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434 NOUVEAUX VOY
•íM- ce potrvoft être, je fis avancer deux
de nos gens, & nous les fuivîmes avec
íes précautions convenables} noiisrrouvâmes
que c'écoientles Nègres qui veooient
de tuer trois malheureux Anglois
qu'ils avoienr pris j je les blâmai beaucoup
de cette adion, ils me dirent pour
cxcufe, que ces crois hommes ne vouloienc
pas marcher, & qu'ils n'étoient
pas obligez de porter leurs prifonniers.
Je^fus bien fâché de n'être pas arrivé
plûtôt, pour leur fauver la vie, & fur
tout à un jeune homme de i8 à xo
«ns quiétoit très-bien fait) c'étoitune
efpece de pi lotte j on trouva dans fes
wches deux compas de Marine trèsjeaux
que j'acheptai. Les Negres en
avoient expedié quelques autres le même
jour, car ils avoient fepthabits, & des
armes. Depuis la mort du brave le Févre,
il n'y avoit plus que cette Compagnie
qui inquiétât lesAngloisj comme
elle groffiiToit tous les jours, parce
que les JSJegres y étoient attirez par
l'efperance du butin qu'ils faifoient
fur les ennemis, ils les referroient de
telle maniere dans leur Camp, que la
plûpart de ceux qui en fortoient pour
chercher des herbages, & autres rafraîchiiTemens,
étoient enlevez ou égorgezj
il étoit très-difficile de fe précautionner
contre leurs furprifes. Ils fe cachoient
pour cet effet dans les cannes brûlées,
& dans les haïes le long des grands chemins,
n'aïant fur eux qu'un fimple calleçon
de toilebleiie,un gargouffier, une
baïonnette, ócleurfufíl} s'ilpaflbit une
Troupe plus forte que la leur, ils fe tenoient
en repos, & quand elle étoit dans
quelque défilé, chacun choifiiToit fon
homme, & tiroit deirus,& auifi-tôt ventre
à terre, ilsrechargeoient, gagnoient
les devans, ou quelque ravinage , &
revenoient faire feu d'une maniere fi
importune , qu'elle defefperoic ceux
A G E S AUX ISLES
qu ilsattaquoient, qui fentoient leí coups
fans pouvoir découvrir le plus fouvent
ceux qui les leur tiroient. Nous arrivâmes
au Camp fur le foir j j'allai faluer
M. Auger, qui me dit qu'il avoit été en
peine de moi depuis qu'on avoit tiré du
canon ail Bailli f. Jelui contai cequis'étoit
paile dans nôtre promenade, & je
lui fis prefent d'une partie de nôtre
chaiTe.
^ Le Jeudi z j Avril un Anglois qui
etoit en faétion à leur pofte avancé de
l'habitation de xMilec, déferta, ócarriva
au Camp de la Martinique, où commandoit
de SieurColart, une heure avant
le jour; il demanda d'être conduit en
diligence au Gouverneur, cela fut executé
fur le champ > il lui donna avis
qu'il étoit parti au commencement de
la nuit un détachement de mille hommes
dans Zf chaloupes & quelques
barques armées foûtenuës de la Frégate
d'Antigua, pour aller enlever le poftc
des trois Rivieres. Le Sieur de Saint
Amour demanda d'y aller avec fa Com-
>agnie ; le Sieur Lambert y marcha avec
a ilenne, quantité de Volontaires fc
joignirent à ces deux Chefs qui fe virent
dans un moment à la tête de trois
cens hommes; on y fit aller en diligence
tous les Cavaliers qui avoient leurs
chevaux, & on fit partirles Compagnies
des Negres & dcsEnfans perdus,
elles faifoient ce jour-là cent trente hommes.
Nos Troupes arrivèrent aux trois Rivieres
auiïï-tôt que les Anglois, car quoi- gloh
qu'ils fuiTent partis douze heures avant
nos gens, ils avoient trouvé le vent
fort gros, & la marée contraire, ce qui UnrM
avoit beaucoup retardé leur marche, í?»«"'«!'
M. de laMalmaifon qui avoit été averti
par un Cavalier qu'on lui avoit dépêché,
de l'approche des Anglois, & du
fccours qui étoic en marche pour le joindre.
F R A N C O I S E S DE L'A M E R l Q^U E.
