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F R A N G O I S E S DEvL' A M E R I QJ J E, 7I
nonvoit confiderer le rez de chauffée n'eut pas fix heures d'intervalle & de bon
homme une Maifon feculiere, Sc le def- fens pendant les quatorze jours que dura
fus comme un Convent. Le deffus du' IK maladie. Nous nous fervimes de ces
refeftoir & de l'infirmerie devoit être momens pour luiadminiftrer lesSacrepartaeé
en deux ou trois chambres pour mens qu'il reçût avec beaucoup de pieté,
wmpofer un appartement dans chaque " Notis reconnûmes encore une fois le
aile. Père Cabaffon pournôtre Supérieurge-
T'étois occupé à cet ouvrage quand' neral, en attendant que le General de
on me fit fçavoir que le Moulin de' l'Ordre y eût pourvu. J'eus foin d'enga-
Nôtre Habitation avoit pris la peine de ger nos Peres à écrire en fa faveur j ce
fe rompre douze ou quinze jours plûtôt qui étant joint à ce que l'Archevêque
que je ne fouhaitois. Je m'en confolai de Saint Domingue avoit écrit de lui, il _
pourtant,
& je devois être content de reçût les Patentes de la Charge de Su-'
" perieur general & de Préfet Apoflolique
de nos Miffions au mois de Mars fuipourtant,
mon année, ou comme on parle aux liles
dema levée, puifquej'avoisfaitjufqu'à
lors cent quatre vingt-dix mille livres
de Sucre brut, plus de quarante mille
livres de Sucre blanc, & environ douze
mille livres de Sucre de firop. Cela me
vant, comme je le dirai ci-après.
Huit ou dix jours après la mort de
nôtre Supérieur general, un des Religieux
qui étoit venu aveclui de France,
fervit abondamment à payer'les Negres & qui deflervoit la Paroiiîè de laTriniquej'avoisachettez
en dernier lieu, huit té, fut aufïï attaqué du mal de Siam.
autres que j'avois achettez auparavant. Je me trouvai obligé de fervir fa P^-unautr»
lesProvifionsdontj'avoiseu befoin, 6c roiiTe qui efl; très-grande, 6c d'avoir les
une partie des dettes dont Nôt re Maifon mêmes foins deluiquej'avoiseuduSufe
trouvoitencore chargée. perieur general, mais avec plus de bon-, d"sia^
mrtdu LePere la Fraiche nôtre nouveau Su- heur, puifquenilcsremcdes,nilesMe-¿»îV/î.
sùpe- perieur general qui n'étoit aux Iflesque decins, ni le mal même ne furent pas
r;e»r|e-depuis quatre mois ou environ , étoit capable de le tuer, 8c que fa bonne com-
»eral, yg^u demeurer au Fond Saint Jacques plexion le tira d'affaires enfeptou huit
pour éviter le mal de Siam, qui étoit jours. Dès que je le vis en état d'être
fort allumé au Fort Saint Pierre. Mais - ^ . • - -
il ne laiiTa pas d'en être attaqué le vingtcinq
du mois d'Août. Le foin que nous
en eûmes, fa bonne complexion, & plus
que toute autre chofe le moment de là
mort, qui n'étoit pas encore arrivé firent
qu'il refifta'au maljufqu'au huitième
de Septembre qu'il expira, après
avoir combattu contre le mal autant
qu'on le pouvoit attendre d'un hotnme
de quarante-deux ans, qui n'avoit point
du tout envie de mourir fi-tôt. Il avoit
tranfporté, je le fis porter au Fond S.
Jacques pour le rétablir plus facilement,
& je priai le Religieux qui demeuroit
avec moi d'aller fervir la ParoiiTe de la
Trinité, parce que les affaires de Nôt r e
Habitation ne me permettoient pas de
m'en abfenter plus long-tems.Quelquesuns
de nos Peres qui vinrent voir nôtre
convalefcent m'engagerent à leur donner
un cochon boucanné dans le bois.
Je lefisavecjoye, & pour augmenter la
Compagnie, j'y invitai quelques-uns de
nos amis,été attaqué fi vivement, qu'en moinsde & ceux de nos Peres qui
deux heures il eut un tranfport au cer- étoient à portée de s'y"trouver,
ycaa, fi violent ôc ii continuel, q^u'il
CHAN