pour eux il prit fa
route vers la terre où il s'échoiia, ayant
traîné avec lui un de nos pécheurs dans
cette moitié de canot. On fut obligé
d'aller chercher l'autre qui fe tenoit dans
l'autre moitié du canot, avec le refte de
la Vieille qui pefoit encore près decent
livres. On trouva dans le ventre du Requin
ce qu'il en avoit avalé, qui n'en
étoit pas plus mauvais pour y avoir féjourné
deux ou trois heures.
C'eft la rencontre de ces animaux carnaffiers
qui fait tout le defagrément de
cette pêche ; parce qu'ils fe tiennent en
garde dès qu'ils voyentun canot, comme
s'ils fçavoient qu'on ne fut-là que
fent pris, il fe donne de terribles mouvemens
pour fe décrocher. On en trouve
communément de cinq & fix pieds de
longueur, Se d'une groflèurconfiderable.
Sa chair eft blanche & ferme, mais un
peufeche; elle eft faine & d'aiTez facile
digeftion quand lepoiifon n'a rien mangé
quilepuiiTeempoifonner; mais comme
il eft gourmand, il ^ a l e auffi bien
que la Becune tout ce qu'il rencontre,
galeres, pommes de macenilier, arraignées,
tout lui eft bon ; c'eft pourquoi
quand on le prend il faut examiner fes
dents & goûter fon foyejcar fi celui-cieft
amer, ou que les dents foient noires,
c'eft une marque certaine qu'il eft cmpoifonné,
& quepar confequent on ne
pour pêcher, & prendre du poiiîbn pour peut pas en manger fans s'expofer au daneux.
11 eft vrai qu'il Ifuren coûte fou- ger de l'être auffî^. Selon les lieux oii l'on
traîne, on prend auffi des Becunes ; j'en
ai fait la defcription dans la premiere partie.
Cette maniere de pêcher eftagreable,
onjouitdelafraîcheurdu matin, 6c
on prend du poiflbn fans fe fatiguer. Le
feul defagrement qui s'y trouve eft d'être
quelquefoisdévalifé par les Requins.
J'ai parlé du Balaou fans lefaireconnoîrre,
ôc fans dire de quelle maniere on
le pêche.
Ce
vent la vie; mais oneft toûjours expofé
à beaucoup de dangers dans de petits canots
, quand on a accroché un de ces
animaux là.
La troifiéme manière de pêcher eft la
Traîne. On va à cette pêche deux heures
avantlejour. On s'éleve auventautant
qu'on le juge à propos, après quoi on
x'ire le canot, & on jette une ligne de
chaque côté, ou quelquefois une à l'at-
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQ-^v .U- E. fOg
Ce poiilon reflemble aflfez à la Sardi- une autre qui lui eft toute particulière • HOf.
ne, excepte qu il a le dos plus quarré. c'eft de le prendre la nuit au flambeau' Pèche
Sa tete eft comme celle del Orphi, c'eft- Deux perfonnes fe mettent dans unpea
d^irequ 1 a un avant-bec de deux à trois tit canot qu'ils laiiTent aller au eré du ï"'!'^''
pouces de long. Sa chair eft blanche, fer- vent, Scdelamarée. Celui qui fftaffis
me, dehcate, & un peu feche. Il n'a à l'avanttientun flambeau de bagaces
qu une feulearrete, quand il eft cuit il ou de bois chandelle, qu'il panche un
fe partage naturellement en deux, de- peu vers l'eau. Plus la nuit eif obfcure
puis le col jufqu a la queue, & la chair & plus on eft afibré de faire une bonne
% T ' Z "t T ' ^ eft pêche, parce que le poiiTon voyant la
aiTez foible. La longueur ordinaire de ce lumiere du flambeau s'empreiTe pour s'en
poiiTon eft de huit a neuf pouces. On le approcher, enfaifantdesfauts&descafait
ñi re, on le mange au bleu, ou à la racoles autour du canot. Celui qui eft à
^auce r<Aert, comme les harangs frais ; l'arriéré a une poche de raifeau dedeuK
]e quelque maniere nue ce foir il piî- niprl« rl^ j, . •
i i duicrc a une pociiede radeau dedeux
de^ quelque manière que ce foit il eft pieds de profondeur, & d'environ un
toujourstres-bon, tres-iain, tres-nour- pied&deniidediamêtreattachéeautour
^-faté-: nffi^Qt 1 donne même del apetit, 2<il d'uncercle, auqueleft joint un manche
eft de facile d.geftion. . de fept ahuitpiedsdelong. Il p S o n
Mais a mon gout , la meiUeure ma- filet fous le poiffbn qui ne regardant
mere de 1 accommoder eft de le fau'e que la lumiere, du flambeau, n? prend
griller au gros fel, c eft-a-dire, qu'a- pas garde au filet qui eft fous lui, avec
près 1 avoir laveon lefaupoudredegros equel on l'enleve, & onlemetdansle
iel que Ion laiiTe deiîus pendant une canot. Cette pêche eftdivertiiTante &
heure ou environ, après quoi on fecouë fouvent très-abondante, car toutes'les
le fel qui y etoit attache, Se on le fait côtes de nos Mes font extraordinaire-
1 otir fur le gril pour le manger avec le ment poiifonneufes
jus d'orange, à mefu^ qu'on le tire de H arrive quelquefois que des lits endeilus
le feu ou il M e qu'il refte un tiers de toutes fortes de po.fibn s'é-"
moment pour etre fuftifamment cuit, choiient fur les côtes, comme fi c'étoit '
Etant aprete de cette manierefimple, il lesreftes d'unearméedéfaite, quicher
donne un apet.t extraordinaire ;Sc com- chantfon falut dans la f u i t e , aimemieux
me ,1 eft de faciledigeftion,, onenpeu t fe jetter entre les mains dès homme"
manger tant que l'on veut, fans craindre
qu'il faife jamais de mal.
Ce poiiTon multiplieinfiniment, c'eft
une veritable manne pour le païs. Il
arrive fouvent que les Sennes en reniprm<
®nr rire 1 il-c i^nf iprc /^Vfl- -i.rîif^ Â^r,
que d'être la proye des autres poiifons
les ennemis.
J'ai parlé dans la premiere partie de
quelques autres maniérés depêcher , foie
. ... dans la me r , flooiitt daaannss lleess rirvivieie res, auffermcntdcslitsentiers,
ceft-a-dire,des quelles je renvoye le leéteur
bandes fi grandes & fi nombreufes,qu'el- Il arriva dans les premiers" moisque
les couvrent quelquefois p us de cent j'etois Curé delà Paroinb du MacoJba
cinquante pas en quarrede la fupcrficie à la Martinique , qu'une tres-erandî
, • , , . ^ . Souffleuis s'échotierent fur
Outre cette maniere de le pêcher qui les côtes du Potiche qui eft un quart ei
lu. eft commune avec tous les poiiTons de cette ParoiiTe. Je croi que ce poiiTon
^ il ef t l emémequc c e luiqu'onappe l l eDau "
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