JJ03. dre, difpofa tout pour recevoir les uns, grand nombre.
& placer les autres j mais les ennemis
aïant trouvé la mer trop greffe, pour
rifquer un débarquement, & vû le-
4 î r
Ce mouvement des Anglois en fit
rroj.'
Retraite
vu
Troupes , & le bon ordre qu'il y avoit
dans les deux Anfes, & fur le petit morne
qui les fépare, ils s'en retournerent
fur leurs pas, après avoir demeuré quelque
tems en préfencc, mais hors de la
portée du fufil.
Cependant comme ils ne vouloient
pas que leur voïage fut tout-à-fait inutile,
ils firent une defcente d'environ
deux cens hommes à la pointe du vieux
Fort} ceux qui étoient en garde n'étant
pas en nombre fuffifant pour les en empêcher,
s'étoient retirez dans les hau-
1« via-teurs} ils brûlerent la Chapelle, après
iiohdef- avoir fait à leur ordinaire mille profatmdent
i;iajions dcs chofes Saintes qu'ils y trourár^'
y verent} ils encloiicrent les deux canons
fint de fer qui étoient fur la pointe, brûlequeiofue
rent les affûts, le corps de garde. Se
(t"p7r- autres maifons des environs;
im du mais aïant voulu s'avancer davantage, Se
»mdt. piller une raaifon qui leur parut plus de
eonfequence que les autres, ils tombèrent
dans une embufcade que la garde
de ce poftc leur avoit drelTp au paiTage
d'une Ravine} il y en eut d'abord une
vingtaine de tuez iur la place. Se beaucoup
de bleiTez, ce qui leur fit rebrouiTer
chemin plus vite qu'ils n'étoient venus,
êç ce fut un bonheur pour eux de n'être
pas plus avancez} car le Sieur de S. Amour
avec les meilleurs Piétons de fon
détachement arriva dans ce moment fur
la hauteur, 6c commença à faire feu fur
eux, & les prefla tellement de fe rembarquer,
qu'ils abandonnèrent leurs
bleiTez qui n'eurent pas befoin de Chirurgiens.
Il y eut une de leurs Chaloupes
qui tourna,. 6c qui vintfebriferà la
côte, avec perte de la plus grande partie
de ceux qui s'y étoientjettezentrop
faire un autre a notre Lieutenant Gcne- du
r a l ; il eut peur d'être coupé, fi les
Anglois fe rendoient maîtres du quartier
des trois Rivieres, 6c de ne pouvoir
regagner fes barques qui étoient à
Sainte Marie; il plia bagage dès qu'il
eut nouvelle du mouvement des ennemis,
6c tout d'une traite il arriva a«
trois trous, au-delà des trois Rivieres >
il avoit fait partir avec lui les deux
Compagnies de Marine qu'il avoit amené,
6c ordonné aux mi ices de la Martinique,
6c auxFlibuftiers de le fuivrej,
ceux- ci répondirent que n'étant pas attachez
à une Ifle plûtôt qu'à une autre, ils
vouloient demeurer à la Guadeloupe,,
pour fecourir leurs freres dans leur befoin
; quant aux milicesde laMartinique,
les Officiers dirent les uns qu'ils étoient
malades, d'autres qu'ils n'avoient point
de chevaux, pour aller à S. Marie, ÔC
qu'ils ne pouvoient aller à pied ; les autres
s'abfentercnt de leurs portes, 6c les
jeunes gens qui compofoient ces Compagnies
dirent refolument qu'ils ne vouloient
partir de l'Iile qu'après les Anglois.
Le Lieutenant Général qui étoit déjai
arrivé aux trois trouss'impatientoit beaucoup
de ce que fes Troupes ne paroiffoient
point, 6c fe mit dans une furieufè
colere quand ilfçutleurréfolution; mais
il avoit le chemin libre pour s'en aller j,
6c tout le monde le fouhaitoit,
M. Auger m'avoit prié dès le matin
d'aller au réduit raiTurer le peuple, 65:
dire de fa part à tout le monde quequelque
chofe qui arrivât au quartier
des trois Rivieres, il avoit pourvu .i
leur fureté. Se qu'ils demeuraiTent enrepos.
11 auroit pourtant été bien embaraiTé,
6c nous auiTi, fi les Anglois^
avoient pris ce poile ; cependant il fit
pren